Reflexion sur la poésie

C´est bien ce que j´attends, aussi de la poésie:

"La poésie est une manière de dire et une manière d’être. Rien de maudit car rien de mal dit chez elle. Elle dépasse l’inacceptable de la vie sociale en relançant l’existence – son noyau d’enfance – que la servilité n’a pas encore détruite. Elle adopte une économie de type providentiel. Elle est dans le trait, dans le bref, le concis – jamais dans le bavardage sociologique ou psychologique – elle accueille la lumière épiphanique qui ranime les énergies et révèle toute chose à elle-même. Elle salue la beauté et elle est sans pourquoi."

Pascal Boulanger, in "L'Enfance des choses", Carte blanche du 19 janvier 2012

http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/01/notes-sur-la-cr%C3%A9ation-pascal-boulanger.html

À propos de la poésie.
(de Laura Kasischke, poète et romancière américaine, dans Télérama du 21 août 2013)

" Le plus difficile, c'est la poésie.[comparativement au roman]. ...le poème part toujours d'une inspiration soudaine, inédite, fugitive, qui ne reviendra peut-être jamais plus... il faut que ça soit achevé immédiatement. La poésie est quelque chose d'inatteignable, d'effrayant et de frustrant...La poésie est une récompense pour celui qui prend le temps d'en écrire. Elle donne tant en retour. Ecrire de la poésie, c'est se connecter avec des temps anciens et sacrés...."

Parmi les définitions de la poésie - peut-on d'ailleurs la définir ? - celle de Georges Pompidou a particulièrement retenu mon attention :
"Qu'est-ce que la poésie ? ... Qu'est-ce que l'âme ? ... Lorsqu'un poème, ou simplement un vers, provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément, jusqu'à le confronter avec l'être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique."

Je ne puis m'empêcher également de songer à Baudelaire qui disait :
"C’est à la fois par la poésie et à travers la poésie, par et à travers la musique, que l’âme entrevoit les splendeurs situées derrière le tombeau ; et quand un poème exquis amène les larmes au bord des yeux, ces larmes ne sont pas la preuve d’un excès de jouissance, elles sont bien plutôt le témoignage d’une mélancolie irritée, d’une postulation des nerfs, d’une nature exilée dans l’imparfait et qui voudrait s’emparer immédiatement, sur cette terre même, d’un paradis révélé."

En fonction de sa sensibilité et de ses goûts esthétiques, chaque lecteur se forgera une image de la poésie. "Cette hésitation prolongée entre le son et le sens" telle que la définit Valéry, n'a pas fini en tout cas de féconder notre imaginaire.

Citation :

La poésie, celle que je lis et celle que parfois je m’essaie à écrire, m’aide à regarder les choses de manière plus attentive, me permet de mieux écouter les voix et les destins des personnes. Encore plus aujourd’hui, je crois que ce pouvoir particulier de la parole poétique dépend avant tout du fait qu’elle est aussi marginale, aussi exilée, aussi hors jeu, aussi inutile et aussi invisible. C’est précisément à cause de cela qu’elle sait voir et sait écouter ; et quand elle parle, elle le fait d’en bas, à partir d’une expérience quotidienne commune et partagée. 
 
Fabio Pusterla, Dortoir des ailes, Traduction : Claude Cazalé Bérard, Ed. Calligrammes – Bernard Guillemot, p. 50 
   

Trouvé sur Poezibao
http://poezibao.typepad.com/poezibao/

« La poésie c'est comme les lunettes. […]C'est pour mieux voir. Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont fatigués, usés. Croyez-moi, dit-il, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans s'en rendre compte, ils deviennent aveugles. »
(Jean Pierre Siméon)

La poésie…Des lunettes ?...C’est ce que vient confirmer un autre poète, américain celui-là, Louis Zukofsky qui écrit:
« Toute la poésie, c'est cela. Soudain, on voit quelque chose. »

coline a écrit:

La poésie…Des lunettes ?...C’est ce que vient confirmer un autre poète, américain celui-là,  Louis Zukofsky qui écrit:
« Toute la poésie, c'est cela. Soudain, on voit quelque chose. »

... et on la traduit en sonorités, en une petite musique qui vient du coeur (et que d'aucuns appellent "l'âme"), avec des mots qui sont les siens et par magie sonnent juste...C'est cette justesse de l'instant que je traduirai par le mot poèsie. Une justesse qui se traduit dans toutes les langues dans une communion universelle....

... Sauf que quelque chose d' essentiel se perd souvent à la traduction. Comme un parfum qui s' évapore
ou une fresque en train de s' effacer...

bix229 a écrit:

... Sauf que quelque chose d' essentiel se perd souvent à la traduction. Comme un parfum qui s' évapore
ou une fresque en train de s' effacer...

C'est peut être ce qui amène à penser que le poète ne sera jamais l'égal des Dieux mais seulement un être humain...  

I.T.Nayrant a écrit:

bix229 a écrit:

... Sauf que quelque chose d' essentiel se perd souvent à la traduction. Comme un parfum qui s' évapore
ou une fresque en train de s' effacer...

C'est peut être ce qui amène à penser que le poète ne sera jamais l'égal des Dieux mais seulement un être humain...  

... Trop humain !
Mais c' est déià suffisant, et le grand Pan est mort !

Il y a plusieurs visées poétiques
Nous pourrions passer des heures autour d'un café à en parler :)
Pour ma part celle qui me touche le plus est celle qui se veut un peu mystique, qui pose des questions en prenant bien soin de ne jamais y répondre ou alors seulement par une nouvelle interrogation. Essayer de percer ce plein qui traverse nos vies et sentir.
C'est pour ça que je crois que bien lire de la poésie est un art. Ca s'apprend, il y a un langage à appréhender et un mouvement de l'intellect entre les sonorités qui créaient de nouvelles images que ne suggéraient alors que très faiblement le poème.
C'est une nouvelle façon d'interagir avec le monde en redonnant au langage un sens organique.

C'est ici que nous pouvons aisément évoquer le mystère de l'artiste sans œuvre. Le lecteur

plouf a écrit:

Pour ma part celle qui me touche le plus est celle qui se veut un peu mystique, qui pose des questions en prenant bien soin de ne jamais y répondre ou alors seulement par une nouvelle interrogation. Essayer de percer ce plein qui traverse nos vies et sentir.
C'est pour ça que je crois que bien lire de la poésie est un art. Ca s'apprend, il y a un langage à appréhender et un mouvement de l'intellect entre les sonorités qui créaient de nouvelles images que ne suggéraient alors que très faiblement le poème.

J'ai cru lire que tu aimais particulièrement le surréalisme.
Alors, cela, dis-moi, tu le trouves dans une poésie "surréaliste" ?

Oui
Le surréalisme est avant tout je crois une volonté de dérégler les sens pour enfin, à travers l'image et la vision, renouer avec le langage des efflus du coeur. L'idée doit se faire sentir par l'enivrement et le mouvement d'objets et non par l'information que renferme un mot qui n'est pas assez mûre ou fougueux pour éclairer une certaine vérité.

plouf a écrit:

Oui
Le surréalisme est avant tout je crois une volonté de dérégler les sens pour enfin, à travers l'image et la vision, renouer avec le langage des efflus du coeur. L'idée doit se faire sentir par l'enivrement et le mouvement d'objets et non par l'information que renferme un mot qui n'est pas assez mûre ou fougueux pour éclairer une certaine vérité.

Je te conseille la lecture  de George du Maurier. Meme si tu n' es pas lecteur de romans- ce livre qui est un roman d' amour fou et que les surréalistes conseillaient. Meme si le roman est antérieur à leur époque.

merci
je note