Lecture en commun - Rosamond Lehmann : Poussière

Pour répondre à Epi: tu compredras pourquoi elle est si libre dans le chapitre suivant

Cela dit je ne trouve pas qu'à Cambridge, elles soient si libres les filles, pour sortir Judith doit s'inventer une tante et un oncle.

OK alors j'attends la suite pour me faire une idée plus complète si vous dites que ça en vaut la peine
Mais j'avoue que là, j'ai un peu de mal à voir comment elle va évoluer. Sort-elle un jour de cet état d'enfance ? Bon, j'emporte mon livre avec moi au lit pour avancer !

Je l'ai terminé .. et je vais en parler un peu plus ce soir..

kenavo a écrit:

Je l'ai terminé .. et je vais en parler un peu plus ce soir..

Tu as terminé tout, jusqu'au bout ?
J'attends ton avis alors

Epi a écrit:

Tu as terminé tout, jusqu'au bout ?
J'attends ton avis alors

oui, jusqu'au bout.. avis mitigé.. mais on va en reparler

J'aurai beaucoup de retard pour mes impressions, probablement lundi, quand j'aurai terminé mes corrections.
En tout cas le peu que j'arrive à lire continue à beaucoup me plaire, pas de déception jusqu'ici.

Nezumi a écrit:

J'aurai beaucoup de retard pour mes impressions, probablement lundi, quand j'aurai terminé mes corrections.

surtout pas de stress..
on va aussi encore pouvoir parler lundi - et même après - sur ce livre.. mes impressions ne vont pas disparaitre d'ici-là

Chapitres 4 et 5

Marie a écrit:

C'est un roman sur les tourments de l'adolescence, et je ne crois pas que cela ait beaucoup vieilli finalement!

D’accord pour les tourments de l’adolescence – mais j’ai un peu de mal avec le peu d’évolution que Judith subit lors de toutes ses années.
Si je compare avec le dernier livre sur la jeunesse/l’adolescence que j’ai lu : David Mitchell – son petit héros a changé en cours d’un an plus que notre Judith pendant… quoi.. 10 ans ?? 15 ??

C’est bien d’être amoureuse, je la comprends, j’en ai passé pas mal d’années à l’être – mais en recherchant si désespérément de trouver LA personne qui est destinée pour elle, elle me fait l’effet d’une abeille qui vole de fleur en fleur.

Tout d’abord c’est Charlie, mais lui il meurt, puis c’est Roddy, qui n’en veut pas d’elle, alors ce sera Jennifer qui semble pendant quelques années être la personne qui lui fallait.. mais.. mais.. et puis en manque de ‘cible’ elle retombe dans ses idées pour Roddy..

Marie a écrit:

elle est très entière, cette jeune fille, dans ses amours , et le sexe de l'intéressé a peu d'importance, c'est aimer massivement dont elle a besoin. Par contre, ce qui est également intéressant, ce sont les personnages qu'elle choisit comme objets d'amour!

Oui – surtout cela : entière pour rechercher quelque chose qu’on pourrait appeler amour.. Et je pense qu’elle n’aurait pas eu d’idée quoi faire si un de ses candidats lui aurait rendu son amour. Elle a bien aimé se faire des idées, des rêves.. mais du concret ??


Surtout une des dernières phrases comportent son idée qu’elle « les a eu tous » et qu’elle « était plus forte que eux en union ».
Et bien, je ne suis pas trop d’accord avec cela. Elle « n’avait aucun » de lui – elle les a à peine effleuré – ‘être amoureuse’ de quelqu’un ou Martin qui était amoureux d’elle ne veut pas dire « avoir quelqu’un » - pour cela elle n’a pas fait le pas pour arriver à une relation plus sérieuse, elle n'était pendant tout ce temps qu’une petite fille rêveuse.

Et si elle pense qu’elle était plus forte que les autres.. oui.. peut être – mais je ne pense pas qu’elle est arrivée à ‘ouvrir’ leur union – les autres se sont dispersés, se sont perdus..


Il y a eu des bons moments dans cette lecture, j’ai bien aimé des passages et Rosamond Lehmann est une auteure qui a certainement le talent d’écrire des livres avec un ‘message’ – celui de ce livre est passé un peu à côté de moi..
Néanmoins une bonne expérience – surtout d’avoir lu ce livre en lecture en commun qui m’a fait aboutir à la fin !

Le chapitre 4 c'est avant tout l'apparition de la mère de Judith, et là nous comprenons mieux ses attachements passionnels aux êtres, et en particulier aux enfants d'à côté. Sa mère ne semble pas du tout tenir à elle, aucun amour, ni affection ne s'en dégage, et son père était bien plus vieux, et hors jeu. Et Judith n'est pas allée à l'école où elle pourrait rencontrer d'autres enfants. D'où ces attachements maladifs.

Et dans le dernier chapitre, nous finissons avec les enfants d'à côté. Judith a vécu une histoire amoureuse avec les trois garçons survivants, elle a enfin compris comment chacun d'eux fonctionne. Ils ont perdus leur mystère, et je pense qu'elle peux enfin passer à autre chose. Je crois que pendant toute son enfance elle a voulu être l'un d'entre eux, faire partie de la bande, et là elle peut enfin construire sa propre vie.

Citation :

Oui – surtout cela : entière pour rechercher quelque chose qu’on pourrait appeler amour.

A être aimée, oui, Arabella le dit bien.. Et peu importe par qui, c'est bien son problème.. Que l'on comprend mieux quand on lit les paroles de sa mère, charmante..:
" Si vous étiez un peu plus bête, avait dit Maman, vous pourriez encore avoir à Londres , pendant la saison, un succès tardif. Vous avez ce qu'il faut pour cela. Bête, vous l'êtes, dirais-je, assez pour détruire toutes vos chances, mais pas assez pour en tirer parti. Vous ressemblez à votre père: c'était un brillant incapable."
J'ai lu ce roman comme quelque chose de très désenchanté, voire assez désespéré. Faute d'amour maternel,avec un père très absent, semble-t'il, c'est une très jeune fille qui se cogne contre des personnages , ou à des ensembles de personnages ( une famille entière qu'elle idéalise, alors que..) en leur demandant de l'amour. Seulement, bien sûr, personne ne peut lui apporter ce qu'elle recherche. Certaines choses ne se rattrapent pas. Je trouve l'analyse psychologique du personnage assez fine..
Par contre, tu l'as, Kenavo, ton happy end dont tu parlais .

Elle était affranchie de sa faiblesse, de sa futile obsession de dépendance envers autrui. Elle n'avait plus personne qu'elle-même, et c'était mieux.
C'était celà le bonheur - ce vide, cet état de légèreté incolore, ce non-penser, ce non-sentir.

A mon avis, elle se trompe, mais c'est un autre problème!

Je suis d'accord Marie, c'est très désespéré en fin de compte. Cela commence un peu comme un roman sentimental, avec cette jeune fille plus une enfant, et donc qui trouve goût aux souvenirs de l'enfance, et qui rêve des premiers amours, avec les jeunes gens qu'elle connaît, ses voisins. Mais petit à petit cela s'assombrit, et on comprend à quel point Judith est en manque de quelque chose qu'elle n'a pas eu, et qu'elle ne comblera probablement jamais véritablement. Mais régler complètement la question des voisins, qui est une sorte d'obsession, va lui permettre de passer à autre chose, et peut être enfin de construire des relations plus satisfaisantes avec les autres, moins exclusives.

Je ne suis pas encore arrivée au bout mais pour l'instant, j'ai un peu la même analyse que Kenavo, on a l'impression qu'elle papillonne pour faire partie d'un groupe, être intégrée, les enfants d'à côté d'abord, Jennifer et sa cour ensuite. En même temps, son enfance solitaire peut expliquer cela, un manque qu'elle tente de combler du mieux qu'elle peut et elle reste tout au long du livre une "petite fille".
Il me manque des éléments, j'aurais peut-être un avis moins tranché après mais le problème pour moi c'est que le même schéma se répète chapître après chapître, ce manque d'évolution est un peu lassant, on a envie de la secouer un peu, qu'elle grandisse enfin.

Arabella a écrit:

Le chapitre 4 c'est avant tout l'apparition de la mère de Judith, et là nous comprenons mieux ses attachements passionnels aux êtres, et en particulier aux enfants d'à côté.

ah oui, tout à fait – on ne l’envie pas pour cette mère.. et on peut aussi mieux comprendre pourquoi cet attachement aux voisins – je pense que n’importe quelle autre personne serait venue dans son champ de vision – elle l’aurait « adopté » comme son objet de désir.. et avec autant de cible, elle avait plutôt l’embarras du choix

Marie a écrit:

Par contre, tu l'as, Kenavo, ton happy end dont tu parlais .

hm.. je dois dire que je n’éprouve pas trop de happy end – plutôt un léger désespoir.. elle me fait de la peine.. même si elle pense qu’elle sera ‘prête’ pour s’envoler dans le monde réel.. j’en doute..

Marie a écrit:

Elle était affranchie de sa faiblesse, de sa futile obsession de dépendance envers autrui. Elle n'avait plus personne qu'elle-même, et c'était mieux.
C'était celà le bonheur - ce vide, cet état de légèreté incolore, ce non-penser, ce non-sentir.

A mon avis, elle se trompe, mais c'est un autre problème!

à mon avis aussi

Epi a écrit:

c'est que le même schéma se répète chapître après chapître, ce manque d'évolution est un peu lassant, on a envie de la secouer un peu, qu'elle grandisse enfin.

oui, on ne peut qu’espérer qu’elle va trouver quelqu’un qui va la faire atterrir dans une réalité où elle arrive à se faire une vie..

Oui, nous espèrons tous pour Judith, en même temps je crois que Rosamond Lehmann est profondèment pessimiste, et que toutes ces blessures précoces, ces manques, ne peuvent être comblées plus tard. Judith s'est structurée d'une certaine faço, et il n'est pas sûr qu'elle puisse fonctionner autrement.

Arabella a écrit:

Oui, nous espèrons tous pour Judith, en même temps je crois que Rosamond Lehmann est profondèment pessimiste,

oui.. je te rejoins là-dessus..
c'est étrange de la retrouver après tant d'années.. je l'avais surtout en mémoire pour des romans.. au rythme lent.. mais je ne me rappelais plus de ce côté mélancolique/dépressif/pessimiste..
ainsi des lectures sont possibles à des niveaux divers et changent surtout aussi pour le lecteur avec l'âge, l'expérience..

Arabella a écrit:

et que toutes ces blessures précoces, ces manques, ne peuvent être comblées plus tard. Judith s'est structurée d'une certaine faço, et il n'est pas sûr qu'elle puisse fonctionner autrement.

certaines structures probablement ne peuvent plus changer.. mais je la pense toujours influençable - un entourage positif pourrait encore avoir un impact sur elle pour lui donner une autre direction