Glanages dans La Quinzaine Littéraire

Allez, Hop, je commence par :

- Julia BECK : Viviane Elisabeth Fauville. - Minuit

Voici une intrigue des plus simples : une femme dépressive, quittée par son mari arrive chez son psychanalyste et l' assassine. Viviane Elisabeth Fauville, c' est son nom et on peut l' appeler Mme Hermant, son nom d' épouse. Et on se doute que derrière ces noms multiples, plus rien n' est vraiment simple.

...La suite est conforme à ce qu' on lit dans les polars, avec enquete, interrogatoires, pistes diverses... Mais une autre lecture est possible, avec mari, femme, amant, maitresse, autrment dit "volage, passion, héritage - on est en pleine scène de la vie de province."

Le malaise de l' héroine est constant et se matérialise de façon précise. D' abord dans l' espèce de distance qu' elle entretient avec le monde, la ville qu' elle arpente... Une de ces errances se conclut dans un square où l' on "aère les enfants pauvres et les revendeurs de toxiques.".. On se croise, on se suit, on se cherche d' un point à l' autre. On ne se trouve pas vraiment...


Chercher, se chercher, c' est de ce coté-là que se situe Julia Deck... On est frappé par l' emploi de phrases déclaratives, par l' absence de points d' interrogation ou d' exclamation... La narratrice déroule, phrase après phrase. D' où l' impression, une fois la lecture terminée qu' on peut la reprendre comme si un cercle se fermait. Avec des trous, des éléments flous. "Il y a des choses qui échappent à l' auteur."

Mais le véritable trouble tient à l' emploi des noms et des prénoms... Ce jeu n' est pas fortuit, il est à l' image de cette femme qui ne sait plus qui elle est, ce qu' elle fait, ni où elle va...

Parmi les détails, nombreux sont ceux qui font sourire... La syntaxe est mise à mal et trduit le ttrouble extreme des sens.... Le sourire veint aussi de la situation sociale... L' humour est constant dans ce roman, qui rappelle celui de Bunuel ou de Lynch.


Le plaisir qu' on trouve à lire ce 1er roman laisse penser que J. D. aime s' amuser en écrivant. C' est un bon commencment.

Extraits de l' article de N. Czarny.

Présenté ainsi, ça me semble plutot amusant à lire... Et ça ne m' étonne pas que ce soit publié chez Minuit...

shanidar a écrit:

bon, il y a quelques années j'ai tenté P. Roegiers avec Le cousin de Fragonard, lequel était anatomiste et j'ai été très déçue... donc il me faudra une critique dithyrambique pour y revenir... Sinon je ne connais pas Julia Deck et les autres sont déjà bien représentés ici ou ailleurs...

Bon, alors une petite affiche inactuelle et pour piquer ta curiosité. Tu auras sans doute du mal à mettre la main sur les titres que je te propose, mais ta bibliothèque (je suppose que tu en as une) devrait t' aider. Cette liste est complètement subjective, mais il y a plusieurs choses qui relient les titres entre eux... En dehors du fait que c' est moi qui les ai choisis...

- Victor SEGALEN : René Leys

- Evgueni ZAMIATINE : L' Inondation

- Deszo KOSZTOLANIY : Alouette

- Kostas KOUMANDAREAS : La Verrerie

- Knut HAMSUN : Enfants de notre temps

- Laurie LEE : Par un beau matin d' été

- Norman LEWIS : Naples 44

- Nicolas BOUVIER : Routes et déroutes

- Tarjei VESAAS : Les Oiseaux

- FLETCHER : Iles paradis iles d' illusion

- Mika ETCHBEHERE : Ma guerre d' Espagne à moi

- WH HDSON : Vertes demeures

Et si tu ne trouves rien de tout cela, tant pis ! C' était juste une suggestion...

Bix a écrit:

Allez, Hop, je commence par :

- Julia BECK : Viviane Elisabeth Fauville. - Minuit

Merci! Un drôle de roman, assez absurde, où j'ai peiné à trouver mes marques. Je vais ouvrir un fil, son style peut plaire à d'autres, c'est certain, d'autant que l'humour est bien là. Mais trop d'inconsistance pour moi, il n'en ressort que l'exercice de style, à mes yeux..

merci bix

je viens de recopier cette liste dans mon précieux carnet. Tu m'avais déjà recommandé la lecture de Norman Lewis après ma lecture de Malaparte et je l'ai repéré dans une bibliothèque que je ne fréquente pas mais qui n'est pas trop loin pour s'y rendre (à suivre donc...).

Maline a écrit:

Je serais curieuse de connaître ce qu'ils écrivent sur Christa Wolf.

- Christa WOLF : Ville des anges. - Seuil

Ce livre brasse énormément de sujets qui ont tous touché de près C. Wolf. C' est pour cela que c' est difficile à résumer, mais c' est interessant aussi...

Il est évidemment question du voyage qu' elle fit en 1992 à Los Angeles et en Californie. Elle y reste un an et renncontre de nombreuses personnes du monde culturel. Il faut dire que le mur de Berlin s' est écroulé en 1989 et 3 ans plus tard, l' Allememagne se réunifie, suscitant la méfiance devant une nouvelle menace hégémonique. Pour elle, c' est ausi l' occasion de s' éloigner d' un pays qu' elle ne supporte plus.

C.W. n' écrira son livre que 10 ans plus tard. Et il y sera question de la Californie, mais aussi de l' Allemagne où elle naquit dans le 3e Reich. En 1945, c' est l' exode et l' occasion pour les jeunes idéalistes de la RDA d' espérer une nouvelle forme de démocratie, différente du capitalisme. La désillusion viendra pour eux tous. Mais C.W. n' oubliera jamais cette époque où ceux qui s' étaient battus pour la nouvelle république -la RDA- furent honteusment trompés.

Comme beaucoup d' Allemands de l' époque, elle culpabilisa à propos du nazisme et ensuite du communisme. En effet, après l' ouverture des archives de la STASI (la police politique), elle fut accusée de complicité avec le régime.Elle savait que certains cherchaient à lui nuire et cherchaient un bouc émissaire... C' était l' intégrité meme de C.W. qui était mise en cause, alors qu' elle avait pris parti pour des auteurs réprimés. Mais quand on vit dans un pays comme la RDA, personne ne peut etre considéré comme innocent, c' est ce qu' elle semble suggérer et c' est ce que je crois avoir compris...

Voilà Maline ! J' espère ne pas avoir trahi un livre que je n' ai pas lu mais que j' ai résumé. Il ne me reste qu' à le lire !

Merci, bix. C'est un bon résumé. J'ai lu le livre de Christa Wolf l'année dernière en allemand mais je dois encore donner mes impressions sur son fil

Maline a écrit:

Merci, bix. C'est un bon résumé. J'ai lu le livre de Christa Wolf l'année dernière en allemand mais je dois encore donner mes impressions sur son fil

Impressions favorables quand meme ?

Tout à fait favorables, mais Christa Wolf n'est pas une écrivaine facile. Günter Grass en premier a dit qu'elle méritait autant que lui d'être nobélisée.

Au sommaire -copieux- du n° 1 069

- Patrick MODIANO : L' Herbe des nuits

- Mathieu RIBOULET. - Les oeuvres de miséricorde

- Philip ROTH : Némésis

- François BON : Autobiographie des objets

- Jean ECHENOZ. : 14

- Vilhelm MOBERG : La Femme d' un seul homme

- Yassaman MONTAZAMI : Le Meilleur des jours

- Viola DI GRADO : 70% acrylique 30% laine

- Christos CHRYSSOPOULOS : La Destruction du Parthénon

- Imre KERTESZ : Sauvegarde. Journal 2001-2003

- Pascal QUIGNARD : Les Désarçonnés

- Federigo TOZZI : Les Betes

Comme d' habitude, je parlerai en premier d' un ouvrage qui vous interese.

Riboulet ?

quelque chose me retient de lire cet auteur, sans que j'arrive vraiment à savoir de quoi il s'agit...

Ecoute Shanidar, je crois que tu devrais apprécier Riboulet. Voilà quelqu' un qui a beaucoup souffert dans son enfance. Cette souffrance ne l' a pas quitté, mais il sait l' utiliser à bon escient pour creuser son sillon sans jérémiades. Ceci pour m' excuser de ne pas vraiment te résumer l' article. Je ne suis pas en état pour, et je ne suis pas sur que l' introduction t' aidera beaucoup. Enfin...

Mathieu RIBOULET : Les Oeuvres de miséricorde. - Verdier

Un récit hybride qui fait s' entrecroiser l' expérience intime, la mémoire collective, le savoir érudit ; et réfléchit leur inscription dans le mouvement angoisssé d' une vie hantée par les épreuves, qui nous rappelle que "nous risquons toujours tout."

Introduction à l' article de Hugo Pradelle

Je te conseillerais personnellement l' Amant des morts pour mieux comprendre ce que MR a vécu et enduré.

c'est noté bix !

Vilhelm MOBERG : La femme d' un seul homme. - Ed. de l' Elan

Pour ceux qui, comme moi, avaient apprécié la saga des Emigrants, l' Elan réédite La Femme d' un seul homme.

Ce n' est une nouvelle pour personne, les histoires d' amour ont souvent inspiré les auteurs. Moberg, qui nous raconter l' histoire d' une jeune paysanne y parvient.

Moberg se livre à une analyse psychologique poussée de ses personnages et nous dépeint l' éveil d' une conscience qu' il serait peut etre abusif de qualifier de féministe, mais qui en est l' ébauche non formulée. Margit, l' héroine aspire à quelque chose autre que ce que lui offre le destin...
Sa quete est moins l' amour à proprement parler que la liberté d' aimer et , plus largement la liberté de décider du cours de sa vie.

Tout le roman repose sur l' exploration des relations au sein de l' éternel triangle, le mari, la femme et l' amant. Chacun joue son role de bonne foi, avec honneteté...

Tout cela et aussi le monde rural, est peint avec justesse dans une écriture magnifique très bien rendue par la traductrice, Margueritte Bay.

Extraits de l' article de Santiago Artozqui