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| Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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rivela Zen littéraire
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Jeu 15 Jan 2009 - 15:03 | |
| Samuel belet,1913, extrait. Discussion de bistrot, le vin , amertume.Il y la pente et on est mené.ça cause encore comme ça aujourd'hui.
Quelqu'un me pose la main sur l'épaule : c'était Lambelet, le taupier. Un drôle d'homme, ce Lambelet. Petit, ratatiné, voûté, une blouse bleue tout en loque, un vieux chapeau avançant sur les yeux, il avait des joues creuses couvertes de barbe comme la mousse sur les pierres ; il n'arrêtait pas de tousser. Il vivait dans une espèce de réduit au-dessus de la forge ; personne ne s'occupait de lui. De bonne heure le matin il partait tendre ses trappes, mais avant midi il était rentré, et il s'installait à l'auberge, d'où il ne bougeait plus de la journée, buvant son eau-de-vie, seul comme moi, dans un coin.
Un homme heureux d'ailleurs, parce que, comme il disait, "il se laissait aller", et il était toujours de bonne humeur, n'ayant besoin que de sa goutte et de sa pipe, deux choses qu'il se procurait facilement, grâce à son métier.
Il tire un tabouret de dessous la table, il me dit : - On peut s'asseoir ? Je lui fait signe que oui, il s'assied en face de moi. - C'est que voilà, il y en a qui préfèrent être seuls. Alors, le goût des gens, vois-tu, c'est quelque chose de sacré. Il sort de sa poche une pipe, toute noire d'avoir servi ; il en fait tomber le couvercle qui était retenu par une chaînette de laiton ; il la bourre, et, l'ayant bourrée, montrant du doigt ma chopine de vin : - Tu en es encore dans les commencements, toi. Puis, comme je me taisais : -Il faut bien commencer, continue-t-il. Mais, tu sais, il y a la pente... Il cracha par terre, et il frotta de la semelle son crachat ; il riait doucement ; sa bouche sans dents, dans sa courte barbe, faisait un trou noir. - On a beau faire, on est mené, dit-il encore. Je hochai de la tête. Je voyais qu'il avait raison. Il y a des vérités qui vous viennent dans le vin, et j'en étais à ma quatrième chopine.
Samuel rêve d'une fille perdue mais qui hante encore son esprit.
Rêve de dédoublement
Il visite sa tombe
Tout de suite une grande fièvre m’avait pris, avec du délire et des rêves, un entre autres dont je me souviens encore aujourd’hui.
Mélanie était revenue. Je marchais à côté d’elle ; nous suivions un petit sentier qui s’en allait à travers champs. Elle portait passée à son bras une couronne de perles. Je regardais cette couronne ; il y avait écrit dessus : « A mon ancien fiancé. » Je lui demandai :
– A qui portes-tu cette couronne ?
Elle me regarda d’un air étonné :
– Mais elle est pour toi, naturellement !
C’était le temps de la chasse ; tout près de nous, un chasseur tire un coup de fusil ; un lièvre qui était blotti derrière un buisson prend la fuite ; on voyait son petit cul blanc se lever dans l’herbe encore haute.
Mais moi, je ne pensais qu’à elle, et je lui dis de nouveau :
– Comment se fait-il que cette couronne me soit destinée, puisque je suis vivant?
Elle me répond :
– Pour moi, tu es mort.
Je voulus parler, je ne pus rien dire. Je passai la main sur mon front, il était couvert de sueur. Soudain, je ne sais comment, nous nous trouvons devant un cimetière. Il était un peu au-dessus de nous, avec une petite pente qui aboutissait à la grille. On pousse la grille, elle était rouillée. Mélanie entra la première.
Il y avait une colonne de marbre, avec du lierre, et un entourage de fer ; je lis mon nom sur la colonne : Samuel Belet. Il y avait aussi la date de ma naissance : 1840, mais je n’arrivais pas à distinguer celle de ma mort.
Cependant Mélanie s’était avancée et avait appuyé la couronne contre le socle. Un nuage noir passait dans le ciel.
Puis le vent se mit à souffler et les branches d’un saule pleureur qu’il y avait tout près de là se tenaient droites en l’air. Mélanie était toujours debout devant moi, la tombe nous séparait. Et anxieusement je me demandais : « Es-tu vraiment mort? Tu n’es pas mort puisque tu peux bouger, tu n’es pas mort, puisque tu parles. » Mais, une terrible angoisse me serrait le cœur. Et m’adressant à Mélanie : « Mélanie, écoute, je j’aime[sic] ; dis que je ne suis pas mort. » Elle se mit à rire, elle me répondit : « Je t’assure que tu es mort. » En même temps elle reculait, elle reprit : « Essaie seulement de me courir après. » Je fis un grand effort, mais c’était comme si mes pieds avaient pris racine en terre. Je voulus alors lui tendre les bras ; mes bras à leur tour ne m’obéissaient plus. Elle riait plus fort, continuant de s’éloigner. Je voulus du moins l’appeler ; je n’avais plus de voix ; cette même raideur qui était dans mes membres occupait maintenant jusqu’au dedans de mes organes.
Je voyais que j’étais bien mort, mais en même temps je gardais les yeux levés ; j’aperçus une dernière fois Mélanie entre les arbres. Elle ouvrit la grille, elle s’en allait.
Alors une espèce de convulsion s’empare de moi, tout mon corps se tord, mes os craquent, je tends tous mes muscles à la fois; cette espèce de coque dure, dans laquelle j’étais pris, éclate ; et la voix me revient en même temps que mes mouvements :
– Mélanie ! Mélanie !
Je criais de toutes mes forces. Une voix me répond :
– Belet, c’est moi !
Brusquement je rouvre les yeux, et, comme entre des lambeaux de brouillard qui étaient mon rêve qui s’en allait, j’aperçois une chambre, avec des rideaux sales et une table à laquelle il manquait un pied. | |
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 18 Jan 2009 - 19:16 | |
| C'est à propos du style et de sa façon d'écrire qui à été, et aujourd'hui encore critiquée. A l'époque même si Claudel l'encourageait et trouvait ses livre comme la guérison des maladies, règne de l'esprit malin, présence de la mort,l'amour du monde, de très bonnes histoires. La critique démolissait ses écrits en affirmant qu'il ne savait pas écrire en français. Alors Ramuz qui commence à être publier chez Grasset envoie une lettre à M.Grasset expliquant le pourquoi il est différent des autres écrivains extrait de la lettre.
. 1. Le rapport à la langue française
Dans sa Lettre à Bernard Grasset de 1929, Ramuz précise son rapport avec la Suisse romande : “ Mon pays a toujours parlé français, et, si on veut, ce n’est que “ son ” français mais il le parle de plein droit (...) parce c’est sa langue maternelle, qu’il n’a pas besoin de l’apprendre, qu’il le tire d’une chair vivante dans chacun de ceux qui y naissent à chaque heure, chaque jour.(...) Mais en même temps, étant séparé de la France politique par une frontière, il s’est trouvé demeurer étranger à un certain français commun qui s’y était constitué au cours du temps. Et mon pays a eu deux langues: une qu’il lui fallait apprendre, l’autre dont il se servait par droit de naissance; il a continué à parler sa langue en même temps qu’il s’efforçait d’écrire ce qu’on appelle chez nous, à l’école, le “ bon français ”, et ce qui est en effet le bon français pour elle, comme une marchandise dont elle a le monopole. ”. “ Je me rappelle l’inquiétude qui s’était emparée de moi en voyant combien ce fameux “ bon français ”, qui était notre langue écrite, était incapable de nous exprimer et de m’exprimer. Je voyais partout autour de moi que, parce qu’il était pour nous une langue apprise (et en définitive une langue morte), il y avait en lui comme un principe d’interruption, qui faisait que l’impression, au lieu de se transmettre telle quelle fidèlement jusqu’à sa forme extérieure, allait se déperdant en route, comme par manque de courant, finissant par se nier elle-même (...) Je me souviens que je m’étais dit timidement: peut-être qu’on pourrait essayer de ne plus traduire. L’homme qui s’exprime vraiment ne traduit pas. Il laisse le mouvement se faire en lui jusqu’à son terme, laissant ce même mouvement grouper les mots à sa façon. L’homme qui parle n’a pas le temps de traduire (...) Nous avions deux langues: une qui passait pour “ la bonne ”, mais dont nous nous servions mal parce qu’elle n’était pas à nous, l’autre qui était soi-disant pleine de fautes, mais dont nous nous servions bien parce qu’elle était à nous. Or, l’émotion que je ressens, je la dois aux choses d’ici... “ Si j’écrivais ce langage parlé, si j’écrivais notre langage...” C’est ce que j’ai essayé de faire...” | |
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Ven 23 Jan 2009 - 12:12 | |
| Passage du poète Charles-Ferdinand Ramuz 1923 Ramuz a mis en fiction la conception qu'il avait de son métier d'artiste par un procédé de miroir. Le reflet de Ramuz se nomme Besson, il est vannier itinérant ; à la première phrase du livre, Besson arrive dans un petit village vigneron se tenant serré sur une pente abrupte de murs et de vignes, et va alors s'y installer pour tresser son osier. Le pays est plongé dans l'hiver, les habitants n'ont que peu de travail. Mais l'arrivée du poète va bientôt faire renaître le printemps.
A partir de mars, le village se réveille de son sommeil profond. Plus le ciel change, plus la nature se transforme.
On ne sait jamais le temps qu’il va faire. C’est pourquoi, d’avril à octobre, ils tiennent la tête levée. Là-haut est leur véritable banque; là-haut ils ont placé leur capital. Depuis le commencement d’avril et jusqu’après les vendanges, ce qui fait sept mois, jour après jour, et tout au long du jour, et dès qu’ils sont debout. Car il se fait sans eux, le temps, et bien souvent même contre eux et ils ne peuvent rien y changer, alors ils ont appris à obéir.”
la nature change, mais les hommes restent fidèle à leur terre.
Bovard regarde les changements du monde, lui qui ne change pas. Etant de ceux qui n’ont jamais changé, étant un fidèle, étant l’homme d’un ouvrage toujours le même, étant l’homme qui est sur le même point de la terre d’un bout à l’autre de la vie, et immobile quand tout passe et tout se déplace, tout se modifie: les habitudes, les façons de se mettre et de se tenir, les façons de dire, les mœurs et les métiers: lui toujours au même métier, à un métier toujours le même, depuis les plus vieux temps, dans les mêmes lieux, devant la même eau, sous le même ciel, du matin au soir et de jour en jour
“On ne peut pas être payé en argent pour un travail de ce genre-là, on est payé seulement d’y croire, on est payé dès qu’on y croit... Nous, on est comme le soldat, le soldat se bat pour se battre. On est comme une mère avec son enfant: ça ne lui fait rien qu’il soit mal fait, plus il est mal fait, plus elle se donne de peine pour lui, plus elle l’aime, plus elle lui donne tout, sans rien demander. Parce qu’elle est payée d’aimer
C’est quand ça commence à vous ressembler, tout autour de vous ça commence, ça change, vous n’avez pas changé, ça change d’après vous, selon vous. Ça se met à vous obéir, ça se plie à vous, ça devient docile. Vous regardez et vous dites: ”Ça, c’est moi.” Alors on connaît le vrai plaisir, celui d’après, celui d’avoir fait, celui d’avoir été les plus forts
c'est un bien joli livre sur le travail du vigneron, et le travailleur de la terre. la louange unanime d'une terre et des travaux accordés aux rythmes des saisons. | |
| | | rivela Zen littéraire
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Ven 23 Jan 2009 - 16:34 | |
| Depuis l'âge de dix-sept ans et jusqu'à quelques mois avant sa mort. C.F. Ramuz (1878-1947) a tenu un journal. L'écrivain y dévoile ses doutes, y affirme ses choix, y consigne ses innombrables campagnes d'écriture, y revient sur les démarches nécessaires à la réalisation de ses projets. Publiées pour la première fois dan leur intégralité, ces pages sont à la fois un document unique et un témoignage saisissant sur le parcours d'un homme inquiet, pour qui l'art et l'expression sont les seules voies du salut. Quelques extraits:
Journal du 14 avril 1904, Ramuz a 26 ans «Il ne faut point s’occuper du présent seulement, mais de la suite des années. [...] Je commencerai par ne rien faire d’autre que de peindre avec scrupule ce que j’ai autour de moi, le plus simplement possible [...]. Je ferai des paysans, parce que c’est en eux que je trouve la nature à l’état le plus pur et qu’ils sont tout entourés de ciel, de prairies et de bois où j’aime à vivre dans mon âme. Et il est possible qu’un jour, m’élevant par degrés de la vie au style, du pittoresque à la ligne, et de la réalité immédiate à la réalité de l’artificiel et de l’art, j’atteigne à des espaces où je souhaite d’être dans la lumière et le vent, mais où je ne veux pas m’engager [...] avant d’être une force qui va devant elle, parce qu’elle ne peut pas faire autrement.»
20 janvier [1944] J'ai collé tant bien que mal dans ce cahier les quelques notes que j'ai prises pendant que j'étais alité. L'aventure a duré deux mois. Mais, ce qui m'effraie à présent qu'elle paraît finie, tout au moins momentanément, c'est l'impossibilité où je suis de renouer avec ce passé quoique tout récent, de me rattacher à moi-même. J'y faisais allusion plus haut, mais ça n'était alors qu'une impression - aujourd'hui, c'est une constatation. J'ai eu beau relire tout ce que j'avais écrit avant, je n'ai pas réussi à m'y intéresser, encore moins à m'y reconnaître. Je ne suis pas mort, mais c'est mon passé qui est mort. Et tout ce que j'avais entrepris de faire. Inutile d'essayer de l'entreprendre à nouveau. Je parlais d'une rupture : ce n'est pas assez dire, elle est accompagnée d'une séparation. Les deux blocs se sont détachés l'un de l'autre, puis se dont mis à reculer en s'éloignant toujours plus : et à présent je considère du bord d'un abîme et de loin ce qu'il y a quelques semaines je pouvais toucher de la main ; mieux encore[,] ce parmi quoi j'étais. - De sorte qu'il s'agit de mettre de côté quantité de paperasses, désormais inutiles et de recommencer à nouveau frais, recommencer tout[,] me recommencer moi-même - pour combien de temps ? Et je me demande : " Est-ce la peine
On me demande pourquoi je vis à Paris, je réponds : Je vis à Paris parce que dans mon pays je serais isolé et ici je suis solitaire. Journal, 7 décembre 1911
«Les femmes, c'est le quotidien mis au premier plan : d'où la peur qu'il faut avoir des femmes.»
«La seule vraie tristesse est dans l’absence de désir.
il raconte aussi son rêve de la nuit:
12 août 1946. – J’ai été exécuté cette nuit. Il faisait grand jour; il était environ deux heures. J’ai été condamné à mort dans la ville même de Davel et pour le même crime que lui (crime de haute trahison). Je ne me souvenais pourtant pas d’avoir passé en tribunal et je ne savais pas non plus quelle espèce de mort m’était réservée. Tout était parfaitement tranquille dans cette petite ville qui devait donc être Cully. Elle vivait sa vie de tous les jours; on battait le fer chez le maréchal, l’église sonnait bien régulièrement les heures. Je ne me souviens pas d’avoir été enfermé, j’étais sous la garde d’un vieil homme à cheveux gris qui devait être un ancien gendarme. Je n’ai eu affaire qu’à lui. C’est lui qui m’a dit, regardant sa montre: « Ce sera bientôt le moment. » Alors sont survenus deux ou trois acolytes très vagues qui m’ont emmené faire une promenade dans des « lieux historiques », c’est où Davel, je pense, avait été décapité. Une espèce de chemin vague envahi par les herbes sèches et les orties et qui aboutissait à la ligne du chemin de fer.
On venait d’abaisser les barrières, nous nous sommes arrêtés devant et puis nous sommes revenus. Les acolytes me suivaient sans rien dire. Je suis entré dans une pièce où le vieil homme se tenait. Il y avait tout à côté une maison qui avait brûlé et qu’on était en train de reconstruire. Le charpentier m’a adressé la parole, il m’assurait que le feu avait « pris par les fenêtres », mais que son système de fenêtres à lui, qu’il était en train de mettre en place, était absolument à l’abri du feu. Discussion. Cependant le vieil homme m’attendait assis sur un tabouret, les mains sur les genoux, dans cette pièce fraîche (qui devait faire partie de la gendarmerie). Je suis entré; il m’a montré une porte ouverte qui donnait sur une autre pièce; il m’a dit: « Va chercher mon revolver. » C’était un énorme revolver d’ordonnance à barillet qui était pendu à un clou. Je le lui ai apporté; j’avais compris. Toujours cette même tranquillité, ce même grand silence; plus personne que le vieux et moi. Il a regardé de nouveau sa montre; il m’a dit: « Assieds-toi à côté de moi. » Je me suis assis à côté de lui. Et j’ai senti le froid du canon sur ma tempe. Je ne me défendais pas; j’étais parfaitement calme et consentant. Et le vieil homme a ajouté: « Dommage de faire sauter ce crâne; il y avait peut-être encore quelque chose dedans. » Je lui ai dit: « Alors ne le faites pas sauter! » Il n’a rien répondu, il a appuyé sur la détente. Le coup est parti sans qu’on ait entendu la moindre détonation. J’ai parfaitement senti la balle me traverser la cervelle. J’ai senti encore également qu’on me prenait par les pieds et par dessous les bras. Mais ce qu’il y avait surtout, c’était une immense odeur de sang frais.
(Rêve de cette nuit que je m’efforce de rapporter fidèlement, pendant que les souvenirs sont encore présents à ma mémoire.) | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Ven 23 Jan 2009 - 19:59 | |
| merci pour les extraits qui "éclairent" probablement sur le personnage | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 25 Jan 2009 - 19:27 | |
| Merci animal, bien, je continue cette fois avec ses essais et réflexions sur la société ou sur l'individu en général. Taille de l’homme (1933), Questions (1935) et Besoin de grandeur (1938) Ses réflexions montrent une grande méfiance envers le monde moderne. Ramuz est probablement l’un des premiers à recenser les dégâts du Progrès. « l’homme “moderne” a le goût de la nouveauté parce qu’il s’ennuie. Le passé ne le retient pas, il n’y est pas affectionné ; mieux encore : il l’ignore. Tout le mécanisme du monde contemporain, si fragile qu’il soit, si éminemment transitoire, lui en enseigne d’ailleurs le mépris. L’humanité se renouvelle tous les trente ans, elle est par là même toujours jeune ; elle vit dans l’oubli complet de ce qu’elle a été et qui n’est plus. Elle est, puis elle est, puis elle est ; et, si ses actes successifs apparaissent plus tard à ceux qui les interrogent comme liés entre eux par une secrète logique, elle, elle l’ignore, cette logique ; elle fait, elle se contente de faire, obéissant à certains besoins matériels, et puis surtout à des besoins d’esprit, qui sont la curiosité, la concupiscence, l’orgueil.
l’homme moderne exploite son milieu sans se soucier de son avenir, seul compte pour lui l’instant présent. Ainsi, « le grand mot de nature, si éminemment “poétique”, serait-il à ce point déchu qu’il fût synonyme de “matières premières”, [...] car le monde entier semble en proie à cette même folie utilitaire ? La nature ne serait plus alors que l’ensemble des réserves d’énergie, dont l’homme va mettre toute son ingéniosité à s’emparer par une sorte de vol ou de rapt, étant elle-même bien forcée de se laisser faire. La nature : tout ce qui est, tout ce qui existe en dehors de nous : la terre, la mer, le ciel, et tout ce qu’ils contiennent, minéraux, plantes et animaux, livrés à l’homme qui s’en sert, ayant certains premiers besoins à satisfaire, dont naissent incessamment et à l’infini d’autres besoins, “car la concupiscence de l’homme est infinie”. L’homme pirate : l’homme jeté avec ses appétits vers ces rivages inconnus où l’or attend, c’est-à-dire la nature sans défense qui attend l’homme, le voyant approcher dans ses canots, avec toute espèce d’instruments inconnus d’elle, bien qu’il les lui doive, mais il ne lui en témoigne aucune reconnaissance. | |
| | | rivela Zen littéraire
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 25 Jan 2009 - 19:40 | |
| Suite
« nos fameuses classes dirigeantes ne dirigent plus rien. Elles obéissent à des suggestions qu’elles ne peuvent contrôler, qui leur viennent de toutes les extrémités de la terre, qui ne se soumettent plus à leur jugement avec modestie, comme c’est encore le cas du livre, mais leur en imposent un d’avance par des moyens publicitaires qui agissent mécaniquement. Et ce ne serait rien si la plupart des hommes ne perdaient du même coup le sens de leur valeur, et le sens des réalités et par conséquent le sens des grandeurs et par conséquent le sens de la grandeur. Car tout se présente à nous désormais sur le même plan dans ce monde international, qui est celui de la “publicité” : qui est celui qui résulte de la violence de l’éclairage, au propre comme au figuré, et où se mêlent tous les genres et tous les tons, venus de partout et entrenoués : le grave et le plaisant, le tragique et le comique, la fugue et la chansonnette ; car l’écran, le disque et le poste de T.S.F. décident automatiquement des valeurs, rien qu’en éclairant vivement ce qui fait l’objet de leur choix, et noyant par là même dans d’épaisses ténèbres les productions qu’ils négligent. Voilà l’aboutissement de nos célèbres “moyens modernes de diffusion” dont le public est tout le monde de l’un à l’autre bout de la terre, à qui une même nourriture est offerte de l’un à l’autre bout de la terre. Et que le public doit bien accepter et accepte, n’agissant plus, mais subissant, ne faisant plus, mais se laissant faire, passif dans l’uniformisation. Les modes se chassent l’une l’autre ; les modes vont vite. Tout défile et galope. On est applaudi et du même coup oublié. Personne n’a plus le temps de saisir et par là même de s’attacher, et de distinguer l’essentiel de ce qui ne l’est pas ; ce qui comptera de ce qui ne compte déjà plus, ce qui est fécond de ce qui est stérile ; ce qui est imitation et flatterie de ce qui procède de son propre fond (avec toutes les difficultés et toutes les lenteurs que lui vaut précisément son originalité). Le bénéfice ne vient qu’après : or il n’y a plus d’après. Tout relève du journal. C’est le régime de la “grande information” où rien de ce qui est important n’est signalé et qui ne met en lumière que ce qui est sans importance .
Patriotisme,nationalisme.
Je suis patriote, parce que j’aime mon pays au sens géographique du mot, j’aime une certaine terre, un certain climat, un certain ciel ; je les aime de nécessité. J’aime cette terre parce que j’en sors, ce climat et ce ciel parce que j’en ai toujours été entouré ; consentant par là au mystère qui préside pour chacun de nous à sa promotion à l’être, qui le fixe et l’oblige à un point dans l’espace, à un moment dans le temps. Le nationalisme comporte une politique et une sociologie ; l’espèce de patriotisme qui est le mien ne comporte ni l’une, ni l’autre. Patriote est même trop fort : il faudrait pouvoir dire paysan, car il y a pays dans paysan ; paysan n’engage que la terre et il y a “pères” dans patrie, il y a histoire dans patrie, il y a passé dans patrie : pays n’engage que le présent. Pays n’engage que la géographie. Le patriotisme est fondé sur les yeux et le cœur, le nationalisme sur la connaissance abstraite ; le patriotisme, au sens où je le prends, sur le présent (et l’avenir), le nationalisme sur le passé et la connaissance du passé : sur l’histoire et la connaissance de l’histoire, sur un ensemble de conventions juridiques, sur des droits acquis qu’il s’agit d’abord de sauvegarder. Le nationalisme repose sur un certain nombre de traditions, religieuses ou morales, intéressant les mœurs ou les habitudes, une manière de penser, de sentir et de se conduire, dont on n’admet pas qu’elles puissent changer, et qu’on oppose aux mœurs, aux habitudes, aux traditions de ses voisins, car il y a toujours dans le nationalisme un certain impérialisme, un certain besoin de s’étendre, de s’augmenter, une certaine soif de conquêtes : qui a des droits prétend à en augmenter l’étendue, qui a une croyance à la faire partager . | |
| | | rivela Zen littéraire
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 25 Jan 2009 - 19:48 | |
| suite
L'être ne vit pas de grades, mais d'égards. Les grades ne comptent donc pas pour lui, même s'il est obligé de laisser coudre à sa manche des galons qu'il n'a pas sollicités. Les grades sont pour l'individu et distinguent l'individu. Il y a en nous quelque chose d'incomparablement indépendant à l'égard de tout ce qui se passe. Et cependant cet être, si séparé, a besoin sur un autre plan de communiquer ; il vit d'aimer et d'être aimé. Les égards sont une forme de l'amour. Un État bien fait serait celui où il serait tenu compte tout aussi bien de l'être que de l'individu ; une vie sociale bien faite serait celle où les sanctions seraient compensées par des égards
«J'appelle bourgeois, en gros, écrit-il, celui qui, n'ayant pas le sens de l'être, n'en a pas non plus le respect. Celui qui ne distingue pas l'être et n'aperçoit que l'individu, qu'il estime d'autant plus que celui-ci lui ressemble davantage, tout en lui étant légèrement supérieur : car il y a chez tout bon bourgeois l'idée de grade et l'idée d'aspirer. La hiérarchie bourgeoise est une hiérarchie militaire: on commence simple soldat, quand tout va bien on finit colonel.
La foi soviétique isole l'homme dans le vide; mais en même temps elle doit faire tout son possible pour que l'homme ne prenne pas conscience de ce vide, à cause des conséquences que la découverte pourrait avoir pour lui. Il faut donc qu'elle l'étourdisse et le saoule par des manifestations incessantes, l'empêchant de sentir et de penser par lui-même, le forçant à coups de fanfares, de discours, de discussions, de tracts, d'affiches, à penser en fonction de la collectivité. Jamais le terme d' «Église» n'a trouvé plus juste application que dans la vie quotidienne de l'État soviétique. Car il y a des autels soviétiques, il y a des saints soviétiques, il y a des rites soviétiques, il y a des symboles soviétiques, il y a eu et il y aura des papes soviétiques et des conciles soviétiques, il y a des processions soviétiques, il y a des messes soviétiques, la religion soviétique a ses témoins et ses martyrs, et le mot même de «communisme» n'a de sens qu'en vertu d'une foi commune. Mais cette foi n'est qu'adoration par l'homme de ses propres oeuvres. L'homme n'a de taille que s'il communie avec l'univers. «On voit ces messieurs, qui ont cru à l'État (et ils y croient sans doute encore), assister avec consternation à l'écroulement des États ; qui ont cru aux monnaies, ne plus rien comprendre à leur ruine ; qui ont cru à une morale sociale (laïque et obligatoire), contempler avec terreur ses récentes déformations (ou conquêtes); qui ont cru au «progrès» et voient que le progrès est au moins à double tranchant et que la lame, qu'ils ont pour leur part aiguisée, finalement se retourne contre eux. | |
| | | rivela Zen littéraire
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 25 Jan 2009 - 19:58 | |
| Paris
Paris est au centre de nos esprits, au centre de notre cœur, au centre de nos souvenirs. Il est pour nous mille ans d’histoire littéraire et plus de mille ans d’his- toire tout court, dont les feux viennent s’ajouter, comme un autre bel éclairage, à celui que les réverbères ou les lampes à arc allument chaque soir par-delà une frontière, et par-delà une chaîne de montagnes, dans la réalité de l’espace.
comparaison du langage entre Paris et la Suisse Romande
Paris sert de modèle : il ne copie personne (ou s’il copie parfois, il le fait à sa façon). Il agit donc en toute liberté selon lui-même ; il s’exprime comme il l’entend. Vous avez à vous accommoder de lui ; ce n’est pas lui qui doit s’accommoder de vous. Vous, vous êtes un petit Vaudois, c’est-à-dire ce qu’on appelle un refoulé, qui a surtout appris à se taire ; Paris ne se tait pas, ne se tait jamais, bien au contraire : il parle même quand il n’a rien à dire, il parle pour le plaisir de parler, de prouver qu’il existe (…). Mais alors quelle liberté ! (…) Or, la liberté d’expression conduit à la facilité dans l’expression. Un organe qui s’exerce souvent se développe. L’usage fréquent des mots nécessite le mot propre. (...) Nous, nous parlons peu, nous avons peu l’occasion de parler, nous y sommes peu tenus par quoi je veux dire obligés, d’où de la lenteur dans la conception, de l’embarras dans l’élocution ; et hésitant sur ce qu’on est, on hésite sur ce qu’on a à dire.
Et pour finir
Il y a des hommes qui parlent et il y a des hommes silencieux. Les hommes silencieux copient les hommes qui parlent quand il leur arrive de parler. Ils n’ont pas l’habitude de parler ; ils se servent pour s’exprimer de phrases toutes faites. En gros, et pour simplifier, il y a les hommes de la ville et les hommes de la campagne : ceux qui expriment des idées qu’ils n’ont pas, ceux qui n’expriment pas les idées qu’ils ont. Ceux qu’on ne peut pas ne pas entendre et qu’on voudrait bien ne plus entendre ; ceux qu’on voudrait entendre et qu’on n’entend jamais.
Tant d’hommes épars dans les champs, dans les vignes, et superposés sur les terrasses qui dominent le lac, dont on dit justement qu’ils ne pensent pas, parce qu’ils restent silencieux, - ceux que j’aime, et qui portent peut-être en eux une conception du monde et sont par là secrets ; ceux qui ne sont pas retenus seulement par une difficulté , mais par une pudeur qu’on devine, et grandis par elle ; car ils ne peuvent pas cacher quand même le mépris qu’ils ont pour les “beaux parleurs”. Ceux qui vivent dans la nature, et qui se sentent ainsi à chaque instant “dépassés” et dépassés par elle en tout sens, dans ses dimensions, dans son mystère, dans sa toute-puissance, mais par là augmentés et anoblis. Ce qui les condamne au silence, ce n’est peut-être pas leur pauvreté, mais leur richesse même ; ils ont appris de la nature à se taire, de sorte qu’il faut les deviner ou qu’ils faut les inventer. | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Dim 25 Jan 2009 - 19:59 | |
| après il y aura un peu de poésie | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 26 Jan 2009 - 20:05 | |
| «Le poète est à la fois le plus solitaire et le moins solitaire des hommes.» " On ne fait de la poésie qu'avec l'anti-poétique ; on ne fait de la musique qu'avec l'anti-musical. Comme tous les greffeurs savent, on ne greffe que sur le sauvage : c'est comme ça que nous greffons. " Charles-Ferdinand Ramuz Poète dans l’âme, Charles Ferdinand RAMUZ a surtout écrit des œuvres emplies de sensibilité, de tendresse et d’humanité. Ses poèmes, "Le Petit Village", sont ses premiers écrits et ils influenceront toute son œuvre, estompant la frontière entre prose et poésie. Le jour de notre noce, j'y pense tout le temps, il fera un soleil comme on n'a jamais vu ; il fera bon aller en char à cause du vent frais qui vous souffle au visage, quand la bonne jument va trottant sur la route et qu'on claque du fouet pour qu'elle aille plus fort. On lui donnera de l'avoine, en veux-tu, en voilà ; on l'étrillera bien qu'elle ait l'air d'un cheval comme ceux de la ville ; et trotte ! et tu auras ton voile qui s'envole, et tu souriras au travers parce qu'il aura l'air de faire signe aux arbres, comme quand on agite un mouchoir au départ. On se regardera, on dira : "On s'en va, on commence le grand voyage ; heureusement qu'il n'y a pas des océans à traverser." Et quand nous serons arrivés, la cloche sonnera, la porte s'ouvrira, l'orgue se mettra à jouer ; tu diras oui, je dirai oui ; et nos voix trembleront un peu et hésiteront à cause du monde et parce qu'on n'aime à dire ces choses que tout doucement à l'oreille. ---------------------------------------- Un jour, je te verrai venir un peu lasse et lourde d'un fardeau que tu n'as pas connu, tandis que s'épaissit ta taille, marchant dans le jardin où les roses fleurissent, et je t'aimerai encore un peu plus. Je songe que tu portes deux vies et qu'il me faut donc t'aimer doublement, pour toi-même et puis pour celui qui va naître de tes souffrances. Je sens que j'ai grandi vers de nouveaux aspects d'où le mode paraît avec des tristesses, mais aussi avec des joies accrues en nombre; et quand je sens ta main s'appuyer sur mon bras, et l'ombre de ton front se poser sur ma joue, il me semble avancer sûrement avec toi vers la réalisation d'une promesse. ---------------------------------------------------- Les maisons Les vieilles maisons sont toutes voûtées, elles sont comme des grands-mères qui se tiennent assises, les mains sur les genoux, parce qu'elles ont trop travaillé dans leur vie mais les neuves sont fraîches et jolies comme des filles à fichus qui, ayant dansé, vont se reposer et qui se sont mis une rose au cou. Le soleil couchant brille dans les vitres, les fumées montent dévidées et leurs écheveaux embrouillés tissent aux branches des noyers de grandes toiles d'araignées. Et, pendant la nuit, sur les toits, l'heure du clocher dont les ressorts crient – et le poids descend – s'en va vers les champs et réveille subitement toutes les maisons endormies. ----------------------------------------- Chaleur L'ombre du tilleul tourne dans la cour. La fontaine fait un bruit de tambour. Un oiseau s'envole du poirier ; le mur brûle ; sur le toit brun et rouge, La fumée d'un feu de bois bouge contre le ciel tellement bleu qu'il est obscur. On n'entend pas un bruit dans les champs personne n'est en vue sur la route ; seules dans les poulaillers, les poules gloussent encore, de temps en temps. Puis plus rien qu'un arbre qui penche, dans l'opacité de ses branches, avec son ombre de côté, comme sous un poids qui l'accable ; et cet autre se laisse aller en avant, comme un dormeur qui a les coudes sur la table. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Lun 26 Jan 2009 - 23:07 | |
| Rivela, je voulais te dire que je te lis (bien que je n'apporte pas de commentaires) et découvre un peu mieux Ramuz grâce à toi...Merci!... | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mar 27 Jan 2009 - 15:58 | |
| Merci coline, pour la suite je mettrai en présentation les romans. | |
| | | rivela Zen littéraire
Messages : 3875 Inscription le : 06/01/2009 Localisation : Entre lacs et montagnes
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 28 Jan 2009 - 12:04 | |
| Aline, 1905Aline, élevée par sa mère dans des conditions modestes est séduite par le fils d'un riche paysan du village. Elle vit une véritable histoire d'amour emplie de passion, alors que Julien, lui, ne cherche qu’à satisfaire son instinct. Abandonnée alors qu'elle est enceinte, Aline devient la meurtrière de son propre enfant et cherche une ultime échappatoire à son destin par la mort. Mon intention n'était pas, en écrivant Aline, de "composer", au sens strict, un roman - mais plutôt d'imiter la vie, jusque dans ce qu'elle a de traînant et d'indécis."Premier livre de Ramuz c'est une courte histoire d'environ 100 pages cela commence par une jolie histoire d'amour entre 2 jeunes, les dialogues sont un vrai dépaysement par apport aux conversations de la jeunesse d'aujourd'hui, c'est une histoire banale jusqu'à que le fille, 17 ans soit enceinte. A partir de la commence la tragédie, le rejet, le regard des gens du village la méchanceté. Cette pauvre petite on aimerait pouvoir l'aider, mais on assiste à son inévitable malheur. j'aime bien ce livre, c'est un petit bijoux, juste une histoire d'amour tragique. L'amour entre dans le coeur sans qu'on l'entende; mais une fois dedans, il ferme la porte derrière lui. (C.-F. Ramuz, Aline)
l a vie a un visage qui rit et un visage qui pleure ; elle tourne, on la voit rire ; elle tourne encore et on la voit pleurer. [Ramuz, Aline] Et, chaque soir, au soleil couchant, quand venait l’heure, elle se sentait un peu triste, revoyant le petit bois, le pré et le ruisseau où son esprit s’en retournait, car l’esprit a la liberté et il est rapide, mais le corps est attaché et l’esprit se moque de lui.» [Ramuz, Aline] | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] Mer 28 Jan 2009 - 12:11 | |
| De jolies citations, merci Rivela! Tu as raison d'insister sur cet auteur. Cela finit toujours par accrocher quelque part. Un auteur de plus à noter... | |
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| Sujet: Re: Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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| | | | Charles Ferdinand Ramuz [Suisse] | |
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