Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Victor Hugo

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Sullien
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyMer 5 Juin 2013 - 14:03

Kannskia a écrit:
eXPie a écrit:
Oui, c'est vrai.
Et en même temps, j'avais pensé qu'il "trichait" un peu, dans Le Dernier jour d'un condamné, car (sauf erreur de ma part : ça fait déjà quelque temps que je l'ai lu), on ne sait pas ce qu'a fait ce condamné à mort... Hugo se garde bien de nous le dire.
Il aurait bien décrit, avec tout son talent, une horreur atroce que le condamné aurait commise, est-ce que le lecteur aurait eu ensuite autant d'empathie pour lui, aurait-on souffert avec lui ? Quand on est vraiment opposé à la peine de mort, on doit l'être même en cas du pire crime imaginable, non ?
Mais sinon, oui, la peur, l'inhumanité de l'attente, l'enfermement, c'est effrayamment bien décrit.
Je pense qu'il ne l'a pas fait pour tricher.

Il l'a fait parce qu'il voulait rendre ce condamné universel, que chaque condamné puisse s’identifier et être identifié à lui. Et surtout, il souhaitait qu'on le voit avant tout comme un homme, pas comme un meurtrier. C'était justement pour qu'on souffre avec lui, pour que le lecteur ne le range pas directement dans la case "salopard qui a mérité ce qui lui arrive". A ce moment là, on ferme la porte à la réflexion quant à la torture psychologique infligée et la déshumanisation qu'elle incarne. Victor Hugo a mis un point d'honneur à lui redonner son humanité, à lui donner le statut d'être pensant et point barre. L'image de son meurtre aurait créé un voile opaque occultant la conscience du condamné, surtout à l'époque de la publication du livre j'imagine... On n'est plus un être humain, on est un meurtrier. Or, l'un ne se substitue pas à l'autre, le condamné est, certes, un meurtrier mais il n'en reste pas moins un homme avant tout. Là où tu vois une tricherie, je vois de l'intelligence.

Je suis de l'avis de Kannskia. Bien loin d'être une dérobade d'Hugo, s'être tu sur les motifs de la condamnation est un véritable trait de génie.
Le plus coupable, quels que soient ses forfaits, ne mérite pas la guillotine.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyMer 5 Juin 2013 - 14:46

Sullien a écrit:
Je suis de l'avis de Kannskia. Bien loin d'être une dérobade d'Hugo, s'être tu sur les motifs de la condamnation est un véritable trait de génie. Le plus coupable, quels que soient ses forfaits, ne mérite pas la guillotine.
Oui ! Dans un discours prononcé devant l'Assemblée Nationale, il évoque l'inviolabilité de la vie humaine.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyJeu 8 Aoû 2013 - 10:52

Je viens de finir le premier tome des Misérables, 8 ans qu'il était dans ma bibliothèque à m'attendre. J'avais lu entre temps Notre-Dame de Paris, lecture très douleureuse, qui m'avait un peu refroidi. J'avais d'ailleurs à peu près le même avis qu'Harelde sur le livre, même si les passages qui m'avaient rebuté ne sont pas exactement les mêmes (quelle horreur cette description de Paris, complètement inutile et qui se complet dans des énumérations interminables) mais l'histoire était magnifique.

Prenant, donc, mon courage à deux mains je me suis lancé dans les Misérables. L'impression au sortir de ce premier tome (à la fin de l'épisode du couvent dans mon édition) est plutôt bonne, en tout cas meilleure que pour Notre Dame. Alors certes Victor Hugo délaye, parle d'un peu ce qu'il veut, trouvant des prétextes improbables pour lier toutes ses digressions à l'histoire (la bataille de Waterlo...), se lance parfois dans des descriptions inutiles (qui ne me parlent pas en tout cas et que je trouve sans réelle beauté) mais l'histoire est magnifique, touche à beaucoup de sujet et l'auteur expose bien ses idées (on est d'accord ou pas avec lui, on ne peut nier qu'il présente ses arguments avec beaucoup d'habileté).

Je dis description inutile je pense au livre sixième : le petit-picpus, bien trop long (a-t-on par exemple besoin, au chapitre 7, de cette énumération de toutes les soeurs "importantes" du couvent ? Aussitôt lu aussitôt oublié), ainsi qu'au livre troisième, chapitre 1 l'an 1817 qui comporte beaucoup trop de références incompréhensibles pour quelqu'un qui n'est pas de l'époque je pense.
Ceci dit certaines digressions m'ont beaucoup plû. Hugo raconte avec brio Waterlo. J'ai vibré en lisant son récit de la bataille, épique ; je me suis même remémoré des souvenirs lointains de la lecture de l'Illiade. Le livre Parenthèse qui présente sa position sur les couvents est aussi fort intéressant. Par contre j'ai bien ri quand dans un autre livre (je ne retrouve pas le passage) le narrateur se défend de donner son avis et se targue de ne présenter que les idées des personnages.

A ce propos j'ai remarqué quelques tics d'écriture qui allongent le récit tout en donnant un caractère conté à l'ensemble : les précautions prises par le narrateur avant de s'engouffrer dans les méandres de la pensée et de l'âme d'un des personnages, ou même l'entrée dans le couvent interdit aux hommes : le narrateur peut-il violer l'intimité des soeurs ?

Je peux paraître négatif pourtant je vais continuer la lecture (le plus dur étant maintenant de trouver le tome II dans mon édition). Parce que ce livre prend vraiment le parti d'être un assemblage plus ou moins logique de pleins de choses, parce que ce qui compte ici c'est bien la richesse du propos et des thèmes abordés, parce que l'histoire parfois reléguée au second plan n'en est pas moins superbement bien pensée et contée et parce que malgré toutes ces digressions et autres descriptions je me suis attaché au narrateur, à ses façons de présenter les choses et à sa mauvaise foi qui m'amuse beaucoup.

C'est l'épopée de l'homme pauvre, du héros sorti de la populace représentant des gens oubliés, condamnés au mépris éternel de la société. Victor Hugo utilisent des personnages caricaturaux pour exposer avec force ses théories de société. Il y a une véritable foi en l'homme et en sa capacité à devenir meilleur, à évoluer et changer grâce à l'amour de l'autre. On observe l'auteur : son amour pour Paris, son admiration pour Napoléon, ses conviction et ses combats.

Certes je n'ai pas terminé la lecture mais j'avais envie de poster un petit commentaire tant que c'était frais.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyJeu 17 Oct 2013 - 20:31

J'ai terminé la lecture des Misérables. La suite est à l'image du début, foisonnante, une sorte de méli mélo de tout. Beaucoup d'exaltation de l'auteur, beaucoup malheureusement de redondances dans les descriptions quant aux termes choisis et atmosphères dépeintes. Les personnages sont encore un peu plus caricaturaux avec des volte-face étonnants et ou un amour entre Marius et Cosette particulièrement niais et sans profondeur. L'ensemble m'a fait l'effet d'être une sorte de fable, chaque personnage représentant un type. Javert dans le rôle de la loi intransigeante, Valjean dans celui-ci du repenti et responsable, Cosette dans celui de la fille puis de la femme simple... Ceci n'enlève rien au fait que l'histoire est très prenante et ceci du fait des incroyables coïncidences qui réunissent durant toute la narration les personnages.

Les diatribes ou discours de Victor Hugo tourne souvent à la démonstration sans autre argument qu'une affirmation péremptoire ou une tentative de persuasion par l'éveil de la pitié, ou de l'admiration. Si l'on cherche un texte argumenté on sera déçu, si l'on se demande ce qu'Hugo pensait c'est intéressant...enfin jusqu'à un certain point. Le chapitre sur l'argot est beaucoup trop long et certains détails historiques ou pensées sur les émeutes et insurrections pourraient facilement être réduits à quelques pages au lieu des tartines répétitives que nous sert l'auteur. On dirait parfois qu'il se lit écrire.

La lecture fut donc agréable même s'il m'a fallu parfois passer quelques obstacles. Dommage que les personnages ne soient pas un peu plus profonds et que pour montrer quelque chose Victor Hugo se croit obligé d'expliquer ses idées puis de raconter l'histoire comme un exemple donné au sein d'une argumentation. Il y a une certaine dualité dans le récit du coup. Si vous avez le courage de lire les quelques 1500 pages, vous ne regretterez pas le voyage.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyJeu 17 Oct 2013 - 21:25

Je compte revenir vers Hugo, j'hésite entre différentes œuvres poétiques, théâtrales (Arabella souligne à juste titre l'immense talent d'Hugo-dramaturge) ou romanesques. Peut-être lire Les derniers jours d'un condamné avant de me lancer vers Les Misérables ??

Et puis aller faire un tour du côté d'Annie Lebrun qui est je crois l'une des spécialistes de l'auteur (aquarelliste, pamphlétaire, écrivain...) ! Je garde en mémoire (pour rebondir sur un post de kenavo) quelques aquarelles fascinantes de Hugo, vues lors de l'expo L'ange du bizarre (Orsay)(un pont en particulier, devant lequel je suis restée un long moment, méditative et happée, troublée par la force exprimée à coup de pinceau et par la narrativité de l'image...).
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyVen 18 Oct 2013 - 0:01

J'ai lu le dernier jour d'un condamné mais ça remonte à loin. Le souvenir de lecture que j'en ai est vraiment différent de celui que j'ai eu en lisant les Misérables. Les Misérables c'est une grande fresque dans laquelle l'auteur intervient beaucoup et s'éparpille. Le dernier jour d'un condamné est je crois plus concis et se concentre sur l'histoire qui certes est là pour montrer une idée chère à Hugo mais sans qu'il n'intervienne vraiment en coupant le récit pour exposer sa thèse, du moins dans mes souvenirs. Du coup, tout dépend de ce que tu cherches, peut-être que les Misérables pourraient te dégoûter et que le dernier jour d'un condamné serait une bonne mise en bouche, même si le passage de l'un à l'autre risque d'être assez abrupt.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyVen 18 Oct 2013 - 12:56

titete a écrit:
J'ai lu le dernier jour d'un condamné mais ça remonte à loin. Le souvenir de lecture que j'en ai est vraiment différent de celui que j'ai eu en lisant les Misérables. Les Misérables c'est une grande fresque dans laquelle l'auteur intervient beaucoup et s'éparpille. Le dernier jour d'un condamné est je crois plus concis et se concentre sur l'histoire qui certes est là pour montrer une idée chère à Hugo mais sans qu'il n'intervienne vraiment en coupant le récit pour exposer sa thèse, du moins dans mes souvenirs. Du coup, tout dépend de ce que tu cherches, peut-être que les Misérables pourraient te dégoûter et que le dernier jour d'un condamné serait une bonne mise en bouche, même si le passage de l'un à l'autre risque d'être assez abrupt.
mmm... je garde un souvenir très fort de ma lecture de L'homme qui rit qui de temps en temps s'éparpille mais cela ne me gêne pas, j'aime beaucoup les grandes fresques lorsqu'elles sont bien écrites et je n'ai aucun doute en ce qui concerne le talent d'Hugo... (peut-être pour les vacances de noël..., qui sait ?).
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyJeu 28 Nov 2013 - 13:53

Jean-Paul Sartre dans Les Mots à propos de Victor Hugo :

"Je tiens ce bel homme à barbe de fleuve, toujours entre deux coups de théâtre, comme l’alcoolique entre deux vins, pour la victime de deux techniques récemment découvertes : l’art du photographe et l’art d’être grand-père."
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyJeu 28 Nov 2013 - 16:36

Tiens amusante citation, j'ai lu Les Mots mais je ne me rappelais pas d'un tel commentaire. Dans quel contexte dit-il cela ? Je peux comprendre qu'il trouve chez Victor Hugo un côté paternaliste et qu'il puisse le comparer à un photographe (des scènes de son époque, avec un travail certain sur la restitution de l'Histoire) mais je ne vois pas bien où il veut en venir (notamment lorsqu'il emploie le mot "victime").
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyVen 29 Nov 2013 - 20:59

Je ne sais plus exactement comment cette réflexion s'insère dans le texte mais cela survient lorsque JPS parle de son propre grand-père...
Je ne me suis pas vraiment amusée à réfléchir au fond profond de cette considération car il m'a semblé que dans ce livre, JPS se montrait particulièrement fanfaron. Une provocation de plus ou de moins... ça marche dès que c'est un peu anachronique, ça tire au moins un sourire.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptySam 30 Nov 2013 - 11:49

L'histoire du refus du Prix Nobel par Jean-Paul Sartre n'est pas étrangère à l'image de ce grand-père.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyLun 2 Déc 2013 - 17:52

Ah oui ? explique...
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyMer 4 Déc 2013 - 11:21

Albert Schweitzer a gagné le prix Nobel de paix en 1952. J'ai parlé de grand-père... pas exact, mais sa cousine, Anne-Marie-Schweitzer était la mère de Jean-Paul Sartre. Il semblerait que l'écrivain et philosophe ne considérait pas bien Albert Schweitzer, ce qui l'aurait amené à rejeter le Prix Nobel entre autres, même derrière sa position de principe de refuser les prix quels qu'ils soient.


Dernière édition par jack-hubert bukowski le Ven 6 Déc 2013 - 13:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyVen 6 Déc 2013 - 13:35

Affaire difficile à suivre... jemetate (ou bien je suis pas bien réveillée).
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo - Page 4 EmptyDim 8 Juin 2014 - 20:49

Et si nous parlions un peu du théâtre de Hugo qui finalement face a sa poésie et a ses romans, toujours largement lu et célébrés, fait un peu figure de parent pauvre certes le théâtre de Hugo a été pas mal redécouvert depuis les années 50 en grande partie grâce aux mises en scéne de Ruy Blas et Marie Tudor par Jean Villar pour le TNP. Et aussi grâce a Antoine Vitez pour qui Hugo fut une grande passion, et dont les mise en scéne dont un peu voir de court fragment épars sur internet donne furieusement envie tant Vitez parvient a un équilibre merveilleux entre une ascèse typique d'un certains théâtre contemporain et les extravagances hugoliene, en tout cas ça a l'air très beau, mais j'ai bien peur qu'aucune captation intégral ne soit disponible (et quand bien même cela existerait je doute que ça soit assez rentable pour qu'on en ait un jour des DVD  jypeurien ). Aujourd'hui Hernani, Ruy Blas et même Lucrèce Borgia et Marie Tudor sont semble-t'il des pièces souvent monté et estimé et dans le domaine universitaire le théâtre de Hugo est largement étudié peut être même plus que ses romans et sa poésie.
Pour autant ce n'est pas vraiment au théâtre que l'on pense en premier lorsque l'on évoque Hugo ses romans, et sa poésie semble écrasé tout le reste par leur popularité, et le théâtre récolte encore souvent des jugements un peu méprisant: ce serait du sous shakespeare, plein d'invraisemblance et mélodramatique au plus mauvais sens du terme et surtout daté. Je le sais bien car si Hugo a toujours été ma grande passion littéraire j'ai longtemps été embarrassé par son théâtre le trouvant verbeux, parfois niais et particulièrement poussiéreux. Après avoir lu Torquemada, Hernani, Lucrèce Borgia,  Marie Tudor, Angelo tyran de Padou et Le roi s'amuse et Ruy Blas (la seule que j'avais vraiment aimée) au collège et au lycée j'ai laissé tomber le théâtre de Hugo pour m'y replonger il y a a peu prés un an, après avoir lu pas mal d'avis plus qu'élogieux et vu des extraits des mises en scéne de Vitez et il faut bien dire que j'ai radicalement révisé ma position et je considère maintenant son théâtre comme aussi passionnant que ses univers romanesques et poétiques. Je suis donc en train de lire l'intégralité du théâtre de Hugo, je me propose de faire un compte rendu de ces relectures ou découverte:

Cromwell
Voila une pièce qui présente un cas d'école puisqu'elle a été presque totalement occulté par célèbre préface (mais peut on encore parler de préface pour un texte aussi long véritable manifeste théorique et esthétique du romantisme), il faut dire aussi qu'elle n'est pas aider par sa longueur démesuré (6920 vers d’après wikipedia, pardonnez moi de ne pas avoir eut le courage de recompter) et une foule de personnages et de figurants qui associés au nombreux changements de décors la rendent injouable dans son intégralité. Ceci dit qu'en est-il de la pièce elle même: et bien elle est aussi folle que démesurée et ce que j'avais initialement considéré comme des défauts me semble ici les principales qualités du drame: les excès et les invraisemblances participe a la poésie de la pièce et la fameuses alliance du sublime et du grotesque y éclate a chaque instant Hugo faisant se télescoper avec une audace et une facilité déconcertante farce et tragédie, le ridicule (assumés) semble s'inviter au milieu même du désespoir le plus noir, et si Hugo use et abuse des ficelles du mélodrame c'est au service d'un traitement iconoclaste qui les subvertit et fait éclater la morale conformiste des mélodrame de l'époque.
L'histoire de la pièce est la suivante:  Après avoir fait exécuter le roi, Cromwell dirige d'une main de fer depuis déjà de nombreuses années la république anglaise, il domine l'Europe et son pouvoir est absolu mais il désire la couronne pour installer une dynastie et assoir sa légitimité. A partir de là le tyran ambitieux se trouve la cible  de deux complots: celui des aristocrates qui veulent tuer le régicide et rétablir la dynastie des Stuart sur le trône et les puritains soucieux de préserver l'idéal républicains et le pouvoir du parlement qui veulent tuer Cromwell avant qu'il ne me fasse sacré roi. La pièce me semble illustrer les hésitations politiques de Hugo alors encore royaliste mais qui semble de plus en plus s'éloigner de la frange ultra pour affirmer des conviction plus libérale et sociale les deux partis font également preuve de grandeur et de ridicule. La langue de Hugo est absolument magnifique, sa verve épique et coloré passe du lyrisme a la bouffonnerie joue habillement a pervertir le rythme habituellement ronflant de l'alexandrin. Sur le plan de la langue les deux personnages les mieux loties et les plus mémorables sont l'aristocrate libertin Rochester et le puritain Carr, le premier est un poète ridicule, personnage comique souvent vain mais extrémement sympathique et le second représente une forme de droiture et d'honnêteté a toute épreuve qui se dresse contre l'arbitraire du pouvoir de Cromwell mais presque aussi ridicule que Rochester par un puritanisme excessif et exacerber jusqu’à la caricature.
Une pièce a lire assurément un monstre littéraire et théâtrale ou lé génie verbale de Hugo fonctionne a pleine puissance et qui ne mérite pas d'être ignoré comme on le fait. Cela dit, Cromwell n'est pas sans défaut la pièce est trop longue et qui dit trop long dit redondant et il faut bien avouer que parfois on se dit qu'une ou deux coupe ne serait pas de trop afin de dynamisé un peu tout ça.

Marion de Lorme
lointainement inspiré d'une courtisane ayant vécu sous le règne de Louis XIII, Marion de Lorme est tombée amoureuse de Didier un jeune homme qui ignore tout de sa vie dissolue, il seras condamné a mort pour s'être battue en duel, les duels ayant été interdit par Richelieu, il s'enfuie et se cache avec Marion avant de la rejeter lorsqu'il découvre son passé malgré l'amour sincère qu'il ressent pour elle, maisMarion feras tout pour le sauver. La pièce est excellente et très belle, je ne la connaissais pas, ce qui frappe c'est que tout en étant totalement hugolienne ici ses excès semblent atténuer et sa langue est plus délicate et feutré, moins tonitruante, cela dit on  retrouve des morceaux de bravoure ainsi dans le dernier acte alors que Marion est gagné par le désespoir et la panique Hugo malmène les alexandrins et propose des rythmes saccadé qui exprime encore mieux que les mots la violence des sentiments qui l'agite, mais les grands moments de la pièce sont les plaintes de Louis XIII le roi qui s’ennuie, dépossédé de son autorité par le cardinal et qui dialogue (si l'on peut appeler ça un dialogue) avec son fou. Cette représentation d'un monarque faible et indécis, soumis a son ministre déplut et la pièce fut interdite par le gouvernement de Charles X avant même d'avoir été représentée. Cette censure est une étape non négligeable dans l'évolution politique du poète qui rassembla toutes la presse libérale derrière lui défendant bec et ongle sa pièce et a travers elle la liberté d'expression, le gouvernement de l'époque déjà affaiblis chutât en partie des suite de cette affaire. Le gouvernement suivant tenteras d'acheter le poète en lui proposant une compensation financière qu'il refuseras, ne pouvant obtenir la levée de la censure (Marion de Lorme ne seras représenté qu’après l'abdication de Charles X) il riposteras en proposant une autre pièce encore plus audacieuse politiquement et qui marqueras l'Histoire: Hernani.

Hernani
Au delà du mythe de la célèbre bataille qui accompagna la création de cette pièce révolutionnaire a plus d'un titre, Hernani me semble être le chef d'oeuvre dramatique de Hugo, il condense toutes ses audaces: déconstruction de l'alexandrin, jeu sur le rythme, mélange des différent registre de langue, envolée lyrique qui emporte tout sur leur passage, grande variété de décors, mépris absolu de la vraisemblance avec des coïncidence extraordinaire et retournement de situation a la dernière minute qui s'enchaine les unes a la suites des autres tout cela fit trembler Balzac (qui consacra un article impitoyable a la pièce, listant par le menu toutes les "fantaisies" hugolienne) et hurler de terreur les classiques tandis que j'imagine Hugo goguenard observant tout ce petit monde après l'explosion de sa bombe dont le souffle vient d'emporter irrémédiablement les restes d'un classicisme moribond. Il y a quelque chose de jubilatoire dans ce refus de toute forme "réalisme" au profit d'une affirmation de l'art et de la poésie pure! Hernani c'est comme Cromwell mais sans les longueur et en plus fort, le grotesque et le sublime s'alterne, se mélange et se complète tout au long de la pièce avec une audace qui ne peut que laissé admiratif. Le personnage central n'est pas tant Hernani que Don Carlos plus connus sous le nom de Charles Quint roi d'Espagne et futur empereur du saint empire romain germanique, c'est lui qui incarne la dimension politique de la pièce. Si Hugo prudent après la censure de Marion de Lorme a déplacer l'action de sa pièce en Espagne plutôt qu'en France, Hernani n'en est pas moins infiniment plus audacieux, tout le début de la pièce présente un roi qui agit comme un brigand (au contraire le brigand Hernani lui possède la noblesse d'âme que l'on attend d'un roi) et se cache dans les armoires comme un vulgaire amant de comédie, situation qui change brusquement lorsqu'il se trouve en passe d'être élu empereur, seul dans le tombeau de Charlemagne Don Carlos s'ouvre a la grandeur lors d'un long monologue sur le pouvoir, et les rapport entre le roi Dieu, le peuple et l'empereur:
Citation :
...
Base de nation portant sur leurs épaules
La pyramide énorme appuyée aux deux pôles,
Flots vivants, qui toujours l’étreignant de leurs plis,
La balance, branlante, à leur vaste roulis,
Font tout changer de place et, sur ses hautes zones,
Comme des escabeaux font chanceler les trônes,
Si bien que tous les rois, cessant leurs vains débats,
Lèvent les yeux au ciel... – Rois ! regardez en bas !
– Ah ! Le peuple ! – océan ! onde sans cesse émue !
Où l’on ne jette rien sans que tout ne remue !
Vague qui broie un trône et qui berce un tombeau !
Miroir où rarement un roi se voit en beau !
Ah ! si l’on regardait parfois dans ce flot sombre,
On y verrait au fond des empires sans nombre,
Grands vaisseaux naufragés, que son flux et reflux
Roule, et qui le gênaient, et qu’il ne connaît plus !
– Gouverner tout cela ? – Monter si l’on vous nomme,
À ce faîte ! – Y monter, sachant qu’on n’est qu’un homme !
– Avoir l’abîme là !... – Pourvu qu’en ce moment
Il n’aille pas me prendre un éblouissement !
Oh ! d’états et de rois mouvante pyramide,
Ton faîte est bien étroit ! – Malheur au pied timide !
À qui me retiendrai-je ?... – Ô ! si j’allais faillir
En sentant sous mes pieds le monde tressaillir !
En sentant vivre, sourdre et palpiter la terre !
– Puis, quand j’aurai ce globe entre mes mains, qu’en faire ?
Le pourrais-je porter seulement ? Qu’au-je en moi ?
Être empereur ? mon Dieu ! j’avais trop d’être roi !
...
Hugo dans ce monologue affirme la supériorité de l'empereur (élu) face au roi et sa fascination pour le peuple: "océan ! onde sans cesse émue !" dont la puissance peut renverser les trônes (ce qui revient a dire qu'au fond le dernier mot lui appartient). Les seuls empereurs cités dans la pièce sont Charles Quint et Charlemagne, mais en 1830 il est évident que la mention de l'empereur renvoyait à une autre figure historique; Napoléon, ennemi de la restauration et symbole (paradoxal certes mais symbole quand même) de la révolution, que Don Carlos accéde a la grandeur en devenant empereur et que son premier acte dans la piéce soit un acte de clémence et d'humanité a l'égard d'Hernani était assez symbolique.

il m'en reste beaucoup a relire, j'essayerais de parler de chacune des pièces quand je les aurais lu ou relu.
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