Michel Franco

Je l'ai vu aussi et je rejoins Marko.
Quel est le message du réalisateur en nous assénant cette progression lente dans l'abject sans qu'aucun adulte soit capable de réagir et de se montrer à la hauteur du drame qui se déroule ?

ça m'a mis mal à l'aise (et fais un peu penser à Bully et son absence sidérale d'une présence adulte protectrice ou concernée tout simplement)

Et puis alors l'image du voyage de fin d'année scolaire à Vera Cruz !!!!
Non mais n'importe quel parent normal qui voit ce film va immédiatement désinscrire son bambin

On prend tout simplement les ados dans ce film pour des débiles carburant à l'alcool, au sexe, à la drogue ne pensant qu'à faire souffrir et à s'éclater sans le moindre remords.
Des lycéens (surtout les garçons) qui ont des tronches de 4ème tout au plus, déjà ça sonne faux

Ça n'est pas tellement cet aspect qui me gêne le plus même si cette violence collective peut sembler tres excessive. Certains faits divers illustrent tristement ces effets de groupe. Alejandra suscite beaucoup de jalousies (plus jolie, venant d'un milieu social plus aisé, plaisant au playboy Armani du groupe...) et l'indifférence, l'egocentrisme comme le sadisme de certains ados est une réalité qu'on constate de plus en plus et qui est inquiétante. Récupérer l'iPhone devient plus important que tout le reste !!

Le problème est que le réalisateur a besoin pour justifier la passivité d' Alejandra de suggerer sa culpabilité dans la mort de sa mère (elle conduisait la voiture accidentée). . Elle accepterait donc toutes ces humiliations pour expier sa faute. C'est fabriqué et on sent le réalisateur en train d'essayer de trouver toutes les solutions pour pouvoir cautionner les horreurs qu'il montre.

L'acte final est lui-aussi peu crédible et artificiellement choquant même s'il est efficaçe pour le coup! Je ne peux pas croire la décision prise par le père...

Reste une scène que je trouve très troublante et énigmatique. Super SPOILER pour Darkanny et ceux qui l'auront vu:
Quand le père enlève le copain de sa fille (responsable plus ou moins directement de cette dérive) on le voit rattraper la voiture du père du garçon, ouvrir la portière et l'emmener avec lui. Le garçon demande de l'aide à son père mais celui-ci ne sort jamais de sa voiture. Les 2 pères ont-ils passé un accord??? Cette scène est tres bizarre.

La fugue d'Alejandra est aussi peu crédible. Père et fille sont en phase et elle réagirait comme ça parce qu'il lui a menti sur la vente de la voiture accidentée qui a provoqué la mort de sa mère. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi il a menti.

Bref il y a des choses trop fabriquées pour conduire à ce spectacle éprouvant mais remarquablement mis en scène. Daniel y Anna me semblait plus cohérent et crédible dans sa violence.

Je pense que le père n'est pas dans la voiture
mais comme tu dis c'est très bizarre

Finalement ça fait très bancal tout ça, heureusement que la mise en scène est au top, que resterait-il sinon ?

darkanny a écrit:

Je pense que le père n'est pas dans la voiture
mais comme tu dis c'est très bizarre
Finalement ça fait très bancal tout ça, heureusement que la mise en scène est au top, que resterait-il sinon ?

le pere est dans la voiture puisque le garçon l'appelle au secours et qu'il est coté passager ...

oui je pige pas, faudrait revoir la scène

darkanny a écrit:

oui je pige pas, faudrait revoir la scène

Ouaip!! Un film diabolique en tout cas!

Marko a écrit:

P.S. Il me semblait que Traversay et Avadoro en avaient parlé mais je ne trouve plus où...

Ils en ont parlé sur le fil du festival de la Rochelle, je les cite :

traversay a écrit:

Daniel & Ana, son premier long-métrage, est un bon souvenir. Después de Lucia, primé à Cannes, laissait présager une excellente surprise. Pourtant, ce film du mexicain Michel Franco (sortie le 3 octobre), laisse dubitatif. Tirée au cordeau, sa mise en scène a quelque chose de clinique dans l'évocation du couple père/fille qui a changé de vie après la mort accidentelle de la mère. Le scénario fait du sur place pendant 45 minutes avant d'aborder le thème du harcèlement au lycée que la jeune fille semble accepter comme une sorte d'expiation. Après la mise en ligne des images de son premier rapport sexuel, c'est l'hallali et Michel Franco a la main lourde pour évoquer tout ce qu'elle doit subir comme humiliations. Comme Haneke dans Amour, Franco en fait trop et dramatise ses dernières scènes au mépris d'une certaine crédibilité. Le film, comme témoignage de certaines dérives adolescentes, a tout de même une cohérence et une force non négligeables. Déception mesurée donc.

Avadoro a écrit:

Changement de programme en fin d'après-midi puisqu'un film d'Alain Gomis a été déprogrammé pour des raisons techniques. A la place, Despues de Lucia du mexicain Michel Franco (déjà auteur de Daniel et Ana), un film attendu suite sa réception cannoise très positive (prix Un Certain Regard).
Au final, c'est une légère déception....l'évocation d'une violence adolescente peut toucher par sa justesse, grâce à une mise en scène sans concession mais toujours extrêmement précise et rigoureuse, au plus proche d'une souffrance. Le scénario est cependant trop construit, parfois manipulateur, avec la sensation que le drame s'achève sur une impasse. Un malaise est présent mais j'en attendais davantage.

Merci sentinelle

Je vois qu'on a tous eu le même ressenti. Par contre je ne suis pas d'accord à propos d'Amour d'Haneke qui est un film d'une force peu commune. Je ne le trouve pas artificiel et manipulateur comme ici.

Il me fait un peu peur ce film...Je n'irai pas le voir...

Tous vos commentaires ne me donnent pas envie de voir ce film, j'ai horreur d'être prise en otage dans mes sentiments et j'ai l'impression que ces scènes de harcèlement au collège me seront insupportables à voir, c'est comme si on m'obligeait d'y assister avec mon consentement tacite alors que cela me révolterait au plus au point dans la réalité

Je lis le commentaire de Coline et je la rejoins totalement. Je devrais me faire violence pour regarder ces scènes. J'ai le même problème avec les personnages féminins de certains films de Lars von Trier (Breaking the waves, Dancer in the Dark).

Oui c'est cruel et un peu gratuit. Le film met très mal à l'aise.

Et pourquoi tu me conseilles d'aller voir un film pas terrible Marko !

Queenie a écrit:

Et pourquoi tu me conseilles d'aller voir un film pas terrible Marko !

Parce qu'il est bien quand même