Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Guillaume de Fonclare

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MessageSujet: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyJeu 25 Mar 2010 - 0:46

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Dans ma peau
Stock

En exergue:

La gloire a sillonné de ses illustres rides
Le visage hardi de ce grand Cavalier
Qui porte sur son front que nul n'a fait plier
Le hâle de la guerre et des soleils torrides.

José Maria de Heredia Les Trophées ( 1893)

Que dire.. c'est un texte, découvert grâce à l'émission littéraire du Masque et la plume, qui m'a tellement marquée par sa dignité, tant dans l'écriture que dans ce qui est décrit, que j'ai bien du mal !
Guillaume de Fonclare est directeur de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme.Il est par ailleurs atteint d'une maladie auto-immune, qui, jour après jour, le diminue un peu plus en le faisant de plus atrocement souffrir.
Dans ce livre peut être testamentaire ( bien qu'il dise bien sûr vouloir continuer à écrire ,tout en ne sachant pas de combien de temps il va encore disposer), on ne peut parler de parallèle entre les jeunes soldats morts par milliers dont les tombes l'entourent et sa propre souffrance, ce serait trop simpliste. Mais il existe et il ne le nie pas. Il parle en particulier de sa possibilité à lui de parler ( pas toujours ,pas vraiment, car c'est très difficile de parler de douleur) alors qu'eux, même rescapés, ont été contraints au silence.
Il parle aussi de l'importance de la littérature dans la construction de soi,de l'acceptation et de l'humilité,de ce qui aide à vivre, minute après minute, et c'est magnifique d'émotion maitrisée.

Citation :
C'est le musée qui m'a sauvé ,sauvé de la dépression, du désespoir, c'est le musée qui a allumé en moi cette petite flamme que désormais, j'aurai tout le temps de faire grandir. Au travers de la souffrance de cette multitude, c'est ma souffrance que j'ai appris à respecter et à accepter. Il n'y a pas de leçon de morale dans ce constat; je n'ai pas fait taire mes douleurs parce que j'en ai rencontré de plus grandes. Non, ma douleur est là, elle n'a pas faibli; il n'y a pas de souffrance plus grande que d'autres. Le musée m'a appris la décence, le courage, l'humilité, le pardon et l'espoir. C'est ici que j'ai construit ce qui me fera demain, c'est ici que j'ai appris à être un homme, pleinement un homme et seulement un homme.
Depuis cinq ans, mon corps est en zone rouge, dans cette zone où destruction et espoir se combattent. Je ne saurais dire à quel moment j'ai dépassé les limites, et je ne saurais dire où se trouvent ces limites. Est-ce l'une de mes cellules qui a d'abord sonné la révolte, ralliant à sa cause des milliards de partisans? Ou bien est-ce au fond de mon cerveau qu'un reptile endormi, réveillé par un mauvais rêve, s'est ébroué si violemment qu'il a mis mes neurones sens dessus dessous et mes nerfs à nu? Même si on m'annonce l'impossibilité de reconstruire, je reconstruirai. Je reconstruirai une vie susceptible d'être vécue par mon corps malade, qui me trimbale depuis si longtemps que je lui dois bien de le trimbaler à mon tour. Nous irons donc à son rythme, j'apprendrai à entendre ses plaintes, à les comprendre et à les soigner de mon mieux. Si nous avançons cahin-caha, je n'aurai cure des quolibets et des lazzis; un pas vers l'autre, nous avancerons vers un plus loin que j'ai appris à ne plus redouter; et j'aurai appris à vivre dans ma peau.

L'excellente critique de Jérôme Garcinici


Un entretien d'une vingtaine de minutes avec Guillaume de Fonclare dans son bureau de l'Historial de la Grande Guerre ici
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyJeu 25 Mar 2010 - 19:02

Marie a écrit:
Que dire.. c'est un texte, découvert grâce à l'émission littéraire du Masque et la plume, qui m'a tellement marquée par sa dignité, tant dans l'écriture que dans ce qui est décrit, que j'ai bien du mal !
J'avais noté son nom (mais où ?) pour être sûr de m'en souvenir, après cette émission...
Merci d'avoir ouvert le fil, Marie !
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyVen 26 Mar 2010 - 13:59

Marie, ce livre t'appartient? Si oui, je te le piquerai, si tu veux bien.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Mai 2011 - 14:11

Guillaume de Fonclare, Dans ma peau

L'auteur est directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Peronne. Il est atteint d'une maladie orpheline qui l'empêche de plus de plus de marcher, qui le fait souffrir. Il nous fait le récit de son handicap, de son combat et en même temps il nous raconte l'histoire de soldats morts en 1916, il nous fait vivre des commémorations, nous présente ce que l'on trouve en fouillant un peu la terre de ce coin de Somme où "le blé qui a fait le pain des vivants a germé sur des restes humains", où il y eut "plus de deux morts au mètres carré". La confrontation de sa mort à venir et de celle présente partout au mémoriale n'est pas morbide; elle agit plutôt comme une vanité (au sens pictural) et incite l'auteur à profiter de la vie. Le tout est écrit dans l'uregnce d'une belle écriture sans fard, sans ornements.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Mai 2011 - 14:42

Ça fait envie, une démarche intéressante. D'autant que je vais visiter l'Historial de Péronne cet été. Je vais essayer de me le procurer, une chance, il est disponible à la médiathèque.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Mai 2011 - 20:00

topocl a écrit:

Citation :
Ça fait envie, une démarche intéressante. D'autant que je vais visiter l'Historial de Péronne cet été. Je vais essayer de me le procurer, une chance, il est disponible à la médiathèque.

Tu me donneras ton avis sur ce livre alors. J'ai visité l'Historial il y a plus de dix et ans. C'était très bien fait à l'époque (je ne sais pas s'il y a eu des changements), très instructif, pas d'hymne à la guerre (bien au contraire, c'est d'ailleurs ceque dit G. de Fonclare).
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Mai 2011 - 21:18

reprise des derniers commentaires du fil one shot pour remonter le fil. cat
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyMar 10 Mai 2011 - 1:58

Ah oui, c'est un très beau livre, je suis ravie que d'autres le découvrent!
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyVen 13 Mai 2011 - 14:19

Merci, Marie et Madame B., pour la découverte de ce texte absolument magnifique.
Il n'y a rien à rajouter à ce qui a été dit dans le commentaire ci-dessus si ce n'est que le texte est tellement digne et sobre que tout commentaire sera forcément au-dessous de la réalité.
Riche, profond, terriblement humble et bouleversant.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyMer 18 Mai 2011 - 15:22

Citation :
Il suffit de ralentir la vitesse de projection des films d'archives pour que ces étranges pantins à l'allure saccadée retrouvent une démarche plus habituelle. Et alors, ces images qui faisaient sourire prennent une dimension tragiquement humaine. Ces femmes à la taille serrée dans leurs corsets sont nos grands-mères ; ces hommes moustachus et hâbleurs, ces silhouettes frêles qui disparaissent dans la fumée, nos grands-pères.. Oui, ce sont bien eux, nos grands-pères, qui se sont battus là, qui se sont terrés dans cette tranchée, pendant des semaines, ou des jours, ou des heures, qu'importe. Nous, imaginer y demeurer un quart d'heure nous affole ; toute cette boue qui colle, qui tache ; cette poussière qu'on avale, cette chaleur suffocante, ce froid qui mord, les odeurs, l'urine, la merde, des tripes ; et les rats, mon Dieu, les rats, les poux, la vérole. On en était venu à douter de notre commune appartenance à l'espèce humaine, et ces images nous rappellent que non, ce sont bien nos grands-pères, nos frères d'humanité qui ont combattu ici et comme ça.

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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyMer 18 Mai 2011 - 15:32

Bonne idée d'avoir fusionné les messages. Cela me permet de découvrir le beau commentaire de Marie.

Je suis contente de voir que tu as apprécié cette lecture, topocl.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Avr 2012 - 11:24

Dans ma peau. (2010). 118 pages. Stock. Prix Essai France Télévisions 2010. Prix Jacques de Fouchier (qui récompense une oeuvre remarquable d'un auteur qui n'appartient pas aux professions littéraires), etc.

Le livre ("récit") commence par une citation de José Maria de Heredia, extraite des Trophées (1893):
"La gloire a sillonné de ces illustres rides - Le visage hardi de ce grand Cavalier - Qui porte sur son front que nul n'a fait plier - Le hâle de la guerre et des soleils torrides."

Puis il commence ainsi :
Citation :
"Mon corps est un carcan ; je suis prisonnier d'une gangue de chairs et d'os. Je bataille pour marcher, pour parler, pour écrire, pour mouvoir mes muscles qui m'écharpent à chaque moment. Mon esprit ressasse d'identiques rengaines ; je ne vois que mes mains qui tremblent, mes bras qui peinent à amener la nourriture à la bouche et mes jambes qui ploient sous le poids d'un corps devenu trop lourd." (page 11).
"L'origine de cette torture égocentrique demeure un secret inviolable. J'aurais tant aimé pouvoir mettre un nom sur cette douleur, mais le mal dont je souffre n'en a pas." (page 12). C'est une maladie orpheline, auto-immune. Comment évoluera-t-elle ? Vers quoi ? Et quand ? Personne n'en sait rien. "Alors, je surveille les signes de ma lente dégradation, en essayant de ne pas déchoir, de ne pas accepter un « laisser-faire» qui hâterait le processus." (page 12).
Alors qu'il "sortait avec peine de l'adolescence à trente-cinq ans" (page 84) ce grand gaillard de deux mètres a ressenti des fourmillements au bout des doigts, des crampes diffuses. A trente-huit ans, il avait besoin d'une canne ; il est passé de l'aspirine à la morphine.
Citation :
"Aujourd'hui, tout est affaire de dosage : trop de médicaments et je suis un légume ; pas assez et je pleure de douleur." (page 13).
"[...] toute posture ou contact n'est supportable qu'une poignée de minutes au plus." (page 52).

Côté travail, Guillaume de Fonclare est, "depuis quatre ans, le directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme. J'y côtoie les mutilés, démembrés, gueules cassées ; les disparus, déchiquetés, évaporés dont les souffrances ont fait de cette guerre la « Grande Guerre ». Je suis le plus vivant de tous ces fantômes. Il y a soixante-dix ans, on m'aurait cru moi-même grand blessé, grand décoré, grand survivant. [...] Je livre un vain combat, de mon sacrifice ne sortira aucune victoire [...]. Je souffre, c'est tout." (page 14).
Il est marié, il a des enfants.
Guillaume de Fonclare parle donc de lui (en évitant l'écueil de l'auto-apitoiement), mais aussi du mémorial dont il est le directeur, de la Première Guerre Mondiale, de ce qu'il en reste encore aujourd'hui.
Citation :
"Des corps, on en trouve des dizaines par an ; dès qu'un chantier d'un peu d'ampleur s'ouvre dans la zone des champs de bataille, on organise la gestion de cet aléa et de son corollaire, l'obus." (page 39).
Lors de travaux de construction de "l'autoroute A29 entre Reims et la côte picarde, l'armée britannique avait dépêché pour la durée de la phase de terrassement une section d'infanterie, afin de rendre les honneurs militaires aux restes des soldats de sa Gracieuse Majesté." (page 39).
Il explique la différence de comportement des pays lorsque leurs soldats morts sont retrouvés :
Citation :
"Les Australiens ont systématiquement recours au test ADN s'ils ne peuvent déterminer l'identité [...]" (page 40). Les nations du Commonwealth "ne recourent jamais à l'ossuaire. Ne trouverait-on qu'un tibia qu'on lui donnerait une sépulture ; un soldat du Commonwealth peut donc avoir plusieurs tombes, pour peu que ses ossements aient été éparpillés sur quelques dizaines de mètres carrés [...] et qu'ils soient d'origine contrôlée ; et si d'aventure un os s'avère être français ou allemand, chacun chez soi : on transfère à qui de droit.
Versant français, c'est l'ossuaire de manière systématique." (page 40).
Enfin, s'il n'est pas possible d'identifier facilement le corps ou si, identifié, la famille prévenue ne souhaite pas d'inhumation privée.
"Pour les Allemands, c'est l'ossuaire sans étape intermédiaire." (page 40).
Chez les Britanniques,
Citation :
"Dès 1917, il fut décidé qu'autant que possible, les corps seraient laissés à l'endroit où ils avaient été inhumés par les compagnons d'armes des soldats tués, et les familles ne furent pas autorisées à rapatrier les restes de leurs proches. C'est ce qui explique la présence de cette constellation de cimetières militaires britanniques du « Western Front» [...], et ce n'est que depuis la guerre des Malouines que les corps sont rapatriés en Grande Bretagne." (pages 41-42)

C'est donc très instructif : la façon qu'ont les pays de traiter les hommes qui sont morts pour eux en dit sans doute long, et on peut en chercher les raisons.

Au fur et à mesure que le livre avance, on suit l'évolution, donc la dégradation, de l'état physique de Guillaume de Fonclare. Il dispose désormais d'un fauteuil électrique, lui qui sait exactement combien de pas il y a entre l'entrée du musée et l'accueil ; de l'accueil à l'ascenseur, etc.

Il parle aussi des rescapés de la Grande Guerre.
Citation :
"Il y a cet homme qui, à quatre-vingts ans passés, ôtait chaque dimanche les minuscules éclats d'acier que la chair de ses bras expulsait encore, invariablement, des décennies après qu'il eut été blessé à Verdun par l'explosion d'un obus." (page 51).
Tous ces blessés, ces traumatisés, se sont tus.
Citation :
"Ils n'ont jamais eu la parole ; ils se sont tus parce qu'ils pensaient être les moins mal lotis, et que leurs souffrances invisibles ne valaient pas en intensité celles défigurant le compagnon d'armes. Aujourd'hui, on s'occupe de soigner les chocs post-traumatiques, la souffrance psychique ne fait plus rire personne et nos névroses n'ont qu'à bien se tenir." (page 51).

Il arrive un moment où l'auteur décide qu'il lui faut préparer un départ propre, au lieu que ce départ officiel soit la conséquence d'arrêts maladies qui se prolongent.
Cela donne lieu à des passages que l'on pourrait qualifier d'amusants ou de consternants sur
Citation :
"le chemin tortueux qui mène de l'emploi salarié à l'invalidité. Les textes sont d'une clarté limpide : on peut travailler et être invalide, être inapte et invalide, ne pas travailler pour inaptitude et ne pas être invalide, ne pas travailler en étant inapte et invalide... On peut varier ainsi à l'envi les combinaisons entre inaptitude, invalidité et emploi." (page 98).
Un livre frappant, empli de morts (à propos de la bataille de la Somme : en faisant des calculs, "il y aurait eu plus de deux morts au mètre carré.", page 71), anonymes ou non, souvent absurdes, et de soufrances, mais aussi de reconnaissance pour ses proches.



Dernière édition par eXPie le Lun 9 Avr 2012 - 11:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 9 Avr 2012 - 11:24

Qu'est devenu Guillaume de Fonclare, depuis la parution de ce livre ?

Eh bien, il a quitté sa fonction de directeur le 31 décembre 2010.
Concernant les objectifs de son successeur :
Citation :
"Il y a l'échéance de 2014 (le centenaire du début de la Grande Guerre), et l'ouverture du musée de Meaux, le 11 novembre. Il faut quelqu'un qui soit à 150 %. J'essaierai de ne pas lui marcher sur les pieds. Mais après 2018, il est impossible de dire ce qui pourra se passer. Fêtera-t-on les 110, 120 ou 130 ans du début de la guerre ? On ne sait pas. Ceux qui auront connu les Poilus et resteront, ce seront leurs petits-enfants. Le lien de mémoire vivante va se distendre. Il faudra peut-être refaire la muséographie. De ce côté, il y a déjà des projets en cours.
Après « Dans ma peau », comptez-vous écrire un nouvel ouvrage ?
Oui, je suis actuellement dans son écriture. Il ne sera pas forcément très gai non plus. J'ai un ami proche qui s'est suicidé sur son lieu de travail. J'écris ce livre à sa mémoire, et en essayant de comprendre comment quelqu'un peut en arriver là, avec la notion de performance qui use les gens, et les entreprises qui poussent à être plus productifs.

Comptez-vous vous investir quelque part ?
J'ai la chance d'être sollicité. J'aimerais me mobiliser pour des actions caritatives. J'ai récemment été en Roumanie, pour la sortie de mon livre, mais également dans ce but. On m'a aussi demandé de participer au Téléthon. J'utilise parfois un fauteuil, mais je ne suis pas non plus dans l'état physique d'un myopathe. Si l'on me demande pour ce type de manifestations, je suis partant."
(extrait du site du Courrier Picard)


Ecoutons Guillaume de Fonclare parler de son livre :
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 1 Avr 2013 - 21:16

eXPie a écrit:
Qu'est devenu Guillaume de Fonclare, depuis la parution de ce livre ?

Eh bien, il a quitté sa fonction de directeur le 31 décembre 2010.

Guillaume de Fonclare Dans_t11

Avec Dans tes pas, il nous donne de ses nouvelles.


Il a gardé sa belle façon de voir la vie, de se battre, de prendre soin de ses enfants, de se réjouir de l'essentiel.
Citation :
J'aime et je suis aimé, c'est l'essentiel.

Son nouveau défi est de parvenir, peu à peu, en s'exerçant chaque jour, à parcourir à pied les 600 mètres qui séparent sa maison de la Chapelle Notre-Dame-des Vignes.

Citation :
Voilà ce que je cherche, me suis-je dit, des bienfaits concrets

En fait il nous parle fort peu de lui. Au fil des pas qui reviennent chaque jour, il est saisi par des images marquantes, ce père qui est mort jeune et le laisse sans image à transmettre à ses enfants,

Citation :
De négligeables défaites en éclatantes victoires, j'ai eu beau faire, je suis un orphelin; sans aucun repère, je continue de grandir, en essayant de faire un père convenable.
,

et surtout de Jean-Pierre, l'ami de toujours,

Citation :
C'est à Vénasque que j'ai compris la nature de notre amitié : il nous suffisait d'être côte à côte pour être bien.

mêlant les bons souvenirs au questionnement face à un suicide jamais compris. L'heure est à la douleur, à la culpabilité, à l’incompréhension. L'heure est à poursuivre son chemin, quel qu'il soit, dans le respect de l'ami perdu.

Peut-être moins abouti que Dans ma peau, plus affectif et moins réflexif, plus intime et moins universel, Dans tes pas nous fait retrouver la musique triste et lumineuse, la douceur déterminée d'un homme qui veut être meilleur que la maladie qui s'impose à lui.
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MessageSujet: Re: Guillaume de Fonclare   Guillaume de Fonclare EmptyLun 24 Nov 2014 - 18:06

Guillaume de Fonclare Joy_gu10

Joë

Si l’on parcourt sur ce fil la biographie de Guillaume de Fonclare on comprendra très vite pourquoi il a été touché par la vie et l’œuvre de Joë Bousquet, pourquoi il lui rend dans ce livre un si bel hommage.

Joë Bousquet a laissé une œuvre monumentale. Poésies, romans, lettres, essais…Tous écrits dans son lit puisqu’à l’âge de 21 ans, une balle reçue dans la colonne vertébrale à la bataille de Vailly, pendant la Grande Guerre, a paralysé tout le bas de son corps, en dessous de la poitrine.
Il écrivit pendant plus de 30 ans dans sa chambre, volets clos, rideaux tirés, au numéro 53 de la rue de Verdun à Carcassone.

Guillaume de Fonclare Joy_bo10     Guillaume de Fonclare Joy_bo11

Guillaume de Fonclare, quant à lui,  souffre d’une maladie auto-immune qui le fait souffrir et l’a conduit l’ immobilité, l’obligeant à renoncer à son travail de  directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne.

Ce n’est pas une biographie qu’écrit Guillaume de Fonclare mais il y eut de sa part voyage avant d’écrire: à la maison-musée de Joë Bousquet à Carcassonne, et aussi sur les lieux où Joë Bousquet fut atteint au combat. Ce sont ces voyages qui ont déclenchél’écriture :

« Je voulais simplement découvrir comment vous aviez réussi ce tour de force de continuer à vivre en dépit de toutes les entraves que vous a imposées le destin».

« Durant des mois, je vous ai lu, j'ai vécu avec vous et vous avez été l'objet de bien de mes pensées. Le soir bien calé sur mon lit, je retrouvais l'atmosphère bienveillante de votre chambre de la rue de Verdun… le grésillement de votre pipe d'opium et les volutes bleutées s'élevant doucement vers le plafond… et pour une heure ou deux, je serais poète avec vous».

Les points communs de douleur entre les deux écrivains, s’ils existent bien, sont surpassés par l'amour de la vie, de la pensée et de l'écriture. Il est là le sujet de ce livre qui n'a rien de larmoyant, bien au contraire. Ce n’est pas le genre de Guillaume de Fonclare ! On a pu mesurer l’élégance de sa pudeur dans ses ouvrages précédents («Dans ma peau», «Dans tes pas» ).
Ce ne fut pas non plus le genre de Joë Bousquet que ce livre donne envie de (re) découvrir!

Guillaume s’adresse à Joë:

« Certes il y a les contraintes, les terribles contraintes, les douleurs et les renoncements; il y a tout ce que l'on ne peut pas faire, tout ce que l'on ne peut plus faire. Mais si l'esprit demeure, et la force d'inventer est intacte, on peut vivre, vivre vraiment, intensément, et espérer le bonheur. Vous n’avez jamais été invalide, vous n’avez jamais été handicapé ; vous avez été meilleur, vous avez été plus créatif, vous avez pesé davantage sur le Destin des hommes ici, couché dans votre lit, qu’auparavant, courant de conquête en conquête, plein de vie et de santé.
] Il n’y a pas eu de miracle, mais il me semble qu’en sortant de chez vous (maison-musée à Carcassonne), je n’ai jamais été aussi vivant. »
(Guillaume de Fonclare dans Joë)


L’essentiel du livre est contenu dans ces lignes.
A les lire ne va-t-on pas déjà mieux empêtrés que nous sommes dans nos misères ? Il agit comme un baume, ou comme un doux choc qui peut, sans le vouloir, sans avoir le ton de qui donne des leçons, nous remettre un peu plus droits dans nos bottes, un peu plus tête haute au combat quotidien.
Des  voies existent qui, quelles que soient les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons, peuvent  permettre de jouir du temps de vie dont nous disposons, de grandir toujours, de nous élever toujours, de donner toujours.

Le parcours de Joë Bousquet, la profondeur de sa pensée et la beauté absolue de son écriture forcent l’admiration.
C'est un bonheur que de venir à lui par le relais du Joë de Guillaume de Fonclare. Les écrits de ce dernier sont d’une sensibilité, d’une pudeur, d’une modestie qui touchent tellement.
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