Je ne le trouve pas compliqué, je compile tours et ponts dès que possible, c'en est devenu un jeu, un clin d’œil, jolie façon délicate de relativiser et de vivre.
Autre extrait :
« Ma recherche m’avait conduit dans d’épaisses broussailles de putiers racémeux et d’aulnes noirs, sur le bord même de la rivière froide et bleue, quand soudain il y eut une explosion de clapotements et de cris, et de derrière un buisson odorant, j’aperçus à peu de distance Polenka et trois ou quatre autres enfants sortant des ruines d’un ancien établissement de bain et se baignant dans le costume d’Adam. Mouillée, haletante, une narine de son nez camus coulant, les côtes de son corps adolescent dessinant des arcs sous sa peau blême et hérissée par la chair de poule, les mollets éclaboussés de boue noire, un peigne courbe brillant dans ses cheveux plus sombres d’être humides, elle fuyait, en jouant des pieds et des mains, les coups sifflants et claquants de tiges de nénuphars qu’une fillette au ventre comme un tambour, à la tête rasée, et un adolescent excité et sans vergogne, portant autour des reins une espèce de ficelle tenue dans la région pour être efficace contre le mauvais œil, arrachaient de l’eau d’un coup sec et avec lesquels ils la harcelaient; et, durant une ou deux secondes, – avant que je ne m’éloignasse en rampant, sombre, partagé entre la répugnance et le désir -, je vis une Polenka insolite frissonner et s’accroupir sur les planches de l’appontement à demi démoli, se couvrant les seins de ses bras croisés pour se protéger du vent d’est, tandis qu’elle se gaussait de ses poursuivants en leur tirant la langue. »
« Autres Rivages Autobiographie » Vladimir Nabokov
Collection Folio (p.268)