| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
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| Jules Supervielle | |
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Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 16 Juil 2008 - 20:50 | |
| merci kenavo pour ce joli moment de poésie aux couleurs sépia...je vais être obligée de lire ce conte du coup (quand? d'ici le 31 décembre prochain ) | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 16 Juil 2008 - 23:09 | |
| Kenavo, merci pour le lien ! Je ne connaissais pas. Après recherche, il s'agit d'un fragment de En Mai, fais ce qu'il te plaît (2002) ( http://www.imdb.com/title/tt0308220/ ) Les réalisateurs ont travaillé notamment sur Renaissance, L'Enfant qui voulait être un ours... Et la musique est signée René Aubry !
Bon, il manque quelques petites choses (la nouvelle est meilleure), mais ce court est vraiment pas mal du tout ! Merci encore, je garde le lien... | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 16 Juil 2008 - 23:24 | |
| - eXPie a écrit:
- Bon, il manque quelques petites choses (la nouvelle est meilleure), mais ce court est vraiment pas mal du tout !
Merci encore, je garde le lien... oui.. tu as raison.. je vois que j'ai écrit "il manque juste.." mais j'aurais dû mettre "il manque surtout.." Et comme tu dis - la nouvelle est meilleure.. mais je vais garder aussi le lien parce que j'aime quand même aussi les images et le hasard l'a fait que je l'ai trouvé.. bien que je dit toujours qu'il n'existe pas tel chose que le hasard | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 17 Juil 2008 - 15:37 | |
| L'enfant de la haute mer Beaucoup de choses ont déjà été dites sur ce recueil de contes, et comme les précédents commentateurs j'ai succombé à leur charme subtil. Ils nous parlent de créatures irréelles, imatériels, nés de l'imagination des autres, des fatômes, spectres, qui d'une certainde façon rêvent à un corps et à une vie normale, tout en la fuyant. Un joli moment de poésie et de rêve, idéal pour l'été à déguster doucement. Dans l'édition dans laquelle j'ai lu ces nouvelles, il y a avait en bonus quelques poèmes, je vous en cite un. Le coquillage et l'oreilleMais un profond coquillage Dont le son veille, caché, D'âge en âge attend l'oreille Qui finit par s'approcher. Et l'homme qui le rencontre Ecoutant ce bruit lointain Dévide au fond de la conque L'invisible fil marin. L'oreille conque elle-même, Aboutissant au cerveau Va des profondeurs humaines Au maritime écheveau Et compare sur la plage Le dehors et le dedans Cependant que l'océan Toujours change de pelage. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jules Supervielle Sam 17 Jan 2009 - 20:11 | |
| Uruguay "Uruguay" est plus qu'un roman, c'est un chant d'amour à l'Uruguay de son enfance écrit par un Jules Supervielle qui, au fond de lui-même, ne l'a jamais quitté. Un peu plus de cent pages pour faire sentir au lecteur les parfums d'une enfance insouciante, sur laquelle le temps n'a pas de prise. Une déambulation dans le passé reconstruit par les souvenirs et les bouts de lui-même que l'auteur a laissé là-bas, en Uruguay, ce paradis presque perdu. Chaque page est un voyage, chaque page est un récit odorant, envoûtant d'où émanent lumière, ombre, cris enfantins, galops des chevaux, crissement des hautes herbes ou chaleur d'un soleil implacable ou hivernal. La nuée de sauterelles dévoratrices laisse derrière elle un paysage lunaire et une musique craquelée, crépidante...le bruit des pas sur ces ogres minuscules. Les maisons coloniales dorment sous les palmiers languissants, au rythme des déplacements feutrés des femmes, la pampa appelle à la liberté des courses à cheval sous un ciel d'un bleu que l'on ne voit que là-bas...en Uruguay, les gauchos machos se promènent en chaloupant des hanches, héros d'une aventure au coeur de l'infini d'un paysage maritime de hautes herbes, hommes aimant " bien à passer aperçu. Eperons d'argent, applications d'argent sur la selle et les brides. Et un air de dire qu'il n'a besoin de rien ni de personne. Il ne daignera pas voir un seul passant et s'avance dans une rue très fréquentée comme s'il était en rase campagne." (p 51)...scènes dansant sous la plume nostlagique et amoureuse d'un Supervielle qui se souvient. Comme on aimerait sentir cette brise qui tourne autour des chevilles des jeunes filles, comme on aimerait regarder cet arbre étrange qui n'est qu'une variation sur la gamme des herbes, comme on aimerait être dans cet Uruguay du début du XXème siècle, bercé par la douceur de vivre ou partant pour rassembler le troupeau éparpillé dans la pampa! Un court roman, un délice à lire et à savourer....le temps s'arrête parfois lorsqu'on lit de tels petits bijoux, sertis dans un écrin de mots et d'images dont on ne se lasse pas! | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mar 17 Fév 2009 - 22:44 | |
| Uruguayqui s'ouvre sur une très jolie préface ! Quelques pages pour découvrir un regard épuré sur un pays, un attachement. Il a beau dire et remettre en cause son contenu Jules Supervielle, ça plane doucement au dessus du temps. On découvre à travers ses mots, un horizon qui reste un peu flou, ouvert. On imagine un peu le reste, on goûte comme à quelque chose de très fin, qu'on apprécie tout en sachant que nous ne sommes pas assez près pour que toutes les saveurs se dévoilent. Petit moment tranquillement à part. " merci les parpumés ! " | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jules Supervielle Sam 21 Fév 2009 - 20:11 | |
| Je suis contente que tu aies passé un joli moment de lecture en compagnie de ce petit livre tout en sensations et souvenirs! Oui, on peut le dire "Merci les parfumés" | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mar 11 Mai 2010 - 19:50 | |
| Ayant découvert l'univers de Supervielle à travers la poésie, je me suis ensuite intéressée à l'homme romancier et j'ai donc lu "Le voleur d'enfants", ouvrage que j'ai pas du tout apprécié car, bien que le style en fût agréable, la naïveté du sujet ne m'a pas permis de retrouver la profondeur et l'élévation d'esprit de son oeuvre poétique ... ... nannan, je ne suis pas une monomaniaque de la poésie ... Un poète Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même Et j'entraîne avec moi plus d'un être vivant. Ceux qui seront entrés dans mes froides cavernes Seront-ils sûrs d'en sortir, même pour un moment ? J'entasse dans ma nuit, comme un vaisseau qui sombre, Pêle-mêle, les passagers et les marins. Et j'éteins la lumière aux yeux, dans les cabines, Je me fais des amis des grandes profondeurs.
(Les amis inconnus, in Lumière humaine)Toile "Le pélerin", de Caspar David Friedrich | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Sam 15 Mai 2010 - 21:45 | |
| Attendre que la Nuit ...
Attendre que la Nuit, toujours reconnaissable A sa grande altitude où n’atteint pas le vent, Mais le malheur des hommes, Vienne allumer ses feux intimes et tremblants Et dépose sans bruit ses barques de pêcheurs, Ses lanternes de bord que le ciel a bercées, Ses filets étoilés dans notre âme élargie, Attendre qu’elle trouve en nous sa confidente Grâce à mille reflets et secrets mouvements Et qu’elle nous attire à ses mains de fourrure, Nous les enfants perdus, maltraités par le jour Et la grande lumière, Ramassés par la Nuit poreuse et pénétrante, Plus sûre qu’un lit sûr sous un toit familier, C’est l’abri murmurant qui nous tient compagnie, C’est la couche où poser la tête qui déjà Commence à graviter, A s’étoiler en nous, à trouver son chemin.
(In Amis inconnus) | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Lun 17 Mai 2010 - 13:09 | |
| A Lautréamont, poème de Guanamiru N’importe où je me mettais à creuser le sol espérant que tu en sortirais Et j’écartais du coude les maisons et les forêts pour voir derrière. J’étais capable de rester toute une nuit à t’attendre portes et fenêtres ouvertes En face de deux verres d’alcool auxquels je ne voulais pas toucher. Mais tu ne venais pas Lautréamont.Autour de moi des vaches mouraient de faim devant les précipices Et tournaient obstinément le dos aux plus herbeuses prairies. Les agneaux regagnaient en silence le ventre de leurs mères qui en mouraient. Les chiens désertaient l’Amérique et regardaient derrière eux Comme s’ils n’avaient pas réussi à exprimer leur pensée avant de partir. Resté seul sur le continent Je te cherchais dans le sommeil où les rencontres sont plus faciles, On se poste au coin d’une rue, l’autre arrive rapidement. Mais tu ne venais même pas Lautréamont. Derrière mes yeux fermés.Je te rencontrais un jour à la hauteur de Fernando Noroniza Tu avais exactement la forme d’une vague mais en plus véridique, en plus circonspect, Et tu filais vers l’Uruguay si petites journées. Les autres vagues s’écartaient de toi pour mieux saluer tes malheurs Elles qui ne vivent que douze secondes en imminence de mort Te les donnaient en entier Et tu feignais de disparaître comme elles Pour qu’elles te crussent dans la mort leur camarade de promotion. Tu étais de ceux qui élisent l’océan pour domicile comme d’autres couchent sous les ponts. Et moi je me cachais les yeux derrière des lunettes noires Sur un paquebot où flottait une odeur de femme et de cuisine La musique montait aux mâts furieux d’être mêlés même de loin aux attouchements du tango J’avais honte de mon cœur où coulait le sang des vivants Alors que tu es mort depuis 1870 et privé du liquide séminal Et tu prends la forme d’une vague pour faire croire que ça t’est égal.Le jour même de ma mort je te vois venir à moi Avec ton visage d’homme Tu déambules favorablement les pieds nus dans de hautes molles de ciel Et à peine arrivé d une distance convenable Tu m’en lances une au visage. Et te voilà parti Lautréamont.
Illustration : portrait de Lautréamont, eau-forte et aquatinte de Man Ray | |
| | | Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Dim 30 Mai 2010 - 16:59 | |
| La mer
C'est tout ce que nous aurions voulu faire et n'avons pas fait, Ce qui a voulu prendre la parole et n'a pas trouvé les mots qu'il fallait, Tout ce qui nous a quittés sans rien nous dire de son secret, Ce que nous pouvons toucher et même creuser par le fer sans jamais l'atteindre, Ce qui est devenu vagues et encore vagues parce qu'il se cherche sans se trouver, Ce qui est devenu écume pour ne pas mourir tout à fait, Ce qui est devenu sillage de quelques secondes par goût fondamental de l'éternel, Ce qui avance dans les profondeurs et ne montera jamais à la surface, Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs, Tout cela et bien plus encore, La mer.
(In Oublieuse mémoire)
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| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 19 Avr 2012 - 21:02 | |
| Premiers pas de l'univers (1950). 193 pages. L'Imaginaire Gallimard. Il s'agit de Contes mythologiques suivis d' Autres contes. Le premier conte, Orphée, commence ainsi : - Citation :
- "Jusqu'à lui le vent dans le feuillage était sans voix, la mer lissait ses vagues dans le plus grand silence, la pluie tombait sans murmure sur les toits et on parlait beaucoup du mutisme des torrents et des cascades. La nature attendait son premier poète.
Les oiseaux vous regardaient avec leur chanson inerte au fond du bec. C'est Orphée qui délivra la gorge des rossignols. [...] Et si les poissons gardent le silence, c'est que, vivant déjà dans l'eau, ils ne purent entendre la voix du poète. Mais les sirènes dont seule la queue est poissonnière purent profiter de sa leçon." (page 13) "Un jour, un lion se coucha aux pieds d'Orphée qui chantait aux tendres accords de sa lyre. Et le poète dans l'innocence de sa modestie de songer : « Simple coïncidence. »" (page 14) Plus loin, l'envoûtement prend des proportions encore plus impressionnantes : "Orphée s'était remis à composer des vers en marchant dans la campagne lorsqu'il entendit derrière lui un bruit, comme de racines arrachées : il était suivi par une allée de peupliers." (page 15). Le conte suivant s'intitule Le Minotaure : - Citation :
- "Ce fut un bien joli enfant de Crète, le front cornu et bouclé, un parfait lapsus de la nature. D'une intelligence fort au-dessus de son âge, il était à deux ans un brillant sujet et à trois ans, adulte, ce qui scandalisa les parents d'élèves dont l'intransigeance le fit renvoyer de toutes les écoles." (page 23).
"Bien qu'il n'aimât rien tant que l'herbe assaisonnée de rosée, il prétendait adorer la bonne chère." (page 24). Le Minotaure plaît à la gent féminine: - Citation :
- "[...] les femmes le considéraient avec beaucoup de douceur, et le regard prêt à tous les esclavages. [...]
Plusieurs vaches suivaient aussi le Minotaure dans ses allées et venues, et cela, avec une émotion qu'elles ne cherchaient pas à dissimuler. Allait-il faire une emplette dans une boutique, que les ruminantes, plus visibles que les femmes, guettaient sa sortie, l'air humble et quémandeur." (page 25). Il tente de se persuader que les génisses ne l'intéressent pas. - Citation :
- "Pourtant, son goût pour les femmes au regard vide, aux yeux noirs et larges, et, autant que faire se peut éloignés l'un de l'autre, ne laissait pas de l'inquiéter." (page 26).
On sait que l'histoire ne se finit pas bien... Les bovidés ont la cote dans ces contes, puisque le conte suivant s'intitule L'Enlèvement d'Europe, et celui qui suit Io (ah, les frasques de Jupiter-Zeus !). On rencontre de jolies hamadryades, mais aussi des Amazones, des dieux, des demi-dieux... Dans les Autres contes, on assiste tout d'abord à La Création des animaux : - Citation :
- "Les animaux tombaient du ciel un à un sans se faire de mal. La plupart étaient parachevés. Certains devaient attendre encore un peu avant de posséder tous leurs attributs.
« Il paraît que j'aurai une trompe, dit l'éléphant, frais arrivé. Ça partira du front et traînera presque par terre. [...] Au cheval il ne manquait que les oreilles mais il n'en savait rien, tout occupé qu'il était à vouloir se débarrasser, au galop, de son ombre. Les oreilles le rattrapèrent en pleine course, elles ne sont pas encore revenues de leur étonnement et ne cessent de se tourner de tous côtés." (page 125). Les animaux attendent avec curiosité l'arrivée de l'homme... Dans Le Petit bois pousse un arbre à chaque décès de quelqu'un du village, même s'il était alors en voyage très loin. - Citation :
- "Et chacun vous reconnaissait. Oui, personne n'hésitait. Devant cet arbre ou cet autre tout le monde s'accordait à dire que c'était tante Félicie ou l'oncle Jean. On le savait de loin grâce à je ne sais quelle ressemblance d'arbre à homme. Un enfant ne s'y serait pas trompé." (page 135).
Dans les contes suivants, on suit l'amitié entre un héron et un boeuf, le voyage de Tobie, l'histoire d'une veuve qui a trois moutons... C'est vraiment un excellent recueil, dans lequel on a plaisir à retrouver l'écriture si belle de Jules Supervielle, sa poésie, son originalité, sa fantaisie, sa drôlerie tendre ! C'est tout cela qu'il parvient à insuffler à des histoires pourtant parfois très connues (Orphée). D'autres auteurs ont arpenté des voies différentes, pas forcément pour le meilleur (les insupportables Moralités Légendaires de Laforgue). | |
| | | tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 19 Avr 2012 - 21:28 | |
| Tout ce que tu racontes me fait craquer. Oh le grand homme ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jules Supervielle Ven 20 Avr 2012 - 8:01 | |
| Alors là, vous vous liguez contre moi! Hier soir en m'endormant, je pensais à Supervielle pour le portail des oubliés!!! | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Jules Supervielle | |
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| | | | Jules Supervielle | |
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