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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Jane Campion Sam 18 Fév 2012 - 0:48
Babelle a écrit:
Quelqu'un a vu Portrait de femme? Et Un ange à ma table? Ce film est-il aussi flippant que l'autobiographie de Janet Frame lu il y a plusieurs années?
Cette question m'avait échappée Babelle... Oui, j'ai vu ce film...Il est très réussi. La comédienne qui incarne Janet Frame est excellente. Le film n'est pas aussi "flippant" comme tu dis que ce livre que tu évoques, et qui doit être l'extraordinaire Visages noyés. Un livre bouleversant et fort sur son internement psychiatrique. Que je ne saurais que vous recommander d'ailleurs...
Constance Zen littéraire
Messages : 4066 Inscription le : 27/04/2010
Sujet: Re: Jane Campion Sam 18 Fév 2012 - 9:32
colimasson a écrit:
Bright star(2009)
Brève incursion dans la vie de John Keats, Bright star présente le poète sous un angle inédit : celui qui le considère du point de vue d’abord amer, puis tendre et enfin passionné, de sa voisine Fanny Brawne avec qui il développera une relation amoureuse faite de multiples tourments. Il fallait bien ça pour que leur histoire mérite notre attention, et entre les divergences qui opposent deux caractères en antithèse, la présence gênante de l’ami Browne qui fait figure d’obstacle et la maladie de Keats, celle-ci réunit toutes les difficultés nécessaires à ce qu’une banale amourette devienne l’incarnation même de l’histoire d’amour tragique.
Ainsi, les tumultes de la vie amoureuse des deux personnages proviennent de l’extérieur, et ils ne peuvent finalement pas faire grand-chose pour lutter contre. Leur histoire n’est pas celle d’une lutte contre leurs démons intérieurs, qu’ils arrivent d’ailleurs à surmonter très facilement au-delà de leurs réticences, mais celle d’une résignation face aux aléas de l’existence : la réalité sociale des conditions propres à chaque personnage, la jalousie, la maladie, et peut-être l’homosexualité, évoquée en filigrane à travers le personnage de Browne. Face à la perte de l’être aimé, qui se fait inéluctable, les différentes phases du deuil sont respectées : déni, colère, abattement, acceptation… L’histoire est peut-être traumatisante, parce que l’apprentissage est difficile, mais peut-on dire autre chose de plus que : c’est la vie ?
La profonde résignation dont devront faire preuve John et Fanny s’accomplit dans un environnement feutré. Les références poétiques, textuelles ou visuelles, se multiplient et rendent le film aérien. Les paysages fleuris remplissent l’écran de couleur et redonnent de la beauté à la mélancolie. La discrétion de ce film va de paire, finalement, avec l’achèvement forcé de la relation entre John et Fanny. Pas facile à vivre, évidement, mais contrairement à une fin qui aurait été la conclusion d’une incompatibilité de deux caractères, séparés alors que rien ne les empêchait de poursuivre leur vie ensemble, celle-ci laisse la possibilité d’imaginer ce qui aurait pu être, et l’espoir continue de s’incarner dans l’amour qui ne disparaît pas du cœur de Fanny.
"Bright star, would I were stedfast as thou art -"
Petite fourmi travailleuse, je m'active ... le fil dédié à John Keats est sur le point d'apparaître.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jane Campion Sam 18 Fév 2012 - 17:49
J'ai vu ça Constance !
Merci madame, malheureusement, une fois encore le charme n'a pas opéré... Ceci dit, ce n'est pas avec deux poèmes que je peux trancher définitivement. A creuser, à creuser...
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Jane Campion Dim 19 Fév 2012 - 9:33
colimasson a écrit:
J'ai vu ça Constance !
Merci madame, malheureusement, une fois encore le charme n'a pas opéré... Ceci dit, ce n'est pas avec deux poèmes que je peux trancher définitivement. A creuser, à creuser...
Ah. En lisant ton commentaire je ne savais pas trop si t'avais aimé ou pas justement. Bon si t'avais été enthousiaste ça se serait senti. ou si t'avais détesté.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jane Campion Dim 19 Fév 2012 - 10:33
Sur grand écran, la beauté des images était vraiment magnifique... ça doit moins bien passer sur petit écran.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Jane Campion Dim 19 Fév 2012 - 21:48
Queenie a écrit:
colimasson a écrit:
J'ai vu ça Constance !
Merci madame, malheureusement, une fois encore le charme n'a pas opéré... Ceci dit, ce n'est pas avec deux poèmes que je peux trancher définitivement. A creuser, à creuser...
Ah. En lisant ton commentaire je ne savais pas trop si t'avais aimé ou pas justement. Bon si t'avais été enthousiaste ça se serait senti. ou si t'avais détesté.
Tu as parfaitement compris ce que j'ai pensé du film. Je n'ai été ni tout à fait enthousiaste, ni tout à fait réfractaire. Disons que je l'ai trouvé joli mais sans plus. (vu sur petit écran en effet, ça joue peut-être, mais ça n'explique pas tout)
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jane Campion Sam 20 Avr 2013 - 23:13
Top of Lake. 2013. 350 minutes.
Jane Campion a réalisé plusieurs épisodes de cette mini-série, notamment le premier et le dernier (le septième), et en a coréalisé plusieurs. Elle a également co-écrit le scénario, et co-produit la série.
Nous sommes en Nouvelle-Zélande. Les paysages sont une splendeur.
Matt Mitcham (interprété par Peter Mullan) est un homme qui est une sorte de chef de famille qui trempe dans des affaires louches...
On est dans la Nouvelle Zélande profonde, on va dire. On pense parfois un peu au film Snowtown, pour certains personnages un peu bas de plafond.
Le début de la trame de fond (je ne dévoile donc vraiment pas grand chose, on apprend tout ça au bout de cinq minutes), c'est qu'une gamine de 12 ans est enceinte. C'est la fille de Peter Mullan. On la voit ici avec notre héroïne, qui voudrait bien qu'elle lui dise qui est le père... Notre héroïne (interprétée par Elisabeth Moss) , donc, est une flic spécialiste des relations avec les enfants dans les situations difficiles,. Elle revient affronter son passé (mais ce n'est qu'un des éléments de l'histoire). Elle a un mélange de douceur et d'obstination/dureté un peu comme Abbie Cornish dans Bright Star.
A part ça, on a Holly Hunter dans un petit rôle. Elle a un look de Jane Campion : les mêmes cheveux longs... ça fait bizarre.
C'est une sorte de gourou qui n'a pas grand chose à dire, à part d'écouter son corps, ce genre de trucs (mais on n'est pas dans Holy Smoke, et c'est tant mieux). Avec elle sont arrivées plusieurs femmes paumées.
Je n'en dirai pas beaucoup plus, à part que c'est très, très sombre. Autant les paysages sont splendides (lacs, montagnes, forêts), autant les humains sont vils (souvent, les montagnes resplendissent et dominent les hommes, petites choses insignifiantes). En gros et sans généraliser, mais j'ai eu une impression d'un peu too much, quand même. C'est un bonne mini-série, bien sûr, très bien réalisée, très bonne atmosphère, etc. Mais quand même... autant de perversions et de misère réunies... Je ne dis pas que ça n'existe pas, et bien sûr si tout cela n'était pas réuni il n'y aurait pas eu de mini-série. Mais, voilà, c'est vraiment très noir. (et on notera une faute de goût, à un moment : il y a une scène que l'on va qualifier de très sombre accompagnée de musique classique... là, c'est trop facile, cette volonté de contraste... et j'en ai franchement marre de voir associer, dans les films, la musique classique avec les perversions).
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jane Campion Sam 20 Avr 2013 - 23:22
Tu as trouve le DVD comment ?
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Jane Campion Sam 20 Avr 2013 - 23:35
Marko a écrit:
Tu as trouve le DVD comment ?
Détails envoyés par MP.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Jane Campion Lun 16 Sep 2013 - 19:05
La série Top of the Lake sera diffusée sur Arte courant novembre. Une des mes principales attentes télévisuelles de l'automne.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Jane Campion Mar 17 Sep 2013 - 9:36
Avadoro a écrit:
La série Top of the Lake sera diffusée sur Arte courant novembre. Une des mes principales attentes télévisuelles de l'automne.
Cool !
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jane Campion Mar 17 Sep 2013 - 15:22
Queenie a écrit:
Avadoro a écrit:
La série Top of the Lake sera diffusée sur Arte courant novembre. Une des mes principales attentes télévisuelles de l'automne.
Cool !
Et pour les impatients le DVD avec sous-titres anglais est disponible notamment sur amazon.com ou amazon.co.uk
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Jane Campion Dim 6 Oct 2013 - 19:47
[quote="kenavo"] The Portrait of a Lady/Portrait de femme
Je ne suis ni transportée ni ennuyée par ce film. Je trouve que Jane Campion garde une ligne assez classique, sauf sur quelques scènes, et sur les visages qu'elle filme au plus près. Là où sent très fortement l'enfermement et l'étouffement d'Isabel par son mari.
Il y a de belles images, de beaux décors et de belles couleurs. Qui retranscrivent parfois sans besoin d'en rajouter le goût exquis d'Osmond tout en soulignant l'enfermement, la prison dorée.
Les paysages extérieurs sont aussi beaux que peuvent l'être des paysages anglais ou écossais, de campagne, de grande demeure, d'arbres et saisons qui passent : ils remplissent parfaitement leur rôle de représentation du pur romantisme.
Citation :
Je trouve qu'elle a bien capté l'évolution de cette jeune femme, au début si indépendante et audacieuse, mais qui se retrouve bien vite dans une relation avec un mari qui lui coupe toute liberté, surtout celle de prendre des décisions pour elle-même.
Pour moi, c'est plutôt oui et non. Peut-être est-ce que ça vient du fait de n'avoir pas lu le livre ? Mais je trouve qu'on ne sent pas trop la jeune femme vive et indépendante du début. De trop courtes scènes, où elle fuit, semble peureuse et à ne pas vraiment dire les choses (alors que tous vantent sa sincérité et sa fougue). Par contre... Nicole Kidman arrive parfaitement, ensuite, à jouer le rôle de cette femme obligée de se maîtriser à tout instant. Froide, dure, magnifique et dominante, puis qui se craquèle de partout face à son mari, quand elle est obligée de reconnaître le désastre de sa vie.
Citation :
Et surtout elle pense que Isabel aime d'un certain degré le pouvoir abusif que son mari tient sur elle. J'en suis convaincue tout comme elle.
On le sent un petit peu dans le film, surtout une scène importante, lorsqu'Isabel veut partir au chevet de son cousin malade et qu'Osmond le lui interdit, au nom de leur "contrat", de leur honneur, de l'amour qu'ils doivent éprouver l'un pour l'autre. Le chantage affectif pèse avec terreur sur les épaules d'Isabel. Et les jeux de Nicole Kidman et de John Malkovich se répondent incroyablement, à sentir l'explosion pas loin.
Cela dit, tous les acteurs sont bons. Viggo Mortensen en amoureux jeune, doux, et impétueux. Christian Bale en jeune homme (qui semble avoir tout juste terminé de mué), au visage légèrement poupin et capricieux, nerveux, et amoureux passionné. J'ai trouvé la jeune fille (enfant d'Osmond) assez fade. J'aurais aimé plus en voir du personnage complice d'Osmond (Serena Merle), et de leur relation diabolique et destructrice.
Un film donc agréable, mais qui reste globalement assez convenu dans son style fin XiXème, belles robes, scène de danse (quoique l'évanouissement une par une des jeunes filles était troublant, intéressant et original), scène de déclaration et de rejet. Un film qui reste sur ses rails, et a laissé un peu trop de côté certains aspects qui lui aurait donné une densité et une profondeur plus impressionnantes.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Jane Campion Dim 17 Nov 2013 - 18:22
Top of the lake
J'ai passé un très bon moment en regardant cette série qui a les excès (volontaires) que souligne Expie mais aussi beaucoup de qualités.
J'ai aimé l'atmosphère de cette Nouvelle Zélande incroyablement photogénique mais qui est un peu comme le Twin Peaks de Lynch, idyllique en surface et ténébreuse dès qu'on creuse un petit peu. Il y a le "top of the lake" puis toute la partie immergée de l'iceberg en quelque sorte. Et Jane Campion fait rappeler la légende de ce lieu à un de ses personnages pour mieux l'inscrire dans une dimension presque mythique d'affrontement entre des forces primitives éternelles. Lac qui sera source de renaissance ou de purification en même temps que menace d'engloutissement. Il y a toute une dimension psychanalytique ou initiatique dans le film. Autant pour l'héroïne principale que pour la jeune disparue.
Il y a le clan des hommes, archaïques, pervers, menaçants, sociopathes en puissance (fils à leur maman quand même!). La Loi des mâles qui écrase tous ceux qui sont différents ou jugés inférieurs (femmes, enfants, homosexuels...). La victime sacrificielle sera forcément un de ces héros martyres. Ce n'est pas vraiment une caricature mais une volonté de toucher à quelque chose de l'ordre de la fable ou de l'inconscient.
Il y a la sororité tribale des femmes avec leur guide spirituel GJ qui a choisi de créer un havre de paix ("Paradise") au coeur même des terres du clan masculin. C'est d'ailleurs intéressant de voir toutes ces femmes brisées par la vie et les hommes se rassembler en ce lieu pour mieux déstabiliser progressivement leurs oppresseurs de l'intérieur par leur simple présence.
Il y a aussi le clan des ados dont elle observe les rituels mieux que personne. Ils sont le trait d'union entre l'enfance et ce monde des adultes dont les modèles sont pour le moins défaillants. Comment apprendre, s'affranchir, supporter, se révolter ou se taire? (le OUI et le NON qu'on brandit au creux de sa main pour ne pas avoir à se soumettre à la Loi).
Ils sont un espoir et ils doivent faire le tri entre ces signaux antagonistes que leur renvoient les adultes en guerre. Matt Mitcham et GJ (qui trouvera la signification de ces 2 lettres?) étant des figures charismatiques (fabuleux Holy Hunter et Peter Mullan) qui font office de père et de mère symboliques qui prêchent la bonne ou la mauvaise parole. La raison ou la transgression. La dimension féministe est présente mais Jane Campion va plus loin que cette simple opposition binaire. Les personnages sont souvent complexes et ambivalents.
Il y a donc des ogres (violence et pédophilie au programme) et des bonne fées (bon sens et sagesse qui calment les blessures). Il y a une quête des origines et de transmission. Top of the lake est un récit symbolique sur l'adolescence en même temps qu'un travail de deuil et de résilience pour son héroïne.
L'amour y est destructeur ou salvateur. On doit y accepter d'affronter son corps, ses peurs, la mort, les obstacles d'une vie pour se libérer. On est tenté par le suicide ou on prend une carabine. GJ quitte ce lieu seule, laissant ses disciples s'approprier leur propre destin plus sereinement (ou pas...). Le film se terminant superbement par les cris d'un bébé qui dicte sa propre Loi. Et tout ça sous la forme d'un thriller palpitant. La classe Jane Campion
Dernière édition par Marko le Dim 17 Nov 2013 - 18:40, édité 1 fois
églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
Sujet: Re: Jane Campion Dim 17 Nov 2013 - 18:39
Marko !!!! J'ai beaucoup aimé cette série : merci pour ton commentaire qui donne une vision d'ensemble qui me semble fort juste ......(ou du moins qui correspond à la mienne)