Blaise Cendrars [Suisse]

bix229 a écrit:

Merci pour ton commentaire, Dara ! Cendrars était un aventurier plein d' imagination et de vitalité.
Et ce qu' il ne savait pas, il l' inventait. Je ne demande pas à un écrivain d' etre véridique... authentique
me suffit.  

tout à fait d'accord pour cela que j'aime l'approche de Cendrars

Voilà, ma lecture de La main coupée est terminée. Et c'est une bien belle découverte!

J'ai commencé peu convaincu par le style, par la manière de raconter, par la narration très coupée et hachée. Et puis, à force d'entendre la voix cabotine et poétique de Cendrars, à force de commencer à aimer et à connaître les hommes de son régiment, dans leur beauté et leur laideur, dans leur bonté et leur horreur, je me suis laissé emporter.
Il y a des images fortes, violentes, terribles dans ce texte, une mise au cœur des combats, sans héroïsme, sans pompe et sans gloire, dans la boue et la peur, sous la pluie et les balles. La guerre c'est dégueulasse, nous dit Cendrars, et c'est bien pour cela qu'il parle surtout des hommes. Comme je l'ai déjà dit, il y a des portraits, des vignettes qui prennent vie dans ces Mémoires là. Griffith le vieil anglais, Garnéro le cuistot infatiguable, Przybyszewski l'escroc qui dilapide son argent pour les autres, et tant d'autres, tous ceux qui survivent dans la mémoire de Cendrars, et par cette lecture dans la notre.

Pour conclure, j'avoue que je ne sais pas trop ce qu'il y a de vrai dans la dépiction que Blaise Cendrars fait de lui même. Cabochard, brillant, moqueur, anarchiste, cela ne m'étonnerait pas qu'il soit vraiment ainsi ; mais même si ce n'est pas le cas, même si ce Cendrars là n'est qu'une invention de narration, voilà bien un narrateur fascinant à suivre. Un homme qui préfère la médiocrité des troufions à celle des gradés et des intellectuels. Un homme qui nous rappelle que la guerre c'est moche. Que Dieu est absent du champ de bataille. Mais que les hommes eux, y vivent, y meurent, y chantent, y rient, y tuent, y sauvent. Y sont quoi.

Merci Bédoulène pour cette expérience forte. :)

tu enchaines quand avec Moravagine ?

On pourrait même se faire une lecture commune prochainement ?

Pourquoi pas.

j'ai lu L'or, l'Ebauge et la fin du monde, Moravagine

je lirai les autres donc je serais dispo pour une LC éventuellement sur un livre non lu (faut que je lise Rhum et .....)

je suis contente Hardkey que tu aies aimé le livre (y avait-il à la suite quelques nouvelles ? l'égoutier de Londres, Dans le silence de la nuit, j'ai saigné)

Non, pas de nouvelles avec, même s'il mentionne l'égoutier de Londres lorsqu’il parle de Griffith.

Bédoulène a écrit:

j'ai lu  L'or, l'Ebauge et la fin du monde,  Moravagine

je lirai les autres donc je serais dispo pour une LC éventuellement sur un livre non lu (faut que je lise Rhum et .....)

je suis contente Hardkey que tu aies aimé le livre   (y avait-il à la suite quelques nouvelles ? l'égoutier de Londres, Dans le silence de la nuit, j'ai saigné)

Feuillette Bourlinguer, La Main coupée, La Confession de Dan Yack, si tu as l' occasion, tous textes plus ou moins autobiographiques...

On pourrait faire une LC sur l'auteur, et chacun irait de son titre qu'il n'a pas lu, et/ou qui l'attire le plus.

ArturoBandini a écrit:

On pourrait faire une LC sur l'auteur, et chacun irait de son titre qu'il n'a pas lu, et/ou qui l'attire le plus.

Si c'est la solution retenue, je lirais La main coupée ce qui me permettra de revenir aux lectures sur la guerre 14-18 et vers Cendrars...

c'est OK pour moi

Bix j'ai lu "la main coupée"

Bédou, animal, dara et hardkey ont tout dit sur La Main coupée, cette espèce d'allégresse vivifiante qui vous tient tout au long des récits et cette gouaille à la fois bravache et émouvante du style de Cendrars, ses excès, son inconfort et aussi le plaisir qu'on en tire. Je vais donc juste insister sur un point qui rejoint également ma lecture de Rhum (Quasimodo, tu me dis si je déraille, hein !) mais j'ai l'impression que Cendrars se voit comme un bretteur, un justicier, un releveur de torts, un type qui doit défendre avec sa plume les copains ou Jean Galmot... redonner à ces hommes un peu de leur honneur perdu, redorer leur blason, réinventer pour eux des gestes qui furent ceux de la beauté et de l'éloquence. Car il ne faudrait pas oublier la misère dans laquelle les six ou sept soldats de l'escouade de Cendrars survivent après la guerre et se poser la question de la reconnaissance de la France pour ces soldats étrangers, venus versés leur sang, donner leurs membres (bras, jambes, scalps) pour sauver la France. Drôle de guerre et drôle d'après-guerre, l'une et l'autre tout aussi laide et sale et immonde.

J'y avais pas pensé. Ca me paraît très juste, même si je connais pas beaucoup Cendrars.
En lisant Rhum, j'ai surtout été frappé par la ressemblance avec l'Or. Une sorte d'hommage à des "ratés de génie".
Mais dans le cas de Sutter, j'ai plus de mal à croire que Cendrars ait voulu redorer son blason ...

Je n'ai pas lu L'Or. Je note !

question piège ? la force, l'exploit, l'éclat, l'image, la fiction et l'autofiction ? et puis la volonté de mélanger un effort littéraire avec le geste, l'action. sans oublier chez Cendrars la tendance destructrice assumée. ... et subie. une nécessité de l'écriture ou de la réécriture comme besoin de justification ? je ne sais pas. je connais mal Cendrars et mes souvenirs sont brumeux. je me souviens aussi des histoires de son amitié tumultueuse avec Cingria (cf Vies parallèles de Blaise Cendrars et de Charles-Albert Cingria de Bernard Delvaille).