Dino Buzzati [Italie]

Comme tu as raison Bédoulène.De ce livre personne ne sort indemne.Je l'ai lu à l'âge de trente ans.la vie n'a plus jamais été la même.Seul risque: que ce livre occulte le reste de l'oeuvre de Buzzati.

je vais continuer la découverte de Buzzati, je vais certainement trouver du plaisir dans l'essence de chaque livre.

Je suis sous le charme de , Requêtes superflues - nouvelle - Panique à la Scala -

Magnifique coulée de mots, cinq pages de pures bonheur. Un délicieux voyage à travers ses écrits.

un titre banal, un contenu extra .

Citation :

Je voudrais que tu viennes me rejoindre par un soir d'hiver et que, serrés l'un contre l'autre, contemplant l'obscurité de la rue déserte et glacée, nous nous rappelions ces autres hivers fabuleux où nous vivions ensemble, sans le savoir. Nous allions alors toi et moi par les mêmes sentiers enchantés, d'un pas timide, au milieu des forêts infestées de loups, et les farfadets nous épiaient au travers des ramées de lierre qui tombaient d'une tour, encerclée de volées de corbeaux. Là, ensemble sans en rien savoir, nous portions peut-être le même regard vers cette vie mystérieuse qui nous attendait. En ce lieu, pour la première fois, palpitaient en chacun de nous de tendres et fougueux désirs... « Te souviens-tu?» nous demanderions-nous l'un à l'autre, en nous serrant doucement l'un contre l'autre, dans la tiédeur de cette chambre, et tu me sourirais, confiante, tandis qu'au-dehors les tôles secouées par le vent vibreraient en sourdine. Mais- j'y pense maintenant - tu ne sais rien des fables antiques, des rois légendaires, des ogres et des jardins secrets. Tu n'es jamais passée, émerveillée, sous ces arbres magiques qui parlent avec des voix humaine; tu n'es jamais venue frapper au porche des châteaux déserts; tu n'as jamais couru dans la nuit vers une lueur inaccessible; tu ne t'es jamais endormie sous les étoiles d'Orient, bercée par le balancement d'une pirogue sacrée. Contre la fenêtre, en cette soirée d'hiver, nous resterions sans doute muets, moi me perdant dans mes fables anéanties, toi avec d'autres songes dont j'ignore tout. Je te demanderais: «Te souviens-t?» mais toi, tu ne te souviendrais pas.

Citation :

Je voudrais aussi me rendre avec toi en plein été dans une vallée solitaire, riant sans cesse de tout et de rien, explorant les secrets des buissons, des chemins poussiéreux, des maisons abandonnées. Nous arrêter sur le pont de bois pour contempler l'eau qui passe; écouter contre les poteaux télégraphiques cette longue, interminable histoire qui vient du bout du monde et dont on se demande où elle pourrait finir. Et cueillir les fleurs des prés et là, étendus sur l'herbe, dans le silence inondé de soleil,observer l'immensité du ciel, les petits nuages blancs qui le parsèment et la cime des montagnes. Tu t'écrierais: «Que c'est beau!» Tu n'aurais rien d'autre à dire que cette banalité tant nous serions heureux; notre corps aurait oublié le poids des ans, nos âmes auraient retrouvé leur fraîcheur, comme si elles venaient à peine d'éclore.
Mais toi - j'y pense maintenant - tu regarderais alentour sans comprendre, tu t'arrêterais j'en ai bien peur pour examiner anxieusement un de tes bas, tu me demanderais une autre cigarette, impatiente du retour. Et tu ne me dirais pas « que c'est beau!» mais d'autres pauvres riens sans aucun intérêt pour moi. Parce que malheureusement c'est ainsi que tu es faite. Et nous ne serions ni l'un ni l'autre heureux, pas même pour un petit instant.

Citation :

C'est inutile. Peut-être toutes ces pensées ne sont-elles qu'élucubrations et toi meilleure que moi, n'exigeant pas autant de la vie. oui, tu as peut-être raison et ce serait folie que d'essayer.

Citation :

Mais toi - J'y pense maintenant -, tu es trop au loins, à des centaines et des centaines de kilomètres difficiles à franchir. Tu te trouves en plein milieu d'une vie dont je ne sais rien, d'autres hommes sont près de toi, et sans doute leur souris-tu, comme tu me souriais jadis.

j'ai été incapable de ne pas revenir sans cesse quelques lignes en arrière tellement c'est bon et ça a l'air facile...

(et ça ne m'arrive pas souvent).

animal a écrit:

j'ai été incapable de ne pas revenir sans cesse quelques lignes en arrière tellement c'est bon et ça a l'air facile...
(et ça ne m'arrive pas souvent).

c'est du bonbon

La nouvelle - conte de Noël - est aussi est bien à lire.
apporte un très beau message d'amour et de partage.
j'en reparlerai dans la période de Noël.

Bellonzo a écrit:

Dans le recueil Panique à la Scala elle s'intitule Le tyran malade. Il s'agit en fait d'un molosse qui répand la terreur dans son quartier.Buzzati nous décrit son combat de trop,ou tout au moins le début de sa fin.Entre béton,beaucoup et verdure,peu,le chien livre bataille une fois de plus.Et une fois de plus il sera le plus fort.Mais voilà...ce n'est pas comme d'habitude car il a peiné,très fort,avant de terrasser le chien-loup et les roquets parasites.Certes Tronk est encore vainqueur mais ses rivaux vaincus ont flairé chez lui une faiblesse,pire,des relents de maladie.Tout l'art de Buzzati éclate dans ces descriptions de l'instant où tout va,peut-être,sûrement,basculer..Lisez cette chute.

Citation :

"Tronk!Tronk!" appelle le professeur.Mais,pour la première fois le chien ne répond pas.Son coeur bat et tressaille encore.Pâle,de cette terrible pâleur qui s'empare des chiens dont on persiste à croire pourtant qu'ils ne peuvent jamais pâlir,il regarde là-bas,en direction de la forêt vierge d'où sortent pour venir le rejoindre,lugubres,les rhinocéros de la nuit.

je lirai cette nouvelle .

A Bulle
C'est effectivement une nouvelle formidable.Mais ce diable d'homme sait instaurer une once de mal-être chez le lecteur,cette sorte de malaise qui nous fait du bien.Les recueils Les nuits difficiles et En ce moment précis sont à cet égard palpitants eux aussi.Bon voyage en Buzzatie.

Bédoulène a écrit:

Je viens de terminer "Un amour", un très beau roman. Il ne pouvait que plaire à Monilet

.

Il pourrait faire partie de toute éducation sentimentale.

Bellonzo a écrit:

A Bulle
C'est effectivement une nouvelle formidable.Mais ce diable d'homme sait instaurer une once de mal-être chez le lecteur,cette sorte de malaise qui nous fait du bien.Les recueils Les nuits difficiles et En ce moment précis sont à cet égard palpitants eux aussi.Bon voyage en Buzzatie.

merci Bellonzo
C'est une découverte pour moi, cet auteur, ne le connaissant ni d'êve ni d'adam auparavant. Assurément une belle découverte à chaque pas vers une nouvelle; nouvelle .

monilet a écrit:

Bédoulène a écrit:

Je viens de terminer "Un amour", un très beau roman. Il ne pouvait que plaire à Monilet

.

Il pourrait faire partie de toute éducation sentimentale.

Les bons mots aux bons endroits. smell Italian romantic


Je viens de terminer Le tyran malade
puissant comme l'a été auparavant Tronk

Citation :

Le vieux fox, plein de rancoeur, nota toutefois immédiatement que ce n'était plus le Tronk de jadis, pas même celui du mois dernier ni le formidable molosse qu'il avait encore pu voir trois ou quatre jours plus tôt. À cause d'un rien d'ailleurs, peut-être de la façon de poser ses pattes, ou bien de cette sorte de voile dans le regard, ou de la courbure de son échine, du poil devenu terne, mais plus probablement d'une ombre - l'obre grise, signe le plus révélateur! - qui faisait à Tronk un masque partant des yeux pour aboutir à la commissure des babines pendants.

Citation :

Le professeur nemanqua pas de remarquer sur le dos de son chien cette trainée obscure, signe que la rogne gagnait l'animal et que son poil allait se hérisser.

Citation :

Soudain, ce fût le silence. Le mâtin se releva avec peine, la langue pendante, avec dans le regard l'étonnement d'un empereur humilié, déchu, jeté à bas de son trône et gisant dans la boue; tandis que le chien-loup et les deux bâtards, de leur cçoté, battaient piteusement en retraite. Mais enfin: par qui avaient-ils donc été maîtrisés, alors qu'ils s'apprêtaient déjà à savourer l'ivresse du sang et de la victoire? Pourquoi se repliaient-ils? Avaient-ils à nouveau peur du mâtin?

Citation :

Ils avaient tous les trois perçu qu'il devait être arrivé quelque chose à Tronk et qu'il n'y avait plus aucune raison de le craindre . Mais c'était à un chien vivant qu'ils avaient osé s'attaquer. Tandis que , peut-être , cette odeur insolite de son pelage, ou bien de son haleine, ou bien encore le goût répugnant de son sang les avait contraients à se rejeter en arrière.

Citation :

....Un petit chiot, il y a quatre ans à peine ce n'était qu'un minuscule chiot et tout restait à faie, il en était encore à examiner gentiment le monde qui l'entourait et que, sans aucun doute, il allait conquérir.

J'ai lu aussi - Le problème de stationnement - nouvelle - Panique à la scala.

lecture agréable et drôle tout à la fois.

Nous nous sommes tous retrouvés un jour , à la recherche d'une place de stationnement inexistante, à circuler en rond en attente d'une toute petite place.


J'ai lu la nouvelle, Épouventable vengeance d'un animal de compagnie.
J'ai trouvé bizzaroïde cette nouvelle . Une pièce obsure, 5 personnages loufoques assis au salon à déguster du Prunella Ballor servi par une chauve souris. Seule la nièce la sixième personne refuse cette dégustation.
Toutes les personnes présentes sont offusqués du refus. même la chauve-souris.

'' De fait la chauve-souris, après avoir tourné pour une dernière fois son petit museau vers moi, venait d'abandonner brusquement l'amoncellement de bouteilles et de flacons pour sautiller jusqu'à la manivelle qui débordait le lustre. Ét là, d'un mouvement rageur, comme pour se venger de l'affront subi, elle donna un petit coup à la manette.
"" ALors, au lieu de s'élever comme je l'avais imaginé, le lustre pivota sur lui-même d'un demi-toutr, bascula, et la lampe s'éteignit brusquement.

''Dans le même instant d'épouvantables détonations crépitèrent et l'assourdissant fracas des bombes retentit au alentour, faisant trembler la maison, envahissant toute la ville; le grondement de milliers et de milliers d'avions investissait l'univers entier. p.s. j'ai rien compris de cette fin.

Tronk et le tyran malade font-ils partie d'un livre de Nouvelles ?

en fait tout me tente.

je suis en train de dresser ma liste pour le PN

10/18 entre autres a édité pas mal de recueil.Je les aime toutes.En voici une très inquiétante mais elles le sont toutes.Il s'agit d'Une boule de papier extraite des Sept messagers
Le narrateur dans une rue nocturne passe devant l'appartement,là-haut,d'un grand poète dont seule la chambre semble allumée dans l'immeuble.Une boulette de papier atterrit aux pieds du narrateur.Ecrite par l'artiste mais déchirée en mille morceaux,tout cela modelant une boule compacte dont se saisit le narrateur.Que va-t-il en faire,il n 'ose l'ouvrir,redoutant que ce ne soit qu'une facture dont d'ailleurs quelques mots sont un peu visibles.Et si c'était un poème qui aurait laissé l'auteur insatisfait.Et vous qu'auriez-vous fait?
Tout l'art de Dino est dans cette question.Et si nous étions passés à côté de quelque chose.Et si l'on ne vivait que dans la peur de la déception.Ne retrouve-t-on pas là Le désert des Tartares,le livre le plus dangereux du monde?

Bellonzo a écrit:

Tout l'art de Dino est dans cette question.Et si nous étions passés à côté de quelque chose.Et si l'on ne vivait que dans la peur de la déception.Ne retrouve-t-on pas là Le désert des Tartares,le livre le plus dangereux du monde?

Je n'ai jamais lu Le désert des Tartares...Belllonzo...pourquoi est-ce "le livre le plus dangereux du monde"?...

Coline

Citation :

Je n'ai jamais lu Le désert des Tartares...Belllonzo...pourquoi est-ce "le livre le plus dangereux du monde"?...

J'y reviendrai prochainement et volontiers ma chère Coline.

Bellonzo a écrit:

Coline

Citation :

Je n'ai jamais lu Le désert des Tartares...Belllonzo...pourquoi est-ce "le livre le plus dangereux du monde"?...

J'y reviendrai prochainement et volontiers ma chère Coline.

Merci Bellonzo...Je sais être patiente...

Et moi, je continue de lire, de temps en temps, un autre recueil d'une cinquantaine de nouvelles, "Le K". Vraiment splendide. Une est aussi impressionnante que l'autre. Peut-être il y a des sujets qui reviennenty, mais quelles variations il sait donner!
Après "Le désert des tartares" je découvre donc aussi le grand nouvelliste!

tom léo a écrit:

Et moi, je continue de lire, de temps en temps, un autre recueil d'une cinquantaine de nouvelles, "Le K". Vraiment splendide. Une est aussi impressionnante que l'autre. Peut-être il y a des sujets qui reviennenty, mais quelles variations il sait donner!
Après "Le désert des tartares" je découvre donc aussi le grand nouvelliste!

Je me suis aussi régalée avec Le K mais c'est un peu loin, il faudrait que je les relise ces nouvelles...