Yasujiro Ozu

Heyoka a écrit:

Marko a écrit:

Un grand art qui ne plaira pas à tout le monde. Je confesse avoir beaucoup lutté contre le sommeil (on crevait de chaud dans la salle il faut dire).

Je me sens moins seule. Je reconnais comme vous des qualités mais être obligé de mettre des allumettes pour soutenir ses paupières, c'est quand même gênant, même dans une salle obscure.

Et pourtant je suis rodé côté lenteur au cinéma!

En même temps c'est très agréable Ozu pour faire des micro siestes : les actions se répètent tellement, et les intrigues avancent tellement lentement, qu'on a l'impression de ne presque rien perdre. Et quand on re-regarde le film, on redécouvre des plans (qu'en fait on avait jamais vu parce qu'on était assoupie la dernière fois).

Marko a écrit:

Et pourtant je suis rodé côté lenteur au cinéma!

Ah?

eXPie a écrit:

C'est sûr que Voyage à Tokyo, le goût du Saké, Eté Précoce, etc. sont meilleurs, mais quand on les a déjà tous vus, ça fait plaisir de pouvoir en reprendre un morceau !    (Ozu, le plus grand réalisateur Japonais avec Kurosawa, dans deux styles très différents).

Je viens de tomber là-dessus, alors j'en laisse une trace ici, au cas où...  



Références : Ozu à présent, sous la direction de Diane Arnaud et Mathias Lanvin, G3J éditeur, 207 pages, novembre 2013, 40 euros.

Extraits de la critique de Philippe Durant sur "Le Salon Littéraire" :

Citation :

Pour mieux connaitre son parcours, sa démarche et ses motivations, Diane Arnaud et Mathias Lanvin proposent un livre sur cet esthète. Il ne s’agit pas d’une biographie mais d’une succession d’analyses rédigées par des Ozuphiles acharnés. [...]

[...] Yasujiro Ozu n’était pas un intellectuel obscur mais un homme qui aimait les images, les gens, le temps qui passe.

Critique de Philippe Durant

Je viens de découvrir et du coup de remonter le fil Ozu :

eXPie a écrit:

Ozu, le plus grand réalisateur Japonais avec Kurosawa, dans deux styles très différents

et Mizoguchi ?

Pour les amateurs, un DVD du Fils unique est sorti en octobre je crois.

silou a écrit:

Je viens de découvrir et du coup de remonter le fil Ozu :

eXPie a écrit:

Ozu, le plus grand réalisateur Japonais avec Kurosawa, dans deux styles très différents

et Mizoguchi ?

Oui, beaucoup mettent Mizoguchi... Il a réalisé des films plus divers que Ozu, mais je n'accroche que rarement avec Mizoguchi, bizarrement...  

eXPie a écrit:

mais je n'accroche que rarement avec Mizoguchi, bizarrement...  

même pas avec Les contes de la lune vague après la pluie ?

silou a écrit:

eXPie a écrit:

mais je n'accroche que rarement avec Mizoguchi, bizarrement...  

même pas avec Les contes de la lune vague après la pluie ?

Ce film-là, si. Il fait partie des rares Mizoguchi auxquels j'adhère. Alors que pour Ozu, c'est quasiment tous les films. J'aime peut-être aussi chez Ozu son côté auteur : on sent que ses films sont très personnels.

J'ai aussi une passion pour Ozu, d'ailleurs pourquoi pas un petit Ozu en DVD (hélas) ce soir, cela fera du bien après le Scorcese d'hier.

silou a écrit:

J'ai aussi une passion pour Ozu, d'ailleurs pourquoi pas un petit Ozu en DVD (hélas) ce soir, cela fera du bien après le Scorcese d'hier.

  
C'est sûr que la caméra bouge moins !

eXPie a écrit:

 C'est sûr que la caméra bouge moins !

J'ai vu, il y a peu, Le goût du saké, mon deuxième film de Ozu. Avant j'avais vu Voyage à Tokyo. Bientôt, ce sera Le fils unique.

J'apprécie cette lenteur du cinéma asiatique. Je la recherche même. J'écoute France Culture, car le rythme est plus lent que sur les autres radios, les invités ont le temps de réfléchir avant de répondre, le silence y est respecté. J'aime les silences au cinéma. La musique n'aurait aucun sens sans les silences.  

Il semble que son thème de prédilection soit le système familial. Il nous montre la manière dont il se fait et se défait, l'impact que le moindre changement produit sur les êtres, et finalement, l'impermanence des choses, cette menace du vide.

Concernant Le goût du saké, j'ai lu qu'au moment de l'écriture du film, il perd sa mère, avec qui il a toujours vécu, ce qui expliquerait que ce film soit spécialement empreint de nostalgie, la fin d'un monde.

eXPie, as-tu jeté un œil au lien que j'ai mis plus haut ? Pas sûre que tu l'aies vu... J'ai pensé à toi en le mettant, tu ressembles à s'y méprendre à un Ozuphile. 

Louvaluna a écrit:

J'apprécie cette lenteur du cinéma asiatique. Je la recherche même. J'écoute France Culture, car le rythme est plus lent que sur les autres radios, les invités ont le temps de réfléchir avant de répondre, le silence y est respecté. J'aime les silences au cinéma. La musique n'aurait aucun sens sans les silences.

J'aime aussi la lenteur et les silences, il laisse le temps aux émotions de prendre place. Il y a quand même un certains nombres de films asiatiques qui ne sont pas de tout repos.

Concernant le livre dont tu parles plu haut Ozu à présent, je l'ai feuilleté durant les vacances, il ne s'agit pas à proprement parlé d'un livre sur Ozu

Ozu à présent (G3J éditeur, 2013) dirigé par Diane Arnaud et Mathias Lavin se propose de mettre au jour les différentes formes de présence du cinéma d’Ozu dans la pensée et la création contemporaines.
Tout d’abord en précisant l’évidence des hommages – rendus par Wim Wenders, Hou Hsiao-Hsien, Perdo Costa, Claire Denis, Abbas Kiarostami et Victor Erice – qui font écho à la joyeuse sobriété du maître japonais. Puis, en proposant des résonnances plus imprévues du côté de Chantal Akerman, Takeshi Kitano, Terrence Malick, Hong Sang-Soo, Gus Van Sant, Alain Resnais ou Kiyoshi Kurosawa…
L’exigence formelle et la liberté de ton de ces différents cinéastes renouvellent les formes d’expressions chères à Ozu, comme la présence dans l’absence, la durée prolongée, le flottement du point de vue, la répétition narrative. Encore de nos jours, la cinématographie de Yasujirô Ozu reste au cœur de la réflexion sur la modernité artistique, philosophique ou culturelle.

Les livres les plus intéressants sur Ozu que je connaisse sont celui de Shiguéhiko Hasumi  Oyasujirö Ozu dans la collection auteur des Cahiers du Cinéma et celui de Kiju Yoshida Ozu ou l'anti-cinéma chez Actes Sud.

Ce que tu écris, Louva, sur la lenteur et sur la radio recoupe un échange que nous avons eu sur la radio.
je ne l' ai pas retrouvé et c' est dommage...

En tout cas, je sais que je disais, qu' en cette époque où les images prolifèrent - les meilleures et
souvent les pires - l' image tuait l' imagination. J' aime le recul que nous laisse la radio et l' attention
que l' on prete à une voix. 
Cette magie de la voix existe toujours et c' est pour cela que la radio garde tout son interet.

Louvaluna a écrit:

eXPie, as-tu jeté un œil au lien que j'ai mis plus haut ? Pas sûre que tu l'aies vu... J'ai pensé à toi en le mettant, tu ressembles à s'y méprendre à un Ozuphile. 

  
Oui, j'ai lu, merci !
C'est vrai qu'il y a plus de livres sur Kurosawa que sur Ozu.
Ce livre a l'air "pointu"... De même que Ozu est moins grand public que Kurosawa (enfin... dans l'article, à propos de Kurosawa, ils parlent de productions spectaculaires, mais Kurosawa n'a pas fait que ça : L'ange ivre, Chien enragé... Barberousse...), les livres qui lui sont consacrés semblent être souvent "pointus" et nécessiter de bien connaître les films.

Carlotta devrait sortir un coffret DVD avec 14 films d'Ozu (période noir et blanc) au printemps. De quoi encore reparler de son oeuvre...