Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 E-M Cioran [Philosophie]

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Harelde
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyLun 3 Déc 2012 - 9:08

bix229 a écrit:
Une forme de sublimation qui l' empechait peut etre de mettre en pratique la logique de ses écrits : le suicide.
Et pourtant...
jypeurien
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 28 Mar 2013 - 8:44

Syllogismes de l'amertume (1952)


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 Cioran10

Syllogisme : « Raisonnement composé de trois propositions : la majeure, la mineure et la conclusion » (source Wiktionnaire). Mettons-nous d’emblée au point sur la définition un peu barbare du titre avant de nous aventurer plus loin en terrains cioranesques. Pour peu que l’on connaisse déjà l’homme, on devrait pourtant savoir qu’il ne sert à rien de vouloir manier avec exactitude des mots qui n’ont été construits qu’afin de détruire l’édifice bancal des certitudes innées des bienheureux, mais parce que l’on connaît un peu l’homme, on sait aussi qu’il existe un plaisir paradoxal mais encore plus puissant que la joie qui n’est pas reconnue à sa juste valeur : celui de se rouler dans la boue de son désespoir et de ses doutes. Parce qu’Emil Cioran est l’incarnation de la contradiction même, on se sentira souvent insulté par ses considérations, avant de se détendre et de commencer à sourire en nous rendant compte que ce qui est écrit dans les Syllogismes de l’amertume ne vise pas à critiquer une certaine espèce d’hommes dont Emil Cioran s’exclurait, mais s’attache à définir l’espèce humaine de manière objective. Ainsi apparaissent ses contradictions, son ridicule et sa vanité. Prendre autant de recul d’une manière aussi brutale n’a rien de valorisant pour l’image de notre pauvre espèce, mais Emil Cioran permet par la même occasion de révéler tout le potentiel comique qui se déchaîne en nous depuis notre naissance. Plus besoin de s’acharner à apprendre par cœur des centaines de blagues pour briller d’humour en société : il nous suffit d’exister pour être comique –contre notre gré, certes, mais les dons (ou les malédictions) ne se discutent pas.


Tout au long de la ballade amère à travers les syllogismes que nous propose Emil Cioran, nous aurons l’occasion de prendre conscience des ravages et des offrandes de la culture. On ne sait jamais trop si l’on doit rire ou si l’on doit pleurer. On finit par ne plus vraiment distinguer nos malheurs de nos bonheurs. Si nous prétendons vouloir éliminer les premiers avec tant d’acharnement, pourquoi nous sentons-nous vides lorsqu’ils n’existent plus ? pourquoi nous mettons-nous alors à les chercher de nouveau avec avidité ? et qu’est-ce qu’un bonheur, sinon cette satisfaction d’avoir atteint un état de grâce au sein duquel la souffrance se mélange à quantité égale avec l’extase ? Et puis surtout, qu’est-ce que je suis en train de raconter ? Est-ce tout cela existe vraiment, ou cela n’existe-t-il que parce que j’en parle ?


Si l’on suit ces intuitions, la fin de la littérature, de la spéculation intellectuelle et de la culture sonnerait le glas des désespoirs humains. Emil Cioran n’est pas loin du Sigmund Freud du Malaise dans la culture lorsqu’en quelques phrases cinglantes, il crache dans une soupe en tous points semblables à celle qui constitue ses Syllogismes de l’amertume. Aussi absurde qu’un Beckett prenant la plume pour se battre contre l’inutilité du moindre geste, Emil Cioran se place dans la Cour des névrosés, des insatisfaits, des éternels perdants et dresse ainsi le portrait de cette population intellectuelle rongée par la grisaille qui se venge en tentant d’inoculer son mal aux rares esprits préservés. Littérateurs à tout va, remballez vos phrases pompeuses ! Fin de l’hypocrisie !


« Le poète : un malin qui peut se morfondre à plaisir, qui s’acharne aux perplexités, qui s’en procure par tous les moyens. Ensuite, la naïve postérité s’apitoie sur lui. »


Pour faire cesser ce jeu de dupes, Emil Cioran aime se draper de la blouse blanche du naturaliste et du physiologiste, ramenant l’être humain à sa nature première : bloc de chair, d’os, de sang et de fluides. La philosophie doit se lier au corps et à ses tempéraments, ce que Nietzsche avait déjà fait remarquer lorsqu’il liait métaphysique et météorologie. D’humiliation en humiliation, peut-être rendra-t-on l’homme plus humble ?


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 Paul_k10
Paul Klee, Mine grave


L’amour ne résistera pas lui non plus à cette description pragmatique même si, il faut bien le reconnaître : « on ne saurait médire sans injustice d’un sentiment qui a survécu au romantisme et au bidet ». Et à la liste de ces maux, on pourrait ajouter le nom d’Emil Cioran. Etrangement, seule la musique échappe à la volonté destructrice de l’écrivain, parvenant même à trouver grâce à ses yeux (« A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? »). A nous de deviner quelle relation unit l’homme de lettres aux notes musicales. Un tel engouement après la révélation d’un monde absurde semble constituer la contradiction ultime, ultime vérification de l’incohérence fondamentale de l’homme. Peut-être parce que la musique ressemble à une voix qui n’aurait pas la prétention de vouloir signifier quelque chose, Emil Cioran perçoit-il à travers elle la forme de communication suprême ? Pourquoi pas… mais la musique souffre à mon goût d’un grand défaut : le peu de matière qu’elle offre à l’humour pour lui permettre de se déployer avec autant d’ironie et de fluidité que dans le langage. La musique pourrait-elle traduire en sons une considération aussi provocatrice, cynique et déplacée que celle-ci ? :


« Par la barbarie, Hitler a essayé de sauver toute une civilisation. Son entreprise fut un échec ; -elle n’en est pas moins la dernière initiative de l’Occident.
Sans doute, ce continent aurait mérité mieux. A qui la faute s’il n’a pas su produire un monstre d’une autre qualité ? »



La magie que procure la lecture d’Emil Cioran est la suivante : il éveille en son lecteur tout son potentiel de contradiction et, lui faisant comprendre du mieux que possible tout le ridicule qui lui échoit quant à sa position de littérateur, hypocrite pleurnichard, gros corps spongieux qui tente de dissimuler la misère de ses chairs derrière la vacuité infinie de son esprit, -il réussit seulement à exacerber chez lui le goût de la parole oiseuse et des spéculations intellectuelles. Emil Cioran, en utilisant le Verbe pour nous inciter à nous en détacher, ravive en nous le goût des lettres et des métaphores démoniaques. Il est fautif ! Car après avoir lu ses Syllogismes de l’amertume, comment pourrait-on vouloir se séparer du Verbe alors qu’il vient de nous procurer de si réjouissantes tortures ?


« Lors même que nous croyons avoir délogé Dieu de notre âme, il y traîne encore : nous sentons bien qu’il s’y ennuie, mais nous n’avons plus assez de foi pour le divertir… »



Heureusement, Emil Cioran est là qui veille au grain, et qui nous permet de désennuyer ce petit Dieu tapi en nous en ravivant notre éternel désir d’auto-flagellation. On peut très bien vivre dans la contradiction, et on peut même y prendre goût !


« Que fait le sage ? Il se résigne à voir, à manger, etc., il accepte malgré lui cette « plaie à neuf ouvertures » qu’est le corps selon la Bhagavad-Gîta. –La sagesse ? Subir dignement l’humiliation que nous infligent nos trous. »
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 28 Mar 2013 - 15:10

J' ai lu Les Syllogismes de l' amertume et quelques autres livres de Cioran. Ceux qui apprécient Cioran ont ceci en commun qu' ils apprécient chez lui celui dépuille les oripeaux qui cachent notre misère nue et vulnérable. L' étoffe des reves et illusions ne pèsent pas lourd face à son scalpel bien affuté !

. Est-ce à dire qu' il préfèrait le roi nu ? J' en doute. Quant à lui, il trouvait du plaisir à ce travail chirurgical. Peut etre s' amusait-il en imaginant le plaisir masochiste de ses lecteurs !

En tout cas, ceux qui l' ont connu disent que le pessimisme radical ne l' empechait ni de rire ni de vivre...
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 28 Mar 2013 - 15:31

Une pensée de Manlio Sgalambro, philosophe, auteur de récits et de chansons. Penée qu' on retrouve sous une forme à peine différente chez Shopenhauer, Lichtenberg, Cioran et bien d' autres...

La naisance et la mort sont les deux moments uniques réels. Le reste est un reve, interrompu par quelques instants insignifiants de veille.

Cioran, écrivait dans Ecartèlement :

L' espoir est la forme normale du délire.
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptySam 30 Mar 2013 - 21:51

Je viens de terminer les Entretiens de Cioran : lui, pessimiste ? On en doutait déjà en lisant ses livres... mais après l'avoir lu s'entretenir avec ses amis et autres journalistes, c'est certain, il l'est beaucoup moins que la plupart d'entre nous.

Je suis véritablement enthousiaste.
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyLun 15 Avr 2013 - 14:19

Entretiens (1995)


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 41rpys10

Précis de décomposition, Syllogismes de l’amertume, La tentation d’exister, De l’inconvénient d’être né, Bréviaire des vaincus, L’élan vers le pire… Lorsqu’on lit Emil Cioran, on se demande souvent : comment est-il possible d’avoir écrit des textes portant de tels titres, et de continuer à vivre malgré tout ? Cette question, Fritz J. Raddatz l’a posée pour nous à l’écrivain lors d’un entretien donné en 1986 : « Comment vit un homme comme vous, comment peut-il aimer, s’amuser, aller au cinéma, manger, boire ? ». Voici une question triviale qui ne cesse cependant de nous interroger, en bons disciples de Cioran, avide des contradictions inhérentes à la condition humaine. Ce à quoi l’écrivain répond : « Il y a les pensées de tous les jours. Et il y a les pensées qui ne vous viennent que par éclairs ». Dans sa brièveté, à la manière de ses aphorismes, Emil Cioran s’exprime avec justesse. Sa simplicité devient évidence. Il répond à toute question existentielle sans chercher à se construire une mythologie. Le rapport d’Emil Cioran au langage y est peut-être pour quelque chose. Le français n’est pas sa langue natale : arrivé à Paris en 1937, il n’écrira son premier livre en français que dix ans plus tard, et encore avec difficulté car le roumain et le français n’ont rien de semblable. L’un est flexible, modulable, autorisant l’ajout ou la suppression variable des préfixes et des suffixes, lorsque l’autre est figée dans un carcan défini une fois pour toutes. Chaque phrase écrite par Emil Cioran –au moins pour ses premiers livres écrits en français- est donc le résultat d’une longue torture grammaticale qui résulte sur la concision que l’on connaît.


Emil Cioran s’explique également sur sa prédilection pour les aphorismes. Ceux-ci lui permettent d’être à l’image de sa nature d’être humain contradictoire. Pourquoi vouloir construire un système philosophique irréfutable, lorsque tout est faillible, soumis à la variation et à l’incohérence de l’individu avec lui-même ? L’aphorisme, au contraire, permet d’exprimer une idée locale, résultat d’une expérience unique. Et cette justification même, construction d’un édifice stable pour justifier l’instabilité des édifices, fait partie de ces contradictions qu’Emil Cioran ne cesse de révéler en lui et chez les autres.


Pour une fois, j’aimerais pouvoir faire preuve d’autant de concision qu’Emil Cioran pour parler de cet ouvrage. Malheureusement, n’est pas Cioran qui veut, et il faut mêler l’acuité de la perception à l’esprit de synthèse pour parvenir au moins à l’égaler. Lire ses Entretiens après avoir déjà abordé l’homme par le biais de quelques-uns de ses livres constitue une démarche enrichissante. L’esprit aime élaborer ses légendes, et si Emil Cioran avait pu apparaître, après avoir lu De l’inconvénient d’être né et Syllogismes de l’amertume, comme un homme au désespoir surmonté et au comique amer, aurait-on pu supposer qu’il n’était pas que cela ? qu’il était aussi un homme ouvert, sociable, empathique, fasciné par l’homme et ébloui par la profondeur qui se cache en lui ? Emil Cioran nous livre une leçon en nous apprenant que la teneur d’un texte ne doit pas être prise pour argent comptant. Tant d’éléments parasites se glissent de l’expérience à la sensation, de la sensation à l’idée, de l’idée à l’écrit, de l’écrit à l’interprétation… Parce qu’ils ont été conçus lors de ses nuits d’insomnie ou lors de ses passages dépressifs, les textes d’Emil Cioran ne révèlent qu’une facette de sa personnalité ; les propos rapportés dans ses Entretiens nous permettent d’en découvrir une autre portion.


Emil Cioran revient également sur son enfance (« je ne connais pas un cas d’enfance plus heureuse que la mienne. Je vivais près des Carpates, jouant librement dans les champs et dans la montagne, sans obligations ni devoirs. Ce fut une enfance extraordinairement heureuse »), sur le déchirement que provoqua en lui la découverte de la ville, sur ses années d’insomnie, sur sa vie à Paris, sur ses influences littéraires et ses fréquentations quotidiennes. Après de nombreuses crises, on découvre l’existence marginale et modeste d’un homme qui n’a jamais voulu exercer de profession, et qui a vécu comme un étudiant jusqu’à la quarantaine dépassée, déjeunant au restaurant universitaire et logeant dans une mansarde :


« A Paris, j’avais très bien organisé ma vie, mais ça n’a pas marché comme je l’avais prévu. J’étais immatriculé à la Sorbonne et pendant des années, jusqu’à l’âge de quarante ans, j’ai mangé à l’université en tant qu’étudiant. Malheureusement quand j’ai eu quarante ans on m’a convoqué pour me dire : « Monsieur, maintenant c’est fini, il y a une limite d’âge, c’est fixé à vingt-sept ans. » Et d’un coup, tous mes projets de liberté s’étaient effondrés. »



Si besoin était, ces Entretiens permettront au lecteur de faire planer un visage souriant –légèrement moqueur, mais profondément empathique- au-dessus de titres tels que Précis de décomposition ou Sur les cimes du désespoir. Ceux-ci n’en perdront pas pour autant leur légitimité, et s’enrichiront bien au contraire de l’humanité d’Emil Cioran mais aussi –et surtout- de son effroyable modestie :


« Après, j’ai écrit un autre livre, ensuite un autre. Uniquement parce que j’étais un homme inoccupé, qui n’a jamais exercé de métier. Il fallait tout de même que je fasse quelque chose. J’ai fait ces petits livres, comme vous voyez. »


On l’en remercie…


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 Foley_10


Pourquoi l'aphorisme plutôt que le système ?


Citation :
« Quand quelqu’un entreprend un essai de quarante pages sur quoi que ce soit, il part de certaines affirmations préalables et il en reste prisonnier. Une certaine idée de la probité l’oblige à aller jusqu’au bout en les respectant, à ne pas se contredire ; cependant, tandis qu’il progresse, le texte lui présente d’autres tentations, qu’il lui faut rejeter, parce qu’elles s’écartent de la voie tracée. On est enfermé dans un cercle que l’on a soi-même tracé. C’est ainsi qu’en se voulant probe, on tombe dans la fausseté, et dans le manque de véracité. Si cela se produit dans un essai de quarante pages, que ne se passera-t-il pas dans un système ! Là est le drame de toute réflexion structurée : ne pas permettre la contradiction. C’est ainsi que l’on tombe dans le faux, que l’on se ment pour sauvegarder la cohérence. En revanche, si l’on produit des fragments, on peut, en une même journée, dire une chose et son contraire. Pourquoi ? Parce que chaque fragment est issu d’une expérience différente, et que ces expériences, elles, sont vraies : elles sont l’essentiel. »


Son opinion sur Nietzsche :
Citation :


« Même Nietzsche me semble trop naïf. Je me suis éloigné de Nietzsche pour lequel j’ai eu beaucoup de sympathie, d’admiration. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait un côté trop jeune chez lui. Pour moi. Parce que j’étais plus pourri que lui, plus vieux. Quand même, je connaissais mieux les hommes. J’avais une expérience de la vie, de l’homme plus profonde que lui. Pas le génie. Mais n’importe qui, une concierge, peut avoir une expérience plus grande qu’un philosophe. Bien que je n’aie pas de biographie, comme j’ai dit, j’ai vécu. Nietzsche était un solitaire… Au fond, il n’a connu toutes ces choses que de loin. »
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyLun 15 Avr 2013 - 14:32

colimasson a écrit:
Entretiens (1995)


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Précis de décomposition, Syllogismes de l’amertume, La tentation d’exister, De l’inconvénient d’être né, Bréviaire des vaincus, L’élan vers le pire… Lorsqu’on lit Emil Cioran, on se demande souvent : comment est-il possible d’avoir écrit des textes portant de tels titres, et de continuer à vivre malgré tout ? Cette question, Fritz J. Raddatz l’a posée pour nous à l’écrivain lors d’un entretien donné en 1986 : « Comment vit un homme comme vous, comment peut-il aimer, s’amuser, aller au cinéma, manger, boire ? ». Voici une question triviale qui ne cesse cependant de nous interroger, en bons disciples de Cioran, avide des contradictions inhérentes à la condition humaine. Ce à quoi l’écrivain répond : « Il y a les pensées de tous les jours. Et il y a les pensées qui ne vous viennent que par éclairs ». Dans sa brièveté, à la manière de ses aphorismes, Emil Cioran s’exprime avec justesse. Sa simplicité devient évidence. Il répond à toute question existentielle sans chercher à se construire une mythologie. Le rapport d’Emil Cioran au langage y est peut-être pour quelque chose. Le français n’est pas sa langue natale : arrivé à Paris en 1937, il n’écrira son premier livre en français que dix ans plus tard, et encore avec difficulté car le roumain et le français n’ont rien de semblable. L’un est flexible, modulable, autorisant l’ajout ou la suppression variable des préfixes et des suffixes, lorsque l’autre est figée dans un carcan défini une fois pour toutes. Chaque phrase écrite par Emil Cioran –au moins pour ses premiers livres écrits en français- est donc le résultat d’une longue torture grammaticale qui résulte sur la concision que l’on connaît.


Emil Cioran s’explique également sur sa prédilection pour les aphorismes. Ceux-ci lui permettent d’être à l’image de sa nature d’être humain contradictoire. Pourquoi vouloir construire un système philosophique irréfutable, lorsque tout est faillible, soumis à la variation et à l’incohérence de l’individu avec lui-même ? L’aphorisme, au contraire, permet d’exprimer une idée locale, résultat d’une expérience unique. Et cette justification même, construction d’un édifice stable pour justifier l’instabilité des édifices, fait partie de ces contradictions qu’Emil Cioran ne cesse de révéler en lui et chez les autres.


Pour une fois, j’aimerais pouvoir faire preuve d’autant de concision qu’Emil Cioran pour parler de cet ouvrage. Malheureusement, n’est pas Cioran qui veut, et il faut mêler l’acuité de la perception à l’esprit de synthèse pour parvenir au moins à l’égaler. Lire ses Entretiens après avoir déjà abordé l’homme par le biais de quelques-uns de ses livres constitue une démarche enrichissante. L’esprit aime élaborer ses légendes, et si Emil Cioran avait pu apparaître, après avoir lu De l’inconvénient d’être né et Syllogismes de l’amertume, comme un homme au désespoir surmonté et au comique amer, aurait-on pu supposer qu’il n’était pas que cela ? qu’il était aussi un homme ouvert, sociable, empathique, fasciné par l’homme et ébloui par la profondeur qui se cache en lui ? Emil Cioran nous livre une leçon en nous apprenant que la teneur d’un texte ne doit pas être prise pour argent comptant. Tant d’éléments parasites se glissent de l’expérience à la sensation, de la sensation à l’idée, de l’idée à l’écrit, de l’écrit à l’interprétation… Parce qu’ils ont été conçus lors de ses nuits d’insomnie ou lors de ses passages dépressifs, les textes d’Emil Cioran ne révèlent qu’une facette de sa personnalité ; les propos rapportés dans ses Entretiens nous permettent d’en découvrir une autre portion.


Emil Cioran revient également sur son enfance (« je ne connais pas un cas d’enfance plus heureuse que la mienne. Je vivais près des Carpates, jouant librement dans les champs et dans la montagne, sans obligations ni devoirs. Ce fut une enfance extraordinairement heureuse »), sur le déchirement que provoqua en lui la découverte de la ville, sur ses années d’insomnie, sur sa vie à Paris, sur ses influences littéraires et ses fréquentations quotidiennes. Après de nombreuses crises, on découvre l’existence marginale et modeste d’un homme qui n’a jamais voulu exercer de profession, et qui a vécu comme un étudiant jusqu’à la quarantaine dépassée, déjeunant au restaurant universitaire et logeant dans une mansarde :


« A Paris, j’avais très bien organisé ma vie, mais ça n’a pas marché comme je l’avais prévu. J’étais immatriculé à la Sorbonne et pendant des années, jusqu’à l’âge de quarante ans, j’ai mangé à l’université en tant qu’étudiant. Malheureusement quand j’ai eu quarante ans on m’a convoqué pour me dire : « Monsieur, maintenant c’est fini, il y a une limite d’âge, c’est fixé à vingt-sept ans. » Et d’un coup, tous mes projets de liberté s’étaient effondrés. »



Si besoin était, ces Entretiens permettront au lecteur de faire planer un visage souriant –légèrement moqueur, mais profondément empathique- au-dessus de titres tels que Précis de décomposition ou Sur les cimes du désespoir. Ceux-ci n’en perdront pas pour autant leur légitimité, et s’enrichiront bien au contraire de l’humanité d’Emil Cioran mais aussi –et surtout- de son effroyable modestie :


« Après, j’ai écrit un autre livre, ensuite un autre. Uniquement parce que j’étais un homme inoccupé, qui n’a jamais exercé de métier. Il fallait tout de même que je fasse quelque chose. J’ai fait ces petits livres, comme vous voyez. »


On l’en remercie…


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Pourquoi l'aphorisme plutôt que le système ?


Citation :
« Quand quelqu’un entreprend un essai de quarante pages sur quoi que ce soit, il part de certaines affirmations préalables et il en reste prisonnier. Une certaine idée de la probité l’oblige à aller jusqu’au bout en les respectant, à ne pas se contredire ; cependant, tandis qu’il progresse, le texte lui présente d’autres tentations, qu’il lui faut rejeter, parce qu’elles s’écartent de la voie tracée. On est enfermé dans un cercle que l’on a soi-même tracé. C’est ainsi qu’en se voulant probe, on tombe dans la fausseté, et dans le manque de véracité. Si cela se produit dans un essai de quarante pages, que ne se passera-t-il pas dans un système ! Là est le drame de toute réflexion structurée : ne pas permettre la contradiction. C’est ainsi que l’on tombe dans le faux, que l’on se ment pour sauvegarder la cohérence. En revanche, si l’on produit des fragments, on peut, en une même journée, dire une chose et son contraire. Pourquoi ? Parce que chaque fragment est issu d’une expérience différente, et que ces expériences, elles, sont vraies : elles sont l’essentiel. »


Son opinion sur Nietzsche :
Citation :


« Même Nietzsche me semble trop naïf. Je me suis éloigné de Nietzsche pour lequel j’ai eu beaucoup de sympathie, d’admiration. Mais je me suis rendu compte qu’il y avait un côté trop jeune chez lui. Pour moi. Parce que j’étais plus pourri que lui, plus vieux. Quand même, je connaissais mieux les hommes. J’avais une expérience de la vie, de l’homme plus profonde que lui. Pas le génie. Mais n’importe qui, une concierge, peut avoir une expérience plus grande qu’un philosophe. Bien que je n’aie pas de biographie, comme j’ai dit, j’ai vécu. Nietzsche était un solitaire… Au fond, il n’a connu toutes ces choses que de loin. »


Merci Coli ! Encore un que j'ai dans "mes tablettes depuis des années " : et tu renforces la motivation ... bravo
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyMar 16 Avr 2013 - 21:48

J'espère que je l'aurais renforcée jusqu'à te pousser à sa lecture prochaine ! Razz
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptySam 9 Nov 2013 - 14:43

Un documentaire pas mauvais du tout sur Mimile : ICI
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 20 Mar 2014 - 14:04

Sur les Cimes du désespoir (1934)


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 97822510

De la lassitude à l’exaltation, de la critique au lyrisme, du dégoût à la passion, Emil Cioran parcourt toutes les contradictions qui le constituent et que ses veilles nocturnes ont révélé, pareilles aux éclairs de lucidité de l’homme illuminé. S’il a pu gravir les Cimes du désespoir plutôt que de mener l’existence plus classique d’un étudiant parisien planchant sur des thèses et se limitant aux digressions intellectuelles en trois parties -thèse– antithèse, synthèse-, Emil Cioran le doit à sa maladie : l’insomnie. Peu importe que personne ne considère vraiment cela comme un mal. La maladie a des charmes captieux qu’il suffit de désirer ne serait-ce que partiellement pour en être touché.


« Il n’est personne qui, après avoir triomphé de la douleur ou de la maladie, n’éprouve, au fond de son âme, un regret –si vague, si pâle soit-il. […] Lorsque la douleur fait partie intégrante de l’être, son dépassement suscite nécessairement le regret, comme d’une chose disparue. Ce que j’ai de meilleur en moi, tout comme ce que j’ai perdu, c’est à la souffrance que je le dois. Aussi ne peut-on ni l’aimer ni la condamner. J’ai pour elle un sentiment particulier, difficile à définir, mais qui a le charme et l’attrait d’une lumière crépusculaire. »


L’activité d’écriture d’Emil Cioran apparaît alors comme un moyen de dépasser ses terribles insomnies qui l’écartèrent de toute existence conventionnelle et lui firent connaître les nuits solitaires ou marginales de Paris. Le dépassement de cet état maladif constitue une attitude que Nietzsche n’aurait pas reniée et pourtant, Emil Cioran s’écarte des conclusions de son prédécesseur et choisit de ne pas exalter la puissance pure mais sa forme désenchantée : la mélancolie.


« Les éléments esthétiques de la mélancolie enveloppent les virtualités d’une harmonie future que n’offre pas la tristesse organique. Celle-ci aboutit nécessairement à l’irréparable, tandis que la mélancolie s’ouvre sur le rêve et la grâce. »


Emil Cioran reste trop humain en acceptant ses fléchissements. S’il est probable que Nietzsche ait connu une apathie aussi virulente que lui, son combat contre les sentiments compassionnels lui aura refusé d’en relater le moindre récit personnel. Emil Cioran ne revendique quant à lui aucune volonté de la sorte. En dehors de lui-même, le mal et le bien n’existent pas. Ne sont réelles que les luttes contradictoires qui se mènent dans son âme à la fois exaltée et fatiguée. Les paragraphes courts font s’alterner des voix qui ne semblent pas toujours émaner du même individu, si le goût pour la transcendance désenchantée de leur auteur ne constituait pas le refrain lancinant de leurs variations. Emil Cioran reconnaît une apathie des plus funestes, traduisant l’intérieur d’un homme dévitalisé –malade de l’insomnie, et malade de la refuser.


« En ce moment, je ne crois en rien du tout et je n’ai nul espoir. Tout ce qui fait le charme de la vie me paraît vide de sens. Je n’ai ni le sentiment du passé ni celui de l’avenir ; le présent ne me semble que poison. Je ne sais pas si je suis désespéré, car l’absence de tout espoir n’est pas forcément le désespoir. »


Il reconnaît aussi le vertige qui saisit l’homme enivré de son ascension, celui qui, ayant dépassé la plupart des autres hommes dans un parcours de solitude et de désespoir, se rend compte que abîmes menaçants qui l’entouraient n’avaient jamais été une menace pour son âme invincible.


« Je ressens en ce moment un impérieux besoin de crier, de pousser un hurlement qui épouvante l’univers. Je sens monter en moi un grondement sans précédent, et je me demande pourquoi il n’explose pas, pour anéantir ce monde, que j’engloutirais dans mon néant. Je me sens l’être le plus terrible qui ait jamais existé dans l’histoire, une brute apocalyptique débordant de flammes et de ténèbres. »


Peu importe que ces deux attitudes s’excluent -excepté dans le caractère extrême de leurs descriptions- car elles ne convaincront peut-être pas qui refuse le chaos en soi, mais sauront faire abdiquer celui qui accepte de le connaître ou celui qui l’a déjà connu.


« Ceux qui n’ont que peu d’états d’âme et ignorent l’expérience des confins ne peuvent se contredire, puisque leurs tendances réduites ne sauraient s’opposer. Ceux qui, au contraire, ressentent intensément la haine, le désespoir, le chaos, le néant ou l’amour, que chaque expérience consume et précipite vers la mort ; ceux qui ne peuvent respirer en dehors des cimes et qui sont toujours seuls, à plus forte raison lorsqu’ils sont entourés –comment pourraient-ils suivre une évolution linéaire ou se cristalliser en système ? »


Nietzsche craignait d’exalter la fatigue vitale en relâchant l’autorité qui cadenassait en lui tout instinct compassionnel ; Emil Cioran, au contraire, reconnaît cette pitié comme un tendre laxisme qui redonne de la confiance à une âme que la fatigue ne se permettrait de toute façon jamais d’épargner. La fougue  au charme captieux d’Emil Cioran semble alors le souffle épique qui accompagne et enchante celui qui se dirige vers les Cimes du désespoir.


« Comment oserait-on encore parler de la vie lorsqu’on l’a anéantie en soi ? J’ai plus d’estime pour l’individu aux désirs contrariés, malheureux en amour et désespérés, que pour le sage impassible et orgueilleux. »  


E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 Jeffre10


Une question troublante :

Citation :
« Qu’arriverait-il si le visage humain exprimait fidèlement toute la souffrance du dedans, si tout le supplice intérieur passait dans l’expression ? Pourrions-nous encore converser ? […]
Plus personne n’oserait alors se regarder dans une glace, car une image à la fois grotesque et tragique mêlerait aux contours de la physionomie des taches de sang, des plaies toujours béantes et des ruisseaux de larmes irrépressibles. J’éprouverais une volupté pleine de terreur à observer, au sein de l’harmonie confortable et superficielle de tous les jours, l’éclatement d’un volcan crachant des flammes brûlantes comme le désespoir. […] Alors seulement prendrions-nous conscience des avantages de la solitude, qui rend la souffrance muette et inaccessible. Dans le jaillissement du volcan de notre être, le venin accumulé en nous ne suffirait-il pas à empoisonner le monde entier ? »


On dirait la Montagne magique...

Citation :
« Il est certain que les seules expériences authentiques sont celles qui naissent de la maladie. Toutes les autres portent fatalement une marque livresque, car un équilibre organique n’autorise que des états suggérés, dont la complexité procède d’une imagination exaltée. Seuls les vrais souffrants sont capables d’un sérieux authentique. Les autres sont prêts à renoncer, au fond d’eux-mêmes, aux révélations métaphysiques issues du désespoir et de l’agonie pour un amour naïf ou une voluptueuse inconscience. »


Ne pas négliger le talent littéraire d'Emil Cioran :

Citation :
« Ceux qui n’ont que peu d’états d’âme et ignorent l’expérience des confins ne peuvent se contredire, puisque leurs tendances réduites ne sauraient s’opposer. Ceux qui, au contraire, ressentent intensément la haine, le désespoir, le chaos, le néant ou l’amour, que chaque expérience consume et précipite vers la mort ; ceux qui ne peuvent respirer en dehors des cimes et qui sont toujours seuls, à plus forte raison lorsqu’ils sont entourés –comment pourraient-ils suivre une évolution linéaire ou se cristalliser en système ? »


Et de rêve en rêve nous passons...

Citation :
« Comme j’aimerais que tous les gens occupés ou investis de missions […] abandonnent un beau jour leurs besognes, renonçant à tout devoir ou obligation, pour sortir dans la rue et cesser toute activité ! Ces gens abrutis, qui travaillent sans raison ou se gargarisent de leur contribution au bien de l’humanité, trimant pour les générations à venir sous l’impulsion de la plus sinistre des illusions, se vengeraient alors de toute la médiocrité d’une vie nulle et stérile, de cet absurde gaspillage d’énergie si étranger à tout avancement spirituel. »


Le meilleur pour la fin...

Citation :
« Tout est possible, et rien ne l’est ; tout est permis, et rien. Quelle que soit la direction choisie, elle ne vaudra pas mieux que les autres. Réalisez quelque chose ou rien du tout, croyez ou non, c’est tout un, comme il revient au même de crier ou de se taire. On peut trouver une justification à tout, comme aussi bien aucune. Tout est à la fois réel et irréel, logique et absurde, glorieux et plat. […] Résistez quand il ne faut pas et soyez lâche quand il faut résister. Qui sait –vous y gagnerez peut-être. Et, de toute façon, qu’importe si vous y perdez ? Y a-t-il quelque chose à gagner ou à perdre dans ce monde ? Tout gain est une perte, comme toute perte un gain. »


*peinture de Jeffrey Smart
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 20 Mar 2014 - 14:16

"Ce matin, après avoir entendu un astronome parler de milliards de soleils, j'ai renoncé à faire ma toilette: à quoi bon se laver encore?"

Heuuu lorsque j'ai lu Animal avec sa chaîne de caractères et la concrétisation de l'identité logique .... j'ai même évité la salle de bain  honte Pardon Animal
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyJeu 20 Mar 2014 - 23:19

arf, il ne faut pas s'en faire pour si peu. tongue 

l'avant dernière citation va bien avec la journée... 
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyVen 21 Mar 2014 - 12:00

animal a écrit:
arf, il ne faut pas s'en faire pour si peu. tongue 

..... dit-il, avec son flegme habituel ..... rire
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptySam 22 Mar 2014 - 11:42

Quel commentaire inspirant. Les citations qui l'émaillent sont magnifiques. Par contre, pourquoi "charmes captieux", pourquoi "écriture captieuse" ? L'argumentation est biaisée ? Ou bien, en y repensant : capiteux plutôt ?
Faut-il connaître les autres oeuvres de Cioran pour se lancer dans Les cimes du désespoir ?
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MessageSujet: Re: E-M Cioran [Philosophie]   E-M Cioran [Philosophie] - Page 3 EmptyDim 23 Mar 2014 - 20:24

animal a écrit:

l'avant dernière citation va bien avec la journée... 

Elle va bien avec toutes les journées, dans le fond...

Lully a écrit:
Quel commentaire inspirant. Les citations qui l'émaillent sont magnifiques. Par contre, pourquoi "charmes captieux", pourquoi "écriture captieuse" ? L'argumentation est biaisée ? Ou bien, en y repensant : capiteux plutôt ?
Faut-il connaître les autres oeuvres de Cioran pour se lancer dans Les cimes du désespoir ?

Captieux et capiteux, ça va bien ensemble Laughing
Je ne parlerais pas d'argumentation biaisé car Emil Cioran ne cherche à convaincre personne de quoi que ce soit. Il n'écrit pas pour défendre une conception, un système ou une philosophie mais pour décrire ce qui se passe à l'intérieur de lui au moment où il écrit. Il ne faut pas chercher de fil cohérent -sauf celui de l'incohérence-, d'où l'impossibilité de parler d'argumentation biaisée. Il est vrai toutefois que la forme de son écriture pourrait laisser croire qu'il cherche à nous convaincre: et c'est à ce moment-là que surgit le "charme captieux et capiteux".

Pas la peine de connaître les autres oeuvres de Cioran pour se lancer sur les Cimes mais ce n'est pas le plus accessible. Je suis contente d'avoir lu L'inconvénient d'être né et les Syllogismes de l'amertume auparavant.
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