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| Yasujiro Ozu | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Dim 24 Juil 2011 - 11:53 | |
| Coeurs capricieux (Dekigokoro, 1933) Deux ouvriers cohabitent avec l'enfant de l'un d'eux, bien plus éveillé que son pataud de père (le génie d'Ozu pour diriger les enfants !). Survient une jeune femme aux yeux de biche effarouchée ... Mais point de romance fade ici, ce qui intéresse Ozu, comme souvent, c'est la relation père/fils, de la pure comédie, au début, jusqu'au mélodrame. Avec cette capacité inouïe à tirer la quintessence d'une histoire ordinaire. Dans la période muette du cinéaste, Coeurs capricieux peut se placer juste en dessous de Gosses de Tokyo. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Dim 9 Déc 2012 - 21:19 | |
| L'amour d'une mère (Haha wo kowazuya, 1934) A ce film muet d'Ozu, il manque les premières et dernières bobines, soit une petite vingtaine de minutes. Un peu dommageable car sans l'introduction et la conclusion, situés bien avant dans le temps et plusieurs années après, l'intrigue ne fait que se concentrer sur les états d'âme d'un jeune garçon qui apprend que la femme qui l'a élevé, avec son frère, n'est pas sa vraie mère. Une histoire plutôt simple et touchante que Ozu réussit à rendre agréable par la seule grâce de la fluidité de sa mise en scène. A signaler une poignée de travellings arrière absolument renversants. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| | | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Mer 7 Aoû 2013 - 7:23 | |
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 8 Aoû 2013 - 13:13 | |
| je vais peut-être pouvoir essayer ce weekend, un autre que celui-ci, il y a rétrospective au cinéma sur cette fin d'été on dirait ! | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 8 Aoû 2013 - 13:44 | |
| - animal a écrit:
- je vais peut-être pouvoir essayer ce weekend, un autre que celui-ci, il y a rétrospective au cinéma sur cette fin d'été on dirait !
Tu peux en essayer plusieurs. C'est une drogue dure, Ozu, au bout d'un certain temps, on ne peut plus s'en passer. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 8 Aoû 2013 - 19:59 | |
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| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 9 Aoû 2013 - 20:20 | |
| Voyage à Tokyo (1953) Deux "vieux" laissent leur fille cadette à la maison pour aller voir leurs enfants à Tokyo, un médecin, une coiffeuse, un autre en chemin (Osaka ?) qui est dans les affaires et leur belle-fille, le fils cadet est mort huit ans auparavant pendant la guerre. C'est tout doux, tout tranquille dans cette image douce qui capte les départs, s'attache à une tranquillité domestique, cherche à faire vivre un naturel familial débarrassé de son rapport à l'extérieur. Cependant sur les 2h15 du film qui passent comme rien ce n'est pas vraiment une promenade bucolique. La chaleur des retrouvailles n'a pas l'air forcé pourtant en coulisses il est question d'argent, de l'ennui de se libérer pour "sortir les parents". C'est le dérangement. Derrière les sourires on sent l'embarras, les fissures, et c'est assez affreux ! C'est aussi ce "vieil homme" sympathique qui n'a pas du être agréable tous les jours avec ses excès... le film parle de la famille, de temps, de solitude, de sentiments contraires. Il arrondit les angles aussi, à sa manière. Pas complètement. Qu'on le veuille ou non on constate la fracture du temps de la ville, du "progrès" qui bouffe les gens plus ou moins malgré eux. C'est un beau film, étonnamment vif, de plus en plus complexe, dur et non résolu. Et mois qui repensait aux hortensias après la pluie ce matin et qui pourrait presque les sentir et les entendre comme s'ils étaient là avec la pointe de fraicheur qui suit l'averse. C'est un étrange cinéma, qui m'a un peu dérangé, que je n'ai pas encore digéré, horriblement simplement beau. Je comprendrais la remarque de traversay en ajoutant que je suis content de l'avoir vu sur grand écran dans cette période ou en petit je vois moins ce genre de films. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Ven 9 Aoû 2013 - 22:40 | |
| Ozu dévoile toujours une immense sensibilité dans sa perception des liens familiaux et particulièrement des relations parents-enfants. Un mélange d'extrême lucidité, de délicatesse et de tristesse, avec une conscience permanente du passage du temps. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 15 Aoû 2013 - 13:42 | |
| J'ai encore un souvenir ému de ce voyage à Tokyo et de ce délitement des relations familiales, chacun étant accaparé par ses petits soucis de tous les jours au détriment des parents, qui acceptent tout cela avec une certaine résignation. Contrairement à toi Animal, je l'avais vu en DVD mais je ne le regrette pas, il est bien "passé" tout de même. |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 15 Aoû 2013 - 22:20 | |
| Le goût du saké (ça sonne plus classe que "papa rentre plâtré au red label").C'est super beau, entre les images de ville, de l'industrie et les intérieurs... et puis les acteurs ! L'histoire, au fond, c'est un peu la même que pour le voyage à Tokyo et vous la retrouverez facilement sur le fil. C'est super beau (on peut le répéter) et il y a plein de choses très chouettes, des échanges assez complexes avec deux sourires et trois mots et le temps d'arranger de petits développements qui sont un coup d'œil derrière les rideaux d'apparences et d'attendus. Malgré tout il y a des charges assez lourdes, notamment autour de la consommation, dans les décors. Et puis il y a ces scènes comme la petite dispute autour des clubs de golf. Elle est très belle la scène avec le type qui reste allongé à fumer mais toute cette trame frigo, clubs, sac à main ça tient du film d'horreur domestique ! Un peu comme le mariage de la fille ou même le père qui penche quand il rentre à la maison ce n'est pas que de l'affreux, mais je ne peux pas dépasser une part de malaise suscité par le film. A la fois stéréotypé (quand même) et trop ressemblant ? Et puis ce malaise c'est ce qui vit avec cette douceur, ce sirop de temps qui passe, à moins que le sirop ne soit dans ces petits verres vidés les uns après les autres avec un sourire énigmatique qui tient du masque de rigueur. Je crois bien que ça me fait peur. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Dim 25 Aoû 2013 - 16:28 | |
| décrite sous l'angle du pouvoir restrictif de l'acquisition de frigidaire : oui. Le fils unique (1936) Maman n'a pas le sou mais envoi quand même son gamin étudier à Tokyo, d'ailleurs le professeur part aussi à Tokyo. Bien des années plus tard Maman part à Tokyo rendre visite au gamin qui n'en est plus un et a maintenant une femme et un gamin. Quasiment la même trame, avec moins d'alcool, et déjà du gâteau pour les yeux. On voyage à nouveau (ou déjà) dans la contrainte économique de la grande ville rendue plus insistante par le besoin de montrer et d'occuper le visiteur. Un progrès vu de loin et qui transparait dans les intérieurs minutieux. Dans ce 1936 c'est l'Allemagne qui cohabitent par quelques posters dans un petit appartement tranquille qui semble bien loin d'une modernité brutale. On restera stupéfait par un épisode cinématographique allemand, romance à l'air violente et brutalement irréelle qui provoque néanmoins l'assoupissement de la mère. (et qui ressemble à une antithèse du film que l'on est en train de regarder). Pour le reste, toujours assez discret mais nettement plus explicite que dans les deux films vus précédemment il y a ce mélange d'affection et de déception. Un échec du ou des descendants dans son espoir, sa quête d'une vie meilleure à Tokyo, et l'ombre d'un échec des parents, emprunté de gêne provinciale mais pas seulement. La vie tranquille est aussi un drôle d'objet. Le professeur (qui fait le père dans les deux autres films et a déjà un rythme très spécifique) est reconverti en marchand de porc pané et vit très modestement avec sa femme et ses enfants dans une périphérie dénudée de la ville. Autre mélange d'échec dans les aspirations premières et d'un certain bonheur. Bien que les questions soient délicates je n'ai pas ressenti le malaise que je redoutais un peu. C'est un beau film cette restauration qui clôture ce petit cycle de ressorties au cinéma. Avec l'impression rétrospective que ça ne sera pas possible de se défaire de ces images d'une qualité de temps et d'espace particulière... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 5 Sep 2013 - 19:39 | |
| Le goût du SakéVous avez déjà dit l'essentiel. Il faut juste prévenir que l'univers d'Ozu peut sembler en apparence d'un minimalisme insoutenable et soporifique (choisissez le créneau horaire en fonction). L'histoire est extrêmement ténue, les dialogues anecdotiques, le jeu d'acteurs d'une sobriété quasi inexpressive, le décor traditionnel aseptisé, les émotions extrêmement contenues. Sauf qu'il y a quelque chose de très beau qui se dégage de ce travail d'épure. On sent un monde qui bascule de la tradition vers la modernité. Ce dernier film résonne comme un adieu au passé. Celui d'un père veuf qui va se retrouver seul après le départ de sa fille puis prochainement de son fils. Avec ces derniers plans de la maison vide qui sont très émouvants. On a aussi l'impression d'un cinéaste qui dit adieu à l'univers du cinéma, aux plateaux de tournage. Et surtout beaucoup de choses se lisent entre les lignes des codes de communication dans la société japonaise de cette époque. Des rapports entre hommes et femmes, pères et filles, femmes et époux. C'est parfois très étouffant et puis tout d'un coup il y a une échappée inattendue et décalée (on parle de sexe à demi-mot, on se fait des blagues sans en avoir l'air, on picole pas mal pour se donner du courage). Je regardais avec effroi cet univers trop codifié pour l'occidental que je suis et en même temps je lui trouvais une allure incroyable. Et puis il y a cet art de la composition des plans qui tient du peintre. J'imaginais Ozu en peintre devant sa toile en train de tracer des lignes pures et géométriques, vidant l'espace du superflu. ça donne des images qui évoquent une sorte de Jacques Tati zen. Il suggère une école rien qu'avec une contre-plongée sur un bâtiment blanc aux multiples fenêtres avec des chants d'enfants invisibles. Une rue animée par quelques enseignes très graphiques et colorées. Et des intérieurs où chaque objet semble avoir une place bien déterminée. Donc il en résulte un charme indéfinissable qui finit par apporter une élégance et une justesse totales sous l'apparence de l'anecdote et de la banalité. Un grand art qui ne plaira pas à tout le monde. Je confesse avoir beaucoup lutté contre le sommeil (on crevait de chaud dans la salle il faut dire). Un cinéma qui se mérite ou qu'on laisse de côté. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Yasujiro Ozu Jeu 5 Sep 2013 - 20:00 | |
| - Marko a écrit:
- Un grand art qui ne plaira pas à tout le monde. Je confesse avoir beaucoup lutté contre le sommeil (on crevait de chaud dans la salle il faut dire).
Je me sens moins seule. Je reconnais comme vous des qualités mais être obligé de mettre des allumettes pour soutenir ses paupières, c'est quand même gênant, même dans une salle obscure. | |
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| Sujet: Re: Yasujiro Ozu | |
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| | | | Yasujiro Ozu | |
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