Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Gustave Flaubert

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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyJeu 14 Fév 2013 - 17:47

"J' ai en moi, au fond de moi, un embetement radical, intime, acre et incessant, qui m' empeche de rien gouter et qui me remplit l' ame à la faire crever."

Correspondance
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyJeu 14 Fév 2013 - 21:26

Merci pour ces citations, Bix. Après avoir lu quelques-uns des titres les plus connus de Flaubert, j'aimerais bien me pencher sur sa correspondance...
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyJeu 14 Fév 2013 - 22:38

colimasson a écrit:
Merci pour ces citations, Bix. Après avoir lu quelques-uns des titres les plus connus de Flaubert, j'aimerais bien me pencher sur sa correspondance...

Elle est superbe, sa correspondance. A le lire, on a l' impression de découvrir quelqu' un d' autre, l' homme Flaubert. Capable de grossiers appétits et de grandes finesses. Et l' homme a presque tout sacrifié à l' écriture...

Ceci dit, la correspondance est vraiment très copieuse rt, si tu arrives à mettre la main sur un ouvrage que j' ai : "Extraits de la correspondance" : Préface à la vie d' écrivain : Seuil, n' hésite pas...
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyVen 15 Fév 2013 - 21:34

Sans doute vaut-il mieux picorer dans cette correspondance de temps en autre que de l'engloutir tout d'un coup... Wink
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptySam 16 Fév 2013 - 8:29

colimasson a écrit:
Sans doute vaut-il mieux picorer dans cette correspondance de temps en autre que de l'engloutir tout d'un coup... Wink
C'est sûr que pour engloutir d'un coup les 5 volumes de la Pléiade (plus, éventuellement, un volume entier d'index), il faut avoir un solide appétit ! rire
(je ne dis pas que ce n'est pas intéressant, évidemment)
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyDim 17 Fév 2013 - 21:15

Quand même ! affraid
Je n'imaginais pas que c'était aussi volumineux !
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyVen 1 Mar 2013 - 10:33

bix229 a écrit:
"J' ai en moi, au fond de moi, un embetement radical, intime, acre et incessant, qui m' empeche de rien gouter et qui me remplit l' ame à la faire crever."
Elle est magnifique cette citation.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyVen 1 Mar 2013 - 11:46

Madame B. a écrit:
Quant à "Un coeur simple", c'est un petit bijou, un mélange de cruauté et de pathétique.
Pathétique sans aucun doute mais pourquoi cruauté ? De la part de Flaubert, des personnages du livre ou de la vie ?


shanidar a écrit:
je n'aime pas Flaubert, non décidemment je ne l'aime pas. Je le trouve ingrat avec ses personnages, manquant d'empathie, manquant d'un peu d'attachement pour ce qu'il y a d'humain chez cette pauvre Félicité d' Un coeur simple, dont il souligne la bêtise, dont il note scrupuleusement les déficiences et l'ignorance.
Il souligne ses déficiences et son ignorance parce que des millions de gens ont le même niveau intellectuel qu'elle et pour autant, ils méritent d'être racontés ces gens là. Félicité est la bienveillance même, sa vie est pathétique mais c'est une âme pure, un coeur pur. Elle a une vie d'une tristesse à mourir mais elle ne s'apitoie jamais, elle encaisse en silence. Elle est dévouée corps et âme aux gens qu'elle aime. Le passage avec le taureau est particulièrement marquant, elle fait preuve d'un courage et d'une abnégation hors du commun ! Elle ne se rend même pas compte de sa bravoure, elle n'a pas fait ça pour les lauriers, elle l'a fait naturellement, pour sauver la vie d'autres êtres humains. En ce sens, je trouve que Flaubert rend hommage à ces gens simples, ces coeurs simples qui ne font jamais de mal à personne et qui sont niés dans la Littérature/au Cinéma. Ils ne sont jamais racontés, justement parce que leur vie n'a rien de palpitant, rien de merveilleux, pas de sensualité, pas d'aventure, rien, la simplicité même. Ils ne font pas rêver et pourtant il a choisi d'écrire un roman à leur sujet.

J'ai relevé cette anecdote sur la page Wikipédia des Trois Contes : " Dans le Dictionnaire des idées reçues, Flaubert insère le nom « Félicité » à la lettre F. La définition qu'il donne est la suivante : « Toujours "parfaite". Votre bonne se nomme Félicité, alors elle est parfaite ». "



Arabella a écrit:
Je pense que rien ne pourra te convaincre pour Flaubert, Shanidar, il y a semble-t-il incompatibilité. Personnellement, Un coeur simple, même si les personnages sont dessinés sans embellir, j'y trouve malgré tout une tendresse pour les personnages.
J'y trouve la même tendresse que toi Arabella. D'ailleurs, j'ai pensé à ma grand-mère du début à la fin du livre, cette simplicité, cette bienveillance profonde, c'est très touchant.


Arabella a écrit:
Le coeur simple est prodigieux. Et il faut l'avoir entendu dit par Luchini.
Je confirme ! Et à la fin de la lecture, il crie son amour pour cette oeuvre, il semble sincère.



Un Coeur simple (en audio)

Vous l'aurez donc compris, j'ai aimé cette lecture. On suit avec fascination la vie ordinaire d'une femme ordinaire. Une vie qu'on pourrait considérer comme insignifiante mais c'est sans compter sur le talent de Gustave Flaubert qui insuffle un véritable charme désuet au récit. Son style transporte et la voix de Fabrice Luchini nous emporte encore un peu plus loin. Je l'ai écouté dans les transports mais j'étais ailleurs, au coeur de l'histoire. Je ne connaissais pas Flaubert, c'est une belle découverte !

« Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l'Evêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité. »
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptySam 20 Avr 2013 - 14:39

Bouvard et Pécuchet (1881)


flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 416rlx10

Il est inutile d’apprendre : la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs. Il est inutile de lire, à moins de vouloir se rendre fou, pédant ou désespéré. Il est inutile d’écrire, à moins de vouloir contaminer le reste du monde des relents dégénérés de son individu. Et pour le prouver, Flaubert nous livre une démonstration par l’absurde : non seulement il apprendra en se gorgeant de toutes les connaissances mémorisées jusqu’à son époque, mais en plus il tirera cet enseignement de ses pires ennemis les livres, après quoi il vomira cette mélasse d’enseignements par la plume, participant ainsi au massacre qu’il souhaite mettre en évidence.

Flaubert met en scène Bouvard et Pécuchet, deux pauvres bougres qui n’ont pas sa lucidité. Employés dactylographes menant une vie ordinaire, leur existence se met seulement à dévier lorsqu’ils tombent l’un sur l’autre. De leur fréquentation mutuelle, une troisième volonté surgira : celle qui aspire à un au-delà libéré des contraintes financières et de la monotonie professionnelle. Le destin aidant, Bouvard et Pécuchet trouvent finalement le moyen de se retirer à la campagne. Enfin, la belle vie ? Certes, mais… tout comme Emma Bovary, les deux anciens secrétaires ne parviennent jamais à l’entière satisfaction. Il manque quelque chose à leur épanouissement, sans qu’ils ne sachent précisément le nommer. L’ennui est là, qui guette le moindre fléchissement de leur humeur.

Pour détourner leur attention de cette menace, Bouvard et Pécuchet se lancent dans l’étude. Se projetant corps et âme dans une discipline après l’autre –biologie, géologie, philosophie, littérature, religion, psychologie, médecine, au choix…-, ils en aspirent toute la moelle avec un appétit de charognard, ne relevant la tête que lorsqu’il n’en reste plus rien, et découvrant alors le peu de consistance de la matière absorbée. Les sciences ne sont qu’un moyen, que Bouvard et Pécuchet dévorent pour atteindre une fin qu’ils ne connaissent pas. Les querelles idéologiques qu’ils se livrent ne sont que des divertissements, espérant peut-être aviver assez de foi en eux pour leur conférer une identité qu’ils ne maîtrisent pas.

Flaubert ne peut être comparé à ses personnages : il se situe bien au-delà d’eux et il les a surpassés depuis longtemps. Passant peut-être, comme eux, par les phases de la satisfaction, de l’ostentation, de la déception puis du désespoir, il n’a pas sombré à leur manière dans la résignation mais s’est gorgé d’une lucidité rageuse qui exacerbe son ironie et son dégoût. Le roman qu’il écrit pour rendre ses lecteurs aussi abattus que lui constitue une étrange mise en abyme : avant de l’écrire, Flaubert se sera infligé la lecture de centaines d’ouvrages scientifiques, en relevant toutes les incongruités (et nous livrant ainsi un Dictionnaire des idées reçues et un Sottisier truculents), et en résumant les grandes idées qu’il fait ensuite tenir à Bouvard et Pécuchet. Les références abondent en tous sens, les théories se contredisent les unes les autres, les idéologies s’affrontent dans des querelles dont la multiplication appauvrit l’intérêt, et tout l’édifice culturel s’effondre devant le constat d’une absurdité insolvable. Et si encore on s’amusait… mais non, même pas. Bouvard et Pécuchet, malgré quelques traces d’ironie cinglante et bouffonne (« Afin de produire artificiellement des digestions, ils tassèrent de la viande dans une fiole, où était le suc gastrique d’un canard –et ils la portèrent sous leurs aisselles durant quinze jours, sans autre résultat que d’infecter leurs personnes »), se lit dans la torpeur et l’ennui.

Le travail de sape est réussi… ou presque. Malgré tout le dégoût qu’on suppose être à la base de l’écriture de ce roman, le lecteur ne pourra être totalement contaminé par l’abattement originel de Flaubert car, en détruisant l’objet de ses espoirs et de ses désillusions, celui-ci parvient enfin à trouver du plaisir là où les théories scientifiques n’ont su lui inspirer que du découragement. Sapant de bon cœur un édifice culturel fondé sur des sables mouvants, la rage triste de Flaubert devient rage joyeuse, et réussit parfois à nous tirer un sourire et même un soupçon de plaisir au milieu de notre ennui…


flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 Charle12
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Ça sent le vécu :


Citation :
Dans les galeries du Muséum, ils passèrent avec ébahissement devant les quadrupèdes empaillés, avec plaisir devant les papillons, avec indifférence devant les métaux ; les fossiles les firent rêver, la conchyliologie les ennuya. Ils examinèrent les serres-chaudes par les vitres, et frémirent en songeant que tous ces feuillages distillaient des poisons. Ce qu’ils admirèrent du cèdre, c’est qu’on l’eût rapporté dans un chapeau.


Les bons mots du Dictionnaire des Idées reçues :

Citation :
« EPINARDS : Les épinards sont le balai de l’estomac. Ne jamais rater la phrase célèbre de Prudhomme : « Je ne les aime pas, j’en suis bien aise, car si je les aimais, j’en mangerais, et je ne puis pas les souffrir » (il y en a qui trouveront cela parfaitement logique et qui ne riront pas). »

« ERECTION : Ne se dit qu’en parlant des monuments. »

« FERME : Lorsqu’on visite une ferme, on ne doit y manger que du pain bis et ne boire que du lait. Si on ajoute des œufs, s’écrier : « Dieu ! comme ils sont frais ! il n’y a pas de danger qu’on en trouve comme ça à la ville ! » »

« HACHISCH : Ne pas confondre avec « hachis » qui se fait avec de la viande, et qui ne provoque aucune extase voluptueuse. »

« ODEUR (des pieds) : Signe de santé. »

« OPTIMISTE : Equivalent d’imbécile. »

« PEDERASTIE : Maladie dont tous les hommes sont affectés à un certain âge. »

« TAUREAU : Le père du veau ; le bœuf n’est que l’oncle. »

« TERRE : Dire « les quatre coins de la terre » puisqu’elle est ronde. »
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptySam 20 Avr 2013 - 22:12

C'est sûr que Bouvard et Pécuchet ne se lit pas comme Salammbô ou Madama Bovary.

Quand tu écris que "la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs", c'est un peu radical. Il me semble que, dans le livre, on voit deux personnages qui veulent aller au bout des choses dans une science donnée ; au début, à chaque fois, ça leur semble simplet et clair, et puis plus ils creusent (en lisant des livres de plus en plus pointus), plus cela semble moins clair, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte qu'une théorie communément admise par la majorité peut être battue en brèche, et que finalement toute vérité est vraie... jusqu'à ce qu'une nouvelle découverte vienne l'invalider. Ou bien il peut y avoir deux ou trois théories qui semblent toutes bonnes mais ne disent pas la même chose.

Je ne comprends pas très bien : "Malgré tout le dégoût qu’on suppose être à la base de l’écriture de ce roman".
Flaubert aurait lu des centaines de livres pour écrire Bouvard et Pécuchet, avec un sentiment de dégoût ?

Il y a un côté répétitif dans le livre, mais qui mène au vertige. Et puis il y a une évolution, quand même. Au début, on se moque de nos deux compères : de leur naïveté, leur bêtise, etc. Et puis, finalement on se dit qu'ils n'ont pas forcément tort sur tout... Et on en vient à se demander qui se moque de qui : Flaubert se moque-t-il vraiment de ses personnages, ou bien veut-il que ses lecteurs se moquent de ses personnages, ou encore c'est lui qui se moque de nous ? Ou pas ?
Il y a (pour moi) quelque chose de flou et de très intrigant là-dedans, le sens qu'il veut donner à son livre... (il s'est presque comporté comme les personnages dont il se moque - avaler livre sur livre - , c'est fascinant)

Il y a plein de bons passages dans ce livre, mais j'ai envie de dire que ça ne fait pas vraiment un roman, c'est plus un catalogue... ou un ovni...
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyDim 21 Avr 2013 - 3:46

Je n'ai pas encore lu Bouvard et Pécuchet, sacrilège... il semble bien que ce livre est fait pour moi. De plus, Georges Perec s'en inspire dans son oeuvre... Vila-Matas est en droite ligne de ces expériences littéraires, il me semble...
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyDim 21 Avr 2013 - 8:34

jack-hubert bukowski a écrit:
Je n'ai pas encore lu Bouvard et Pécuchet, sacrilège... il semble bien que ce livre est fait pour moi. De plus, Georges Perec s'en inspire dans son oeuvre... Vila-Matas est en droite ligne de ces expériences littéraires, il me semble...
Pour Vila-Matas, je ne peux pas dire, mais c'est vrai que chez Perec, on a aussi l'obsession de l'exhaustivité, des listes...
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyLun 22 Avr 2013 - 21:50

eXPie a écrit:


Quand tu écris que "la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs", c'est un peu radical.

Peut-être, mais c'est l'impression qui me reste à l'issue de cette lecture. Pourquoi s'enquiquiner à vouloir apprendre quoi que ce soit ? Puisque tout se contredit dans cette multiplication des vérités, alors rien n'a de valeur.

eXPie a écrit:

Je ne comprends pas très bien : "Malgré tout le dégoût qu’on suppose être à la base de l’écriture de ce roman".
Flaubert aurait lu des centaines de livres pour écrire Bouvard et Pécuchet, avec un sentiment de dégoût ?

Ca ne me semble pas impossible... j'imagine que si Flaubert avait été vraiment déçu par cette égalité des opinions qui conduit au néant, il aurait pu consacrer une grande énergie à préparer sa vengeance. Mais ce n'était pas ce que je voulais dire. Je ne pense pas que Flaubert a lu des centaines de livres pour écrire Bouvard et Pécuchet avec un sentiment de dégoût, mais plutôt que ce sentiment lui serait venu en cours d'entreprise (puisqu'on ne peut pas vraiment parler de fin...)
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyLun 22 Avr 2013 - 22:14

colimasson a écrit:
eXPie a écrit:


Quand tu écris que "la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs", c'est un peu radical.

Peut-être, mais c'est l'impression qui me reste à l'issue de cette lecture. Pourquoi s'enquiquiner à vouloir apprendre quoi que ce soit ? Puisque tout se contredit dans cette multiplication des vérités, alors rien n'a de valeur.
Je ne suis pas d'accord avec ceci. Flaubert ne met pas tant en cause la lecture, et n'est pas le chantre du relativisme ; ce qu'il pointe, c'est la "mauvaise lecture" et les mauvais lecteurs, que sont Bouvard et Pécuchet à l'image d'Emma Bovary ou de Don Quichotte par exemple. Des illustrations parmi tant d'autres de la bêtise humaine, chère à Flaubert. Ca me donne bien envie de relire les Flaubert de ma bibliothèque. Merci pour ta critique, colimasson ! :)

D'ailleurs, quelqu'un a lu la biographie de Winock ? Je ne suis pas coutumier de ce genre d'écrits, mais comme j'admire M. Winock, je me laisserais bien tenter.
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MessageSujet: Re: Gustave Flaubert   flaubert - Gustave Flaubert - Page 8 EmptyLun 22 Avr 2013 - 22:23

colimasson a écrit:
eXPie a écrit:


Quand tu écris que "la connaissance ne s’acquiert ni dans les livres, ni ailleurs", c'est un peu radical.

Peut-être, mais c'est l'impression qui me reste à l'issue de cette lecture. Pourquoi s'enquiquiner à vouloir apprendre quoi que ce soit ? Puisque tout se contredit dans cette multiplication des vérités, alors rien n'a de valeur.

Si, on apprend quelque chose, mais il faut garder à l'esprit que ce n'est qu'une vérité sans doute approximative (tout comme Newton est vrai dans un certain cadre, mais faux dans un autre, Einstein l'englobant). Déjà qu'on ne se connaît pas forcément (bien) soi-même... Une vérité est transitoire, mais elle n'est pas à jeter pour autant. C'est simplement tout connaître, ou connaître un sujet de façon absolue qui n'est pas possible, et c'est ça qui est formidable, en somme, parce que sinon, que resterait-il à trouver ? Pourquoi épuiser un sujet ? (on n'aura jamais fini de lire tout ce qui nous intéresse - à moins qu'on n'ait perdu le goût ou l'intérêt pour la lecture avant). Si on avait fait le tour des mathématiques, il n'y aurait plus de mathématiciens qui s'escrimeraient à démontrer je ne sais quel théorème ; si on avait fait le tour de la physique, que feraient nos passionnés de physique, à part rejouer les grandes découvertes ?... (mais ce jour-là arrivera-t-il ? Je crois me souvenir d'une nouvelle de SF, Asimov peut-être, dans laquelle l'homme arrivait à percer un mystère quasi-divin, théoriser, mettre en équation toute la vie, ou quelque chose d'équivalent ; ainsi parvenu au bout du mystère de l'univers, Dieu rebat les cartes, et c'est reparti pour un tour de devinettes posées à l'Homme... et ainsi l'Homme s'occupe, Dieu joue avec lui).

Bref, pour moi ça n'est pas négatif du tout, au contraire : rien n'est figé, rien n'est absolu, et c'est tant mieux.

Mais je me trompe peut-être totalement dans mon interprétation (peut-être suis-je un Bouvard ou un Pécuchet). D'autant que Sullien dit que Flaubert n'est pas le chantre du relativisme, alors...
Je n'ai pas lu la bio de Winnock. J'ai celle de Pierre-Marc de Biasi. Mais j'attendais d'avoir lu tous les romans de Flaubert (ce qui est fait).
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