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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Sam 22 Déc 2012 - 22:53
Esperluette a écrit:
Menine, je comprends ta déception. Peut-être devrais-tu essayer Le livre de ma mère un jour ou l'autre pour ne pas partir avec ce sentiment de déception.
C'est le seul Cohen que j'ai lu ; je l'avais trouvé pas mal, oui. Et il n'est pas très long (moins de 200 pages).
Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Sam 22 Déc 2012 - 22:57
eXPie a écrit:
Esperluette a écrit:
Menine, je comprends ta déception. Peut-être devrais-tu essayer Le livre de ma mère un jour ou l'autre pour ne pas partir avec ce sentiment de déception.
C'est le seul Cohen que j'ai lu ; je l'avais trouvé pas mal, oui. Et il n'est pas très long (moins de 200 pages).
Effectivement, tu as trouvé l'argument idéal vu le nombre de pages de Belle du Seigneur. Et "pas mal" chez toi, cela correspond à quoi exactement? A lire absolument ou bien on peut s'en dispenser?
Menyne Agilité postale
Messages : 864 Inscription le : 26/04/2008 Age : 53 Localisation : dis z'y mieux !
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 9:26
Oh ! Je me dis que j'ai peut être été un peu trop sévère. Je ne peux pas dire que j'ai détesté ce livre puisque je suis tout de même allée jusqu'au bout. Je maintiens qu'il y a des longueurs même si c'est bien écrit. Par contre, je n'ai vraiment pas été émue par cette histoire d'amour qui a surtout le don de m'agacer. C'est pas du Roméo et Juliette, c'est plutôt 'Sois belle et tais-toi '! Une véritable potiche.
Esperluette; promis je lirai Le livre de ma mère.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 10:53
Esperluette a écrit:
Et "pas mal" chez toi, cela correspond à quoi exactement? A lire absolument ou bien on peut s'en dispenser?
Quasiment bien, mais je ne sais pas... j'ai eu du mal à écrire une note de lecture juste après, du coup je l'ai encore dans ma PAC (Pile à Critiquer)... je vais me repencher dessus et écrire un petit quelque chose un de ces jours, alors.
Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 19:02
menine a écrit:
Oh ! Je me dis que j'ai peut être été un peu trop sévère. Je ne peux pas dire que j'ai détesté ce livre puisque je suis tout de même allée jusqu'au bout. Je maintiens qu'il y a des longueurs même si c'est bien écrit. Par contre, je n'ai vraiment pas été émue par cette histoire d'amour qui a surtout le don de m'agacer. C'est pas du Roméo et Juliette, c'est plutôt 'Sois belle et tais-toi '! Une véritable potiche.
Esperluette; promis je lirai Le livre de ma mère.
Je ne pense pas trop m'avancer en te disant que tu risques d'apprécier ce livre. Et je suis heureuse de constater que ton jugement mitigé sur Belle du Seigneur ne t'empêche pas de continuer ta découverte de Cohen!
eXPie a écrit:
Esperluette a écrit:
Et "pas mal" chez toi, cela correspond à quoi exactement? A lire absolument ou bien on peut s'en dispenser?
Quasiment bien, mais je ne sais pas... j'ai eu du mal à écrire une note de lecture juste après, du coup je l'ai encore dans ma PAC (Pile à Critiquer)... je vais me repencher dessus et écrire un petit quelque chose un de ces jours, alors.
Merci pour ces précieux renseignements eXPie, mais désolée de te rappeler qu'il te reste du pain sur la planche. Tu m'impressionnes : une PAC!
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 19:52
Le Livre de ma mère. 1954. Folio. 176 pages. La notice en début de livre dit tout : "Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère. Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois « quotidienne » et sublime, une mère, aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils. Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils. Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs."
Le livre commence :
Citation :
"Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. [...] Somptueuse, toi, ma plume d'or, va sur la feuille, va au hasard tandis que j'ai quelque jeunesse encore, va ton lent cheminement irrégulier, hésitant comme en rêve, cheminement gauche mais commandé. Va, je t'aime, ma seule consolation, va sur les pages où tristement je me complais et dont le strabisme morosement me délecte. Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge. Mais il ne me rendront pas ma mère. [...] Soudain, devant ma table de travail, parce que tout y est en ordre et que j'ai du café chaud et une cigarette à peine commencée et que j'ai un briquet qui fonctionne et que ma plume marche bien et que je suis près du feu et de ma chatte, j'ai un moment de bonheur si grand qu'il m'émeut." (pages 9-11)
C'est rudement bien écrit. Puis, Albert Cohen commence à évoquer sa mère, non plus de façon générale, mais précise : c'est une vie toute dédiée à son fils.
Citation :
"L'après-midi du vendredi, qui est chez les Juifs le commencement du saint jour de sabbat, elle se faisait belle et ornéee, ma mère. Elle mettait sa solennelle robe de soie noire et ceux de ses bijoux qui lui restaient encore. [...] Tant de fois, toujours roulée par les bijoutiers, elle avait vendu pour moi de ses bijoux, en cachette de mon père dont la sévérité nous effrayait, elle et moi, et nous faisait complices." (pages 14-15).
Elle est fière de son fils :
Citation :
"« Et dis-moi, mes yeux, cette situation que tu as en ce Bureau International du Travail, comment s'appelle-t-elle, cette situation ? (« Attaché à la Division diplomatique » répondis-je. Elle rayonna.) Par conséquent, les douaniers ne peuvent rien contre toi, je suppose ? Tu passes et ils s'inclinent. Quelle merveille du monde ! Dieu soit loué qui m'a donné de vivre jusqu'en ce jour !" (page 24)
La sagesse d'une mère :
Citation :
"« Moi, mon fils, je n'ai pas étudié comme toi, mais l'amour qu'on raconte dans les livres, c'est des manières de païens. Moi je dis qu'ils jouent la comédie. Ils ne se voient que quand ils sont bien coiffés, bien habillés, comme au théâtre. Ils s'adorent, ils pleurent, ils se donnent de ces abominations de baisers sur la bouche, et un an après ils divorcent ! Alors, où est l'amour ? Ces mariages qui commencent par de l'amour, c'est mauvais signe. Ces grands amoureux, dans les histoires qu'on lit, je me demande s'ils continueraient à aimer leur poétesse si elle était très malade, toujours au lit, et qu'il soit obligé, l'homme, de lui donner les soins qu'on donne aux bébés, enfin tu me comprends, des soins déplaisants. Eh bien, moi je crois qu'il ne l'aimerait plus. Le vrai amour, veux-tu que je te dise, c'est l'habitude, c'est vieillir ensemble. Tu les veux avec des petits pois ou avec des tomates, les boulettes ?" (pages 27-28).
Après un peu d'humour (encore un bon passage où Albert doit se justifier que lui, un Juif, aille à la montagne pour son plaisir), l'élégie reprend.
Citation :
"Toute seule là-dessous, la pauvre inutile dont on s'est débarrassé dans de la terre, toute seule, et on a eu la gentille pensée de lui mettre dessus une lourde dalle de marbre, un presse-mort, pour être bien sûr qu'elle ne s'en ira pas." (pages 31-32). "Pleurer sa mère, c'est pleurer son enfance. L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas. Soudain, je me rappelle notre arrivée à Marseille. J'avais cinq ans. En descendant du bateau, accroché à la jupe de Maman, coiffée d'un canotier orné de cerises, je fus effrayé par les trams, ces voitures qui marchaient toutes eules. Je me rassurai en pensant qu'un cheval devait être caché dedans." (page 33).
Dernière édition par eXPie le Dim 23 Déc 2012 - 22:25, édité 5 fois
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 19:52
Les années passent.
Citation :
"A dix-huit ans, je quittai Marseille et j'allai à Genève où je m'inscrivis à l'Université et où des nymphes me furent bienveillantes. Alors, la solitude de ma mère devint totale. Elle était déracinée à Marseille." (page 57). "A table, elle mettait tous les jours la place du fils absent. Et même, le jour anniversaire de ma naissance, elle servait l'absent. Elle mettait les morceaux les plus fins sur l'assiette de l'absent, devant laquelle il y avait ma photographie et des fleurs." (page 59).
Ah, la logique de sa mère !
Citation :
"Et si je l'engageais à prendre du café sans sucre, elle m'affirmait que le sucre n'engraisse pas. « Mets-en dans l'eau et tu verras qu'il disparaît. »" (pages 62-63).
Albert Cohen regrette de ne pas avoir plus souvent envoyé de télégramme à sa mère : dix mots pour que, deux jours plus tard, elle débarque sur le quai. "Tu n'as pas voulu écrire dix mots, écris-en quarante mille maintenant." (page 79).
Citation :
"Avec les plus aimés, amis, filles et femmes aimantes, il me faut un peu paraître, dissimuler un peu. Avec ma mère, je n'avais qu'à être ce que j'étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l'âme. Elle ne m'aimait pas moins. Amour de mère, à nul autre pareil." (page 105)
Le livre se finit ainsi :
Citation :
"Des années se sont écoulées depuis que j'ai écrit ce chant de mort. J'ai continué à vivre, à aimer. J'ai vécu, j'ai aimé, j'ai eu des heures de bonheur tandis qu'elle gisait, abandonnée, en son terrible lieu. J'ai commis le péché de vie, moi aussi, comme les autres. J'ai ri et je rirai encore. Dieu merci, les pécheurs vivants deviennent vite des morts offensés." (page 175)
Un vrai bon livre très touchant et très bien écrit. Il vaut quand même mieux avoir le moral avant sa lecture.
Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 22:35
Merci eXPie pour ce compte-rendu qui restitue bien l'atmosphère de ce livre élogieux à LA MERE. pfiou, je crois qu'il faudrait que je le relise, moi. (smiley qui croûle sous les livres à lire et à relire)
Si j'ai bien compris, il faut te secouer un peu pour que ta PAC commence lentement à diminuer, c'est ça?
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 22:42
Esperluette a écrit:
Si j'ai bien compris, il faut te secouer un peu pour que ta PAC commence lentement à diminuer, c'est ça?
Tu as tout compris.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 22:43
Arabella a écrit:
Esperluette a écrit:
Si j'ai bien compris, il faut te secouer un peu pour que ta PAC commence lentement à diminuer, c'est ça?
Tu as tout compris.
Hé hé, je finis une semaine de congés, j'ai récupéré un peu d'énergie. Que je vais reperdre dès demain
Esperluette Sage de la littérature
Messages : 1660 Inscription le : 09/04/2012
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 23 Déc 2012 - 23:02
Arabella a écrit:
Esperluette a écrit:
Si j'ai bien compris, il faut te secouer un peu pour que ta PAC commence lentement à diminuer, c'est ça?
Tu as tout compris.
Tope-là Arabella! Pauvre eXPie! Plus aucune chance d'être tranquille : traqué par Arabella et Esperluette.
eXPie a écrit:
Arabella a écrit:
Esperluette a écrit:
Si j'ai bien compris, il faut te secouer un peu pour que ta PAC commence lentement à diminuer, c'est ça?
Tu as tout compris.
Hé hé, je finis une semaine de congés, j'ai récupéré un peu d'énergie. Que je vais reperdre dès demain
Mais non mais non! Tu n'as qu'à prendre une tasse de Choky.
J'ai hâte de partager une tassé de Choky avec toi.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Albert Cohen [Suisse] Dim 30 Déc 2012 - 19:43
kenavo a écrit:
et l'équipe de tournage était aussi au Luxembourg pour quelques jours.. malheureusement je ne l'apprend que par les journaux.. j'aurais eu bien envie de voir Jonathan Rhys Meyers de plus près
Je me demande si ça sortira chez nous (film - ou téléfilm ? - réalisé par un certain Glenio Bonder) :
Ça ne ressemble pas vraiment à un chef-d'oeuvre, présenté ainsi...
Je me demande si ça sortira chez nous (film - ou téléfilm ? - réalisé par un certain Glenio Bonder) :
Ça ne ressemble pas vraiment à un chef-d'oeuvre, présenté ainsi...
Mouais... Pauvre Albert!
Citation :
kenavo a écrit:
et l'équipe de tournage était aussi au Luxembourg pour quelques jours.. malheureusement je ne l'apprend que par les journaux.. j'aurais eu bien envie de voir Jonathan Rhys Meyers de plus près