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| Jane Austen | |
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Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Dim 24 Fév 2008 - 18:37 | |
| "Persuasion" Sept ans ont passé depuis qu' Anne Elliot a refusé, poussée par ses proches, la demande en mariage de Frédérick Wentworth parce qu'il n'est pas du même milieu qu'elle, qu'il ne fait de commencer sa carrière d'officier de Marine et qu'il ne possède qu'une maigre fortune. Les aléas de la vie sont parfois ironiques: lors d'une séjour à Bath, Anne sera amenée à côtoyer de nouveau Wentworth, devenu beau et aisé capitaine. Le roman s'ouvre sur une scène extraordinaire: Sir Walter Elliot lisant "Le Baronnetage", livre dans lequel est consigné l'historique de la famille: les alliances, les naissances, les mariages, les décès, les titres reçus, les biens, bref, tout ce qui a construit la noblesse de la famille Elliot! D'emblée, Jane Austen pose les jalons de la personnalité de ce personnage, d'abord peu sympathique car imbu de ses titres malgré les revers de fortunes familiaux peu glorieux. La campagne anglaise est douillette et morne: Anne se morfond dans le château, regrettant mille et une fois le refus des avances de Wentworth. Elle s'en veut d'avoir céder aux pressions familiales et regarde, triste, sa jeunesse lentement se faner. Une inquiétude, sourde, est très vite évoquée: la succession des biens familiaux. Sir Walter n'a que deux filles et aucun garçon pour reprendre le titre et les biens, les filles ne pouvant hériter, ce sera un cousin qui deviendra le prochain Sir Elliot! Anne traîne sa mélancolie entre sa soeur Elizabeth, son père et une amie Lady Russel. Cette dernière est la seule avec qui Anne peut parler littérature, théâtre, poésie: Elizabeth et Sir Walter englués dans leur morgue sont loin de ces inutiles préoccupations et ont tendance à la mépriser car trop rêveuse à leur goût, d'ailleurs, Anne n'a-t-elle pas failli commettre une mésalliance quelques années auparavant en raison de ses inconséquences romanesques?! Anne s'aperçoit qu'elle n'a pas oublié Wentworth, loin s'en faut. Aussi, lorsque la vie lui fait à nouveau croiser son chemin, c'est avec appréhension, gêne et émotion qu'elle se retrouve face à lui. Lui en veut-il encore? La regardera-t-il à nouveau? Acceptera-t-il un lien d'amitié? Comment le persuader que les évènements passés étaient dus à sa faiblesse, à l'influence familiale et non à ses véritables sentiments? En effet, Anne aimait et aime toujours le bel officier! L'art de Jane Austen réside dans sa brillante capacité à écrire un roman dont le lecteur entrevoit très vite l'issue sans lasser ce dernier et en lui offrant une histoire bien menée. Il est évident que l'intrigue se bâtit autour de ce qui s'est passé sept ans plus tôt entre la famille Elliot, Anne et Wentworth. Jane Austen montre avec grâce, ironie et brio le cheminement qui mènera Anne et Wentworth au dénouement final. C'est avec un plaisir immense que le lecteur observe les approches intéressées du cousin, les minauderies calculatrices de Mme Clay, amie intime d' Elizabeth, envers Sir Elliot, les flatteries distribuées aux membres fortunés et titrés de la famille Elliot afin d'entrer dans leur cercle convoité, la présence de personnages secondaires aux apparences insignifiantes et qui se révèlent être le contraire ( Mme Smith, une ancienne amie d'école). Anne Elliot est une héroïne austenienne attachante: elle est douce, modeste, effacée, sans mépris envers autrui, sans complexe supérieur de caste, elle s'accorde avec tout le monde, elle temporise les plus fougueux, elle à l'écoute des autres et sait réconforter...elle est un ovni dans sa famille de petite noblesse campagnarde, égoïste, imbue d'elle-même et ne connaissant pas la compassion! Anne est condamnée à rester vieille fille (et diantre, que cette condition pouvait être terrible au XIXè siècle!) et à se faner dans la solitude. Mais c'est sans compter avec sa force de caractère cachée sous une apparence docile et conciliante: au fil du roman, elle reprend couleurs et assurance pour enfin décider, elle-même, de son destin! Anne serait-elle une rebelle qui s'ignore? Toujours est-il qu'elle sait saisir la seconde chance que la vie lui offre! Un roman où la douceur, l'intelligence, l'amabilité, la compassion gagne la partie sur la vulgarité et l'égoïsme. "Un peu de douceur dans un monde de brutes" pourrait être le sous-titre de "Persuasion"! | |
| | | kali Main aguerrie
Messages : 419 Inscription le : 18/06/2007 Age : 40
| Sujet: Re: Jane Austen Dim 24 Fév 2008 - 18:50 | |
| J'ai eu un coup de coeur pour cet auteur en lisant Orgueil et Préjugé(s) l'an dernier... Je dois choisir un extrait de roman à analyser pour un cours sur la traduction littéraire (un texte en VO + 3 traductions françaises différentes) ; même si c'est un peu bateau, je crois que c'est cette chère Jane que je vais choisir pour ce travail. | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 13:51 | |
| Elle le vaut bien Bon courage pour la rédaction de ce mini mémoire et surtout bonne lecture d' Austen! je viens de terminer mon billet sur: "Northanger Abbey" Catherine Morland est une jeune fille, un peu mal dégrossie, qui découvre, sous la houlette d'un couple d'amis de ses parents, les Allen, la saison des eaux à Bath! Elle rencontre la famille Thorpe et Tilney et découvre peu à peu le monde retors d'une société anglaise à l'affût du moindre mariage avantageux. Le premier chapitre est une mise en bouche très savoureuse, posant la personnalité de l'héroïne, Catherine: elle n'a rien qui pourrait la prédestiner à devenir une héroïne romaesque. En effet, Catherine est un peu garçonne, peu encline à l'étude, ne présentant aucune disposition aux activités artistiques que sont la musique ou le dessin, et ne s'intéresse en aucun cas au jardinage! Catherine est bien loin de la jeune fille comme il faut de la bonne société anglaise. Le ton est donné, celui d'une douce ironie qui fait mouche à chaque fois. Certes, Catherine peut sembler naïve au plus haut point et faire confiance à la première personne qui l'ébouit de ses connaissances du monde, mais elle possède un minimum de sens commun: dès qu'elle rencontre John Thorpe, un ami proche de son frère James, elle n'éprouve qu'antipathie voire dégoût à son endroit. Il faut dire que ce John Thorpe est la quintessence de la fatuité, de la vanité et de la frivolité: seules les apparences, les signes extérieurs d'aisance lui importent. Pour couronner le tout, il se croit irrésistible et se comporte comme un vulgaire Dom Juan de pacotille! Bref, un personnage particulièrement exécrable. Jane Austen a l'oeil pour croquer ses personnages avec juste ce qu'il faut de caricature. La galerie de portraits dans "Northanger Abbey" est une grande réussite: entre Mrs Allen, sans saveur et très agaçante par sa bêtise, et Miss Tilney il y a tout une gamme de caractères à décortiquer. Isabelle Thorpe est l'archétype de la chasseuse de mari à la bourse bien garnie et a une fâcheuse habitude de dire tout et son contraire avec le plus grand naturel du monde. En vérité, Isabelle est une fieffée chipie, vulgaire sous des apparences policées et malgré ses bonnes manières. Ce personnage m'a beaucoup agacée et révoltée. Parfois, j'avais envie d'ouvrir les yeux de Catherine sur cette amitié de façade et intéressée. Les Tilney sont remarqués par leur grâce naturelle, leur élégance et leur culture générale accomplie: Catherine s'épanouit en leur compagnie et apprend avec enchantement que Henry Tilney est un lecteur de romans et notamment des romans de Mrs Radcliffe! En effet, Catherine a découvert les joies de la lecture de roman et se plonge avec délice dans la littérature gothique ce qui permet à Jane Austen de parodier les ambiances de ces oeuvres. L'imagination de Catherine au sujet de Northanger Abbey, résidence des Tilney est fabuleuse: tout y est, l'atmosphère mystérieuse, les portes dérobées, les armoires enfermant les plus noirs secrets, les escaliers dérobés, le décor sinistre par une nuit d'orage. A chaque fois, l'imaginaire de Catherine se trouve démenti par une réalité beaucoup plus prosaïque....ce qui fait tout le sel des allusions au roman gothique! Austen place Catherine dans des situations ressemblant à celles rencontrées chez Radcliffe ou Matthew G Lewis ("Le moine"): un personnage masculin autoritaire et inquiétant ( le général Tilney), des chambres dont on remarque après coup certains meubles, une météo sombre, des soupçons de séquestrations. "Elle se moqua des folles craintes d'une imagination déréglée, et, commença, dans une heureuse indifférence, à faire sa toilette de nuit (....) jetant un dernier regard à la chambre, elle s'étonna de voir un cabinet noir très haut et très ancien, qu'elle n'avait pas encore remarqué bien qu'il fût en évidence. Elle se remémora sur-le-champ toutes les histoires d'Henry et sa description d'un cabinet d'ébène qui échapperait d'abord à ses regards..." (p 149 et 150) Bien entendu, elle tente d'ouvrir le cabinet et d'explorer les tiroirs qui lui révèleront la véracité de la prédiction d' Henry! "Sa bougie était tout à fait éteinte, plus la moindre lueur sur la mèche pour qu'on pût espérer la rallumer...la pièce était livrée à une impénétrable et immuable obscurité...un violent coup de vent d'une fureur inattendue vint encore ajouter à l'horreur de cette minute. Catherine se mit à trembler de la tête aux pieds(...) La tempête se déchaînait toujours, et divers bruits, plus terrifiants encore que celui du vent, venaient frapper par intermittence son oreille aux aguets. Il lui sembla même, à un moment, voir bouger les rideaux de son lit. Une autre fois, la serrure de sa porte fut secouée comme si quelqu'un tentait de s'introduire dans sa chambre. De sourds murmures paraissaient ramper le long de la galerie et le sang de Catherine se glaça plus d'une fois dans ses veines à l'écho de gémissements lointains..." (p 151 et 152) Le propos de Jane Austen n'est pas uniquement orienté vers une parodie du roman gothique (ou noir) aussi retrouve-t-on les thèmes de prédilection de l'auteur: les mariages avantageux, les courses aux dots, les mesquineries d'une société étriquée, la généalogie dont peut dépendre une union intéressante et l'importance des bals! En effet, on peut rapprocher "Northanger Abbey" de "Orgueil et préjugés" puisque les bals tiennent une place importante dans l'intrigue: Catherine rencontre le jeune homme dont elle tombera amoureuse, Elizabeth l'homme dont elle conquerra l'estime et auquel elle accordera ses doux sentiments. Les bals, avec le théâtre, la lecture et l'écriture, sont les seules sources de distractions pour les jeunes filles qui entrent dans la vie sociale de leur comté. Elles ont aussi en commun le fait qu'elles n'accordent pas aux biens matériels d'autrui une importance vitale: la personnalité, le regard sur le monde est plus essentiel à leurs yeux. De temps à autre, Austen glisse dans son récit l'éventualité d'une fin malheureuse, comme pour augmenter l'intensité de ce dernier et le lecteur tremble parfois pour Catherine. Isabelle et John Thorpe sont des personnages négatifs, cupides, intéressés et inconséquents que le lecteur souhaite voir évincés et remis à leur juste place: celle des méchants! Quant au général Tilney, il m'a donné l'impression d'être le personnage "gothique" de "Northanger Abbey": il possède un côté terrifiant par ses sautes d'humeur et une attitude désarçonnante et ses ambiguïtés forcent les interprétations sombres de ses actes. C'est avec un plaisir certain que j'ai plongé dans cette intrigue romanesque, délicieusement ironique, dans laquelle l'héroïque, malgré son côté naïf, est amusante et prend de la personnalité au fil du récit. Mais suis-je vraiment objective lorsque je parle des romans de Mlle Jane Austen? | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 17:10 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 17:16 | |
| - arabella a écrit:
- pour ma part, je les ai déjà tous lu (et même plusieurs fois)
Et moi pas encore un ... | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| | | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 20:59 | |
| Comme je te comprends Arabella....je retarde la lecture du dernier roman. J'ai de la marge, je n'ai pas encore lu "Emma" (2 tomes quand même ) | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 21:01 | |
| - coline a écrit:
- arabella a écrit:
- pour ma part, je les ai déjà tous lu (et même plusieurs fois)
Et moi pas encore un ... Figure-toi coline que je me suis laissée tenter par Jane Austen à force de lire des billets élogieux sur ses romans. Au bout d'un moment, j'ai craqué et j'ai lu "Lady Susan"....ce fut le début du plongeon | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Jane Austen Ven 7 Mar 2008 - 23:38 | |
| [quote="ChatperlipopetteFigure-toi coline que je me suis laissée tenter par Jane Austen à force de lire des billets élogieux sur ses romans. Au bout d'un moment, j'ai craqué et j'ai lu "Lady Susan"....ce fut le début du plongeon [/quote] Je commencerai donc aussi par celui-là... | |
| | | Nibelheim Main aguerrie
Messages : 389 Inscription le : 02/09/2007 Age : 36 Localisation : Cambrai
| Sujet: Re: Jane Austen Dim 9 Mar 2008 - 19:26 | |
| Je me permets de participer un peu tardivement, après avoir lu mon premier roman de Jane Austen : Northanger Abbey. Eh bien, je m'en veux un peu, mais je n'ai pas accroché, cela ne m'a vraiment pas marqué. C'est plutôt drôle quand la narratrice apparaît et utilise un ton assez ironique, certaines situations étaient tout à fait cocasses, mais malgré cela, je n'ai vraiment pas été enthousiasmée. J'ai trouvé que le livre avait quelques longueurs, le côté mondain des personnages, le côté figé des convenances sociales m'a même exaspérée, assez bizarrement. L'on n'a de cesse de me recommander de lire Orgueil et préjugés afin de revoir mon avis, mais je suis encore assez réticente pour l'instant. Je suis vraiment désolée, au final, de n'avoir pas vraiment aimé car du coup je ne sais que dire aux nombreux adeptes de cet auteur, j'ai peur d'être passée à coté de quelque chose car je ne comprends pas cet engouement. Je persiste à croire que c'est une affaire d'ambiances et de goût ... * Nibel un peu perdue* | |
| | | Chimère Agilité postale
Messages : 995 Inscription le : 24/02/2007 Age : 52 Localisation : Bordeaux
| Sujet: Re: Jane Austen Jeu 13 Mar 2008 - 21:13 | |
| - Nibelheim a écrit:
- Je me permets de participer un peu tardivement, après avoir lu mon premier roman de Jane Austen : Northanger Abbey. Eh bien, je m'en veux un peu, mais je n'ai pas accroché, cela ne m'a vraiment pas marqué. C'est plutôt drôle quand la narratrice apparaît et utilise un ton assez ironique, certaines situations étaient tout à fait cocasses, mais malgré cela, je n'ai vraiment pas été enthousiasmée. J'ai trouvé que le livre avait quelques longueurs, le côté mondain des personnages, le côté figé des convenances sociales m'a même exaspérée, assez bizarrement. L'on n'a de cesse de me recommander de lire Orgueil et préjugés afin de revoir mon avis, mais je suis encore assez réticente pour l'instant. Je suis vraiment désolée, au final, de n'avoir pas vraiment aimé car du coup je ne sais que dire aux nombreux adeptes de cet auteur, j'ai peur d'être passée à coté de quelque chose car je ne comprends pas cet engouement. Je persiste à croire que c'est une affaire d'ambiances et de goût ...
*Nibel un peu perdue* Il n'y a pas de quoi se sentir perdu, parfois la rencontre n'a pas lieu tout simplement. Je crois que tu n'as peut-être pas choisi le bon titre pour découvrir Austen, essayes Lady Susan, c'est un tout petit roman épistolaire, comme ça si tu n'accroches pas, au moins ton martyr sera court et puis tente Orgueil et Préjugé ou pourquoi pas essayes de visionner la minisérie de laBBC qu est une adaptation très fidèle, histoire de te mettre dans l'ambiance et de voir si ça te donne envie. J'ai commencé à lire Orgueil et Préjugé un peu à reculons, car je croyais que j'allais m'ennuyer dans une histoire pataugeant dans la guimauve et le rose bonbon, mais surprise, j'ai adoré, c'est de la comédie romantique légère, toute virevoltante, avec ce qu'il faut de férocité dans la satire des moeurs de l'époque. Et puis...Darcy | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Dim 16 Mar 2008 - 19:46 | |
| Je ne saurais mieux dire | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Jane Austen Dim 4 Mai 2008 - 20:13 | |
| "Raison et sentiments" "La famille Dashwood habitait depuis longtemps dans le Sussex. Elle jouissait d'une large aisance et avait établi sa résidence à Norland Park, au centre de ses domaines où ses membres avaient vécu depuis de nombreuses générations et s'étaient attiré l'estime et le respect de tout le voisinage. le dernier descendant de cette famille était un célibataire, très avancé en âge. pendant la plus garnde partie de sa vie, il avait vécu avec sa soeur, qui gouvernait son ménage. Mais la mort de celle-ci, survenue dix ans avant la sienne, entraîna un grand changement dans sa maison; pour compenser cette perte, il installa chez lui la famille de son neveu, Mr. Henry Dashwood, l'héritier naturel des domaines de Norland, à qui il se proposait de les léguer." (p 9) C'est l'ouverture de "Raison et sentiments" et dès les premiers mots, avec tout ces imparfaits et plus-que-parfaits, le lecteur sait que les membres de la famille de Henry Dashwood feront face à de nombreux obstacles et contraintes. En effet, Henry Dashwood a un fils issu d'un premier mariage et trois filles issues d'une seconde union. Son fils, John, est établi et marié à une femme bien dotée et a un fils. Ses filles, Elinor, Marianne et Margaret ne sont pas encore établies. Hélas, Henry Dashwood meurt, laissant aux bons soins de son fils, sa veuve et ses filles. Seulement, l'épouse de John, loin de toute compassion envers Mrs Dashwood et ses filles, parvient à convaincre son mari de ne pas doter inconsidéremment ces dernières. En attendant de trouver une autre maison à louer, Mrs Dashwood et ses filles cohabitent avec John et sa famille. C'est ainsi qu' Elinor fait la connaissance d'un frère de l'épouse de John, Edward Ferrars. Ils s'apprécient et apprennent à se connaître et très vite un doux sentiment les lie sans qu'ils sortent de leur réserve naturelle. En effet, autant Marianne montre ses sentiments autant Elinor les tait et les retient au plus profond d'elle-même. Un parent éloigné, Sir John Middleton, leur propose son cottage dans le Devonshire, bien loin de Norland. Lors d'un thé, le colonel Brandon tombe sous le charme de Marianne tandis que cette dernière, au cours d'un incident en promenade, tombe amoureuse d'un certain Willoughby, jeune homme solaire charmant et charmeur. Brandon a la trentaine passée, Willoughby n'a pas encore trente ans; Brandon est calme, réservé et mesuré dans ses propos et ses sentiments, Willoughby exubérant et romantique. Comment Marianne, avec sa fougue, sa jeunesse, son franc-parler peut-elle résister à Willoughby? L'intrigue menée par Austen court entre les promesses amoureuses, les silences des passionnés timides, les tromperies, les méchancetés et les hypocrisies féminines pour accéder à l'établissement dans la vie sociale et les exigences familles qui ne veulent pas que leur rejetons déchoient dans leur union. Tout tourne entre le nombre de livres que pèse telle ou telle jeune fille et ce que peut en espérer un homme pour agrandir, consolider ou commencer son patrimoine (ah! les gros sabots des coureurs de dot sont irrésistibles de drôlerie!). Comme dans tous les romans de Jane Austen, les bals sont le lieu rêvé pour les intrigues, les jugements, les oeillades et les désirs des uns et des autres. Une dimension plus intime apparaît avec la répétition des invitations à partager le thé, courir les magasins londoniens, les échanges nombreux de billets et lettres: un aspect important de la bonne société anglaise qui se retrouve à Londres pour la Saison. Austen offre également une variété extraordinaire de personnages: les voisins charmants mais un peu encombrants, la vieille dame joviale un peu frivole qui prend sous son aile les jeunes filles (elle adore jouer les marieuses!), la belle-soeur égoïste et désagréable, le frère lâche, la lady imbue de ses origines qui aime menacer de deshériter le fils qui ne se plierait pas à sa volonté, les coureurs de dot ou la vieille fille qui cabotine toute seule, gaffeuse et désespérement ridicule. "Raison et sentiments" a un parfum délicieusement désuet malgré son incroyable intemporalité: le charme de la campagne anglaise et de ses cottages déroule ses couleurs pastels sous la plume d' Austen, on entend les voitures et les fers des chevaux, on ressent les chaos des routes, on rêve dans les intérieurs "cosy" des dames Dashwood. On est pris entre la vivacité, parfois ingénue, romantique de Marianne (qui pense qu'on ne peut aimer qu'une fois dans sa vie!) et la douceur empreinte de modestie et de retenue d' Elinor: on les aime toutes les deux comme elles peuvent agacer car elles sont les défauts de leurs qualités. La douce ironie et la sagacité d'observation austeniennes font une fois de plus mouche et enchantent le lecteur. Ce qui me plaît au plus haut point chez Austen c'est le prisme de ses romans: le dénouement est presque toujours évident (bien sûr Willoughby trahira sa nature de coureur de dot, bien sûr Marianne souffrira beaucoup avant d'entendre raison et de regarder autrement le colonel Brandon, bien sûr Elinor et Edward se lieront!), et ce n'est pas la chute qui est en jeu mais le déroulement des interactions entre les personnages, les dispositions des uns et des autres sur l'échiquier social organisant une partie souvent cruelle. Austen pointe toujours, inlassable, la cruauté juridique des héritages qui ne protège pas les filles. Ce poids social insupportable omniprésent dans les romans d' Austen, montre combien cette dernière a pu en souffrir. Le grand art romanesque d' Austen est de les décrire sans cesse sous un autre jour et avec d'autres points de vue....sans lasser le lecteur ce qui est la marque des grands romanciers! Après avoir lu "Lady Susan", "Les Watson", "Sanditon" (roman inachevé), "Orgueil et préjugés", "Persuasion", "Northanger Abbey", "Raison et sentiments" est le roman que je préfère avec "Orgueil et préjugés". Le prochain sur ma liste de lectures austeniennes: "Emma"! Alors les sentiments peuvent-ils être raisonnables? Marianne prouve que pour bien choisir il faut peut-être passer par des déconvenues qui aident à grandir tandis qu' Elinor montre qu'un peu de liberté de parole peut dénouer des situations. Mais dans les deux cas, que la passion amoureuse soit extériorisée ou intériorisée, elle consume et fait souffrir et la raison est parfois d'un piètre secours. Une confidence: plus je lis Jane Austen plus j'aime son univers et surtout son écriture sensible et drôle à la fois et je comprends pourquoi les "fans" lisent et relisent ses romans. | |
| | | Argantel Envolée postale
Messages : 121 Inscription le : 30/06/2008 Age : 49
| Sujet: Re: Jane Austen Mer 23 Juil 2008 - 13:42 | |
| Orgueil et Préjugés de Jane AustenJ'ai lu ce "monument" de la littérature anglaise et, pour être honnête, je suis déçue ! L'histoire, très agréable, nous narre avec beaucoup d'humour la "chasse aux maris" qui était alors en usage et l'on assiste avec délectation aux intrigues de toutes ces mères et filles cherchant à faire le meilleur mariage possible. L'héroïne, Elizabeth, est délicieuse et très moderne et elle porte un regard détaché et lucide sur ces pratiques. Mon regret est que j'ai trouvé ce livre et les sentiments exprimés trop policés. Je m'attendais à plus de passion, de ferveur. Pour être honnête, je pensais que le style de Jane Austen serait plus proche de celui d'Emily Brontë et qu'Orgueil et Préjugés me ferait vibrer comme Les Hauts de Hurlevent avaient réussi à le faire (mon livre de chevet depuis mon adolescence). Je pense que je relirai ce livre dans quelques temps car, étant maintenant avertie, j'y prendrai je pense plus de plaisir ! PS : mais qu'avez-vous toutes avec Darcy ? | |
| | | Solitude Espoir postal
Messages : 32 Inscription le : 09/12/2008
| Sujet: Re: Jane Austen Jeu 18 Déc 2008 - 16:02 | |
| J'ai découvert Jane Austen grâce à Orgueil et préjugés dont j'avais lu de très bonnes critiques. Aussi, lorsque j'ai eu l'occasion de le trouver sous la main, vous pensez bien que je n'ai pas hésité. J'ai tout de suite été transportée par le style d' Austen. Son humour très "anglais" m'a instantanément plu et je ne crois pas que j'eus quelque déception au fil de la lecture. Les personnages sont si bien étudiés qu'ils en paraissent presque vivants. De plus, il est assez plaisant de retrouver nombre de stéréotypes de l'époque dans les membres de la famille Bennet. Le scénario en lui-même est assez classique bien qu'agréable et bien tourné. Les scènes descriptives se marient harmonieusement aux dialogues, le tout baignant dans l'humour décapant de Mlle Jane. En somme, un roman divertissant qui demeure, à mon avis, agréable à la (re)lecture. Étant donné que c'est ma seule ébauche d' Austen (oui, une ébauche de quelques 500 pages mais bon) pour le moment, je ne peux définitivement me prononcer mais il me semble que cette auteure avait bien du talent. Il est appréciable de lire des œuvres d'une figure féminine du XVIIIe siècle et, contrairement à ce que d'aucuns imaginent, il ne s'agit point là d'un quelconque roman sentimental mais bien d'une étude des sentiments loin d'être inintéressante. Par ailleurs, une chose me chiffonne depuis ma lecture d' Orgueil et préjugés. En effet, ne trouvez-vous pas étrange que l'auteure ait préféré donner son nom à une héroine secondaire du roman plutôt qu'au personnage principal? On pourrait y voir une volonté de modestie. Mais, dans le roman, le comportement de Jane est proche de la sainteté. N'est-ce pas se montrer bien vaniteuse par ce choix, si la modestie était en tout cas sa motivation première?? Bien sûr, on ne peut exclure la pensée selon laquelle Austen a donné son nom au personnage auquel elle pensait le plus s'identifier. Mais une fois encore, cela donne une impression d'orgueil. En lisant ce roman, j'ai eu pourtant l'impression que tous les personnages portaient une part d'elle-même, aussi bien la pétillante Elizabeth et la sage Jane que l'insouciante Lydia, la studieuse Mary ou la superficielle Kitty. Pourquoi ne pas s'être simplement abstenue de donner son nom à un de ses personnages? J'admets que c'est assez superficiel de s'intéresser à une question par ailleurs plutôt dérisoire et sans intérêt alors que ce livre peut sans doute inspirer des tonnes de débats plus palpitants. Mais si quelqu'un avait des idées concernant ce fait en soi ridicule, j'aimerais beaucoup savoir où le mène ses élucubrations personnelles^^ PS: Moi aussi, je suis fan de Darcy | |
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