| Parfum de livres… parfum d’ailleurs Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts… |
|
| John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] | |
|
+15Heyoka swallow Chouette topocl Marko Avadoro mimi54 domreader Hexagone Orientale Harelde bulle Veterini LaChose Marie 19 participants | |
Auteur | Message |
---|
mimi54 Zen littéraire
Messages : 6043 Inscription le : 02/05/2010
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Sam 30 Oct 2010 - 23:11 | |
| Michael K, sa vie, son temps
« Les nuits passée parmi les mourants dans les couloirs de l’hôpital Somerset lui avaient fait comprendre à quel point le monde pouvait être insensible au sort d’une vieille femme atteinte d’une maladie dégradante, en temps de guerre. Incapable de travailler, elle voyait bien qu’entre elle et le caniveau il n’y avait que la bienveillance précaire des Buhrmann, le sens du devoir d’un fils à l’esprit lent, et en dernier secours les économies qu’elle concernait sous son lit. » p16
Ces quelques lignes, au début du livre, donnent un aperçu de l’ambiance du pays dans lequel se situe ce roman, et de ses inégalités : l’Afrique du sud.
Michael K, est un homme un peu simplet, que la vie n’a pas gâté, jardinier à la ville du Cap ; il vit seul avec sa mère, malade, et domestique dans une riche famille. D’un naturel dévoué, et n’écoutant que son cœur, il entreprend, faisant fis de tous les périls, de ramener sa mère dans sa province natale où elle souhaite vivre ses derniers instants. Dans un pays en guerre, il va vivre une vie spartiate, dans un profond dénouement. Rien n’y fera, il ne se pliera pas aux lois des hommes malgré l’emprisonnement, la cruauté, et la précarité. « Maintenant, dans sa caverne, il nouait parfois ses doigts derrière la tête, fermait les yeux et vidait son esprit, ne désirant rien, n’espérant rien. » p91
L’ambiance générale de roman est noire, reflet d’un pays plongé dans le chaos. Mais le plus déroutant, a été pour moi le caractère spartiate de l’écriture ; elle est sans fioriture, presque brute, rêche .Le texte est compact, sans aération. Trois parties le composent, mais la première, consacrée à sa vie avant son internement au camp de Kenilworth, occupe les 2/3 du roman, sans aucun chapitre, ni paragraphe clairement distincts. Cela a rendu ma lecture longue et laborieuse, parfois oppressante. Les deux autres parties, sont beaucoup plus courtes et, bien que compactes, m’ont paru plus faciles d’accès. L’auteur, change de narrateur entre les deux parties, pour revenir au premier dans la dernière……… Dans cet océan de malheur, de pessimisme, d’inhumanité, il y a tout de même une lueur de bonté, sous les traits d’un pharmacien devenu médecin militaire d’occasion qui va comprendre qui se cache derrière Michael. Au final pour aussi déroutante que fut cette lecture, je ne regrette pas de l’avoir menée à son terme. Je ne connaissant pas son auteur, et puisque parait-il, il « n’applique jamais la même recette à deux ouvrages, ce qui contribue à la grande variété de son œuvre. », selon les termes du jury Nobel, je tenterai à nouveau une incursion dans son univers des mots.
| |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Mar 12 Avr 2011 - 20:54 | |
| Au coeur de ce pays
Un roman d'une violence et d'un jusqu'au-boutisme presque insoutenables. La virtuosité de l'écriture de Coetzee est déjà impressionnante, et celle-ci s'obstine à libérer une rage et une colère, exprimant une désolation infinie. Cette complainte lancinante d'une "vieille fille" ne peut associer la filiation qu'à la mort, toute relation physique à un dessèchement...et la moindre velléité d'épanouissement ne représente qu'une amère illusion, espoir brisé par des enjeux de pouvoir, de puissance, qui enchaînent un être humain à un autre.
Les phrases de Coetzee, dans leur rigueur et leur brutalité, offrent une dimension d'abstraction, qui déroute et bouscule le lecteur. Qui cherche à s'accrocher mais ne peut trouver de repères. Il ne reste que la perception d'un vide béant, des interrogations hallucinées sur notre condition.
En attendant les barbares poursuit cette recherche, à travers un exercice de style encore plus dense et douloureux. La position du narrateur apporte ici une tristesse, le constat d'une impuissance...le roman fascine par une perte de repères spatiale et temporelle. Par le regard porté sur une frontière et une agression "imaginaire", Coetzee précipite ces personnages dans un aveuglement, une perte des sens, qui ne peuvent que révéler un manque, un renoncement. La manipulation du discours politique n'est alors que l'aboutissement d'un processus d'auto-destruction, qui prive l'être de la connaissance d'une altérité. L'image d'un Christ décharné scelle également l'impossibilité d'une rédemption.
Avec Michael K, sa vie, son temps, Coetzee ne fait aucune concession de style mais parvient à apporter des respirations alors que ses précédents romans laissaient la sensation d'un étouffement. L'écrivain questionne encore, par l'évocation d'un chaos et d'un exil, la fureur de l'humain....et son protagoniste, caractérisé par un trait physique (bec de lièvre) dévoile une innocence, une absence de distance, une "nudité" affective qui ne peuvent que le briser une fois livré à lui-même. Cependant, Michael K. va lutter pour sa survie, pour "s'accomplir" et trouver une forme de sérénité. Face à l'hostilité et la solitude du monde, il porte en lui un espoir qui doit cette fois aller au-delà de chimères et d'illusions. Il plie plusieurs fois mais ne veut jamais rompre, et saisit l'instant présent et la simple beauté des choses. L'être est presque sans souvenirs, sans histoires, mais trouve justement un équilibre dans l'abandon à lui-même. Plus que jamais, l'apartheid est une ombre de l'Afrique du Sud, hantant chaque page. Coetzee refuse de caractériser la couleur car son combat est plus ample, presque mythologique. Il s'enracine dans la violence de l'homme...violence cyclique et apocalyptique, confrontant la société à son effondrement et son anéantissement. Par les mots, il incarne la possibilité d'un dépassement et d'une transcendance. Avec la conscience de sa propre noirceur.
| |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Mer 13 Avr 2011 - 0:15 | |
| Voilà qui donne quelques pistes de lectures. J'en suis resté à Disgrâce que j'avais beaucoup aimé. | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Jeu 14 Avr 2011 - 10:27 | |
| - Marko a écrit:
- Voilà qui donne quelques pistes de lectures. J'en suis resté à Disgrâce que j'avais beaucoup aimé.
J'aimerai bien revenir aussi à cet auteur un jour. Je me le note. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Jeu 14 Avr 2011 - 10:51 | |
| personnellement je le trouve très froid et un peu trop à distance | |
| | | Harelde Zen littéraire
Messages : 6465 Inscription le : 28/04/2010 Age : 49 Localisation : Yvelines
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Jeu 14 Avr 2011 - 11:09 | |
| - topocl a écrit:
- personnellement je le trouve très froid et un peu trop à distance
Je n'ai lu qu'un seul Coetzee : En attendant les barbares. Et je n'ai pas été choqué par cette distance. Elle existait, car le narrateur, bien que présent sur le lieu du drame, était un "étranger". Présent physiquement, mais un peu en retrait psychologiquement (du moins, si je me souviens bien). Parfois, cette distance apporte au récit en le rendant impartial. Au lecteur de se faire ses propres opinions. | |
| | | Chouette Posteur en quête
Messages : 86 Inscription le : 30/06/2010 Age : 72 Localisation : Belgique
| Sujet: J.M.Coetzee Sam 12 Nov 2011 - 15:47 | |
| "L'ETE DE LA VIE" de J.M. Coetzee Un roman étonnant : une autobiographie qui mélange biographie et fiction, vrai et faux... Je n'avais rien lu de J.M. Coetzee et j'aurais dû commencer dans l'ordre chronologique...mais les hasards des trouvailles en librairie m'ont fait lire ce roman qui est le troisième de la trilogie ( " Scènes de la vie d'un jeune garçon ", " Vers l'âge d'homme ") . Roman pessimiste certes mais j'ai beaucoup ri à cause de l'autodérision de l'écrivain probablement, du portrait de "raté" qu'il donne de lui-même, rare comme attitude pour un romancier qui a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2003 ! Les thèmes du roman : l'attachement de J.M. Coetzee au Karoo, à la communauté afrikaner et à sa langue l'afrikaans ( alors que l'écrivain écrit en anglais) mais aussi le tempérament froid de l'homme, son pessimisme, son refus d'engagement politique. J.M. Coetzee se définit comme " un écrivain occidental vivant en Afrique du Sud" : d'ailleurs il n'y vit plus, il vit en Australie à Adélaïde, "ce pays qui ressemble à l'Afrique du Sud mais sans tous ses problèmes" dit-il . Donc pour ce roman étonnant ! | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: UNE ENFANCE DE JESUS Sam 14 Sep 2013 - 16:35 | |
| Extrait offert par Babelio: http://www.babelio.com/livres/Coetzee-Une-enfance-de-Jesus/497996/extraits Durant la lecture de ce premier chapitre, j´ai eu constamment cette image en tête: | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Sam 14 Sep 2013 - 17:00 | |
| Ça vient du film La Route, non ? | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Sam 14 Sep 2013 - 17:22 | |
| Exact, Heyoka, d´après le livre de Cormac McCarthy. La route, un homme, un enfant, mais pas de caddie dans le livre de Coetzee. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Lun 4 Nov 2013 - 23:59 | |
| Une enfance de Jésus
J'ai été très touché par la clarté de la narration qui rend presque évidente son étrange simplicité. Un homme, un enfant, un nouveau départ....le cadre est inconnu mais offre quelques repères. L'arrivée par bateau, la langue espagnole, un camp, un centre d'accueil, sont des éléments concrets mais ce décor sans mémoire, sans histoire, sans but, sans présent déroute et bouscule. C'est une vie asséchée dans une recherche perpétuelle. La beauté du style de Coetzee donne une capacité d'incarnation à ce monde réinventé, tel absent à lui-même. Dans cet univers transparent et flou, les deux protagonistes sont confrontés à leurs interrogations et les questionnements sur le désir, le langage, l'apprentissage, s'enchaînent avec limpidité. J'ai aimé me laisser emporter par ces développements, cette fable au ton insaisissable qui semble toujours remettre en cause le quotidien qu'elle observe. Les références bibliques tissées par le titre se remarquent puis se défilent. Une enfance de Jésus provoque un trouble qui s'intensifie au fil des pages et ce voile offre au lien filial évoqué une force particulière. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Dim 9 Fév 2014 - 14:01 | |
| (Michael K, sa vie, son temps)Je me rends compte que je vais avoir du mal à parler de cette lecture tant elle est particulière. A la manière d'un conte, sous l'apparente simplicité se cache une richesse universelle, je suis même certaine d'être passée à côté de certaines pépites. Comme le disait Avadoro : plus que jamais, l'apartheid est une ombre de l'Afrique du Sud, hantant chaque page. Une écriture aride, sans affect donnant la parole à un Être d'une simplicité désarmante, Michael. Il se raconte avec distance, froideur, sécheresse, de façon très factuelle à l'image de son goût pour les choses simples. Un autre angle de vue est amenée par le médecin, plus lyrique, emplie de poésie, la partie du récit que j'ai préféré. - Citation :
- Il est semblable à un caillou, un galet qui, après être resté tranquillement dans son coin depuis le commencement des temps, est brusquement ramassé et passé de main en main sans ménagement, au hasard. Une petite pierre dure, à peine consciente de ce qui l'entoure, absorbée en elle-même et dans sa vie intérieure. Il traverse toutes ces institutions, ces camps, ces hôpitaux et Dieu sait quoi d'autre comme une pierre. Il traverse les intestins de la guerre. Il n'a pas engendré, nul ne l'a engendré. J'ai du mal à le considérer comme un homme, bien qu'il soit plus âgé que moi, selon la plupart des estimations.
Un livre qui vaut le détour, s'ouvrir à de nouveaux horizons a du bon. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Dim 6 Avr 2014 - 20:39 | |
| Michael K, sa vie, son temps
Une sorte de fable, d’allégorie pour dire le réel et le présent, mais en même temps l’éternel et le constant. Nous savons que nous sommes en Afrique du Sud, mais l’auteur n’insiste pas. Comme il ne nous dit pas la couleur de la peau de Michael. Tout est suggéré en petites touches, et renvoie le lecteur à lui-même, à ce qu’il sait et imagine. Michael se place comme en dehors du temps dans lequel il vit, dans un rapport au monde très charnel et très essentiel, son travail qui est de travailler la terre en fait presque une sorte d’esprit primordial plus qu’un homme avec un ancrage social. Mais le monde le rattrape, ne le laisse pas vivre sa nature. La violence des hommes, l’esprit de domination, l’appropriation de la terre et du monde entier, sans aucun sanctuaire. En même temps se fait jour le refus absolu de Michael de se laisser enfermer et instrumentaliser, un refus qui ne souffre aucun compromis, viscéral, non pas pensé comme une opposition politique, construite ou argumentée. Juste une impossibilité. Comme il est impossible à un poisson de vivre en dehors de l’eau.
Un livre d’une grande richesse et densité, portée par une écriture qui refuse le pathos, sobre, dans laquelle chaque mot compte. Un auteur qui marque son lecteur. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Dim 6 Avr 2014 - 21:51 | |
| J'aime beaucoup ton commentaire Arabella. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] Dim 6 Avr 2014 - 22:57 | |
| Merci Heyoka, mais je trouve que c'est un livre dont il est tellement difficile de parler. Ce que l'on peut en dire est forcément tellement en deçà du contenu...Pour lui rendre justice, il faudrait avoir des compétences de véritable critique littéraire et pas mal de temps. En même temps ne pas en parler n'est pas non plus satisfaisant, parce que forcément on a envie que d'autres le lisent....Alors j'ai essayé quelques impressions. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] | |
| |
| | | | John Maxwell Coetzee [Afrique du Sud] | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|