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| Yasujiro Ozu | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 22 Fév 2008 - 12:01 | |
| - Stell_A a écrit:
- eXPie a écrit:
- C'est sans doute la psychologie un peu rigido-obscuro-bizarre du Père qui t'a gênée, Nezumi ?
Ah, tu le vois comme ça ? Je l'aime beaucoup ce père pour qui l'avenir de son fils passe avant tout.
Tout à fait d'accord avec toi Stell_A...Pour lui donner le meilleur, il mesembleque le pères'impose aussi à lui-même le sacrifice de la séparation... | |
| | | Elise Envolée postale
Messages : 129 Inscription le : 23/08/2008 Age : 37
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 1 Sep 2008 - 19:39 | |
| Ho, je ne peux m'empêcher de déterrer ce vieux sujet car il m'intéresse beaucoup. Ozu est un de mes réalisateurs préférés.
Si je puis me permettre d'ajouter quelques remarques sur Il était un père : ce film est d'une force terrible. Rarement Ozu aura été plus "noir" que dans ce film (à part dans Crépuscule à Tokyo, qui est le plus triste d'entre les plus tristes, le plus magnifique, aussi, injustement méconnu, je ne sais pas très bien pourquoi, même si j'adore Voyage à Tokyo et tant d'autres). Je vais tenter de dire pourquoi selon moi.
Il faut savoir que l'expressivité des sentiments diffère beaucoup, que l'on soit en orient ou en occident (pour aller très très vite, je schématise beaucoup). Ou peut-être, plus précisément, sont-ils en orient semblables à ceux qui ont pu avoir lieu en occident quelques temps plus tôt. Surtout du point de vue de la figure masculine. Je veux dire par là, très connement sûrement, que le père est là-bas l'autorité, celui qui définit les règles, qui ne pleure pas, qui ne verse pas dans le sentiment, qui décide, qui régit, qui ne câline pas - qui est froid par essence donc. Globalement - et cela se ressent dans les films d'Ozu - les femmes sont celles qui pleurent, qui extériorisent le plus, particulièrement quand elles sont jeunes d'ailleurs.
Vous avez raison de souligner la tendresse effective du père (et d'ailleurs, les scènes de pêche sont sublimes) pour son fils, qui souhaite le meilleur pour lui. Mais il est aussi vrai que le père a, de fait, une retenue qui fait souffrir le fils - le décalage de génération (les jeunes extériorisent plus que les anciens), et l'absence de la mère (habituellement celle qui "fournit" donc la tendresse aux enfants) appuyant cette souffrance. Le génie de ce film est de ne juger ni le fils, ni le père - mais de souligner cette terrible incommunicabilité, cette impossibilité, pour l'un et l'autre, de conjuguer leur tendresse mutuelle, du fait de cette absence, de ce décalage, et du "principe de réalité", évidemment (il faut rappeler que le film date de 1942, période un peu particulière pour le Japon, bien sûr). Aussi la fin est horriblement triste - tous deux ont "fait de leur mieux", mais rien n'a été réellement possible, hormis cette toute petite semaine passée ensemble. La tristesse du fils est terrible : il aime son père pour ce qu'il est, et c'est ce qu'il est qui le rend malheureux, mais il ne peut pas lui en vouloir, etc. Enfin, c'est une lecture possible, évidemment, et moi-même je ne me fixe pas forcément là-dessus. | |
| | | Scarabée Envolée postale
Messages : 231 Inscription le : 14/05/2008 Age : 40
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 5 Jan 2009 - 18:28 | |
| Je me suis intéressé aux films d'Ozu après avoir lu L'élégance du hérisson. En bon "fétichiste", je me suis procuré les trois coffrets de ce réalisateur, et ai donc dévoré quelques uns de ses films. Souvent j'ai un peu de mal avec la longueur (2h voire plus) mais l'intérêt est là. L'humour et la gravité se mêlent sans cesse (ou presque) et c'est avec plaisir que l'on se plonge dans cette société japonaise en pleine mutation. Comme vous, j'ai particulièrement apprécié Il était un père que j'ai trouvé profondément émouvant. La piètre qualité de l'image ne fait qu'apporter un "charme" supplémentaire. J'ai trouvé ce père très attachant et admirable malgré sa carapace. Peut-être cette dernière met-elle davantage en relief ses qualités humaines: sacrifice, dévotion, intégrité. J'ai regardé hier Une femme de Tokyo qui doit faire partie des premiers films d'Ozu, et là ça ne verse pas du tout dans l'humour. Court film de 47 minutes, c'est une femme à double vie, travaillant dans un cabaret douteux la nuit pour subvenir à ses besoins et à ceux du frère faisant ses études. Ca débouche sur une catastrophe... J'ai l'impression qu'avec Ozu, plus le temps passe dans l'époque de ses films, plus ils sont "légers". Il y aurait tellement à dire que je préfère m'arrêter là. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 5 Jan 2009 - 19:20 | |
| - The Valuk a écrit:
- J'ai l'impression qu'avec Ozu, plus le temps passe dans l'époque de ses films, plus ils sont "légers". Il y aurait tellement à dire que je préfère m'arrêter là.
Euh... à part Bonjour, qui est drôle (mais plus que drôle), ses longs métrages parlants ne sont pas vraiment légers... mais 'ai peut-être mal compris ce que tu as écrit, et je confonds "léger" et "drôle". Voyage à Tokyo, le Goût du saké, Eté précoce, Printemps Précoce, etc. sont assez sombres. Mais, si tu veux, le scénario peut paraître "léger", comparé à Kurosawa, par exemple. Les films d'Ozu peuvent paraître un peu long la première fois qu'on commence à en voir. Ou on accroche complètement, ou on s'endort parce qu'on ne perçoit pas ce qui se passe vraiment, entre les mots. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 5 Jan 2009 - 20:20 | |
| Gosses de Tokyo avait des moments vraiment très très drôle !
(Et j'ai toujours Il était un père, et je ne l'ai toujours pas regardé...) | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 5 Jan 2009 - 21:35 | |
| - Queenie a écrit:
- Gosses de Tokyo avait des moments vraiment très très drôle !
(Et j'ai toujours Il était un père, et je ne l'ai toujours pas regardé...) Oui, mais c'est un film muet. Comme je l'ai déjà écrit dans un post précédent, Ozu avait un passé de gagman, alors même dans ses films sérieux, il y a souvent un petit gag quelque part. Certains disent que Kurosawa et Ozu se complètent bien : les portraits de femmes chez Ozu et les portraits d'hommes chez Kurosawa. Kurosawa et l'occident, c'est un long sujet d'influences réciproques ; Ozu, lui, est plus japonais dans l'inspiration. Un film d'Ozu, c'est un peu comme une pièce de Tchekov : ça peut paraître mineur, mais c'est dans le détail, l'agacement de la femme citadine devant la façon paysanne de son mari d'aspirer ses pâtes, que se révèlent les ressentiments, les relations cachées (note : il faut faire du bruit en aspirant ses pâtes, car elles sont brûlantes ; or, en aspirant les pâtes bruyamment, on les refroidit en même temps, et ainsi, on ne se brûle pas. C'est tout un art). | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 5 Jan 2009 - 22:23 | |
| Bonne occasion de mentionner le film "documentaire" splendide de Wim Wenders, Tokyo-Ga, où il parle longuement de son admiration pour Ozu et sa façon de travailler. Si je me rappelle bien il y a entre autres un longue entretien avec son cameraman de l'époque. | |
| | | Scarabée Envolée postale
Messages : 231 Inscription le : 14/05/2008 Age : 40
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mer 7 Jan 2009 - 20:17 | |
| Oui, eXpie, je voulais dire "léger" dans le sens où il ne se passe pas grand chose dans les films d'Ozu, mais je trouve que le ton est aussi moins dramatique au fur et à mesure. Après je me trompe peut-être que car je n'ai pas encore tout vu de lui, loin de là. Peut-être même que Bonjour m'a tellement amusé que j'extrapole un chouilla avec le reste... | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 12 Jan 2009 - 11:07 | |
| Il était un père
Je crois que ce n'est pas trop la peine d'en rajouter, Elise, notamment, a fait un commentaire qui correspond exactement à ce que j'ai ressenti en voyant ce film : un flot de tendresse contenue (le nombre de fois où je me disais : ça y est, là ils vont se le faire ce câlin !). Des regards, des sourires, des phrases qui en disent vraiment énormément sur leur relation, leurs désirs en contradiction avec leurs obligations.
C'est sublime de sobriété et de douceur, on a envie qu'ils se retrouvent enfin, vraiment.
(Je me demande si métaphoriquement ça n'a pas un poids énorme la mort du père au moment où le fils et lui parviennent enfin à vivre un peu ensemble...)
C'est poétique sans être poétisant, ça se laisse bien regardé, et en même temps c'est plein de petits moments vraiment oniriques dans le quotidien.
Il était vraiment fortiche cet Ozu. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 12 Jan 2009 - 11:46 | |
| Même sentiment pour Il était un père. On a eu une rétrospective Ozu à Lille, il y a 3 ans environ, qui couvrait 20 ans de son cinéma en 10 films. Je n'ai pas pu tous les voir mais j'ai complété avec ceux que je n'avais pas encore vus. L'un des plus beaux films avec Voyage à Tokyo et le goût du saké est peut-être Crépuscule à Tokyo où une mère qui a abandonné ses 2 filles finira à son tour par devoir quitter la ville au moment de les retrouver. Il est plus mélodramatique que les autres mais c'est très beau. Il a fait aussi beaucoup de variations sur les mêmes thèmes en réalisant de véritables remake de certains de ses films plus anciens. J'aime cette idée de retravailler la même matière pour en montrer d'autres éclairages. Crépuscule à TokyoLe goût du sakéVoyage à TokyoJ'en profite pour rappeler l'hommage rendu à Ozu pour le centenaire de sa naissance par le grand réalisateur taïwanais Hou Hsio Hsien avec Café Lumière. Il ne l'imite pas mais il tente d'en saisir l'essence. Cet intérêt porté à la description du quotidien, aux rituels, aux difficultés de communication, aux drames humains montrés avec pudeur et simplicité. «Les films d'Ozu sont les plus beaux films du monde. Je vous parle de ce que je considère comme le paradis perdu du cinéma. Si notre siècle donnait encore une place au sacré, s'il devait s'élever un sanctuaire du cinéma, j'y mettrais Ozu.» Wim Wenders | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 12 Jan 2009 - 12:23 | |
| Dans le dernier Paul Auster Man In the Dark/Seul dans le noir, il y a une très intéressante analyse de Voyage à Tokyo faite par le narrateur à sa petite-fille. Un des meilleurs passages du roman. |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 12 Jan 2009 - 12:28 | |
| - Nezumi a écrit:
- Dans le dernier Paul Auster Man In the Dark/Seul dans le noir, il y a une très intéressante analyse de Voyage à Tokyo faite par le narrateur à sa petite-fille. Un des meilleurs passages du roman.
Une raison de plus pour voir ou revoir Voyage à Tokyo avant de lire le Paul Auster! J'aime tous ces liens!! Merci Nezumi | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 4 Juin 2009 - 19:51 | |
| Vu récemment un Ozu muet, fort drôle.
La femme et les favoris (Yasujiro Ozu, 1931). Une comédie de moeurs vaguement policière, autour d'un homme barbu, qui montre un Ozu première manière, de l'époque du muet, plutôt primesautier et optimiste. Film tourné à 28 ans, la mélancolie lui est encore étrangère. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 14 Aoû 2009 - 8:38 | |
| Le goût du sakéPetite ligne sur l'histoire : Un père veuf qui se fait vieux a trois enfants : un fils marié qui vit sa vie, mais a du mal à gérer ses finances, une fille qui commence à se faire vieille (26 ans) et qui est au moment où il faut choisir entre se trouver un mari ou se "sacrifier" pour rester auprès de son père seul, un troisième fils encore étudiant (personnage complètement effacé, peu présent et ... inutile??) Encore et toujours l'image du père tendre, qui aime ses enfants, et tente de tout faire pour qu'ils soient heureux, tout en discrétion. Hirayama (le père donc) boit énormément, passe beaucoup de temps au bar avec ses deux potes ou avec des connaissances de passage. Les mêmes sujets reviennent souvent : la vieillesse, la peur de la solitude (un de ses amis s'est trouvé une femme jeune et en vante les atouts à tout bout de champ), la peur de voir ses enfants malheureux. Hirayama regarde les femmes autour de lui, à la fois parce qu'il est seul, et qu'il pense au fond qu'il faudrait peut-être qu'il s'en trouve une, et également pour comparer avec sa propre fille : qu'est ce qui serait le mieux pour elle ? Elle ne semble pas vouloir de mari, et en même temps ce sens du sacrifice est-il la meilleure solution ? Ozu montre pas mal les femmes dans ce film, les hommes sont surtout des observateurs, des penseurs. Et les femmes semblent être à un moment charnière : toujours à devoir servir un homme (le père ou le mari) mais commençant à s'émanciper (elles n'hésitent pas à envoyer bouler l'homme quand il le faut, ou à lui donner des ordres). C'est terrible de voir comment l'homme est complètement paumé par rapport à ce changement de valeur. Ozu montre énormément la solitude, l'incompréhension, la pauvreté et la modernité qui arrive et bouleverse les choses établies. Des plans avec des couleurs vraiment ahurissantes de clarté et de gris à la fois. Avec souvent des lieux vides, calmes, au détour desquels dans une pièce on trouve un noyau bruyant, perdu. A l'image des personnages de Ozu (froid et maitre d'eux même vu de l'extérieur, embrouillés et paniqués à l'intérieur) ? Parfois la rigidité des plans et du jeu des comédiens m'a un peu gênée. Alors que je n'avais pas du tout ressenti ça pour Gosses de Tokyo ou Il était un père... Peut-être parce que Le goût du saké est plus moderne du coup j'en attendais plus de mouvements ... ? Bon et puis, on s'y fait à ce rythme répétitif (même la narration est ultra répétitive) : ça creuse petit à petit. ça se répète et ça montre combien c'est quotidien et lourd à porter. Et y'a toujours ces petites scènes drôlissimes qui allègent un peu la misère ambiante. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 14 Aoû 2009 - 18:06 | |
| - Queenie a écrit:
Le goût du saké Ozu montre énormément la solitude, l'incompréhension, la pauvreté et la modernité qui arrive et bouleverse les choses établies.
Tu donnes envie de le revoir! Et quand tu écris ça je trouve que le film Tokyo Sonata se rapproche de cet univers. Vivement le DVD dailleurs. | |
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| Sujet: Re: Yasujiro Ozu | |
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| | | | Yasujiro Ozu | |
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