Yasujiro Ozu

Avadoro a écrit:

Carlotta devrait sortir un coffret DVD avec 14 films d'Ozu (période noir et blanc) au printemps. De quoi encore reparler de son oeuvre...

Il est sorti et il est beau!! Un choix de films de 1932 à 1953.

bix229 a écrit:

Ce que tu écris, Louva, sur la lenteur et sur la radio recoupe un échange que nous avons eu sur la radio.
je ne l' ai pas retrouvé et c' est dommage...

En tout cas, je sais que je disais, qu' en cette époque où les images prolifèrent - les meilleures et
souvent les pires - l' image tuait l' imagination. J' aime le recul que nous laisse la radio et l' attention
que l' on prete à une voix. 
Cette magie de la voix existe toujours et c' est pour cela que la radio garde tout son interet.

Je profite de la relecture de ce fil pour rebondir sur ton commentaire. Je suis d'accord avec le plaisir que procure le son, la voix, la place laissée à l'imaginaire, le temps pris pour écouter et ressentir les choses. Mais je nuancerais en ce qui concerne les images. Il y a aussi des sons qui prolifèrent et des images qui savent contempler le monde, laisser de la place pour l'imagination et créer de la magie. Tsai Ming Liang nous l'a encore montré récemment avec son merveilleux "Les chiens errants". Lui qui dit que "La lenteur c'est la beauté". Il me reste à mieux apprivoiser l'univers d'Ozu qui me fait penser à ce qu'Arabella dit de l'écriture de Barbara Pym. Ce coffret sera une bonne occasion...

Marko a écrit:

Il me reste à mieux apprivoiser l'univers d'Ozu qui me fait penser à ce qu'Arabella dit de l'écriture de Barbara Pym. Ce coffret sera une bonne occasion...

Sacré Marko !   

Je tiens quand même à dire que je n'ai jamais fait de rapprochement entre Ozu et Barbara Pym. Même si je ne connais pas très bien Ozu. 

Arabella a écrit:

Je tiens quand même à dire que je n'ai jamais fait de rapprochement entre Ozu et Barbara Pym. Même si je ne connais pas très bien Ozu. 

Et moi Barbara Pym! Ce que tu en dis suggère beaucoup de subtilité derrière des apparences banales et quotidiennes, des petits riens qui expriment beaucoup. C'est ce que j'ai trouvé en regardant Le Goût du saké.

Et bien après la lecture commune tu pourras tenter l'ébauche d'une audacieuse comparaison.   
Les deux oeuvres s'ancrent énormément dans le réel, le quotidien à un endroit donné et à un moment donné. Et ce sont des univers très différents en apparence. Après, on peut évidemment rétorquer que ce n'est pas le plus essentiel.
Une dimension qui existe chez Barbara Pym, tout au moins dans certaines de ses oeuvres, c'est une dose d'humour, de dérision, que je n'ai pas réellement eu le sentiment de voir chez Ozu. Mais encore une fois je le connais mal.

Marko a écrit:

Arabella a écrit:

Je tiens quand même à dire que je n'ai jamais fait de rapprochement entre Ozu et Barbara Pym. Même si je ne connais pas très bien Ozu. 

Et moi Barbara Pym! Ce que tu en dis suggère beaucoup de subtilité derrière des apparences banales et quotidiennes, des petits riens qui expriment beaucoup. C'est ce que j'ai trouvé en regardant Le Goût du saké.

Je note en tout cas! Comme le dit Arabella ce que j'apprécie aussi, c'est le recul dû à la dérision chez Barbara Pym, toujours avec cette idée de suggérer sans appuyer, l'air de rien. Moi ça me fait penser aussi à Peter Stamm, alors vous voyez, tout cela reste très subjectif   

Je viens de me procurer le coffret et compte profiter de mes congés d'été pour me lancer dans les découvertes et révisions.
Sur le rapprochement (audacieux) avec Barbara Pym, on peut retrouver l'importance symbolique du mariage comme enjeu dramatique et la complexité des liens intergénérationnels dans des milieux sociaux très codifiés. Je partage l'avis d'Arabella sur l'absence d'humour chez Ozu, où la légèreté est souvent trompeuse et se teinte d'amertume et de regret. Ce contraste est logique vu la distance des époques et des modes de vie.

Pour revenir au cinéma d'Ozu, il ne me laisse pas une impression de lenteur. Il faut s'habituer à suivre (pour l'essentiel) un espace clos, un microcosme familial mais les émotions sont vives et les tensions omniprésentes, révélant les doutes, espoirs et frustrations.
La cohérence de l'oeuvre est passionnante tant les scénarios semblent se ressembler, avec d'infinies variations qui reflètent une patiente évolution. Ozu scrute les nuances d'un monde en mouvement et la dimension statique de sa mise en scène renforce paradoxalement la portée du moindre changement ou remise en question.

Je sens que je ne vais pas tarder à me le procurer non plus.   

Cela promet des échanges passionnants, et sans doute d'autres analyses audacieuses.

Avadoro a écrit:

Je viens de me procurer le coffret et compte profiter de mes congés d'été pour me lancer dans les découvertes et révisions.

Je ne peux pas résister non plus. C'est un bel objet plein de promesses.

Avadoro a écrit:

Pour revenir au cinéma d'Ozu, il ne me laisse pas une impression de lenteur. Il faut s'habituer à suivre (pour l'essentiel) un espace clos, un microcosme familial mais les émotions sont vives et les tensions omniprésentes, révélant les doutes, espoirs et frustrations.

Je suis bien d'accord. Et il y a (quasiment ?) toujours un petit gag à un moment ou à un autre...
Ozu, c'est un peu comme les pièces de Tchékhov ou les chansons de Brassens : ça peut se ressembler, mais de loin. Dès qu'on s'approche un peu, les différences sont bien là...