Michael Haneke

Esperluette a écrit:

Si je vous comprends, c'est l'aspect un peu "clinique" ou "épuré" (je mets des guillemets, je ne veux froisser personne, dit la fille qui y va avec des pincettes ) qui vous gêne chez Haneke, eXPie et Animal?
Est-ce sa façon de filmer, de raconter, de nous "manipuluer "un peu quelque part?

je parlerai en fait de gros sabots (ce qui s'approcherait de l'inverse ?).

[quote="eXPie"]

topocl a écrit:

Quant à la différence documentaire/film, il réside pour moi dans le scénario ; ici, il m'a paru minimal.
.

je pense en effet qu'à ce stade où la vie devient survie, elle se limite à quelque chose de minimal: faire manger, laver, calmer l'angoisse et la douleur.




[quote="eXPie"]

topocl a écrit:

J'ai eu l'impression que Haneke s'est dit qu'il allait faire un film "fort", et pour ça montrer la douleur des gens... Enfin voilà, pour moi ça n'est pas sincère.

.

Peut-être que Haneke a ce côté de vouloir montrer "Moi, je parle de ce dont les autres ne parlent pas", Peut-être qu'il veut se donner de la valeur grâce à son sujet. Peut-être aussi qu'il a besojn de partager son questionnement, C'est difficile à dire; En fait, ce n'est pas le sujet. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas Haneke, c’est le film
On en revient à la question, qui n'a pas de réponse unique, c'est sûr: montrer la souffrance , quel intérêt? Moi, je pense que c'est important, on ne peut pas exclure cela et ne pas en parler. C'est évidemment ton droit de ne pas penser pareil.

animal a écrit:

Esperluette a écrit:

Si je vous comprends, c'est l'aspect un peu "clinique" ou "épuré" (je mets des guillemets, je ne veux froisser personne, dit la fille qui y va avec des pincettes ) qui vous gêne chez Haneke, eXPie et Animal?
Est-ce sa façon de filmer, de raconter, de nous "manipuluer "un peu quelque part?

je parlerai en fait de gros sabots (ce qui s'approcherait de l'inverse ?).

je crois qu'il y a un mélange des deux, les gros abots et la manipulation. Il nous manipule et fait croire qu'il est plein dans la finesse, alors qu'en fait, oui, à distance, hors de l'émotion, il est lourd.

eXPie a écrit:

Esperluette a écrit:

Si je vous comprends, c'est l'aspect un peu "clinique" ou "épuré" (je mets des guillemets, je ne veux froisser personne, dit la fille qui y va avec des pincettes ) qui vous gêne chez Haneke, eXPie et Animal?
Est-ce sa façon de filmer, de raconter, de nous "manipuluer "un peu quelque part?

Eh bien, tu écris justement "notre rapport à la vieillesse et quelque part notre impuissance à ne pouvoir éviter cela! "
C'est ça. On sait qu'on ne peut pas l'éviter et qu'on est impuissant... et cet aspect clinique, pour moi - je répète bien pour moi, hein -, ça ne m'a pas semblé vraiment intéressant. Memento mori. Oui, bien sûr, on le sait.
Pour avoir un film, il m'aurait fallu de vrais personnages, fouillés.Il y a de bons acteurs, mais je n'ai pas senti de bons personnages (mauvais moment ?)

Et à chaque fois qu'ils paniquaient ou se demandaient qui sonnait, qui était derrière la porte, j'avais envie de leur dire : "eh, pourquoi vous ne faites pas mettre d'oeilleton à la porte ? vous pensez à quoi ?"

Oh je te trouve un peu dur et provocateur là, eXPie!

Cependant, je comprends et j'entens bien ton anthipatie affirmée pour ce film même si je ne suis pas d'accord avec ta façon de percevoir les personnages (mais tout cela est subjectif, tu le soulignes et je t'en remercie).

Haneke, à mon sens, a voulu des dialogues minimalistes, pris dans le vif de la conversation pour suggérer plutôt que de démontrer et ne pas forcer le pathos du thème abordé.

Quant à ta remarque judicieuse pour la porte, je me souviens particulièrement de la scène du cauchemar de georges que l'on peut lire comme une mort "annoncée" même si le spectateur est déjà au courant pour Anne. Le mystère reste entier concernant Georges.

J'ai utilisé le terme "manipulé" mais finaleemnt je ne l'aime pas trop pour parler de ce film. Bien sûr qu'Hanake a réfléchi à la façon de filmer ce projet tabou, intimiste et délicat, bien sûr, chaque scène est soigneusement réglée, chaque plan savamment agencé..
On ne peut pas le lui reprocher, si?

Pour ma part, j'ai apprécié ce film qui traite avec sobriété et efficacité d'un sujet pas si souvent filmé (?)

J'ajouterai que le choix d'un espace confiné et clos, comme un cercueil ? un mausolée? dans lequel ce couple s'enferme pour protéger leurs derniers instants était judicieux. L'absence de musique ne m'a pas semblé pesante et élève les morceaux de piano au rang d'éloge funèbre.


@ Animal : Bon si tu veux, je ne l'ai pas perçu ainsi!

Je viens de lire vos 8 pages sur "Amour", car je n´ai pas coutume de lire les avis/critiques avant de voir par moi-même films, expos, etc. Donc c´était aujourd´hui, puisqu´il y presque 3 mois de décalage pour ce film, entre sa sortie en France, puis en Espagne.
Je dois dire que j´ai adoré ce film et sa vérité nue et cruelle. Vous avez déjà tout dit à son sujet. Je voulais seulement ajouter, un peu dans le sens des propos d´Avadoro et d´Expie, je crois, que je me demande bien si Haneke ne fait pas (entre autres mille choses qu´il réussit à merveille) un pied de nez aux classes favorisées, "les gens qui ont du fric" comme le dit Expie. Il semble dire en choisissant ce couple aisé, de musiciens exquis, que vieillesse et mort nous rendent au final tous égaux, quand il n´y a plus le maquillage de l´argent, des statuts, des classes sociales et de la réussite. La mort comme justicière finale, car déchéance physique, morale et autres dégradations se répartissent à part égales, quels que soient le milieu ou la latitude. Plus de cadeaux pour personne. Bas les masques.

Je n'ai pas eu le courage d'aller voir Amour...
Ailleurs sur la toile dans ce qui est plus une liste qu'un forum, certains faisaient un parallèle entre Amour et "Le choix de Michelle".
Je ne saurai dire, je n'ai pas eu davantage le courage de le visionner mais si certains sont curieux: c'est ici
Un doc de 52mn...
(si ce n'est pas opportun, un(e) modérateur(trice) supprimera ce message)

c'est tout à fait opportun, igor; On ne peut que constater que ce sujet de la fin de vie et du choix est en train d'apparaitre de plus en plus dans les medias et la littérature.. Cela montre que le tabou se lève peu à peu, les questions amènent non des réponses toutes faites mais de nouvelles questions (et c'est bien l’intérêt premier du film de Haneke, ce questionnement, bien avant l'intérêt cinématographique je trouve).

Quant au courage, c'est un truc qui peut parfois être complètement inutile, je trouve.

Merci Igor ! La vidéo est disponible jusqu'au 25 février, je devrais bien me trouver un petit créneau d'une heure pour la regarder...