Le piano bar

Un peu de Bach bien connu, sur une chorégraphie de Sidi Larbi Cherkaoui :

Retour à Prokofiev pour ce 2e mouvement de la 3e symphonie qui reprend des thèmes de son opéra L'ange de Feu.

Marko a écrit:

C'est le week-end des étoiles...

Mon album de la semaine (ça veut dire que je l'écoute en boucle dans ma voiture avec la 3e symphonie de Prokofiev)



Avec notamment ces 4 tempéraments pour piano et orchestre à cordes de Paul Hindemith (composés pour un ballet de Balanchine) qui sont constitués d'un thème principal joué au début puis de 4 variations qui lui apportent une tonalité mélancolique, flegmatique, colérique ou sanguine selon la sagesse grecque:

Citation :

Le Colérique en rapport avec le feu et prédominance du sang, exacerbe l’ego. Symbole apocalyptique du Lion. Esprit de Domination.

Le Sanguin en rapport avec l’air et prédominance du système neurosensoriel, donne prépondérance à vie affective. Symbole apocalyptique de l’Ange. Esprit d’Harmonisation.

Le Flegmatique en rapport avec l’eau et prédominance du système végétatif, donne toute son importance à la vitalité. Symbole apocalyptique du Taureau. Esprit de Prolifération

Le Mélancolique en rapport avec la terre et prédominance de la structure osseuse et des sens, favorise l’intellectualité. Symbole apocalyptique de l’Aigle. Esprit d’Organisation ou de méthodologie

1ère vidéo: Le thème (Moderato - Allegro assai - Moderato) et la 1ère variation mélancolique (Lento - Presto)
2ème vidéo: sanguine (valse) et flegmatique (Moderato - Allegretto - Allegretto scherzando)
3ème vidéo: colérique (Vivace - Appassionato - Maestoso)



L'illustration de Feininger évoque la correspondance de la musique d'Hindemith avec le mouvement expressionniste et futuriste. Sa musique est souvent qualifiée de "motoriste" ou d'"utilitaire" de par ses recherches rythmiques lancinantes qui rappellent le monde industriel en opposition avec la tradition romantique. Mais sa musique n'est pas enfermée dans ce style et elle est souvent néoclassique avec une profonde originalité reconnaissable entre mille.

Un Prokofiev simple, classique, lyrique même, composé à la même époque que son ballet Roméo et Juliette: 2e mouvement du 2e concerto pour violon

"Je viens de rejouer la Neuvième Symphonie de Mahler. Le premier mouvement est les plus admirable qu'il ait jamais écrit. Il exprime un amour inouï de la terre et son désir d'y vivre en paix, d'y goûter encore la nature jusqu'à son tréfonds, avant que ne survienne la mort. Car elle viendra inéluctablement. Ce mouvement tout entier en est le pressentiment. Sans cesse elle s'annonce à nouveau. Tous les rêves terrestres trouvent ici leur apogée (et c'est là la raison d'être de ces montées gigantesques qui toujours se remettent à bouillonner après chaque passage tendre et délicat), surtout à ces moments terrifiants où l'intense désir de vivre atteint à son paroxysme (Mit höchster Kraft), où la mort s'impose avec le plus de violence. Là-dessus les terrifiants solos d'altos et de violons, les sonorités martiales: la mort en habit de guerre. Alors il n'y a plus de révolte possible. Et ce qui vient ensuite ne semble que résignation, toujours avec la pensée de l'"au-delà". Dans le passage misterioso, (...) de nouveau et pour la dernière fois, Mahler se tourne vers la terre. Non plus vers les combats et les exploits dont il a définitivement pris congé (comme il l'avait déjà fait dans Das Lied avec les descentes chromatiques morendo) mais plus encore vers la nature. Aussi longtemps que la terre lui offrira ses trésors, il les goûtera. Loin de tous les soucis, dans l'air libre et pur du Semmering, il se construira une maison pour boire cet air, le plus pur des airs terrestres, à grandes lampées et toujours plus profondément, afin ainsi d'élargir sans cesse son coeur, le plus admirable des coeurs qui ait jamais battu parmi les hommes, afin que ce coeur s'agrandisse toujours, jusqu'au moment où il cessera de battre. " Alban Berg



Ce long silence dans la salle au final, généré par le recueillement presque extatique d'Abbado, donne la chair de poule. Mais on comprend pourquoi... J'espère avoir un jour la chance de le voir la diriger à Paris ou ailleurs.

Premier mouvement du quatuor n°2 de Szymanowski.

Bruckner et sa 8e symphonie. Cet Adagio dirigé ici par Eugen Jochum avec le philharmonique de Berlin est une des plus belles musiques que je connaisse. Je trouve qu'il y a quelque chose qui évoque le 2e mouvement du concerto l'Empereur de Beethoven dans cette sublime ascension après 2'28. Un extrait (je n'ai pas trouvé la version intégrale de 25') :

Citation :

Par la démesure de ses dimensions et la profondeur de sa vision, la Huitième est considérée par certains comme étant le sommet de la symphonie, et le couronnement et l'épilogue de toute l'aventure humaine à l'aube d'un nouveau siècle.

Marko a écrit:

Ce long silence dans la salle au final, généré par le recueillement presque extatique d'Abbado, donne la chair de poule. Mais on comprend pourquoi... J'espère avoir un jour la chance de le voir la diriger à Paris ou ailleurs.

Je trouve aussi que Abbado est le plus grand chef d'orchestre.
Et Daniele Gatti est son digne successeur, à mon avis...

anagramme a écrit:

Marko a écrit:

Ce long silence dans la salle au final, généré par le recueillement presque extatique d'Abbado, donne la chair de poule. Mais on comprend pourquoi... J'espère avoir un jour la chance de le voir la diriger à Paris ou ailleurs.

Je trouve aussi que Abbado est le plus grand chef d'orchestre.
Et Daniele Gatti est son digne successeur, à mon avis...

Ce qui est formidable chez Abbado outre son génie et son hypersensiblité musicale c'est sa totale sincérité. Ce n'est pas du théâtre et quand on regarde ses expressions sans le son après la 13' c'est extraordinaire parce qu'il est tellement pénétré viscéralement par cette musique fulgurante qu'il semble en devenir le réceptacle tout entier avec quelque chose de douloureux et de subjuguant en même temps. Et si on est dans le même état émotionnel à ce moment là ça devient une expérience fabuleuse. Ce long silence respecté par l'auditoire contient toute la beauté et la force magnétique de ce qu'on vient d'entendre. C'est un des plus grands chefs d'orchestre mais on en a heureusement quelques autres J'essaierai d'aller le voir diriger Mahler à Pleyel cette année.

oui, il y en a d'autres, par exemple j'aime beaucoup Zubin Metha

anagramme a écrit:

oui, il y en a d'autres, par exemple j'aime beaucoup Zubin Metha

Oh oui! Je l'ai vu diriger Lohengrin et c'était quelque chose! J'aime beaucoup parmi les vivants: Kurt Masur, Myung-Whun Chung, Boulez, Ozawa, Ono, Haitink, Hartmut Haenchen, Mikko Franck, Barenboïm...

Encore un peu de Bruckner avec 2 mouvements de la 9e symphonie. Un extrait du 1er mouvement élégiaque par Rattle avec Berlin et le 2e mouvement par Karajan avec Vienne (j'adore l'opposition entre la valse légère et le rythme guerrier qui la précède):