Pedro Almodovar

Une bien jolie surprise alors que je redoutais un énième mélodrame aseptisé et coloré. Almodovar a joué d'une étonnante  sobriété pour rendre hommage aux nouvelles d'Alice Munro dont il adapte 2 ou 3 récits en un seul.



Il s'est mis discrètement à la hauteur de cette femme pour mieux épouser son histoire et sa douleur. La magie Munro transparaît dans la vérité qui se dégage de ce qui pourrait pourtant donner lieu à un mélodrame dégoulinant. Il y a une élégance et une fluidité des mouvements de caméra, un sens de l'ellipse, une retenue dans les émotions, un sens graphique qui crée un hors champ un peu menaçant et inaccessible comme la destinée (la fenêtre du train comme celle de la maison en bord de mer).

Une histoire qui montre comment chacun se fait son propre film face aux drames de l'existence. Il n'y a pas une explication univoque aux comportements mais plusieurs qui se recoupent, se superposent, laissent une part de mystère et de non-dit.

Pendant la première heure je me disais que la limite de ce genre de film était dans son caractère illustratif et peut-être trop encombré de matériau littéraire. Mais finalement c'est un des films d'Almodovar qui m'a le plus touché. La fin est aussi sobre que lumineuse. Vite continuer à lire Munro!

Julieta

J'ai aussi aimé ce nouveau film d'Almodovar, qui peut étonner par son apparente discrétion et sa retenue. La mise en scène se dévoile à travers des ellipses, des silences pour mieux saisir des failles et des blessures, sans chercher une surenchère dramatique. Le matériau littéraire de Munro est une inspiration permettant un renouvellement dans la continuité, et Almodovar affirme sa sensibilité avec beaucoup de nuances et d'interrogations.

Des éclats de couleurs, des contrastes révèlent par instants, comme un paroxysme,  l'étendue d'une souffrance, d'un rejet et d'une colère. Et chacun doit se confronter, à son propre rythme, à un parcours de vie qui apparait comme une reconstruction perpétuelle. Julieta n'a certes pas l'ampleur des films les plus marquants du cinéaste, mais s'épanouit dans l'expression d'une humilité, d'une abnégation.

-Julieta-

Encore un bon Almodovar, plus sobre que ses précédents, aux émotions retenues. J'ai beaucoup aimé (on était plusieurs et c'était unanime) Ce film réunit beaucoup de choses. Des histoires secrètes, des non dits qui pèsent et transpercent d'une autre façon, toute la culpabilité qui en ressort. Et des personnages qui se ratent à force de silence.

Plus intériorisé, avec quelques superbes ellipses, Almodovar garde ici toujours la bonne distance. J'en suis sortie la gorge un peu serrée mais heureuse d'avoir vu un film sensible, super bien orchestré et filmé. Ah ces plans avec ces couleurs vives, le rouge omniprésent, et les contrastes joyeux dans les passages de la maison de pêcheur! Un régal visuel aussi :-)

J'ai été un peu déçu par Julieta. Bien sûr, il est meilleur que Les amants passagers. Mais la mise en scène m'a mois impressionné que Étreintes brisées et du côté du scénario, finalement, ça tient sur un timbre poste. Par contre, le montage m'a paru remarquable, c'est lui qui fait que le film tient (voir des personnages parler ensemble, et n'assister que plus tard à la scène de leur rencontre, ça crée un effet intéressant).
Mais à la fin du film, j'ai eu l'impression qu'il n'y avait plus de mystère, du coup je me demande si le film va tenir lorsque je le reverrai.
Il y a quelques très belles scènes (la mer vue à travers les vitres de la maison ; et le plan final, qui rend très bien sur grand écran), le personnage joué par Rossy de Palma est intéressant... Mais les autres personnages m'ont paru beaucoup moins consistants, ce qui finalement s'accorde avec l'irréalité dans lequel baigne parfois le film (les apparts sont magnifiques, y compris celui que loue la fille dont les revenus proviennent de corrections de copies par correspondance, si j'ai bien compris...). Et que de drames ! Je ne vais pas les énumérer, mais Almodovar charge vraiment la barque. Je sais que ses films précédents en comporte aussi, mais là ça fait franchement beaucoup.
Bref, le film m'a paru bien fichu, les ingrédients sont là, la mécanique est (trop ?) bien huilée, mais j'ai ressenti un manque, je suis resté un peu extérieur.

Pas emballée par Julieta.
je partage complètement l'analyse d' eXPie. En outre, j'ai trouvé ça surjoué, et la formule de l'écriture de l'histoire par Julieta est assez lourde. Et le tout ne m'a pas paru assez consistant pour autoriser une fin ouverte (qui de ce fait m'a paru tronquée). Mince, j'aime bien Almodovar habituellement.

Je repasse une tête par ici-coucou les Parfumé(e)s :)-pour réagir sur Julieta qui m'a bouleversée. Je n'ai pas vu tous les films d'Almodovar, mais celui-ci fait partie de mes préférés. La relation mère-fille est douloureuse, on souffre pour et avec les personnages.

A vous lire je vais retarder un peu le visionnage, c'est pas le moment pour moi, mais je le verrai....Merci de vos commentaires

Je n'ai pas eu un gros coup de coeur avec Julieta . Pourtant les décors et images sont magnifiques , fidèle à lui-même à ce niveau là Almodovar .
Mais ..est-ce que je me suis retrouvée désarmée face à une sobriété qui ne correspond pas à mes repères avec Almodovar , est-ce que j'en attendais trop car ayant adoré le recueil de nouvelles d'Alice Munro , est-ce que la forme elliptique m'a paru artifielle , est-ce que je me suis carapacée par un thème trop douloureux ....
Il me manque une profondeur . En bref , je ne suis pas convaincue. Et je ne suis pas contente de mon flottement avec ce film , c'est plus facile de détester ou d'adorer .