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| Andrei Zviaguintsev | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Mer 27 Aoû 2008 - 22:30 | |
| - animal a écrit:
- ça a quel goût mettons... par rapport à du Ferrara ?
C'est peut être pas si éloigné sur le fond mais totalement opposé sur la forme. Abel Ferrara c'est le versant hystérique et Zviaguinstev le versant obsessionnel. J'aime beaucoup Ferrara (pas tout ) mais Zviaguintsev va à l'évidence devenir un très très grand Au passage, sur la bande annonce on entend bien d'abord la musique de l'estonien Arvo Pärt (Alina für Alina) souvent utilisée dans des musiques de film ("la chambre des officiers" ou "Gerry" de Gus Van Sant par exemple) et ensuite celle d'Andrei Dergartchev qui avait déjà travaillé avec Zviaguinstev sur "Le Retour". J'aime ces atmosphères sourdes et hypnotiques. D'Arvo Pärt je recommande d'écouter "Fratres" et ses différentes versions: https://www.youtube.com/watch?v=XX7MNMSNUQE Et "Cantus in memoriam Benjamin Britten" (très beau requiem dédié à Britten qui venait de mourir, à ne pas écouter un soir de cafard!) : https://www.youtube.com/watch?v=e348n660zrA&feature=related | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Mer 27 Aoû 2008 - 23:46 | |
| Ah oui, tiens, concernant La Chambre des Officiers et Arvo Pärt, je me souvenais plus de Spiegel im Spiegel (dans le générique de fin, je crois). Musique qui a été reprise également dans de nombreux films...
J'avais vu le Retour à la télé, je l'ai trouvé vraiment bien, le côté esthétisant de certains plans ne phagocytant pas le film comme chez d'autres réalisateurs (Kim Ki-Duk, parfois, ou bien de nombreux Wong Kar-Wai). Et en même temps, même s'il n'a pas un rythme trépidant, c'est normal, la forme et le fond vont ensemble. Cela ne m'a pas paru "fabriqué" comme de nombreux Sokurov (Mère et Fils, etc.), pour rester dans le cinéma russe contemporain. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Jeu 28 Aoû 2008 - 0:04 | |
| - eXPie a écrit:
- Cela ne m'a pas paru "fabriqué" comme de nombreux Sokurov (Mère et Fils, etc.),
"Mère et fils" de Sokurov a une image sophistiquée et "fabriquée" mais le résultat est quand même saisissant! Cette pieta inversée, sur fond de décors à la Caspar Friedrich (bien que distordus!), où un fils porte sa mère jusqu'à l'agonie m'a bouleversé. C'est de la poésie pure! Je devais être en grande forme car beaucoup de gens dormaient dans la salle alors qu'il ne fait que 73 minutes! Le DVD sorti récemment est très complet avec notamment un entretien avec Anne Marie-Garat (j'ai bien aimé son livre "Dans la main du diable") intéressant... Pour le plaisir des yeux, un extrait sur Youtube: https://www.youtube.com/watch?v=hJ95cX7-wGw&feature=related | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 11:25 | |
| - Queenie a écrit:
-
LE RETOUR
Ce fil m'avait échappé... Vous avez dit déjà l'essentiel sur Le retour...Je l'ai vu et perdu mon commentaire de l'époque mais je garde un souvenir ébloui d'étrangeté et de beauté. Les images admirables des paysages grandioses de forêts et de lacs russes, et l'inquiétude, tout au long du film, sur ce que sera l'issue du voyage ... Le retour a mérité et obtenu le Lion d'Or au Festival de Venise l'année de sa sortie (2003). Bande-annonce: ici | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: ) Sam 18 Oct 2008 - 15:28 | |
| Encore un cinéaste russe à découvrir pour moi. Ces scènes viusualisées sont sidérantes de beauté. Merci à vous pour ce fil. (il me semble que le retour est au cerclage non?) | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 15:39 | |
| - aériale a écrit:
- Ces scènes viusualisées sont sidérantes de beauté.
A ce point que certains rejettent cette perfection formelle comme du maniérisme alors que je la trouve sublime! D'autant qu'elle soutient à chaque fois un récit d'une grande force. Vous parlez souvent du cerclage... C'est quoi ? | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 16:01 | |
| - markofr a écrit:
- Vous parlez souvent du cerclage... C'est quoi ?
tu trouves des explications ICI | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 16:08 | |
| Merci! Bonne idée ce partage! | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 21:41 | |
| J'ai vu hier soir ce film magnifique, "Le bannissement", en version originale sans sous-totres... Je dois avouer de ne pas avoir compris toutes les finesses des dialogues, donc l'intrigue m'échappe en partie et je dois le voir plus tard en version sous-titrée. Mais il reste déjà de nouveau cette très forte impression des images, de la photographie tellement bien faites.
Petite remarque: Le titre russe "Izgnaniye" pourrait très bien aussi être traduit par le mot "expulsion"... Je ne peux pas juger lesquels de ces deux mots/traductions se rapprochent le plus en français du terme utilisé pour la sortie du paradis d'Adam et Eve. Cela me semble assez plausible comme base pour le titre?! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Sam 18 Oct 2008 - 22:11 | |
| Dommage pour les sous-titres car les dialogues même rares sont essentiels. Mais je suppose qu'on peut en comprendre l'enjeu assez facilement et les moments les plus forts sont sans paroles.
Zviaguintsev retient la traduction de Bannissement et c'est bien l'expulsion d'Adam et Eve du Paradis. Ce qui fait dire au cinéaste que nous sommes tous bannis, "bannis de l'amour" précise-t-il. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Lun 20 Oct 2008 - 20:05 | |
| Je copie ici une interview intéressante de Zviaguintsev au sujet du Bannissement:
Pouvez-vous nous parler de la construction sonore de votre film ? L'introduction est vraiment saisissante, avec un passage de la campagne et le chant des oiseaux à la ville très agressive...
Quand vous évoquez le chant des oiseaux ou la pluie, c'est pratiquement le silence. Le premier plan dure très longtemps, la voiture vient de très loin, et cet homme qui s'approche de la ville va pénétrer dans un environnement bruyant. Peu à peu, il y a cette musique qui évoque le bruit assez assourdissant de la cité, et qui finalement occulte tous les autres sons. Je voulais créer une atmosphère qui permette aux spectateurs d'être pris par mon film et y rentrer avec mon personnage. Dans ce premier passage, on sent une opposition entre la nature, sensible aux évènements qui vont se dérouler, et la ville nocive pour ces personnages.
Ce malaise semble se perpétuer tout au long du film, comme un fil conducteur angoissant...
Votre réaction de l'ordre du malaise est ce que je recherchais. La ville a quelque chose d'insupportable et après l'opération chirurgicale sauvage, lorsque la balle est extraite du bras de Mark (Alexander Balouiev), cela fait du bien de retrouver la nature. Il fallait marquer le spectateur avec ce qu'il voyait dans la ville et ne plus le lâcher jusqu'à la fin du film.
Comme dans Le Retour, les personnages quittent l'urbain pour la campagne, pour se retrouver. Pensez-vous qu'il faille échapper à son quotidien, fuir vers un ailleurs, pour pouvoir communiquer à nouveau et résoudre une crise familiale ?
L'essentiel dans ce film, c'est l'idée qu'un homme et une femme, pour se retrouver eux-mêmes, s'échappent dans la nature pour être plus vrais. Le scénario s'inspire d'une nouvelle de William Saroyan (Matière A Rire) et cet élément n'est pas une idée personnelle. La société implique de jouer un rôle pour les êtres humains. Quitter la ville est une façon de faire tomber les masques...
Pourquoi ce titre de film ?
Quand j'ai choisi Le Bannissement, j'ai d'abord pensé que certaines personnes établiraient un lien avec le titre de mon précédent film et je ne voulais absolument pas faire un diptyque. Ce film là est totalement indépendant de l'autre. Ce titre m'a paru évident au bout de quelques semaines de travail sur le scénario. Ce titre est une clé et j'aimerais que le spectateur arrive lui-même à trouver la signification.
Au-delà du genre premier du film, Le bannissement étant classé comme un drame, j'y ai vu un autre genre qui est apporté par le grand frère Mark : le film noir. C'est peut-être une autre clé du long-métrage...
Effectivement, quand j'ai travaillé sur l'histoire, j'avais l'impression que le scénario était étonnant parce qu'il commençait par un film noir. Il vire ensuite vers le drame familial et se termine en véritable tragédie. Le Bannissement est très éclectique dans son approche dramatique et c'est ce qui m'a emballé. En vérité, on m'a transmis ce scénario déjà bien bâti et je l'ai retravaillé par la suite, notamment pour ajouter les flashbacks. Je me suis plié à une matière qui existait déjà et qui avait plusieurs virages et impasses intéressants.
Ces flashbacks renversent le point de vue du spectateur sur l'ensemble du film. C'est assez bouleversant. Pouvez-vous nous parler du développement narratif, notamment du dernier segment ?
Plusieurs de mes amis qui ont vu le film trouvent que ces flashbacks sont inutiles. Je ne suis pas du tout d'accord et je les trouve indispensables. Tout ce que Vera (Maria Bonnevie) ne peut pas dire à son mari, elle l'évoque à son ami Robert (Dmitry Ulianov). La nouvelle de Saroyan était simplement un mélodrame avec un adultère. Sans ces flashbacks, il n'y aurait plus aucun attachement à ce personnage féminin...
Dans Le Retour, la mère était totalement effacée. Le Bannissement sonne comme une revanche de la femme aux yeux du spectateur...
Ce dernier peut croire que c'est simplement une femme qui a trompé son mari, mais c'est beaucoup plus subtil. Lorsqu'elle avoue que cet enfant est celui de son mari, tous ceux qui avaient un jugement négatif sur elle et qui se plaçaient du côté du père, se trouvent finalement très mal à l'aise. Le fait de ne pas avoir compris cela au départ les pousse à ne pas aimer cette dernière partie. J'ai vraiment été surpris par la réaction de plusieurs personnes et un peu déçu. Beaucoup de spectateurs qui ont vu cette scène continuent de critiquer la jeune femme en disant qu'elle est finalement folle. Ils n'ont pas été au-delà d'un certain préjugé...
C'est votre deuxième film et c'est la deuxième fois que vous tournez avec des enfants. Sur quoi avez-vous accentué la direction d'acteurs ?
J'ai déjà eu beaucoup de chance de trouver des enfants aussi formidables. Sur le plateau, il n'y avait pratiquement aucune indication à leur donner. Le plus gros du travail, c'est le casting. Pour Le Retour, cela nous a pris six mois. On a vu autour de 600 enfants. En ce qui concerne Le Bannissement, les enfants ont un rôle moins important par rapport au précédent film où tout dépendait des deux garçons. Ici, cela nous a pris approximativement un an et nous avons casté près de mille enfants. Une fois que nous avons réalisé ce travail et fait notre choix, le reste a été tout seul.
La figure du père est une fois de plus centrale. Pourtant, ce personnage là n'a rien à voir avec celui du Retour. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre travail avec Konstantin Lavronenko (Alex) qui est devenu votre acteur fétiche ?
Le fait que les rôles soient différents ne m'a posé aucun problème. On retrouve tout de même des traits communs dans la mesure où même si Alex hésite à prendre des décisions au début, il devient brutal, étant incapable de pardonner. C'est un personnage pétrifié par son refus de comprendre. Il y a une progression entre le père du Retour et celui du Bannissement. Dans mon premier film, ce dernier est incapable de réflexion, il fonce avec une brutalité totale. Dans celui-ci, il se pose beaucoup de questions et on peut même espérer qu'il change encore dans l'avenir.
Quelle est la signification du chant final ? Il n'y a aucun sous-titre...
C'est une musique religieuse. Dans les églises laïques, la messe est en latin. Dans les églises orthodoxes russes, les textes liturgiques sont en vieux slave, une langue morte. Ceux qui connaissent le russe ne comprennent pas à part quelques passages... C'est une prière célèbre, une demande de repentance, de pardon. La musique a été composée par un musicien estonien, Arvo Pärt. Il a vécu longtemps en Union Soviétique. Il vit en Autriche depuis maintenant 25 ans et il est devenu européen. Ce chant est donc un chant liturgique orthodoxe traditionnel avec une musique aux influences occidentales. Il y avait une volonté de créer quelque chose d'universel.
On attend avec impatience vos prochains projets...
Je suis dans une période de recherche pour un film que je ferai peut-être dans une dizaine d'années, mais pas maintenant. Le prochain film sera certainement plus complexe avec encore moins de dialogues et de paroles !
Propos recueillis par Nicolas Schiavi | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Lun 20 Oct 2008 - 20:09 | |
| - markofr a écrit:
- Le prochain film sera certainement plus complexe avec encore moins de dialogues et de paroles !
Vite! Fais le vite! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev Lun 24 Nov 2008 - 1:00 | |
| Pas grand chose à ajouter à ce qui a été dit sur Le bannissement. Chaque image est un tableau sur lequel on a envie de s'arrêter. Références bibliques bien sûr, permanentes, et encore une fois le bel épître aux Corinthiens qui fait pleurer Nathria..
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas l' amour , je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie, que je connaîtrais tous les mystères, et que je posséderais toute science ; quand j'aurais même toute la foi, jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas l'amour , je ne suis rien....
Mais on pense aussi dans le flash back final au texte très connu de Khalil Gibran : Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit, Parlez-nous des Enfants. Et il dit : Vos enfants ne sont pas vos enfants. Ils sont les fils et les filles de l'appel de la Vie à elle-même, Ils viennent à travers vous mais non de vous. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Merci à Marko de me l'avoir fait découvrir! | |
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| Sujet: Re: Andrei Zviaguintsev | |
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| | | | Andrei Zviaguintsev | |
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