Festival de Cannes, année après année

Cannes, c'est pas bien, parce que nous, simples gens, nous cherchons à nous faire une idée (et à préjuger) des films qu'on n'a pas encore vus. Il n'y a rien qui me dérange autant; ça embrouille ma perception 3 ou 6 mois après, lorsque les titres sont accessibles. Le système César est plus "démocratique" qui prime des films que le plus grand nombre a déjà pu voir en salle non?

Autant dire qu'Audiard a fait sensation:

Citation :

"Un prophète" : premier choc du Festival

Avec "Un prophète", premier film français à entrer dans la compétition, Jacques Audiard a frappé un grand coup. Il s’avère en effet la meilleure œuvre projetée jusqu’ici sur la Croisette. Un film âpre et douloureux, d’une tension extrême, qui ne mollit pas une seconde sur ses 2h30 de projection.

Par Jacky Bornet, envoyé spécial:

Le Grand théâtre Lumière du Palais des festivals a retenti de longs applaudissements à l’issue du film, tout comme le nom de son réalisateur a été ovationné quand il est apparu au générique de fin. Une reconnaissance très méritée et qui salue le premier film crédible pour la Palme, tant il dépasse tout ce que l’on a pu voir jusqu’ici.

Sur un scénario original écrit à six mains, fondé sur une idée d’Abdel Raouf Dafri, le scénariste du Mesrine de Jean-François Richet, Un prophète est une descente aux enfers qui dénonce le système carcéral. Non pour les conditions de détention, mais parce qu’il permet à la pègre d’établir une base arrière dans les prisons, afin de mieux perpétrer ses exactions à l’intérieur comme à l’extérieur. Un angle inédit en matière de cinéma, qui change de tout au tout le film de gangsters.

Soutenu par une tension constante, la violence est omniprésente dans cet univers d’hommes qui établissent de nouvelles règles, où la prise de pouvoir est un enjeu permanent. Tahar Rahim dans le rôle d’un jeune délinquant embarqué dans une spirale qu’il ne soupçonnait pas, est absolument remarquable dans un rôle très physique, tout en traduisant une foule d’émotions contradictoires qui ne visent qu’un seul but : faire sa place, en affichant une soumission feinte.
Ambigüe, puisque sympathique par sa victimisation première, il devient d’un machiavélisme délibéré pour prendre les rênes de l’engrenage dans lequel il a été projeté. Niels Arestrup, en chef de gang corse, qui dirige tous les trafics de la prison, créé une composition monstrueuse qui suinte le pouvoir par sa violence extrême et la peur qu’il inspire à son entourage, son monde qu’est devenu la prison.

L’écriture constitue une des grande qualités d’Un Prophète, avec des rebondissements permanents qui nous mènent là où l’on ne s’y attend pas, jusqu’à une fin ouverte, dont l’énigme impulse une ultime dynamique. Enfin, la mise en scène de Jacques Audiard, est d’une maîtrise absolu, avec une caméra nerveuse, une lumière noire et grisâtre qui englobe un univers à la dérive, soutenu par un montage rythmé qui nous pousse toujours plus loin. Les surprises pullulent comme le fantôme de la cellule, ou le cauchemar aux chevreuils… Saluons également la musique d’Alexandre Desplat, déjà l’un des plus grands, avec ses tonalités sourdes et tendues, donnant une dernière touche très participative à ce film magistral

Babelle a écrit:

Cannes, c'est pas bien, parce que nous, simples gens, nous cherchons à nous faire une idée (et à préjuger) des films qu'on n'a pas encore vus. Il n'y a rien qui me dérange autant; ça embrouille ma perception 3 ou 6 mois après, lorsque les titres sont accessibles. Le système César est plus "démocratique" qui prime des films que le plus grand nombre a déjà pu voir en salle non?

Cannes (comme Berlin, Venise et quelques autres) est un marché du film où bon nombre d'oeuvres ne nous parviendraient jamais ensuite si elles n'y avaient pas d'abord été présentées puis repérées (toutes sections confondues). C'est le principe même d'un festival que de sélectionner les grands réalisateurs et les découvertes qui vont compter. Les césars ou les oscars ne sont que des récompenses "locales" qui consistent en des congratulations réciproques entre gens du métier. Il n'y aucun enjeu autre que de reconnaitre le talent de ses pairs.

Les récompenses de films comme "4 mois, 3 semaines, 2 jours" ou "La mort de Dante Lazarescu" nous ont fait découvrir une "nouvelle vague" roumaine qui resterait marginale sans cette reconnaissance.

Cannes est une grande fête pour les cinéphiles et une chance donnée à de nombreux jeunes réalisateurs de talent , partout dans le monde, d'accéder à une notoriété et de continuer à exister. Les modalités de sélection restent à discuter mais elles me semblent assez intègres.

Evidemment j'aimerais pouvoir assister à ces projections. Ils devraient les diffuser en direct dans les complexes de cinéma comme ils vont le faire avec Almodovar mardi soir. Mais j'aime me mettre à rêver de tout ce qui nous attend dans les prochains mois!

Marko a écrit:

Mais j'aime me mettre à rêver de tout ce qui nous attend dans les prochains mois!

Moi aussi!

Rêver de voir le nouveau film d'Audiard, qui fait effectivement "l'effet d'une bombe"

Attendre aussi avec impatience de voir le nouveau film de B. Joon-Ho (présenté dans la section "Un certain regard"), réalisateur des géniaux "Memories of murder" et "The Host"

Vous connaissez "The Host"? Un film de monstre qui mêle les genres, complètement réjouissant!!!






Sinon, son nouveau film : "Mother"

Citation :

Synopsis
Une veuve élève son fils unique Do-joon qui est sa seule raison d’être.

A 28 ans, il est loin d'être indépendant et sa naïveté le conduit à se comporter parfois bêtement et dangereusement ce qui rend sa mère anxieuse.

Un jour, une fille est retrouvée morte et Do-joon est accusé de ce meurtre.

Afin de sauver son fils, sa mère remue ciel et terre mais l’avocat incompétent qu’elle a choisi ne lui apporte guère d’aide. La police classe très vite l'affaire.

Comptant sur son seul instinc maternel , ne se fiant à personne, la mère part elle-même à la recherche du meurtrier, prête à tout pour prouver l’innocence de son fils…

Li a écrit:

Vous connaissez "The Host"? Un film de monstre qui mêle les genres, complètement réjouissant!!!

On en parle un peu sur le fil du cinéma coréen. Je suis un peu moins enthousiaste sur ce film mais Queenie sera contente de te lire

Pour quelqu'un qui boude je viens quand même assez souvent,hein Marko.Cannes joue parfaitement son rôle de marché et de détonateur pour des cinématographies qui sans cela resteraient souterraines.C'est certain.Cannes a su faire preuve de beaucoup de dynamisme et c'est souvent encore le cas.A l'exemple des films roumains.Je n'oublie pas non plus ce que mes chéris Fellini ou Antonioni doivent à Cannes.Mais si je me revendique cinéphile je n'aime guère le ton souvent employé par les "gens" de Cannes,notamment les journalistes experts es platitudes et les acteurs dont le propos m'intéresse à peu près autant que ceux d'un footballeur après son match.C'est dire...Ce qui compte c'est les films et là je crois que nous nous rejoignons.Tu vois,Marko,je t'avais dit que je ne m'éloignerais pas,.Je suis là,au Martinez,suite bleu azur.

Bellonzo a écrit:

Pour quelqu'un qui boude je viens quand même assez souvent,hein Marko.[...]...Ce qui compte c'est les films et là je crois que nous nous rejoignons.Tu vois,Marko,je t'avais dit que je ne m'éloignerais pas,.Je suis là,au Martinez,suite bleu azur.

coline a écrit:

Allez...Cette année on se mobilise et on fait vivre ce fil...

... Et moi pour quelqu'un qui voulait me mobiliser pour l'événement je n'ai encore rien suivi...

Marko a écrit:

Li a écrit:

Vous connaissez "The Host"? Un film de monstre qui mêle les genres, complètement réjouissant!!!

On en parle un peu sur le fil du cinéma coréen. Je suis un peu moins enthousiaste sur ce film mais Queenie sera contente de te lire

Viva THE HOOOOOST !!!

Queenie a écrit:

Viva THE HOOOOOST !!!

Ah oui, drôlement bien.
Il est censé y avoir une suite chinoise... et un remake américain en préparation (Gore Verbinski est dans le coup, mais ce serait un certain Fredrik Bond qui le réaliserait). Je crains le pire, là.

Citation :

Je suis là,au Martinez,suite bleu azur.

Bon, si c'est une suite, Bellonzo,il devrait y avoir une petite place pour moi!
Et puis, tu ne peux guère ne pas t'intéresser à un festival qui a une affiche si inspirée de L'Avventura!
Là, tu parles de ce que tu vois à la télé, c'est pas juste! Bien sûr, le grand journal spécial Cannes, moi aussi, ça me sort un peu par les trous de nez..et je reste mesurée dans mes propos! Mais certains articles de la presse écrite qui analysent certains films, qui te font voir ce que tu n'as pas su, ou simplement eu le temps de voir en une seule vision, tu ne les lis pas?Et la radio?

je ne dirais pas 'interview' mais il y a quelques questions-réponses.. dont la première réponse de Pedro Almodovar me donne l'idée qu'il est encore plus sympa que je ne le pensais..


evene.fr

Au coeur du mythe cannois.Résumé : Comment les petites histoires du festival de Cannes finissent par s'assembler dans une grande histoire du cinéma.
4 pages sur le livre de Gilles JACOB: http://www.nonfiction.fr/article-2499-p1-au_cur_du_mythe_cannois.htm

Une copine à moi est justement en train de le lire et le trouve passionnant, et pas si people que l'on pourrait penser.

Je suis tombée en pleine nuit sur une redif' d'émission sur Cannes et les films (je crois que c'était Metropolis) et évidemment, j'ai eu envie de tout voir...

Nuits d'ivresse printanières de Lou Ye (Alcool, jeunesse, homo, Chine, travail clandestin, l'individualisme face au communautaire)

Thirst, ceci est mon sang de Parck Chan-wook (vampire, prêtre catholique, virus, amûûr)

Bright Star de Jane Campion (Keats, angleterre, amour, poésie).
L'affiche entrevue est superbe (j'espère que ce sera bien celle-là) :


Fish Tank de Andrea Arnold (jeunesse, violence, danse, angleterre)

Queenie a écrit:

Bright Star de Jane Campion (Keats, angleterre, amour, poésie).
L'affiche entrevue est superbe (j'espère que ce sera bien celle-là) :

cela donne trop envie..

moi j'ai vu un petit extrait du nouveau Ang Lee.. je pense que je vais aussi voir celui-là.. Woodstock.. le rêve de mon adolescence (jusqu'au moment que j'avais vu le vrai film de ses trois jours sous la pluie et dans la boue )