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| Jean-Baptiste Del Amo | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 11:39 | |
| Le mélange improbable des champs lexicaux pour rédiger ce court commentaire (court parce qu'il a été précédé par mes nombreuses interventions déjà sur ce fil... ) est aussi complexe que les sentiments et sensations que m'a fait traverser la lecture du roman... Au final...merci Jean Baptiste!...Et merci ceux qui me poussent parfois sur des voies littéraires que je n'aurais pas forcément empruntées!... | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 11:43 | |
| - coline a écrit:
- C’est tout simplement parce que l’auteur maîtrise la langue et le récit et que ce premier roman, absolument noir et troublant, est aussi un roman passionnant et abouti.
Jean Baptiste del Amo, avec une grande précision et un vocabulaire riche, parle d’une époque, d’un lieu ; mais ce sont aussi les sentiments (intemporels, universels) qu’il analyse avec sûreté… je suis heureuse de le lire Coline, et je crois que tu as trouvé les termes exacts. Que l'on soit rebuté ou pas par ce roman, il mérite amplement que l'on tente cette expérience. Un roman qui interpelle, qui bouscule et qui dérange, mais qui ne peut qu'enrichir l'esprit. ...Et qui contredit l'idée qu'un livre peut être apprécié ou non au bout des 50 premières pages! Je vais d'ailleurs rajouter mon mot sur le fil "osez-vous critiquer" ... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| | | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 12:43 | |
| - aériale a écrit:
- je suis heureuse de le lire Coline, et je crois que tu as trouvé les termes exacts. Que l'on soit rebuté ou pas par ce roman, il mérite amplement que l'on tente cette expérience.
Un roman qui interpelle, qui bouscule et qui dérange, mais qui ne peut qu'enrichir l'esprit.
...Et qui contredit l'idée qu'un livre peut être apprécié ou non au bout des 50 premières pages!
S'il m'arrive d'abandonner un livre après en avoir lu ses 50 premières pages (un peu plus car j' accorde au moins l'effort d'attention pour le tiers de ses pages en général), c'est parce qu'il m'ennuie, que je n'accroche pas, que je le trouve mal écrit.... Cela n'a pas été le cas du tout pour Une éducation libertine, je l'ai exprimé assez clairement au fil de mes posts réticents concernant sa lecture...La difficulté pour moi se trouvait ailleurs!...Et c'est fort de la part de l'auteur de m'avoir emmenée jusqu'au bout...Je ne suis pas si facile à convaincre... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 12:44 | |
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| | | chrisdusud Sage de la littérature
Messages : 2076 Inscription le : 20/04/2008 Age : 56 Localisation : Corse
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 16:22 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 17:10 | |
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| | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 17:35 | |
| Il a visiblement reçu une standing-ovation de la part des lycéens lors de sa venue à la remise du Prix Goncourt, à Rennes :). J'ai pu voir certains auteurs, dont Catherine Cusset et Atiq Rahimi jeudi, lors d'une conférence/interview. C'était vraiment intéressant :) ! (et pour ne pas être totalement HS , j'ai bien envie de lire Une éducation libertine). | |
| | | troglodyte Main aguerrie
Messages : 342 Inscription le : 26/05/2007 Age : 54 Localisation : Strasbourg
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Sam 13 Déc 2008 - 18:18 | |
| - Fantaisie héroïque a écrit:
- [...] une standing-ovation de la part des lycéens [...]
Au pays des SMSistes, les phraseux sont rois. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Dim 14 Déc 2008 - 21:02 | |
| J'aime bien, mais je m'attendais à un style plus fulgurant, plus percutant. Je crois que je m'attendais à une "langue" vraiment reconnaissable entre toutes, mais je trouve que ça tourne un peu au procédé mécanique parfois, un truc froid même en plein bouillonnement.
Je sais pas... il manque un truc.. je vais creuser. | |
| | | Mordicus Troll de Pastèque
Messages : 3262 Inscription le : 21/01/2008 Localisation : Blottie
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Lun 15 Déc 2008 - 18:56 | |
| Je ne sais pas quoi faire de vos avis...
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| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Jeu 18 Déc 2008 - 0:13 | |
| J'ai terminé ce livre hier matin... J'ai pris beaucoup de temps pour le lire parce qu'il me faisait me sentir mal à l'aise (et aussi parce que parfois je devais aller voir dans le dictionnaire)
Le style est impressionnant. Le vocabulaire très recherché et très riche. Les descriptions sont vivantes et intenses et nous permettent de nous plonger dans cette ambiance, dans l'atmosphère. Et ça m'a dérangé. J'ai été dérangée par les odeurs des corps, de la misère, des déjections et de la mort. J'ai été dérangée par la vision des corps, des rues et des chambres. C'est intense. J'ai même trouvé les descriptions plus fortes que celles du Parfum de Suskind. Je n'avais pas aimé Le Parfum et j'ai aimé Une éducation libertine.
Ce roman m'a fait penser à Zola et Sade aussi. L'importance de la description et les propos du comte à l'encontre de la morale. J'ai aimé voyager avec eux dans les profondeurs de Paris et de l'âme.
Et puis, le parcours de Gaspard est dur. Son ambition le sauve à chaque fois. Mais il n'est plus humain et tout ce qui l'entoure ne l'est plus. Ce roman renvoie à l'animalité et à l'inconsistance de ce que nous sommes. Nous ne sommes rien finalement que des corps voués à une décomposition certaine. Gaspard en est conscient...
Un livre aussi qui traite de l'homosexualité à cette époque, chose inacceptable... Je n'avais jamais rien lu à ce propos pour cette période. Et j'ai trouvé ça intéressant parce que finalement les rapports charnels ne servent pas à procréer mais à rechercher la jouissance. Nous avons donc une sexualité libérée de l'espèce et donc libre d'exister en tant que plaisir. Mais finalement, ce plaisir ne fait que chosifier encore l'être. Et donc qu'apporte cette sexualité sinon encore un peu d'inhumanité ?
Roman très fort qui ne laisse pas indemne. Un roman qui dérange mais qu'on ne peut qu'admirer. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Jeu 18 Déc 2008 - 7:02 | |
| - Citation :
- Mais il n'est plus humain
- Citation :
- Ce roman renvoie à l'animalité
Je n'ai pas du tout eu cette lecture, Laurence! Je n'ai pas vu du tout ce que tu nommes "animalité", bien au contraire. Cela aurait été tellement plus facile... Je ne vais pas revenir sur le style, mais plutôt sur la construction de ce roman. D'abord il me semble que si, en effet, on a un peu de mal de temps en temps à réprimer une nausée à la lecture, c'est que tout est vu par le personnage principal, ce Gaspard, élevé dans la boue parmi les porcs, et que peut être, dans la description initiale de Paris, il ne voit que cela.. Après, il y a une ou deux éclaircies, quand il change de vêtements, mais justement, ce Gaspard est tellement " cérébral" qu'il s'aperçoit vite que l'habit ne fait pas le moine et que la boue est partout.. La construction, oui, autour de la Seine, le Fleuve. S'il était parvenu à flotter au-dessus du Fleuve, songeait Gaspard, il aurait perçu dans ces éclats, le reflet de son véritable visage. Le Fleuve, il croit qu’en quittant Quimper, il va pouvoir le dominer. .Que les ponts de Paris qui l’enjambent et permettent de passer d’une rive à l’autre suffiront à oublier. Mais les flots de boue qui charrient des cadavres s’écoulent complètement indifférents et Gaspard ne leur échappera pas deux fois. Tout part de la Seine et revient à la Seine. Toute son histoire. Sans la Seine, il ne serait pas à Paris. Et c'est sur un pont qu'il se renie une dernière fois. En fait, le pire a été fait dès le départ, après c’est un enchaînement logique et classique, il croit être le maître de son destin alors que tout est déjà joué. Il fondait sur les hommes l’espoir d’être un jour parvenu, car c’était à ce jeu là que s’échinait la race: monter, gravir, écraser, abattre, déposséder, s’emparer ,régner… Les hommes ne sont que les barreaux de l’échelle, il faut y poser le pied pour s’élever, se dit Gaspard. Il fut fier de sa métaphore.Alors barreau après l’autre, il va grimper. Ignorant qu’en fait, il est manipulé par deux choses, son histoire d’abord. Mon drame est de n’avoir pas de ma vie une vision entière qui me la ferait comprendre . Et l’amour, car c’est effectivement une grande histoire d’amour , il n’y a qu’un seul être dans lequel il pourrait s’abîmer, disparaître, déposer son âme dans l’espoir d’un jugement, d’une condamnation. Sauf qu'il n'y a pas de condamnation à attendre d'un autre que lui-même, qu’on tombe des échelles et qu’on ne construit pas , à l’image du siècle un libertin, affranchi de toute morale, à partir de n’importe qui. Et que les marionnettes échappent au fabriquant .. | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Jeu 18 Déc 2008 - 11:10 | |
| Ce que je veux dire c'est que Gaspard est renvoyé dans l'animalité, dans la réalisation de ses besoins vitaux. Même si lui désire sortir de cette misère, de cette boue, de cette porcherie. Il est conscient d'être différent et désire dépasser ce stade. Pourtant, Gaspard n'y arrive pas... Son corps le ramène à un objet de désir même s'il est très cérébral. Il n'est pas ou plus considéré comme un être ayant des sentiments. Enfin, c'est min impression. Il est froid et distant et se soumet aux désirs des autres. Il arrive toutefois à s'imposer mais à quel prix !
Et puis, le Paris présenté est une grande étable ou porcherie.... C'est le cadre qui renvoie les humains à leurs plus bas instincts.
Les éclaircies, je ne les ai pas vues parce que je n'y croyais peut-être pas. Le destin de Gaspard est noir quelque soit son habit. L'habit ne permet pas de cacher son corps et sa sensualité.
Une histoire d'amour ? C'est davantage une histoire de dépendance et de soumission. Je ne l'avais pas vu comme de l'amour. Mais ça l'est effectivement... Cela renvoie à une adoration mystique de l'être aimé. | |
| | | troglodyte Main aguerrie
Messages : 342 Inscription le : 26/05/2007 Age : 54 Localisation : Strasbourg
| Sujet: Re: Jean-Baptiste Del Amo Jeu 18 Déc 2008 - 20:28 | |
| - Spoiler:
Décidément ce livre m'inspire. Le plus fort point commun que je lui trouve avec un texte de Sade, c'est qu'il s'agit de fantasme repoussant. Tandis que chez Sade on est dans un large éventail de perversions déployées par des personnages souvent si caricaturaux qu'ils en deviennent comiques ou chimériques, chez Del Amo on est dans la description d'un monde irréaliste aussi puisque composé à 95 % de créatures vivantes mais sans âme. En se focalisant sur les déjections, les vomissures, les chancres et autres, Del Amo parvient à donner la nausée à son lecteur, comme Sade y parvient en accumulant les scènes orgiaco-scatologiques et les répétitifs discours prônant l'athéisme. Mais chez Sade bien souvent je ris, parce que tout est dans les comportements déviants, comme en regardant un film de Miike Takashi du genre "Visiteur Q", tandis que chez Del Amo je ne ris pas, parce que je suis face au vide de la dépression. Sade allume de joyeux pétards anti-cléricaux, il invente un monde à l'envers, en négatif, où par exemple les femmes seraient valorisées par leur absence de vertu, où il serait un devoir citoyen de foutre le plus possible, où les instituteurs seraient des maîtres de déviance. Del Amo se concentre sur l'illustration du principe selon lequel un jeune sans éducation se fait écraser par les autres et perd son âme. Et l'on en voit, de nos jours, de ces jeunes dont le regard éteint et le lexique réduit, dont l'absence de repères et d'espoir à la fois inquiète et attriste.
Sade avait moins à faire pour que son cri soit entendu ; à son époque il suffisait de vilipender la religion pour choquer le lecteur moyen. De nos jours, dans un pays comme la France, où la permissivité à l'égard de la religion est grande, il faut aller plus loin dans la provocation pour se faire entendre : il faut étouffer le lecteur avec des excréments et de l'auto-destruction, il faut fermer toutes les portes de la réussite professionnelle du jeune demandeur d'emploi, il faut le priver de tout débouché, le jeter dans les pattes gluantes de vieux débauchés concupiscents, jusqu'à ce que le lecteur hurle "mais ça suffit maintenant ce mauvais délire ! Il y a autre chose que ça quand même !"
Et j'en arrive maintenant à la délicate question du rôle de l'oeuvre d'art : simple expression quelle qu'elle soit, ou bien proposition de solutions à des problèmes ? Del Amo crie une souffrance et un manque, et c'est tout. Sade crie son attachement aux libertés individuelles et, par ses discours subversifs et ses descriptions de caractères non conformistes mais, à la limite, plausibles, il donne des éléments au lecteur afin d'enrichir sa compréhension du monde en l'invitant à prendre du recul. Et dans le fond je suis persuadé que Sade n'était pas si athée qu'il pourrait le laisser penser.
Où se situe Del Amo par rapport à son personnage Gaspard ? Ce piétinement dans le développement de la carrière de Gaspard, cette redondance de descriptions de choses répugnantes, cette fascination pour la mort, est-ce un jeu d'un auteur qui reste maître de son texte ou bien est-ce la peinture des penchants les plus intimes de l'homme ? Bien souvent je me suis dit, au cours de cette lecture harassante, que l'on me prenait un peu pour un psychanalyste et que l'on se laissait aller à me dire tout ce qui passait par la tête, sans aucun égard pour mon degré de plaisir à lire cette logorrhée.
Nous aimons voir des artistes qui se lancent à pleine vitesse sur le tremplin, qui osent nous déranger, nous bousculer ; c'est certainement même un des devoirs des artistes. Mais l'homme peut-il se cacher derrière son statut d'artiste comme l'on se protège au moyen de la carte "joker" et jeter à la face du spectateur une sorte d'écriture automatique qui part sans cesse dans le hors-piste ?
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