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| Jules Supervielle | |
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Auteur | Message |
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tina Sage de la littérature
Messages : 2058 Inscription le : 12/11/2011 Localisation : Au milieu du volcan
| Sujet: Re: Jules Supervielle Ven 20 Avr 2012 - 9:22 | |
| Et j'suis encore dans le coup ! | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Jules Supervielle Ven 20 Avr 2012 - 9:31 | |
| cette fois ci je renonce, et de toute façon, y a déjà plus que le choix! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Dim 16 Nov 2014 - 22:24 | |
| - La Belle au Bois, suivi de Robinson ou l'Amour vient de loin. 1/ La Belle au Bois, féerie en trois actes, " fut créée en 1932 par Georges et Ludmilla Pitoëff et jouée par Louis Jouvet et Madeleine Ozeray lors de leur tournée en Amérique du Sud en 1940." Ici, nous avons la version de 1953. Je n'ai pas la moindre idée des différences qu'il peut y avoir avec la version de 1932. La Belle au Bois vit dans un château, loin de la ville. Au début de la pièce, on la voit assise près d'un rouet. Sa Marraine veille sur elle. - Citation :
- "LA MARRAINE. - Tu es le coeur de la forêt. Tu en es la profondeur et la fraîcheur. Quand tu t'endors, les oiseaux cessent de chanter, même ceux qui sont très loin d'ici. Et les arbres retiennent leurs feuilles prêtes à tomber. Je l'adore, ta grande forêt de Bretagne avec tout ce qu'elle montre et ce qu'elle cache. Chaque jour, on a une surprise. Une fois, c'est une biche, blanche à force d'y penser, qui montre sa tête à la fenêtre un bon moment, comme si elle allait venir poser la question que les biches ont toujours eue au bout des lèvres." (acte I, scène 1 ; pages 11-12).
La Belle va avoir seize ans. Elle aimerait bien aller à la ville ! - Citation :
- "LA BELLE AU BOIS. - Et vais-je passer encore toute une année sans voir un seul garçon, même par la fenêtre, dans ce grand cloître d'arbres ?" (acte I, scène 1 ; page 12).
Le Chat Botté est au service de la Belle. Il cire les chaussures et fait les courses en achetant des bons produits aux quatre coins de la France. - Citation :
- "LA BELLE AU BOIS. - Qu'as-tu fait de bon ce matin ?
LE CHAT BOTTE. - J'ai été en Bourgogne pour les épinards, je connais là-bas une bonne adresse et pour le filet de boeuf dans le Nivernais. Pris une langouste à Port-Cros, l'île fée, elles y sont délicieuses. Enjambé Orléans à mon retour, ramassé en passant du cresson dans la campagne, une poule et le lièvre que vous savez. Mon Dieu ! que la France est petite ! Le tout ne m'a pas pris une demi-heure. J'ai eu de la pluie, du soleil, du brouillard et de la neige. Bref, la France se porte bien. J'aurais voulu vous rapporter un peu de neige d'Auvergne mais, j'ai beau aller vite, ça m'aurait mouillé tout mon panier." (acte I, scène 2 ; pages 15-16). Bientôt arrive Barbe-Bleue, qui trouve la Belle bien à son goût. Cela effraie la Marraine, qui a été la nourrice de Barbe-Bleue: - Citation :
- "LA MARRAINE. - De vilaines rumeurs courent sur votre compte.
BARBE-BLEUE. - Et devrait-on s'occuper d'une rumeur dans tout le vacarme du monde ? Ayez confiance en votre grand garçon, nourrice. Vous ai-je jamais trompée ? Est-ce aujourd'hui, par un si beau soleil, que je commencerais ?" (acte I, scène 4 ; page 25). Barbe-Bleue cherche à contrôler ses pulsions. Il parle à sa Nourrice (Acte II, scène 4) : - Citation :
- "BARBE-BLEUE : [..] Plaignez-moi, je suis obligé de surveiller mes mains comme deux traîtresses dans la place, qui n'attendent qu'un moment de distraction pour me précipiter dans l'horrible. Nourrice ! De quel lait m'avez-vous fait boire ? Vous êtes une brave femme pourtant ! Mais quel lait sécrétiez-vous dans votre sein, à votre insu ? Ne voyez-vous pas ce qu'est devenu votre sombre nourrisson ?" (pages 46-47).
Barbe-Bleue parviendra-t-il à ses fins ? Pourra-t-il séduire la Belle sans dégâts ? Y aura-t-il un prince charmant pour venir à la rescousse ? Certains passages sont en vers, par exemple, dans la scène 7 du premier acte : - Citation :
- "LA BELLE AU BOIS, revenant près du rouet. La nuit se fait peu à peu. -
Un grand seigneur est dans nos murs, Tourne ma roue, tourne ma roue, Un oiseleur m'a pris le coeur Dans le rets de son regard lourd, Il l'a pris dans des mains savantes, Pour en faire un coeur amoureux, Je suis une petite plante Obéissant au grand ciel bleu Car ce seigneur est tout un monde Avec batailles de soleils ! " (pages 33-34) Il y a de bons passages, surtout vers le début, mais la pièce traîne en longueur...
Dernière édition par eXPie le Mar 18 Nov 2014 - 19:09, édité 5 fois | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Dim 16 Nov 2014 - 22:25 | |
| 2/ Robinson ou l'Amour vient de loin (1948). Pièce en trois actes et sept tableaux. Nous sommes au milieu du XVIII° siècle. Les passages en vers sont beaucoup plus nombreux que dans la pièce précédente. Deux soeurs, Fanny et Maggy, marchent sur une route dans la campagne anglaise. - Citation :
- "FANNY - Je vais chez mon oncle Charles.
Il ne sait pas que j'arrive, Et moi, j'ai peur d'approcher De son vieux cœur de rocher." (acte I, scène 1 ; page 99) Leur père vient de disparaître dans un naufrage, avec la cargaison.Les deux soeurs sont orphelines, ruinées. Elles doivent porter la nouvelle à leur oncle, qui est marchand de drap et possède son magasin. Pas très sympathique, l'oncle, et très intéressé par l'argent, tout comme son fils John... Par contre Robinson, son plus jeune fils, est un gentil rêveur qui aime beaucoup Fanny. Après quelques rebondissements et hasards malheureux, Robinson s'engage dans la marine... Et que croyez-vous qu'il advint ? On est loin d'un chef-d'oeuvre, mais c'est une petite pièce sympathique, avec des rebondissements improbables, des prédictions mystérieuses qui seront bien sûr justes, et dans laquelle on rencontre même un lion qui se demande ce qu'il doit faire du casse-croûte qu'il voit ronfler devant lui... - Citation :
- "UNE TETE DE LION, sortant de la brousse. -
Quel est cet étranger Qui vient me déranger ? Si même au fond des bois Un lion n'est pas chez soi, Autant changer de nom et devenir mouton. Est-ce que je le mange Ou j'attends à demain ? Certes, mon ventre est plein, Pourtant il me démange." (Acte II, scène 1 ; page 137) | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 26 Nov 2014 - 10:50 | |
| Le voleur d´enfants
Que dire. J´ai vraiment aimé. Bonne entrée en matière. Surtout la première partie. La deuxième partie part dans un drame que je me serai peut-être évité, parce que moins intéressante. Il y a des choses qui me semblent extrêmement décalées par rapport à la situation que vivent certains protagonistes. Mais il a bien su mettre en place ce voleur d’enfants devenu étrange par son besoin d’être père, par la stérilité de son couple. Et il a su si bien tourner les choses pour que cet acte abominable, enlever des enfants, dans la situation dans laquelle se trouve ses enfants, puisse se comprendre, s’expliquer. Il y a bien sûr une sentence qui arrive. Ce n’est pas obligé, mais Supervielle l’a voulu comme ça. On n’enlève pas des enfants sans se faire punir. Et on n’est pas mauvais parents sans en souffrir non plus. La mère de l’enfant qui découvre tout à coup, quand elle comprend qu’elle a perdu son enfant, à quel point il lui manque et à quel point elle a été inconséquente par exemple. Malgré le fait que ce soit un récit très court, tout est développé le plus possible. Mais je butte toujours contre les mêmes choses, j’ai du mal avec les récits courts. j’aime les développements. Mais je dois dire que malgré tout c’est brillant.
Se retournant, il voit derrière lui un monsieur grand et doux dans sa gravité et qui le regarde avec une extraordinaire bonté. Antoine n’est pas du tout surpris de le voir. Depuis un moment, il croit bien l’avoir aperçu deux ou trois fois qui le regardait avidement mais à la dérobée, comme si cet inconnu était sur le point d’accomplir un acte qu’il jugeait très important, de lier sa vie à celle de l’enfant de quelque obscure façon. Une lampe à arc éclaire maintenant l’homme en plein visage. Nous voyons qu’il porte une moustache mince, très noire et tombante, et quelque chose comme un regard en éventail de père de famille nombreuse. Qu’est-ce que c’est que ça dans l’âme d’Antoine ? C’est le souvenir de sa bonne qui se prépare à quitter l’enfant et s’échappe. Antoine est harponné, attiré par une aventure à laquelle il lui paraît impossible de se soustraire et il n’est nullement surpris quand l’homme à moustache se plie en deux pour se mettre à son niveau : – Antoine Charnelet, mon petit, dit l’étranger avec beaucoup d’émotion dans la voix, tu as donc perdu ta bonne ? N’aie pas peur, je suis déjà ton ami et tu vas voir que tu me connais. Ce grand monsieur a un léger accent. – Veux-tu monter dans ma voiture ? C’est une magnifique limousine, si neuve qu’elle semble se trouver encore à la devanture d’un magasin des Champs-Élysées. – Veux-tu venir chez moi en attendant qu’on retrouve ta bonne ? Et il regarde l’enfant avec un naturel et une simplicité si intenses qu’Antoine n’est pas étonné de sauter dans la voiture sans donner d’autre réponse.
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 26 Nov 2014 - 15:53 | |
| Il est dans ma bibliothèque. Juste une précision qui semblera futile, mais...
Le livre est ancien et n' a rien à voir -de près ou de loin- avec la pédophilie surtout dans sa connotation actuelle. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Jules Supervielle Mer 26 Nov 2014 - 16:30 | |
| - bix229 a écrit:
- Il est dans ma bibliothèque. Juste une précision qui semblera futile, mais...
Le livre est ancien et n' a rien à voir -de près ou de loin- avec la pédophilie surtout dans sa connotation actuelle. Non non. C'est vrai que quand ça commence, la manière dont le voleur s'y prend pour, mettre en confiance l'enfant, tu crains le pire. Mais c'est plutôt comme je le disais dans mon commentaire, un homme qui veut être père et qui vit la stérilité dans son couple. Il enlève des enfants qui sont dans des situations assez miséreuses et s'imagine qu'il fait le bien. Et il le fait d'une certaine manière. Mais pas que.... Il s'en mordra les doigts tout de même.... | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 27 Nov 2014 - 8:02 | |
| - pia a écrit:
- Malgré le fait que ce soit un récit très court, tout est développé le plus possible. Mais je butte toujours contre les mêmes choses, j’ai du mal avec les récits courts. j’aime les développements. Mais je dois dire que malgré tout c’est brillant.
Heureusement qu'il y a la suite directe : Le Survivant. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 27 Nov 2014 - 9:47 | |
| - eXPie a écrit:
On retrouvera le colonel Philémon Bigua dans Le Survivant (1928).
Il est un peu plus difficile à trouver pour moi, donc ça devra attendre un peu. Mais comme j'ai beaucoup aimé Le voleur d'enfants, je le lirai. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 4 Déc 2014 - 12:22 | |
| Le forçat innocent suivi de Les amis inconnusJe dois reconnaître (honteusement) que je n'ai pas été touchée par la poésie de Supervielle. En tout cas pas celle contenue dans ces deux recueils réunis en un seul et datant respectivement de 1930 et 1934. Je n'y ai pas trouvé le rythme suffisant pour m'emmener vers les profondeurs insondables des morts que semble passionnément arpenter Supervielle. Sans doute hanté par la mort prématurée de ses propres parents, possède-t-il un lien direct avec les paysages de l'au-delà ? Sans doute est-il capable de voir, d'entendre et de sentir le pays des morts comme seul un orphelin peut l'exprimer, mais je n'ai pas réussi à être touchée par sa manière d'écrire (très prosaïque et qui tente parfois maladroitement la rime là où elle semble inutile) et j'en suis désolée... Rares ont été les poèmes qui ont retenu mon attention. Je vous en livre deux qui expriment bien, à mon avis, ce lien ténu, étrange, douloureux qui existe pour Supervielle entre les vivants et les morts : Je suis si loin de vous dans cette solitude Qu'afin de vous atteindre Je rapproche la mort de la vie un moment Et vous saisis les mains, chers petits ossements Et ce poème à la mémoire d'Odilon-Jean Périer (un poète belge). J'aimerais à lui offrir Un peu d'air de la montagne Ou la rumeur des rochers quand le gave vient de loin, Ou cette odeur de sous-bois que l'on nomme le Brésil. Mais il ne nous a laissé Que son adresse illisible Pour nos yeux humains brouillés. Il est plus loin que l'étoile qui ne cille même plus. Mais peut-être est-il moins loin qu'il ne voudrait bien le dire, Et derrière mon épaule Il me fait rayer deux mots ou bien m'en inspire quatre Et il rit un peu sous cape. On sourit de nos faiblesses, nos gaucheries de vivants Pour tenter d'aller à lui, Alors que lui va partout traversant même les murs Avec cette aisance aux lèvres Et me tourne ce feuillet tout en me persuadant Que c'est la faute du vent. Comme l'impression stupide d'un rendez-vous manqué... | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 4 Déc 2014 - 18:38 | |
| Peut-être que tu dois essayer autre chose que sa poésie? Enfin à l'occasion! | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 4 Déc 2014 - 22:51 | |
| - pia a écrit:
- Peut-être que tu dois essayer autre chose que sa poésie? Enfin à l'occasion!
Oui j'ai lu ton commentaire sur Le voleur d'enfants qui a l'air intéressant, en tout cas plus 'subtil', plus construit (?) que ce que j'ai pu lire. J'étais persuadée que Supervielle était essentiellement un poète mais je vais tenter (à l'occasion) autre chose ou des poèmes plus tardifs. Je n'aime pas ne pas aimer. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Jules Supervielle Ven 5 Déc 2014 - 16:32 | |
| - shanidar a écrit:
Je n'aime pas ne pas aimer. J'ai trouvé Le voleur d'enfants bien construit. Et il y a des moments vraiment subtils. Maintenant nous n'aimons pas toujours les mêmes lectures. Je me souviens encore de Dostoïevski que tu avais lu et qui t'avait laissé dubitative. Et moi qui avais crié au génie! Mais essaie un jour! Le voleur d'enfants, par exemple, n'est pas très long, donc tu ne t'embarques pas dans un pavé que tu regretteras d'abandonner à la moitié. Ou au quart. Ou au dixième... | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| | | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Jules Supervielle Jeu 15 Jan 2015 - 21:23 | |
| Gravitations précédé de Débarcadères (1932) Jules Supervielle cumulait les prétextes les plus justifiés pour tomber dans le piège de la poésie narcissique, celle qui se nourrit d’amour-propre et retombe rapidement dans l’épuisement de la substance d’un seul être : déchirement géographique doublé de la mort précoce de ses parents constituaient les prétextes qu’il aurait pu utiliser pour justifier l’épandage massif de larmoiements. Si Jules Supervielle semble avoir frôlé plusieurs fois cette tentation, il évite toute complaisance maussade dans ce recueil, considéré comme le sommet de son art poétique. Pas même de tragique : les sentiments se transforment en faits, s’animent dans un bestiaire étrange peuplé de créatures, minérales, végétales, animales ou humaines, figées entre vie et mort, entre deux secondes mortelles. Presque surréaliste, Jules Supervielle refuse cependant le ton de révolte outré du Manifeste. Surtout, il reconnaît l’insignifiance de son âme et oppose sa modestie aux ambitions parfois mégalomaniaques des surréalistes. Tous ses poèmes ne fonctionnent pas avec la même intensité mais ceux qui sont les plus réussis transmettent courage et grâce. Après avoir longtemps hésité à céder à la tentation de la mort, Jules Supervielle semble avoir refusé ce territoire des merveilles figées pour choisir de rester parmi le peuple des os et du cœur. Le Gaucho« […] Sur des landes triturées tout le jour par le soleil Passaient des cactus crispés dans leur gêne végétale, Des chardons comme des christs abandonnés aux épines, Et des ronces qui cherchaient d’autres ronces pour mourir. [...] » « Tant de gestes nous séparent, tant de lévriers cruels ! »Mouvement« Ce cheval qui tourna la tête Vit ce que nul n'a jamais vu Puis il continua de paître A l'ombre des eucalyptus.
Ce n'était ni homme ni arbre Ce n'était pas une jument Ni même un souvenir de vent Qui s'exerçait sur du feuillage.
C'était ce qu'un autre cheval, Vingt mille siècles avant lui, Ayant soudain tourné la tête Aperçut à cette heure-ci.
Et ce que nul ne reverra, Homme, cheval, poisson, insecte, Jusqu'à ce que le sol ne soit Que le reste d'une statue Sans bras, sans jambes et sans tête. »
« Un chevreau tournant sur soi jusqu’à devenir une étoile. » - Age des cavernes a écrit:
- « Passent des animaux précédés d'un cou immense qui sonde l'inconnu, l'écartant à droite et à gauche, avec le plus grand soin. Ils défrichent l'air vierge. Sans en parler aux autres insectes les fourmis montent sur la cime des arbres pour regarder.
Quand des tribus se rencontrent on se souffle au visage comme font les buffles qui se voient pour la première fois. On se regarde de tout près jusqu'à ce que les regards mettent le feu aux yeux. Alors on recule et on se saute à la gorge. Les animaux se demandent lequel parmi eux sera l'homme un jour. Ils consultent l'horizon et le vent qui vient de l'avenir. Ils pensent que peut-être l'homme rampe déjà dans l'herbe et les regarde tour à tour présumant de leur chair et de son goût. L'homme se demande si vraiment ce sera lui. »
*peintures de Stanilas Ignacy Witkiewicz | |
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