Craig Johnson

bix229 a écrit:

Une petite mise au point quand meme. Depuis quelques années, sont publiés avec succès des polars
dont les ingrédients sont pratiquement les memes.
Les enqueteurs sont tous des anciens du Vietnam où ils se sont conduits héroiquement. Flics ou ex
flics, shérifs en fin de carière ou carrément reconvertis.
Leur compagne ou leur femme est morte. Souvent de mort violente.
Leur territoire est souvent en terre indienne, dans les états du Montana ou du Wyoming.
La conscience d' un pays sans conscience. Ils sont tous vieux, déglingués mais inusables, nostalgiques, mélancoliques, idéalistes malgré tout...
Les  ingrédients sont donc plutot semblables, mais la sauce et les épices sont différents.
Autrement dit le style.
Et les initiateurs du genre sont James Crumley et James Lee Burke.

C'est ce que je me suis dit au début :la guerre du Vietnam, sa femme est morte il ne s'en remet pas, c'est quand même assez cliché. Et puis, non. D'abord ces caractéristiques ne suffisent pas du tout à définir le personnage, il est vraiment très fouillé. Et puis le ton est tellement personnel, tellement original, qu'on s'en fout qu'il y ait certains éléments un peu basiques.

Il me dit bien ce bouquin. ça se passe où? Au Dakota, Colorado, Montana, Oklahoma?

pia a écrit:

Il me dit bien ce bouquin. ça se passe où? Au Dakota, Colorado, Montana, Oklahoma?

Wyoming, territoire Cheyenne...

On est d' accord, Topocl, mais c' est cette continuité qui m' a frappé. Il ne peut pas en etre autrement
quand on a lu Crumley et Burke...
D' ailleurs, si tu ne les connais pas, je te les conseille. Je considère Crumley comme l' égal de Jim
Harrison.

Wyoming..

bix229 a écrit:

si tu ne les connais pas, je te les conseille.

J'avais compris dès ton premier message   !

Je partage complètement l'avis de topocl après avoir enchaîné Little Bird et Le camp des morts.
Il y a d'abord la sensation d'arriver en terrain paradoxalement "familier" par son dépaysement et ses caractéristiques, mais Craig Johnson construit un univers qui trouve rapidement sa singularité. J'ai beaucoup aimé l'attention portée aux décors, à la nature, à la rudesse du climat. Chaque personnage (et le shérif Walt Longmire en particulier) est confronté à l'humilité et la fragilité de sa condition : l'amitié discrète avec Henry Standing Bear, comme fil conducteur, révèle ce mélange de sérénité et d'acceptation de soi...malgré les tourments et les coups durs.
L'enquête policière apparait à ses débuts presque secondaire, avant de cerner peu à peu les blessures d'une communauté. Il s'agit de saisir le poids d'un passé source de souffrance, et de faire revivre symboliquement des visages oubliés pour comprendre l'intensité des relations.
Les dialogues créent des fausses pistes par leur omniprésence tout en renforçant une amertume, une sensibilité contrariée. La vie personnelle de Longmire et les conflits provoqués par son métier s'entremêlent ainsi avec beaucoup de cohérence.

En effet, il y a cet aspect très cliché, on l'a déjà dit, le shérif avec la guerre du Viet Nam, sa femme morte dont il ne se remet pas, seul avec ses bouteilles de bière etc...
Le personnage de Henrry, aussi, on l'a vu partout, ce personnage issu d'une minorité méprisée (souvent un noir, ailleurs) qui est en fait l'incarnation de la sagesse, sur lequel le héros peut s'appuyer pour se reconstruire, sur lequel il peut compter à tout moment..
C'est la grande force de Craig Johnson, à partir de ces clichés, car il construit quelque chose de tellement fort, réellement original de par sa voix, sa langue, son message. Et d'aussi fort quand il ne se prend pas une seconde au sérieux

Avadoro a écrit:

. La vie personnelle de Longmire et les conflits provoqués par son métier s'entremêlent ainsi avec beaucoup de cohérence.

je suppose que le personnage de la fille ne va pas manquer de ressortir dans un des prochains opus.
Le camp des morts mlattend!

En accord global avec les appréciations çi dessus.
Avec quand meme quelques réserves quant aux interprétations sur le role de l' enquete.
Sur la primauté du comment et surtout du pourquoi plutot que  sur le[s] machab[s]. Ou meme sur le qui.

Et il y aurait aussi pas mal à dire sur l' éros du shérif Longmire, son veuvage prolongé et ses
frustrations affectives et sexuelles. Sa tendresse pour les amis et pour les femmes. 
Et sa personnalité particulière. Et ça vaut pour tous les personnages principaux.
Quand aux indiens, et plus particulièrement ici, les Cheyennes, la fascination et le désir d' en savoir
plus sur eux continue de me fasciner.

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Quelques photos sur les Bighorn Mountains et les grandes plaines du Wyoming.

Peut-être bien que Little birds sera ma prochaine lecture, je l'ai à proximité, et vous donnez envie !

Conclusion provisoire à propos de Little Bird : [mis en spoiler à la demande de Queenie pour éviter de déflorer l'intrigue]

Spoiler:

Déception, bix?