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| Dino Buzzati [Italie] | |
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Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Dim 14 Déc 2008 - 17:41 | |
| C'est moi qui te remercie Bulle de ton intérêt et de ton esprit de découverte.C'est ainsi que j'aime cet endroit. | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Dim 14 Déc 2008 - 17:54 | |
| - Bellonzo a écrit:
- C'est moi qui te remercie Bulle de ton intérêt et de ton esprit de découverte.C'est ainsi que j'aime cet endroit.
C'est gentil merci Une belle découverte dans mon cas, Buzzati.Il vaut la peine d'être lu cet auteur, malgré les difficultés de compréhension parfois. | |
| | | Bédoulène Abeille bibliophile
Messages : 17270 Inscription le : 06/07/2007 Age : 79 Localisation : Provence
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Dim 14 Déc 2008 - 23:17 | |
| Je vous lis Bulle, Animal et Bellonzo et c'est que du plaisir.
vivement que je retrouve Dino, j'ai tellement de livre à connaître de lui. Mais auj je me retrouve dans le Désert, gros coup de blues pour une chanson qui m'a renvoyée à ma jeunesse, il y a.......................
à tantôt | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Mer 17 Déc 2008 - 2:07 | |
| La Tour Eiffel - nouvelle Le K Dans cette nouvelle, Dino Buzzati nous transporte au coeur de Paris. L'élévation de la tour Eiffel , qui devait s'éterniser jusqu'au ciel. là-haut ,en haut des nuages, loin du peuple en bas. bonne lecture à priori . L'auteur, utilise des noms réels et des faits précis. - Bédoulène a écrit:
- Je vous lis Bulle, Animal et Bellonzo et c'est que du plaisir.
vivement que je retrouve Dino, j'ai tellement de livre à connaître de lui. Mais auj je me retrouve dans le Désert, gros coup de blues pour une chanson qui m'a renvoyée à ma jeunesse, il y a.......................
à tantôt Bonne lecture Buzzatiennes Bédoulène Il faut faire attention aux coups de blues par contre Pauvre petit garcon - nouvelle - Le K Dino Buzzati dans cette nouvelle, démontre comment l'être humain peut être méchant envers un semblable, envers un enfant. Laitue, laitue , ainsi été affublé ce jeune gamin de 5 ans petit et fragile et de surcroît avec un teint vert. le méchant petit canard de la troupe, celui qui n'est point désiré. Il était aussi un vilain petit canard aux yeux de sa maman. il passe sous les armes de l'ennemi, tous contre lui .Muni de mottes d'argiles, le petit tomba sous l'assaut. tous contre un....jusqu'au piétinement. Laitue qui était passé au grade de Capitaine pour encore mieux être démoli par ce groupe de cabotins. Le fusil neuf, n'étais plus que débris. La maman n'eut aucune compréhension vis-à-vis cet attaque perverse. - Citation :
- Seule une jeune femme s'appitoya sur son sort.
- Oh! le pauvre petit. En secouant la tête elle caressa le visage défait de Dolfi. Le garcon leva les yeux, reconnaissant, il essaya de sourire, et une sorte de lumière éclaira un bref instant son visage pâle. Il y avait toute l'amère solitude d'une créature fragile, innocente, humilié, sans défense; le désir désespéré d'un peu de consolation; un sentiment pur, douloureux et très beau qu'il était impossible de définir. Pendant un instant = et ce fut la dernière fois = il fut un petit garcon doux, tendre et malheureux, qui ne comprenait pas et demandait au monde environnant un peu de bonté. Mais ce ne fut qu'un instant. - Allons, Dolfi, viens te changer! fit la mère en colère et elle le traîna énergiquement à la maison. Alors le bambin se remit à sangloter à coeur fendu, son visage devint subitement lait, un rictus dur lui plissa la bouche. - Oh! ces enfants! quelles histoires ils font pour un rien, s'exclama l'autre dame agacée en les quittant. Allons, au revoir, madame Hitler! le gamin Adolf Hitler Deux poids deux mesures - nouvelle - Panique à la Scala - Citation :
- Au directeur du New Globe.
Très honoré Monsieur, Qu'il soit permis à un vieux et fidèle lecteur du quotidien, que votre grandeur dirige d'une main ferme avec une sensibilité éblouissante, d'exprimer par la présente sa modeste opinion, dans l'unique souci d'apporter sa contribution, aussi minime puisse-t-elle paraître, à l'oeuvre que vous avez entreprise avec une foi jamais démentie. Depuis quelques temps paraissent dans les colonnes du New Globe des articles sur divers sujets, signés par un certain George MacNamara. J'ignore qui ce peut être et quels titres de gloire lui valent l'insigne honneur de collaborateur à ce qu'à juste titre on tient pour le journal faisant partout autorité dans notre pays. Force m'est donc de vous dire - et je ne suis pas le seul à en juger ainsi puisque nombre de personnes de vaste culture et occupant des postes élevés ont tenu à m'assurer qu'elles partageaint totalement mon point de vue - que de tels écrits s'accordent mal avec le haut niveau littéraire, culturel et de probité professionnelle qui est la caractéristique la plus noble et la plus appréciée du New Globe. La banalité, l'effort continuel mais infructueux pour s'essayer à quelque humour, les lourdeurs, les inexactitudes, etc., etc. - Il continua ainsi recto verso; parvenu à la fin, il signa; '' Un ami qui vous veut du bien . '' puis il plia sa feuille, la mit sous enveloppe, écrivit l'adresse, colla le timblre, prit son chapeau et son parapluie, sorti de chez lui et posta sa lettre. les faits divers racontés. Deux poids deux mesures explique le comportement humain dans sa demie mesure. Quand l'affaire fait son affaire il n'y voit pas de mal. mais sinon c'est la rage démentielle. - Citation :
- une dame hurlant sa colère contre un charretier arrêté sur le bord de la route .
'' Tu n'as pas hone? En voilà une idée de bastonner une pauvre bête qui n'arrive même plus à se tenir sur ses pattes! Misérable....'' C'est pas de ma faute s'il veut pas bouger'' , répliqua le charretier, tout en donnant à son mulet un coup supplémentaire du manche de son fouet. '' Ah, il ne veut pas bouger? '' fit la dame. '' Moi, je suis de la Société des amis des bêtes et c'est toi qui vas bouger maintenant, je te le dis!'' quel est ton nom? et son nom fut noté dans un petit calepin de la dame à la Bentley. Une heure plus tard, elle se trouvait assise à une table de restaurant avec son époux et une amie. - Quelques crevettes pour commencer? à moins d'une tranche de saumon fumé? - excellente idée oui pour moi ce sera le saumon. Et le saumon fut brusquement tiré de l'eau glaciale ou il cabriolait joyeusement avec ses compagnons . '' vous me ferez porter un consommé, et puis une paillarde toute simple, bien tendre, s'il vous plaît. '' ( le jeune veau, totalement terrorisé, tourna la tête en arrière à la recherche d'un visage amical mais tout autour, il y avait seulement d'autres bêtes tout aussi affolées dans un immense concert cacophonique de meuglements, de coups indistinck et de voix humaine éraillées. Un fer lui broyait sauvagement le museau, le contraignant à redresser la tête. Il tanta de fuir, mais quelque chose l'entravait fermement. Une ombre noire s'approchait. Odeur de sang. Conte de Noël - nouvelle - Dino Buzzati - Panique à la ScalaUn merveilleux conte de Noël à découvrir. Dino Buzzati donne un aperçu de la nature Humaine. - Spoiler:
- Citation :
- L'antique palais épiscopal est sombre, ogival; le salpêtre y est partout incrusté. S'Y trouver pendant les nuits d'hiver représente un véritable supplice. La cathédrale qui le jouxte est immense, une vie entière ne suffirait pas pour en faire le tour, elle contient un tel entrelacement de chapelles et de sacristies que, depuis maintenant des siècles d'abandon, il en reste encore un certain nombre pratiquement inexplorées. On peut se demander ce qu'au soir de Noël fera le pauvre archevêque, seul dans son palais, tandis que la ville entière fêtera l'événement. Comment parviendra-t-il à vaincre sa mélancolie? Tout le monde trouve alors de quoi se consoler; le bébé s son train et Pinocchio, sa petite soeur une poupée, la maman tous les siens réunis autour d'elle, le prisonnier la voix d'un autre dans la cellule voisine, le vieux garçon son compagnon de bamboche... Comment l'archevêque va-t-il s'y prendre? Le fidèle don Valentino, secrétaire de Son Excellence, ne pouvait réprimer un sourire chaque fois qu'on lui posait ce genre de question: le soir de Noël, l'archevêque avait Dieu. Agenouillé, totalement solitaire, en plein milieu de la glaciale cathédrale désertée, il pourrait à première vue attirer la compassion. Tout au contraire: ah, si l'on savait!...Non, solitaire, il ne l'est pas, il n'a pas même froid, il ne se sent nullement abandonné. Le soir de Noël, le Seigneur envahit le temple – rien que pour l'archevêque – et la nef en dégorge littéralement, au point qu'il est quasiment impossible de fermer le portail. Et il y a beau n'y avoir ni poêle ni radiateurs, il règne une telle chaleur que les vieilles couleuvres se réveillent dans le sépulcre des prélats historiques et se faufilent en grimpant par les soupiraux, viennent gentiment pointer la tête aux balustres des confessionnaux.
C'est ainsi qu'était le Dôme ce soir-là; débordant de la présence de Dieu. Et, tout en sachant pertinemment que cela n'entrait pas dans ses attributions, don Valentino s'insgéniait pendant bien plus lontemps que nécessaire à mettre en place le prie-Dieu du prélat. Pas besoin de sapin, de dinde et de champagne. Une vraie nuit de Noël, quoi!.... Sinon qu'en plein milieu de ses saintes pensées don Valentino entendit frapper au portail. ''Qui peut bien venir se présenter à la porte du Döme, se demanda-t-il, le soir de Noël? N'ont-ils pas suffisamment prié? Quelle frénésie les prend donc? '' Il n'en alla pas moins ouvrir et, en même temps qu'une bourrasque de vent, pénétra un petit pauvre en haillons. '' Quelle abondance de Dieu!'' s'exclama celui-ci en regardant autour de lui avec un sourire extasié. '' comme c'est beau! On le devine même de l'extérieur. Ah, Monseigneur, ne pourriez-vous m'en laisser un petit peu? Pensez donc: c'est la nuit de Noël...'' '' Pas question!"" répliqua le prêtre. '' C'est pour Son Excellence l'archevêque. Il en aura besoin dans quelques heures. Son Excellence mène déjà une vie de saint, tu ne voudrais quand même pas prétendre qu'il reconce à Dieu par-dessus le marché! Et pui d'ailleurs, tu n'as aucune raison de m'appeler monseigneur. '' '' Pas même un petit peu, mon révérend? Un tout petit peu: il y en a tant! Son Excellence ne s'en apercevrait même pas...'' '' Je t'si dit que non.... Tu peux t'en aller... Le Dôme est fermé au public....'' et il congédia le petit pauvre avec un billet de cinq lires. - Citation :
- Mais, dans le même temps que le malheureux quittait la cathédrale, Dieu disparut. Effaré, don Valentino regarda autour de lui, puis scruta en vain les voûtes ténébreuses: Dieu n'était pas là nonplus. Tout ce spectaculaire appareil de colonnades et de statues, de baldaquins, d'autels, de chapelles et d'estrades, de candélabres et de draperies, d'habitude tellement imposant et mystérieux, était devenu à l'improviste inhospitalier et parfaitement sinistre. Et dans deux heures à peines l'archevêque qui allait descendre! Fou d'inquiétude, don Valerio entrouvit le portail, regarda sur la place. Rien. Au-dehors de l'église, bien que ce fût Noël, il n'y avait aucune trace de Dieu. Des milliers de fenêtres illuminées parvenaient les échos de rires, de musiques, de verres brisée, et même de gros jurons. Mais pas de chants, pas de cloches.
Don Valerio sortit dans la nuit et se hasarda sur les routes profanes, encerclé par le fracas de bacchanales impies. Mais il savait parfaitement ou il devait se rendre . Quand il entra dans la maison en question, la famille entière était assise à la table. Ils se regardaient tous avec amour et un peu de Dieu flottait autour d'eux. '' Joyeux Noël, mon révérend!'' fit le père de famille, '' Prenez donc une chaise » '' Je suis pressé, mes amis'', répondit-il. '' Figurez-vous qu'à cause d'une étourderie que j'ai faite, Notre Seigneur a abandonné la cathédrale. Et Son Excellence va bientôt venir y prier. Pourriez-vous me prêter le vôtre? D'autant que, puisque vous vous trouvez en compagnie, vous n'en avez pas un besoin absolu. '' Mon cher don Valentito'', répliqua le père de famille, '' Il me semble qu vous oubliez que nous sommes le jour de Noël. Et ce serait justement aujourd'hui que mes enfants devraient se priver du bon Dieu? Vraiment, don Valentino, je m'étonne...'' Dans l'instant même ou il pronoçait ces mots, Dieu s'éclipsa, les sourires heureux de l'assistance se figèrent et le poulet rôti sembla n'être plus que de la cendre entre les dents. En route de nouveau donc, en pleine nuit, tout au long des rues désertes. Don Valentino marchait, marchait et, soudain, il le revit. C'était à la porte de la ville, devant lui la pleine campagne s'étendait dans une obscurité vaguement blafarde à cause de laneige. Par- dessus les prés et les champs de mûriers, Dieu ondoyait, comme s'il était dans l'attente de quelque chose ou de quelqu'un. Don Valerio tomba à genous.
Mais, dans le même temps que le malheureux quittait la cathédrale, Dieu disparut. Effaré, don Valentino regarda autour de lui, puis scruta en vain les voûtes ténébreuses: Dieu n'était pas là non plus. Tout ce spectaculaire appareil de colonnades et de statues, de baldaquins, d'autels, de chapelles et d'estrades, de candélabres et de draperies, d'habitude tellement imposant et mystérieux, était devenu à l'improviste inhospitalier et parfaitement sinistre. Et dans deux heures à peines l'archevêque qui allait descendre! Fou d'inquiétude, don Valerio entrouvit le portail, regarda sur la place. Rien. Au-dehors de l'église, bien que ce fût Noël, il n'y avait aucune trace de Dieu. Des milliers de fenêtres illuminées parvenaient les échos de rires, de musiques, de verres brisée, et même de gros jurons. Mais pas de chants, pas de cloches. Don Valerio sortit dans la nuit et se hasarda sur les routes profanes, encerclé par le fracas de bacchanales impies. Mais il savait parfaitement ou il devait se rendre . Quand il entra dans la maison en question, la famille entière était assise à la table. Ils se regardaient tous avec amour et un peu de Dieu flottait autour d'eux. '' Joyeux Noël, mon révérend!'' fit le père de famille, '' Prenez donc une chaise » '' Je suis pressé, mes amis'', répondit-il. '' Figurez-vous qu'à cause d'une étourderie que j'ai faite, Notre Seigneur a abandonné la cathédrale. Et Son Excellence va bientôt venir y prier. Pourriez-vous me prêter le vôtre? D'autant que, puisque vous vous trouvez en compagnie, vous n'en avez pas un besoin absolu. « Mon cher don Valentito'', répliqua le père de famille, '' Il me semble qu vous oubliez que nous sommes le jour de Noël. Et ce serait justement aujourd'hui que mes enfants devraient se priver du bon Dieu? Vraiment, don Valentino, je m'étonne...'' Dans l'instant même ou il prononçait ces mots, Dieu s'éclipsa, les sourires heureux de l'assistance se figèrent et le poulet rôti sembla n'être plus que de la cendre entre les dents. En route de nouveau donc, en pleine nuit, tout au long des rues désertes. Don Valentino marchait, marchait et, soudain, il le revit. C'était à la porte de la ville, devant lui la pleine campagne s'étendait dans une obscurité vaguement blafarde à cause de la neige. Par- dessus les prés et les champs de mûriers, Dieu ondoyait, comme s'il était dans l'attente de quelque chose ou de quelqu'un. Don Valerio tomba à genoux. '' Mais que faites-vous là, mon révérend? « « lui demanda un paysan qui passait. '' Vous voulez prendre le mal, avec ce froid? '' Regarde au ciel, mon fils. Ne vois-tu rien? '' Le paysan regarda, étonné. ''Eh bien, oui '', dit-il. '' C'est le nôtre: il revient à chaque Noël pour bénir nos champs. '' - Citation :
- « Écoute » , reprit don Valentino. « Ne pourrais-tu m'en doner un petit peu? À la ville, nous n'en avons plus; même les églises en sont démunies. Laisse-m'en un petit bout, afin que l'archevêque puisse au moins passer son Noël convenablement. »
« Mais vous rêvez, mon pauvre monsieur le révérend! Je me demande bien quels horribles péchés vous avez dû commettre dans votre ville. À qui la faute? C'est votre problème.... » « Oui, c'est un péché, assurément. Et qui ne pêche jamais? Mais mon cher enfant, pense au nombre d'âmes que tu peux sauver, rien qu'en me disant oui.... » « J'ai déjà suffisamment à faire pour sauver la mienne! » ricana le paysant et, dans l'instant même ou il disait cela, le Seigneur se retira d'au-dessu de ses champs et disparut dans l'obscurité. En route de nouveau, toujours plus loin. Dieu semblait se faire plus rare chaque fois et aucun de ceux qui en possédaient une parcelle n'entendait la lâcher; de sorte qu'à l'instant même ou ils manisfestaient leur refus, Dieu disparaissait, s'éloignant toujours davantage. Et voici donc notre don Valentino aux limites extremes d'ine immense lande. Au fond, tout à fait à l'horizon, Dieu resplendissait doucement, comme un nuage effilé. Le petit prêtre se jeta à genoux dans la neige. « Seigneur, je t'en prie, attens-moi» , suppliait-il. « Par ma faute, l'archevêque est resté seul ce soir, et c'est Noël.... » Il se releva, les pieds gelés, et se remit en marche dans la brume et la neige, s'enfonçant jusqu'aux genoux, s'étalant parfois de tout son long. Combien de temps allait-il pouvoir tenir ainsi? Il finit par entendre un immense et pathétique choeur, des voix d'anges, et par percevoir un rayon de lumière qui filtrait à travers le brouillard. Il ouvrit un petit portillon de bois: de l'autre côté il y avait une église gigantesque au milieu de laquelle, faiblement éclairé, priait un homme. Et l'église était tout emplis de paradis. « Frère... », gémit don Valentino, à bout de forces, le corps partout hérissé de glaçons. « Aie pitié de moi. Par ma faute, mon archevêque est demeuré tout seul et a besoin de retrouver Dieu. Donne-m'en un peu, s'il te plaît... » L'homme en prière se retourna lentement. Et don Valentino, en le reconnaissant, se sentit blêmir encore davantage. L'archevêque se releva et, tout auréolé de Dieu, vint vers son secrétaire. «Joyeux Noël, don Valentino! » lui lança-t-il. « Mon cher garçon, mais ou es-tu donc allé te fourrer? Peut-on savoir ce que tu es allé chercher dehors, par une nuit à ne pas y mettre un chien? » « ... »
Dernière édition par bulle le Mer 17 Déc 2008 - 2:52, édité 1 fois | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Mer 17 Déc 2008 - 8:03 | |
| Ca c'est de l'enthousiasme Bulle.Je viens de commencer Nouvelles inquiètes et j'y reviendrai.Je crois que la majorité de ces 49 textes courts sont inédits en France. | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| | | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Jeu 18 Déc 2008 - 23:25 | |
| ça arrive lentement à mon esprit que ça représente pas mal de petits livres de petites nouvelles... quelqu'un s'y retrouve-t-il sereinement dans tout ça ? | |
| | | bulle Zen littéraire
Messages : 7175 Inscription le : 02/07/2007 Age : 67 Localisation : Quelque part!
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Ven 19 Déc 2008 - 0:24 | |
| - animal a écrit:
- ça arrive lentement à mon esprit que ça représente pas mal de petits livres de petites nouvelles... quelqu'un s'y retrouve-t-il sereinement dans tout ça ?
En les prenant un à un , oui. | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Ven 19 Déc 2008 - 21:36 | |
| - Bellonzo a écrit:
- Citation :
- "Tronk!Tronk!" appelle le professeur.Mais,pour la première fois le chien ne répond pas.Son coeur bat et tressaille encore.Pâle,de cette terrible pâleur qui s'empare des chiens dont on persiste à croire pourtant qu'ils ne peuvent jamais pâlir,il regarde là-bas,en direction de la forêt vierge d'où sortent pour venir le rejoindre,lugubres,les rhinocéros de la nuit.
Je tiens Buzzati pour immense et pas seulement à cause d'un certain désert.Tous les personnages de Buzzati me semblent être un peu mes frères.Et ça ne s'arrange pas avec les années. Ha, je savais que j'avais déjà lu ces lignes... c'est le genre de nouvelle très courte qui se suffit à elle même ce Tyran malade à peine quelques pages et après on peut poser le livre jusqu'à la prochaine fois. pourquoi ? parce que pourquoi lire autre chose (tout de suite) après ces derniers mots ? | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
Messages : 1775 Inscription le : 22/07/2008 Age : 75 Localisation : Picardie
| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Dim 21 Déc 2008 - 21:32 | |
| Dans Nouvelles inquiètes un très curieux texte,particulièrement buzzatien,sur l'enlèvement du fils Peugeot,écrit en 60,au moment de ce fait divers célèbre,et qui se clot sur cettei nterrogation du kidnappeur - Citation :
- Dans la rue tous les enfants,je dis bien tous.Pourquoi me regardent-ils?
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| | | bulle Zen littéraire
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| | | | bulle Zen littéraire
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| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Lun 22 Déc 2008 - 14:35 | |
| De Buzzati, je retiens, la lune est toujours très présente. dans plusieurs de ses nouvelles. Il affectionne cette grande Dame Lune. C'était interdit - nouvelle - Panique à la Scala La poésie mise hors la loi. Productivité, productivité était le leitmotiv du ministre envers la population. personne n'avait le droit de flâner à la rêverie des poésies, et admiratif de la lune. même la fille du ministre devait le faire en cachette au grenier. par la lucarne à regarder les toits illuminés par cette douce lune. son père l'a découvrit à cet endroit. L'esprit de la poésie, l'esprit de la lune, réuni pour indiquer leur présence avec humour fantaisique. - Citation :
- '' Qu'est-ce que tu fabriques ici? Parle! ''
'' Rien'' , dit-elle. '' J'écoutais'' '' Le ministre ferme la lucarne mais, avant de s'en aller, il va quand même y jeter un coup d'oeil, de nouveau en proie à son épouvantable soupçon. Qu'est-ce que Giorgina pouvait bien contempler? Qu'écoutait-elle donc? Eh bien: il n'y a rien à voir sinon le très banal panorama des toits déserts, ds arbres dénudés, des baraquements industriels de l'autre côté du boulevard, rien sinon l'insignifiant spectacle de la lune pas encore tout à fait pleine, la lune qui illumine la ville, engendrant les effets bien connus, bien répertoriés, les jeux d'ombre et de lumière, une sorte de transparence des nuages, etc...etc. Et l'on n'entend rien, rien sinon les crissements des bois anciens qui travaillent dans la charpente et la faible rumeur, à peine audib le, comme une respiration, de la ville qui s'endort peu à peu, conformément aux normes édictées pour la productivité qui doit justement cesser à cette heure .Bref, il s'agbit de phénomènes on ne peut plus usuels et absoluement privés du moindre intérêt. À moins que?...(Il fait froid dans ce grenier, des rafales d'air glacé s'infiltrent entre les jointures des tuiles. ) À moins que justement là-haut, sur ces toits dans une certaine mesure transfigurés par la lune (cela, franchement, même lui ne pourrait le nier) ne soit encore tapie la poésie, cette antique dépravation? Et, tout innocents qu'ils puissent être, se peut-il que les enfants s'y laissent prendre, sans que jamais personne ne les y ait incités? Et partout dans la ville, ce serait peut-être la même chose, comme un complot qui se tramerait? Ainsi, les lois ne suffisent donc pas, ni les sanctions, les condamnations, ni même le discrédit universel pour abattre définitivement cette abomination? Mais alors, tout ce qu'on a pu obtenir ne serait qu'une tromperie, une sauvage et ostentatoire hypocrisie, une parodie d'unanimité? Et lui, Montechiari? ce honteux sentiment inavoué germerait-il aussi en lui? - Citation :
Oh silencieuse et suave radiance, dans ce rideau d'obscurité des hangard d'acier tu te lèves, lampion de fées, miroir immobile de pierre Quelle longue errance pour enfin te trouver: Une vie! Et maintenant , fourbu, je vois nos misères que tu fais resplendir, paix sybylline et chaste de la pleine lune qui vient en ton palais de souverains exprits hanté...
'' Ces choses , professeur, c'est vous? '' Dans le même instant, la sonnerie du téléphone retentit dans le bureau d'à côté, puis une autre sonnerie dans un autre unpeu plus loin, puis au fond du couloir dans un troisième, un quatrième...Dès lors, dans l'immeuble assoupi le mystérieux réveil de la vie se mit à battre partout le branle, comme si des centaine de personnes étaient demeurées cacheés là dan sles armoirs ou derrières les rideaux poussiéreux, attendant le signal , un bruissement furtif de pas, un frémissement, un murmure diffus mais qui ne faisait que croître. Et ce furent ensuite des voix, des appels, des ordres qui claquaient sèchement, des portes qui battaient , un encessant va-et-vient, des courses effrénées, de lointains bruits sourds. au loin dans la rue sous les réverbères, un jeune homme sur un cheval. Et ensuite deux militaire en uniforme d'apparat vinrent se placer aux deux extrémités du balcon central, du bureau du ministre. brandissant des épées flamboyantes. Ils levèrent ces épées au ciel. ces trompettes au ciel. '' Une révolution, le ministère venait d'être renversé". | |
| | | Bellonzo Sage de la littérature
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| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Mer 24 Déc 2008 - 20:24 | |
| Très fort Dino avec cette fable sur la poésie interdite..Dans Nouvelles inquiètes plusieurs textes sur la justice dont l'hallucinant Les assises qui voit un meurtrier acquitté par un jury qui finit par condamner...la rue où il vivait. | |
| | | bulle Zen littéraire
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| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Mer 24 Déc 2008 - 21:22 | |
| - Bellonzo a écrit:
- Très fort Dino avec cette fable sur la poésie interdite..Dans Nouvelles inquiètes plusieurs textes sur la justice dont l'hallucinant Les assises qui voit un meurtrier acquitté par un jury qui finit par condamner...la rue où il vivait.
Eh bein, en effet c'est hallucinant. Une rue qui est condamnée Bonne soirée Bellonzo | |
| | | bulle Zen littéraire
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| Sujet: Re: Dino Buzzati [Italie] Dim 28 Déc 2008 - 3:48 | |
| Dino Buzzati, Les Journées perdues nouvelle très intéressante. vaut la peine d'être lue. Trouvés sur le net - Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa, Ernst Kazirra, rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait, une caisse sur le dos, d’une porte secondaire du mur d’enceinte, et chargeait la caisse sur un camion. Il n’eut pas le temps de le rattraper avant son départ. Alors, il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps, jusqu’à l’extrême périphérie de la ville, et s’arrêta au bord d’un vallon. Kazirra descendit de voiture et alla voir. L’inconnu déchargea la caisse et, après quelques pas, la lança dans le ravin, qui était plein de milliers et de milliers d’autres caisses identiques. Il s’approcha de l’homme et lui demanda : « Je t’ai vu sortir cette caisse de mon parc. Qu’est-ce qu’il y avait dedans ? Et que sont toutes ces caisses ? » L’autre le regarda et sourit : « J’en ai encore d’autres sur le camion, à jeter. - Citation :
- Tu ne sais pas ? Ce sont les journées. -
Quelles journées ? - Tes journées. - Mes journées ? - Tes journées perdues. Les journées que tu as perdues. Tu attendais, n’est-ce pas ? Elles sont venues. Qu’en as-tu fait ? Regarde-les, intactes, encore pleines. Et maintenant... » Kazirra regarda. Elles formaient un tas énorme. Il descendit la pente et en ouvrit une. - Citation :
- A l’intérieur, il y avait une route d’automne,
et au fond Graziella, sa fiancée, qui s’en allait pour toujours. Et il ne la rappelait même pas. - Citation :
- Il en ouvrit une autre.
C’était une chambre d’hôpital, et sur le lit son frère Josué, malade, qui l’attendait. Mais lui était en voyage d’affaires. - Citation :
- Il en ouvrit une troisième. A la grille de la vieille maison misérable se tenait Duk,
son mâtin fidèle qui l’attendait depuis deux ans, réduit à la peau et aux os. Et il ne songeait pas à revenir. Il se sentit prendre par quelque chose qui le serrait à l’entrée de l’estomac. Le manutentionnaire était debout au bord du vallon, immobile comme un justicier. « Monsieur ! cria Kazirra. Écoutez-moi. Laissez-moi emporter au moins ces trois journées. Je vous en supplie. Au moins ces trois. Je suis riche. Je vous donnerai tout ce que vous voulez. » - Citation :
- Le manutentionnaire eut un geste de la main droite, comme pour indiquer un point inaccessible,
comme pour dire qu’il était trop tard et qu’il n’y avait plus rien à faire. Puis il s’évanouit dans l’air, et au même instant disparut aussi le gigantesque amas de caisses mystérieuses. Et l’ombre de la nuit descendait. | |
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