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| Yasujiro Ozu | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mar 18 Aoû 2009 - 21:20 | |
| - Queenie a écrit:
Le goût du saké
Petite ligne sur l'histoire : Un père veuf qui se fait vieux a trois enfants : un fils marié qui vit sa vie, mais a du mal à gérer ses finances, une fille qui commence à se faire vieille (26 ans) et qui est au moment où il faut choisir entre se trouver un mari ou se "sacrifier" pour rester auprès de son père seul, un troisième fils encore étudiant (personnage complètement effacé, peu présent et ... inutile??)
Encore et toujours l'image du père tendre, qui aime ses enfants, et tente de tout faire pour qu'ils soient heureux, tout en discrétion.
Hirayama (le père donc) boit énormément, passe beaucoup de temps au bar avec ses deux potes ou avec des connaissances de passage. Les mêmes sujets reviennent souvent : la vieillesse, la peur de la solitude (un de ses amis s'est trouvé une femme jeune et en vante les atouts à tout bout de champ), la peur de voir ses enfants malheureux.
Hirayama regarde les femmes autour de lui, à la fois parce qu'il est seul, et qu'il pense au fond qu'il faudrait peut-être qu'il s'en trouve une, et également pour comparer avec sa propre fille : qu'est ce qui serait le mieux pour elle ? Elle ne semble pas vouloir de mari, et en même temps ce sens du sacrifice est-il la meilleure solution ?
Ozu montre pas mal les femmes dans ce film, les hommes sont surtout des observateurs, des penseurs. Et les femmes semblent être à un moment charnière : toujours à devoir servir un homme (le père ou le mari) mais commençant à s'émanciper (elles n'hésitent pas à envoyer bouler l'homme quand il le faut, ou à lui donner des ordres). C'est terrible de voir comment l'homme est complètement paumé par rapport à ce changement de valeur.
Ozu montre énormément la solitude, l'incompréhension, la pauvreté et la modernité qui arrive et bouleverse les choses établies.
Des plans avec des couleurs vraiment ahurissantes de clarté et de gris à la fois. Avec souvent des lieux vides, calmes, au détour desquels dans une pièce on trouve un noyau bruyant, perdu. A l'image des personnages de Ozu (froid et maitre d'eux même vu de l'extérieur, embrouillés et paniqués à l'intérieur) ?
Parfois la rigidité des plans et du jeu des comédiens m'a un peu gênée. Alors que je n'avais pas du tout ressenti ça pour Gosses de Tokyo ou Il était un père... Peut-être parce que Le goût du saké est plus moderne du coup j'en attendais plus de mouvements ... ? Bon et puis, on s'y fait à ce rythme répétitif (même la narration est ultra répétitive) : ça creuse petit à petit. ça se répète et ça montre combien c'est quotidien et lourd à porter.
Et y'a toujours ces petites scènes drôlissimes qui allègent un peu la misère ambiante. Queenie, je pense que les films de Mikio Naruse sont faits pour toi ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mar 18 Aoû 2009 - 22:50 | |
| - traversay a écrit:
Queenie, je pense que les films de Mikio Naruse sont faits pour toi ! Je suis allée (re)voir le fil de Naruse. Si j'en trouve dans ma bibliothèque, je l'emprunterais. Pourquoi pas. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mar 18 Aoû 2009 - 23:20 | |
| Tiens moi au courant. Merci. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Sam 12 Déc 2009 - 16:40 | |
| Comme je suis en train de préparer un fil sur Youssef Ishagpour, j'en profite pour conseiller ce petit livre sur Ozu qui est très éclairant comme tout ce qu'écrit cet auteur qui s'intéresse au cinéma, à l'art et à l'Orient. Formes de l'impermanence, le style de Yasujiro Ozu - Citation :
- Mu jô : rien constant : l'impermanence.
Ce sentiment imprègne, au Japon, le mode de vie, la croyance zen, l'esthétique du moment évanescent et celle de l'intervalle. Il caractérise le style du plus japonais des cinéastes : Yasujiro Ozu. Sans transcendance, ou désir de sortir de la vie ordinaire; au contraire même : compassion douce, calme et délicate à son égard, cette " euphorie de l'extase apathique ", cette connaissance de l'impermanence - du Rien comme l'être du monde, qui désubstantialise tout et transforme toute chose en aspect fugace - engendre le détachement, l'état de béatitude esthétique : la forme. Attentive à la beauté de ce qui est éphémère, cette connaissance de " ce qui va parce qu'il va ", cette conscience de " la dernière fois ". rencontre, chez Ozu, l'une des possibilités ultimes du cinéma image fugace et sans substance de ce qu'on voit, de l'impermanence du monde et de la vie ordinaire.
Dernière édition par Marko le Sam 12 Déc 2009 - 16:42, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Sam 12 Déc 2009 - 16:42 | |
| - Marko a écrit:
Formes de l'impermanence, le style de Yasujiro Ozu
Oh je veux je veux je veux! |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Sam 12 Déc 2009 - 16:43 | |
| - Nezumi a écrit:
- Marko a écrit:
Formes de l'impermanence, le style de Yasujiro Ozu
Oh je veux je veux je veux! En plus il fait 104 pages. A dévorer! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mer 17 Fév 2010 - 11:03 | |
| J'ai enfin vu Bonjour !
Ah les gamins pétomanes quelle poilade !
J'ai adoré comment il a filmé ce petit "quartier", avec des ouvertures partout sur tous les voisins... Lieu tellement idéal pour faire naître les rumeurs. Desperate Housewife c'est de la pichnette à côté! Les banlieues américaines n'ont rien inventé! Ozu est le meilleur pour montrer comment glisser insidieusement la petite phrase qui tue, qui gongle, qui creuse, torture, rend mauvais. L'éclatement de la communauté est terrible.
J'adore ces côtés ultra réalistes à nous montrer les problèmes socio-économiques des gens : le chômeur qui fait prof d'anglais et traducteur pour pouvoir gagner un peu d'argent, amoureux d'une femme mais trop pauvre pour oser la "draguer" - le gars à la retraite qui se sent complètement inutile et va se bourrer la gueule au bar - les colporteurs qui sont regardés d'un très mauvais oeil et qui tente désespérément de juste vendre un crayon ou une brosse à dent...
Terrible!
Ozu est juste Balèze.
Et il me reste plein de films à voir : You.Pi ! | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mer 17 Fév 2010 - 12:30 | |
| - Queenie a écrit:
- Et il me reste plein de films à voir : You.Pi !
Profites-en ! Bon, après, il reste le (grand) plaisir de les revoir. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mer 24 Fév 2010 - 14:54 | |
| Je me regarde Fleurs d'equinoxe par petits morceaux. C'est un régal. Ah ils se manipulent les uns les autres, les relations de pouvoir sont mises à mal, on sent la jeunesse qui veut se rebeller et tout faire péter, et les "vieux" qui tentent d'être bons avec leurs enfants, tout en essayant de maintenir des traditions (qu'ils savent "mauvaises" mais dont ils ne savent pas se départir).
Ah les petites maisons, les petits bars, les kimonos, les bureaux, les lumières...
Stun chef st'Ozu. J'aime. Il me vide la tête, et fait passer des trucs terribles avec une certaine légèreté. Et le côté désuet y ajoute une grosse dose de charme jtrouve. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 25 Fév 2010 - 18:14 | |
| GirlPowaaaa. Ozu donne la modernité dans les mains toutes fines des femmes. Elles sourient et lentement, mais sûrement, font avaler la pilule du nouveau monde aux maris mal embouchés.
Hihi. | |
| | | Roderick Usher Posteur en quête
Messages : 75 Inscription le : 23/10/2009 Age : 32
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 26 Fév 2010 - 18:41 | |
| Ozu cinéaste hors norme, entre ses mains le film intimiste devient pur poésie et acquiert une prodondeur métaphysique, sans jamais se départir d'une grande simplicité, formidable!!! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Sam 27 Fév 2010 - 10:24 | |
| - Victor Hugo a écrit:
- Ozu cinéaste hors norme, entre ses mains le film intimiste devient pur poésie et acquiert une profondeur métaphysique, sans jamais se départir d'une grande simplicité, formidable!!!
Tutafé. Il parvient à être tout léger, drôle, doux, tout en racontant des trucs super durs, avec de vrais bouleversements. | |
| | | Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Sam 27 Fév 2010 - 18:04 | |
| Je sens que je rate quelque chose. Tant pis pour moi. Il ne sera jamais trop tard. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Lun 8 Mar 2010 - 15:39 | |
| Deux oeuvres muettes d'Ozu. Choeur de Tokyo (1931). Beau drame social -chômage et conséquences- qui s'affranchit de tout misérabilisme et contient même plusieurs scènes de comédie. Mise en scène primesautière d'Ozu, un film de jeunesse joliment maîtrisé. Gosses de Tokyo (1932). Les films muets d'Ozu sont assez éloignés de ceux de la deuxième partie de sa carrière (années 50). Pas de plans fixes "au ras du tatami", qui deviendront sa marque de fabrique, mais au contraire de nombreux mouvements de caméra, parfois virtuoses, qui vont bien avec la liberté de ton et l'impertinence de ce film considéré comme le meilleur de sa période muette. C'est un Ozu optimiste et gai, là encore à mille lieux du cinéaste mûr et désabusé de l'après-guerre. Déjà, Ozu étonne par ses ellipses temporelles et stupéfie par ses capacités dans la direction d'enfants acteurs. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Dim 16 Jan 2011 - 16:33 | |
| Qu'est-ce que la dame a oublié ? (Shukujo wa nani o wasureta ka, 1937) Un titre amusant, un film qui ne l'est pas moins. Une véritable comédie où la bonne entente entre une nièce de passage et son oncle mettent un peu de fantaisie dans un couple vieillissant où la femme porte la culotte. On y boit, on y fume, on se lance de belles vacheries (les scènes entre trois "Desperate Housewives" sont hilarantes), on fréquente les maisons de geishas. Dans un bar, on aperçoit une citation de Don Quichotte : ""Je bois pour fêter certaines occasions, je bois aussi quand il y en a pas". Un Ozu gai, subtil, drôle et irrésistible. | |
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| Sujet: Re: Yasujiro Ozu | |
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| | | | Yasujiro Ozu | |
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