Souvenir, souvenirs

moi aussi gamin je regardais le films de cowboy il faut dire que dans les années 70 et début 80 il passait beaucoup mais alors beaucoup de western à la télévision, aujourd'hui moins.

"Je me souviens de ces années 70 où l' on sentait tout ça venir".

C' est une phrase d' un chanteur français ou francophone et qui sentait déjà combien le
fond de l' air était pesant ou inquiétant, meme si l' époque ne l' était pas.
Certainement un esprit lucide, en tout cas...

Et puis cet autre, c' était plus tard et c' était Hubert Félix Thiefaine qui chantait Alligators 427

Alligators 427
aux ailes de cachemire safran
je grille ma dernière cigarette
je vous attends
sur cette autoroute hystérique
qui nous conduit chez les mutants
j' ai troqué mon coeur contre une trique
je vous attends
je sais que vous avez la beauté destructrice
et le sourire vainqueur jusqu' au dernier soupir
je sais que vous machoires distillent l' agonie
moi je vous dis : bravo et vive la mort !

Alligators 427
à la queue de zinc et de sang
j'me tape une petite reniflette
je vous attends
dans cet étrange carnaval
on a vendu l' homo sapiens
pour racheter du néanderthal
je vous attends
et les manufactures ont beau se recycler
y' aura jamais de morphine pour tout le monde
surtout qu' à ce qu' on dit, vous aimez faire dure
moi je vous dis : bravo et vive la mort !

Alligators 427
aux longs regards phosphorécents
je mouche mon nez, remonte mes chassettes
je vous attends
et je bloque mes lendemains
je sais que les mouches s' appretent
autour des tables du festin
je vous attends
et j' attends que se dressent vos prochains charniers
j' ai raté l' autre guerre pour la photographie
j' espère que vos m&cchabées seront bien faisandés
moi je vous dis : brvo et vive la mort !

Alligators 427
aux crocs venimeux et gluants
je donne un coup de brosse à mon squelette
je vous attends
l' idiot du village fait la queue
et tend sa cate d' adhérent
pour prendre palace dans le grand feu
je vous attends
j' entends siffler le vent au dessus des calvaires
et je vois les vampires sortir deleurs cercueils
pour venir saluer les anges nucléaires
moi je vous dis : bravo et vive la mort !

Alligators 427
aux griffes d' or et de diamant
je sais que la cigue est prete
je vous attends
je sais que dans votre alchimie
l' atome ça vaut des traveller-chèques
et ça suffit comme alibi
je vous attends
à l' ombre de vos centrales je crache mon cancer
je cherche un nouveau nom pour ma métamorphose
je sais que mes enfants s' appelleront : vers de terre
moi je vous dis : bravo et vive la mort !

Alligators 427
au cerveau de jaspe et d' argent
il est temps de sonner la fete
je vous attends
vous avez le gout du grand art
et sur mon compteur électrique
j' ai le portrait du Price Ringard
je vous attends
je sais que désormais vivre est un calembour
la mort est devenue un état permanent
le monde est aux fantomes, aux hyènes et aux vautours
moi je vous dis : bravo et vive la mort !

alligators427.hubertfelixthiefaine. com

Oui, on ne chantait pas que des bluettes dans ces temps-là !

J'aime beaucoup Thiefaine et particulièrement Alligators 427.

En lisant sur le fil "répondeur', que Nézumi partait en expédition canoë- kayak pour la semaine.
Un souvenir heureux du temps jadis m'est revenu.
L'expédition canot toute une journée durant en compagnie de mes frères et quelques amis.
J'étais la seule femme du groupe. Donc la traversée du Lac Labelle dans les Laurentides ensuite un autre Lac ,pour ensuite naviguer sur la rivière Maskinongée,
la rivière qui passe derrière le chalet. et qui nous y rendrait. À jamais gravé dans ma mémoire.

Je me souviens très bien que mon grand père maternel venait nous voir de temps en temps,
mes parents et moi.
Il était déjà très agé, alors que je n' avais que quatre ou cinq ans.
Malgré les difficultés qu 'il avait pour se déplacer, il faisait le trajet à pied depuis le village où
il vivait : quatre ou cinq kilomètres.
Nous savions toujours quand il arrivait, les chiens et les chats le découvraient avant nous et se précipitaient à sa rencontre, et aussitot, ma soeur et moi leur emboitions le pas.
Il avait un pouvoir d' attraction magique, lui qui parlait peu.
Mais il s' exprimait avec les mains. Il était menuisier et savait faire des meubles, charrettes et portes...
Il était aussi maréchal ferrant et il ferrait les chevaux à l' époque ouù il y en avait encore.
Il connaissait les plantes sauvages comestibles et aussi les médicinales et cultivait deux ou trois
plants de tabac dans un coin de son jardin.
Dans la grande salle noircie par la fumée des feux de bois et qui servait de cuisine et de salle à
manger, il avait un grand bureau noir qui s' ouvrait comme un pupitre.
C' est là qu' il rangeait les quelques livres qu' il gardait précieusement et il me les laissait regarder
et feulleter.
Dans le village on le consultait souvent jusqu' à ce que la modernité le relègue à une place de témoin inutile et génant...

Je me souviens d' une année où moi, lecteur chronique, je n' ai presque rien lu...
Cette année-là, j' ai vécu et aimé avec intensité, et je n' ai pas eu le temps de savoir si je le
regrettais ou non...
ça m' amusait...

Je me souviens d' autres années, où j' ai très peu lu. C' était pour des raisons exactement inverses.
Et c' était très frustrant...

Je me souviens d' un gros album que mon beau-frère avait acheté au Marché aux Puces.
Il voulait y mettre des timbres de collection...

Mais en l' ouvrant, il a eu comme un choc. Il y avait là, en photos sépia toute l' histoire ou presque
d' une famille de la bourgoisie du début du 20e siècle...
Chacun posait dans un studio ad hoc avec un meuble laid et une plante verte. Chacun s' accoudait au meuble et fixait immobile l' appareil.
De la naissance à la mort.
En bébé, en enfant, en officier et en vieille dame. En homme d' intérieur, à la moustache avantageuse. En jeune fille rieuse...
Etc.
On avait l' impression malgré l' impersonnalité des photos d' entrer par effraction dans on ne sait
quel univers morbide et vide...

Je viens de découvrir ce fil (c'est ce qui est merveilleux dans ce forum, on découvre toujours un nouveau fil, inconnu de nous jusqu'alors) et je le trouve super.

Cela me rappelle d'ailleurs un souvenir. Mon professeur de français de 6e et 5e nous avait fait rédiger un texte commençant par je me souviens, c'était avant son départ à la retraite. Ce prof était formidable, passionné, il animait l'atelier de lecture du collège et se débrouillait pour que l'on rencontre fréquemment des écrivains, on les interviewait en enregistrant ce qu'ils nous disaient sur des cassettes. C'est de là qu'a commencé mon goût pour la lecture. J'ai compris à force de voir les autres membres du "club" partager leurs impressions de lecture qu'il s'agissait de quelque chose de précieux en quelque sorte, d'incroyable. C'est difficile à expliquer.

Lors du dernier "atelier de lecture", le prof avait disposé beaucoup de ses livres sur les tables et les distribuaient entre les élèves, il y avait pas mal de livres dédicacés. A défaut de connaître déjà le plaisir de la lecture, j'aimais particulièrement le contact des livres. Il m'a offert l'abécédaire de Hervé Bazin, il était dédicacé aux élèves de l'atelier de lecture. J'étais en Anjou à l'époque, c'est pourquoi Hervé Bazin avait une place si importante.

Je reviendrai sur ce fil, j'aime beaucoup cet exercice de se souvenir, c'est si agréable !

"Nous sommes huit sous une lune toute petite et la marche a été difficile...

Telle est l' une des dernières phrases que consigna Che Guevara dans son Journal de Bolivie.
Le 9 octobre 1967, il était blessé dans la région de Valle Grande, capturé et exécuté sans jugement.
J' ai appris la nouvelle par la radio et j' ai pleuré.
On était loin très loin du mythe et de son exploitation. On ne savait rien, sinon qu' un homme
courageux était traqué par l' armée bolivienne sous la conduite de conseillers américains.

Quelques mois plus tard, c' était mai 68.
On aimait et on espérait beaucoup à cette époque et on était très jeunes.
On avait de la chance, mais on ne le savait pas encore...

On s' est mis à courir. On a couru beaucoup. On a couru longtemps. On a fini par s' essouffler.
Et le vieux monde nous a rattrapés...

Vous, je ne sais pas, mais moi je l' aimais bien Renaud !
Orphelins de Brel et Brassens, il venait combler un vide dans nos coeurs de midinettes et de révoltés...
Il avait une façon tendre et poétique et drole de faire rimer ses vers.
Il ne se prenait pas au sérieux et on l' aimait aussi pour ça.
Il haranguait les foules avec Le Roi des cons ou -je ne sais plus le titre- où est ce que j' ai mis mon flingue...
Putain ! Il n' aurait pas fait du mal à une mouche, meme bleue, Renaud !


Je l' aimais bien on l' aimait bien... C' était avant que sa Lolita le plaque. Avant qu' il ne sombre dans
l' alcool et la déprime.
Que voulez-vous... Une Lolita, on n' en a qu' une dans sa vie !

Pauvre Renaud !

Pauvre Renaud, mais non depuis il s' est remarier, à un nouvel enfant, profite de la vie, ne boit plus, et de temps en temps fait un peu de musique, écrit, quelques télés, je pense pas qu'il soit à plaindre.

je pensais que Bix se trompait qu'il parlait du Renaud d'il y a 10-15 ans et bien non à ma grande surprise je vois que Renaud fait une rechute à nouveau qu'il déprime qu'il repicole un petit peu, moins qu'avant mais quand même

Citation :

« je m'étiole, je meurs à petit feu. Je suis loin de Paris, de mes potes, de mes petits bistrots.
Tous les jours, je reçois des témoignages des gens qui m'aiment et me disent que je leur manque. Je leur réponds : qu'est ce qui vous manque: ma voix pourrie qui se désagrège d'année en année ? »

Même quand la famille est là l'argent est là on pourrait croire que tout va bien et non ça n'empêche pas de faire une dépression.

bien dommage, je l'aimais bien aussi ; mais il va rebondir ?

Hé non, la dépression peut frapper tout le monde . Souvent j'apprends que des adolescentes (car surtout des filles) à qui tout sourit à priori, mignonnes, sympa, entourées d'amis, de parents présents, bonnes élèves et j'en passe, sont en grave dépression, le truc qui dépasse la crise d'ado. Et surtout si jeunes, je ne comprends pas, et en même temps si, on peut comprendre...

Y a des gens qui trainent une sorte de mélancolie ou une lucidité négative sur la vie comme si ils étaient nés avec, et les jours ou ça ne va pas il y a cette fragilité qui est en eux qui leurs pétent à la gueulle et là tu les voix s'enfoncer et tu peux rien faire