Michel Franco

Réalisateur Mexicain

Formé à la réalisation à la New York Film Academy, Michel Franco a réalisé à ses débuts des films publicitaires au sein de sa société Pop Films. Son court métrage Entre dos remporte de nombreux prix dans les festivals. En 2009, il revient à Cannes pour présenter Daniel y Ana à la Quinzaine des réalisateurs. En 2012, il retrouve la croisette avec son film Despues de Lucia ("Un certain regard").

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Filmographie/Index (Cliquez sur les chiffres pour accéder directement aux pages)

2010 : Daniel et Ana Page 1
2012 : Después de lucia Pages 1, 2

Citation :

mise à jour le 04/03/2013 à la page 3

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Quelle baffe! Ce premier (!) film mexicain est interdit aux moins de 16 ans et en rentrant dans la salle je ne savais pas vraiment ce que j'allais voir... Maintenant je sais pourquoi il a cette interdiction (de plus en plus rare). Difficile de parler de ce film sans révéler ce qui s'y passe au début et qui pourtant conditionne tout le reste. On en parlera donc après mais je voudrais juste dire que ce film est d'une tension, d'une violence et d'une justesse psychologiques à la fois très dérangeantes et impressionnantes. Et le tout de façon progressive, calme en surface (un vrai "Chaos Calme"), même dans les moments les plus durs, hyperréalistes. J'ai vu qu'on le comparait à Haneke mais il n' a pas sa perversité manipulatrice. C'est frontal et implaccable mais il y a aussi une émotion très forte, on est partagé entre l'effroi et la tristesse. Tout cela part d'une histoire bien réelle et c'est effrayant. D'autant plus qu'il y aurait bien d'autres histoires similaires se déroulant au Mexique chaque année... L'évolution des 2 personnages après le traumatisme est incroyablement juste psychologiquement et pourtant il se passe ensuite des choses qui nous surprennent encore. Le jeune frère de Gael Garcia Barnal qui joue le frère est très troublant dans sa schizoïdie énigmatique. La soeur est une superbe actrice belle et bouleversante. Un film très fort mais à éviter si vous voulez du léger!



Je voulais ajouter que le seul thème musical du film est le
"Nocturne" du Songe d'une nuit d'été de Mendhelsson
qu'on entend à plusieurs reprises et qui donne un éclairage sur ce que
le cinéaste a voulu suggérer dans cette histoire. Car le comportement du
frère interroge forcément et cette musique permet de suivre un autre
récit sous-jacent en racontant une deuxième histoire parallèle à la
première. On en reparlera.

Un extrait de ce Nocturne:
https://www.youtube.com/watch?v=XlSj06lGhEI

A
noter que télérama raconte presque toute l'histoire. Je ne comprends
pas ces journalistes.

Belles ces 2 affiches avec une préférence pour la première, plus "sombre", en VO.

Je n'arrive pas à lire sur l'affiche blanche le lien avec le film The Crime of Father Amaro avec Gael Garcia Bernal que je ne connais pas. Quelqu'un l'a vu?

Marko a écrit:

Je n'arrive pas à lire sur l'affiche blanche le lien avec le film The Crime of Father Amaro avec Gael Garcia Bernal que je ne connais pas. Quelqu'un l'a vu?

Oui, Le crime du père Amaro, qui date de 2002 est un drame psychologique assez classique, à la mise en scène plutôt effacée mais qui se laisse voir sans déplaisir. Quant au thème, eh bien, si tu connais La faute de l'Abbé Mouret ....

traversay a écrit:

Oui, Le crime du père Amaro, qui date de 2002 est un drame psychologique assez classique, à la mise en scène plutôt effacée mais qui se laisse voir sans déplaisir. Quant au thème, eh bien, si tu connais La faute de l'Abbé Mouret ....

Mais quel lien avec Daniel Y Ana?

Aucun si ce n'est qu'un Bernal joue dedans.

traversay a écrit:

Aucun si ce n'est qu'un Bernal joue dedans.

En fait c'est "from the producer of..."

traversay a écrit:

Marko a écrit:

Je n'arrive pas à lire sur l'affiche blanche le lien avec le film The Crime of Father Amaro avec Gael Garcia Bernal que je ne connais pas. Quelqu'un l'a vu?

Oui, Le crime du père Amaro, qui date de 2002 est un drame psychologique assez classique, à la mise en scène plutôt effacée mais qui se laisse voir sans déplaisir. Quant au thème, eh bien, si tu connais La faute de l'Abbé Mouret ....

Je l'ai trouvé vraiment bien.
Le film a été nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger (si cela a une quelconque valeur ; sans compter toutes les récompenses au Mexique ; ce réalisateur a-t-il fait d'autres bons films ? Ou bien Gael Garcia Bernal a-t-il un instinct qui le fait si fréquemment toujours jouer dans de bons films ?).
Et c'est l'adaptation d'un livre d'Eiça de Queiroz (qui a son fil ici, mais le livre n'a pas de critique) :


Par contre, je ne peux rien dire de Daniel & Ana...

eXPie a écrit:

Ou bien Gael Garcia Bernal a-t-il un instinct qui le fait si fréquemment toujours jouer dans de bons films ?)

Sentinelle va t'adorer à tout jamais pour cette phrase

eXPie a écrit:

Et c'est l'adaptation d'un livre d'Eiça de Queiroz (qui a son fil ici, mais le livre n'a pas de critique) :

je viens de lire le résumé de ce livre.. plus qu'intéressant.. je note

Vu aussi "El crimen del Padre Amaro".
Rien de bien nouveau. Independamment de l´histoire d´amour, 3 curés qui montrent comment l´église mexicaine s´adapte aux circonstances ( Le premier veut bien aider la communauté, mais en se sucrant au passage, le deuxième jeune et beau (Gracía Bernal) plein d´ambition, désir de promotion, mais tombe amoureux, ce qui complique ses projets , le troisième, peut-être le plus interessant, s´implique avec les Narcos pour obtenir des capitaux et construire un hôpital pour la paroisse, etc.
De scènes qui frisent le ridicule, quand Amaro couvre la nudité de la jeune fille qu´il aime avec un voile (bleu) style de ceux que revêt la Vierge Marie ( pour ajouter du piment aux scènes sexuelles, pour lui, pour le public?).
Trop de lourdeurs. Heuseusement qu´il y a García-Bernal pour sauver la sauce.

Marko a écrit:

Une mise en scène froide comme l'acier pour des gestes du quotidien, en apparence anodins, mais au-dessus desquels plane comme une possibilité de violence éruptive. La manière est fréquente dans le jeune cinéma mexicain (Los bastardos, Parque Via) et Daniel & Ana ne déroge pas à la règle. L'avertissement : "Ceci est une histoire vraie" est, pour une fois, capital car il conditionne évidemment notre regard sur l'acte ignoble qui rend ensuite l'atmosphère étouffante, voire irrespirable. Cette scène là, le réalisateur Michel Franco la filme sans tabou, rendant ipso facto le spectateur voyeur. Fallait-il ou non l'escamoter, affadissant ainsi le propos, ou atténuer son impact ? La question se pose mais aucune réponse n'est satisfaisante.

traversay a écrit:

Fallait-il ou non l'escamoter, affadissant ainsi le propos, ou atténuer son impact ? La question se pose mais aucune réponse n'est satisfaisante.

La scène est nécessaire dans le projet de ce film. Je pense qu'on ne peut pas expérimenter et ressentir avec les personnages la sidération que provoque ce traumatisme et le silence qu'il génère sans l'avoir nous même éprouvé. Car lorsque j'ai vu cette scène, je me suis senti tour à tour glacé, horrifié, rendu voyeur de quelque chose que je ne voulais pas "imaginer" tout en ayant conscience que c'était un artifice de cinéma. Puis j'ai retenu mon souffle et respiré peu à peu au fur et à mesure que le silence pouvait se rompre. Expérience sensorielle pour le coup qui est peut-être le meilleur moyen de faire comprendre et ressentir la "réalité" psychologique d'un tel drame. Un vision plus elliptique nous aurait probablement maintenu davantage à distance.

En même temps on pourrait imaginer la même scène hors champ et des dialogues qui nous feraient comprendre ce qui s'est passé. Ou ne rien montrer du tout et comprendre par petite touches à partir de ses conséquences l'origine du traumatisme, par exemple à travers les entretiens avec la psychologue (ne pas montrer mais dire). Mais aucune de ces deux options n'auraient à mon avis un tel impact.

La question serait plutôt de savoir si on a envie de voir un tel film et s'il peut nous "apporter" quelque chose. Il m'a apporté quelque chose, effectivement, surtout en voyant le parcours du garçon qui est très surprenant et dérangeant mais pertinent. Par contre aurais-je eu envie de voir ce film si j'avais connu le sujet? La réponse me dérange davantage mais je crois que oui. On parle rarement de tels tabous et encore moins de cette façon là et c'est une lecture très décalée qui crée encore plus de trouble que son sujet lui-même.

Spoiler:

Marko a écrit:

La question serait plutôt de savoir si on a envie de voir un tel film et s'il peut nous "apporter" quelque chose. Il m'a apporté quelque chose, effectivement, surtout en voyant le parcours du garçon qui est très surprenant et dérangeant mais pertinent. Par contre aurais-je eu envie de voir ce film si j'avais connu le sujet? La réponse me dérange davantage mais je crois que oui. On parle rarement de tels tabous et encore moins de cette façon là et c'est une lecture très décalée qui crée encore plus de trouble que son sujet lui-même.

Globalement d'accord alors que pour Los Bastardos, j'avais trouvé les scènes de violence gratuites et obscènes. Et pas du tout dans Parque Via, malgré leur caractère traumatisant.

Je n'arrive pas à ouvrir mes propres spoilers... Ils sont accessibles par d'autres? Bizarre!

traversay a écrit:

Globalement d'accord alors que pour Los Bastardos, j'avais trouvé les scènes de violence gratuites et obscènes. Et pas du tout dans Parque Via, malgré leur caractère traumatisant.

Je n'ai vu ni l'un ni l'autre et je tenterai de voir au moins Parque Via alors...

Despues de Lucia


"Je vais bien, je t'assure"

Alejandra en prend plein la gueule et le spectateur aussi...

Alejandra et son père emménagent dans une nouvelle ville après la mort de la mère (Lucia). Alejandra se fait de nouveaux amis au lycée puis tout bascule dans un cauchemar absolu...

Ce film est très problématique. Encore plus que pour son précédent film qui était construit un peu de la même façon en faisant du spectateur le témoin de scènes incroyablement dérangeantes puis en proposant une résolution moralement encore plus choquante. Michel Franco est en train de devenir un roi du malaise un peu sadisant et faisant preuve d'un talent de mise en scène évident. C'est glaçant, éprouvant et le résultat nous laisse en état de choc.

L'ennui c'est que ce qui se passe dans ce film (sans trop en dévoiler l'intrigue) est tellement énorme dans la violence morale et physique, tout en étant constamment à la frontière du réalisme le plus tétanisant et de la manipulation la plus grossière, qu'on a du mal à adhérer complètement à son projet. Cruauté des adolescents qui font d'Alejandra une martyre (mais l'actualité récente illustre bien ce genre de dérive). Passivité presque expiatoire de la jeune fille. Résolution finale effrayante et un peu douteuse malgré tout. Que veut nous dire le réalisateur? Poser des questions sur la monstruosité et la légitimité simultanées de la vengeance? Le châtiment est-il aussi abject que le crime? La réponse est assez évidente mais faut-il endurer tout ça pour faire débat? Il a malgré tout le mérite de proposer 2 options finales possibles à travers les choix du père et de la fille...

Reste que ce film m'a scotché du début à la fin avec le sentiment de devoir retenir mon souffle. La jeune actrice est lumineuse et bouleversante. La direction d'acteurs très réaliste et impressionnante. Mais je me sentais souvent en position de voyeur avec l'envie de rester et de sortir en même temps. Et il y a cette violence terrible qui surgit dans des scènes banales et quotidiennes!! Un nouveau Haneke est né en quelque sorte. Attention aux âmes sensibles!


Bon anniversaire Alejandra!


P.S. Il me semblait que Traversay et Avadoro en avaient parlé mais je ne trouve plus où...