Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Stefan Zweig [Autriche]

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animal
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyLun 14 Jan 2008 - 21:59

j'ai terminé Amok hier soir, malheureusement je crois que j'ai peut être trop décroché mentalement par ailleurs entre mes moments de lecture. C'est vrai qu'il y a un certain plaisir à suivre son écriture, avec son narrateur un sur la défensive... je suis resté un peu sur ma faim tout de même, trouvé un peu rapide certaines transitions (de "l'épreuve de force" au dévouement forcené notamment), il a aussi l'avantage de sa rapidité dans l'évocation du caractère de la jeune femme... oui, je suis resté un peu sur ma faim.

je crois que c'est Lettre d'une inconnue qui suit dans l'édition (sans doute la même), je vais poursuivre...
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kenavo
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyMar 15 Jan 2008 - 13:37

animal a écrit:
j'ai terminé Amok hier soir, malheureusement je crois que j'ai peut être trop décroché mentalement par ailleurs entre mes moments de lecture. C'est vrai qu'il y a un certain plaisir à suivre son écriture, avec son narrateur un sur la défensive... je suis resté un peu sur ma faim tout de même, trouvé un peu rapide certaines transitions (de "l'épreuve de force" au dévouement forcené notamment), il a aussi l'avantage de sa rapidité dans l'évocation du caractère de la jeune femme... oui, je suis resté un peu sur ma faim.

je crois que c'est Lettre d'une inconnue qui suit dans l'édition (sans doute la même), je vais poursuivre...
Tout comme toi, je trouvais la réaction du médecin un peu trop brusque - j'ai surtout aimé les premiers moments sur le bateau et ses descriptions de la vie à bord.. le dialogue et la scène avec la femme était bien - mais seulement après.. quoi?.. 20 minutes un tel 'amour fou'?
Je vais aussi continuer avec la Lettre d'une inconnue Wink
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animal
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 17 Jan 2008 - 7:13

je ne l'ai pas encore terminé(e) mais je crois que... je commence à douter fortement... faut voir. C'est un peu dommage comme impression...

je n'aurai peut être pas du les lire à la suite...
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kenavo
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 17 Jan 2008 - 14:19

animal a écrit:
je ne l'ai pas encore terminé(e) mais je crois que... je commence à douter fortement... faut voir. C'est un peu dommage comme impression...

je n'aurai peut être pas du les lire à la suite...
Oui - je me suis aussi dit de faire une pause avec lui.. de toute façon j'ai l'impression que ses livres ne vieillissent pas - donc, pas la peine de se hâter content
(et surtout que j'ai hier jeté un oeil dans le livre de Bohumil Hrabal - qui n'est pas tout à fait la même chose - mais concernant 'le style d'écrire' revient dans ce temps.. )
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 17 Jan 2008 - 21:26

je ne sais pas... j'ai beau avoir l'impression que je lis avec un oeil de crocodile à demi enfoui dans la vase... au fil des pages je me suis senti un peu écœuré...

un peu comme cette histoire de doute sur les intentions à la suite de la lecture de Soie... en tombant de l'autre côté.

à voir si cela persiste....
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kenavo
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 17 Jan 2008 - 22:18

animal a écrit:
à voir si cela persiste....
Au 10 'droits du lecteur' de Daniel Pennac,
Citation :
1er droit: Le droit de ne pas lire
2ème droit: Le droit de sauter des pages
3ème droit: Le droit de ne pas finir un livre
4ème droit: Le droit de relire
5ème droit: Le droit de lire n'importe quoi
6ème droit: Le droit au bovarysme
7ème droit: Le droit de lire n'importe où
8ème droit: Le droit de grappiller
9ème droit: Le droit de lire à voix haute
10ème droit: Le droit de nous taire

j'en ai ajouté un 11ème - le droit d'arrêter à tout moment un livre qui n'est peut être pas le bon pour le moment Very Happy
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animal
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyVen 18 Jan 2008 - 21:20

j'ai fini la nouvelle hier. je lirai la suivante, et...

veuillez m'excuser si une fois encore il manque des liens plus ou moins logiques à la démonstration ... avis.

son écriture à un côté séduisant avec ces personnages qui donnent l'impression de se protéger du monde extérieur. La lettre d'une inconnue à fait ressortir des impressions des précédentes lectures (le joueur d'échecs et Amok). L'écriture est séduisante mais c'est comme si quelque chose clochait. A la lecture cette lettre, c'était trop, j'ai beau m'imaginer ça dans un genre... et j'ai beau être quelqu'un d'intéressé, captivé par des formes d'absolus, on a beau avoir le personnage de l'écrivan, du lecteur de la lettre... c'était un peu trop. j'ai été écœuré. pas violemment mais sûrement. il y a des choses qui me gênent... dans la présentation de la femme ? ... dans l'univers un peu "précieux". Comme si finalement (pourtant j'y croyais il me semble) ce n'était pas pour moi. Et pour expliquer l'inexplicable je vais piocher ailleurs ces mots :

arf, je le fais soft, je ne copie pas le passage précédent (cet autre auteur met les pieds dans le plat) :

George Orwell a écrit:
En tout cas, quelque chose de ce genre. Et tout de suite, ça m'a donné à penser. Car c'est bien ce qu'il en est comprenez-vous. C'est de cette façon que les gens - une certaine catégorie de gens - sont censés réagir. Mais qu'en est-il d'un type comme moi? Supposons qu'Hilda file pour le week-end avec un monsieur - non que ça puisse me toucher le moins du monde, en fait ça me plairait assez de voir qu'elle a encore assez de ressort pour ça -, mais supposons que j'en sois touché, est-ce que je me jetterais à terre en sanglotant ? Qui s'attendrait à me voir agir de la sorte? Impensable avec une dégaine comme la mienne. Ce serait tout simplement obscène.

peut être aussi que ce qui me gêne c'est le "se mettre à la place de" pour... ce qui peut ressembler à un exercice de style (éventuellement convenu).

peut-être pas le bon moment, mais je n'y crois plus et lirai peut être d'autre productions de l'auteur. l'impatience en moins.
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 28 Aoû 2008 - 15:18

bonjour'
Je viens de terminer 'la confusion des sentiments' c'est magnifique.
Auparavant, j'avais lu '24 heures dans la vie d'une femme', 'le joueur d'échecs', ce dernier m'a particulièrement touché.
Je conseille le joueur d'échecs
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyJeu 28 Aoû 2008 - 15:37


(Merci les "aujourd'hui" qui me permettent de reprendre des trucs que je me dis "Han faut que je dise" et que j'oublie)

Anyway.

Zweig.

J'apprécie son style un chouia... Ben "vieux littéraire 19ème" (à comprendre dans le sens que c'est pas du Beigbeder quoi... Cette comparaison enchantera des tas de Farpumés).

Ca fait quelques années que je m'était plongée dans Amok, 24 heures de la vie d'une femme, Le joueur d'échecs, Lettre d'une inconnue , La pitié dangereuse... J'ai aimé l'espèce de Passion qui se dégageait de ces romans. Ce côté opressant et tragique.
Et puis l'homme dans la vraie vie, celui qui se suicide avec sa meuf parce que. Parce qu'il le fallait.

A relire.
Et à lire des tas d'autres trucs de lui.
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyMar 27 Jan 2009 - 17:06

Le voyage dans le passé

Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 97822410

Présentation de l'éditeur

Citation :
Le voyage dans le passé est l'histoire des retrouvailles au goût amer entre un homme et une femme qui se sont aimés et qui croient s'aimer encore. Louis, jeune homme pauvre mû par une " volonté fanatique " tombe amoureux de la femme de son riche bienfaiteur, mais il est envoyé quelques mois au Mexique pour une mission de confiance. La Grande Guerre éclate. Ils ne se reverront que neuf ans plus tard. L'amour résiste t-il à tout ? A l'usure du temps, à la trahison, à une tragédie ? Dans ce texte bouleversant, jamais traduit en français jusqu'à ce jour, on retrouve le savoir-faire unique de Zweig, son génie de la psychologie, son art de suggérer par un geste, un regard, les tourments intérieurs, les arrières-pensées. les abîmes de l'inconscient.
...

C'est le récit d'un amour avorté, l'espoir d'une ultime chance entre un homme ambitieux mais complexé par ses origines et une femme riche, sereine et généreuse, qui personnifie aussi pour lui l'inacessible.
Une passion brûlante mais inassouvie, rendue impossible par les aléas de l'Histoire, et qu'ils vont tenter de revivre dix ans après leur séparation.

Comme toujours Stefan Zweig est un bonheur de lecture. Sa nouvelle passe superbement l'épreuve du temps parce qu'elle n'a gardé que l'essentiel, et qu'elle est d'une pureté qui irradit le texte.
Ca a été un plaisir pour moi que de retrouver cet écrivain lu il y a bien longtemps, mais dont la richesse évocatrice et la subtilité d'analyse m'ont toujours émerveillée!

Zweig c'est surtout cette façon de décrire les sentiments si finement:
Citation :
Cela a duré si longtemps. Il ne savait pas lui-même en prononçant cette plainte impatiente, s'il faisait allusion au trajet, ou à toutes les longues années qui aboutissaient à cette heure: la confusion entre rêve et réalité le déroutait. Il ne sentait qu'une chose, le cliquetis des roues qui filaient sous lui, vers quelque chose, un certain moment, que, du fond d'une étrange torpeur, il n'arrivait pas à discerner. Non, il ne fallait pas y penser, juste se laisser emporter par une puissance invisible, abandonné, les membres détendus, en attente de quelque chose de mystérieux. C'était une sorte de veillée nuptiale, suave et sensuelle et à laquelle pourtant se mélaient aussi obscurément l'angoisse de l'accouplement, ce frisson mystique qui vous prend, quand, soudain, ce à quoi on infiniment aspiré devient palpable, s'approche d'un coeur qui n'ose y croire.
Car bien sûr, la question s'impose. L'Amour peut-il rester intact si le temps sépare les amants? Et surtout s'il est fantasmé?

La réponse est suggérée plus que révélée à la fin dans ce passage:
Citation :
Ils ne croisaient personne, seules leurs ombres glissaient en silence devant eux. Et chaque fois qu'un révebère éclairait leurs silhouettes à l'oblique, leurs ombres se mêlaient comme si elles s'embrassaient. Elles s'allongeaient comme aspirées l'une vers l'autre, deux corps formant une même silhouette, se détachaient encore, pour s'étreindre à nouveau, tandis qu'eux mêmes marchaient las et distants.Il regardait, comme en exil, ce jeu étrange, la fuite suivie d'une étreinte sitôt défaite de ces silhouettes sans âmes, de ces corps ombreux, qui n'étaient pourtant que le reflet des leurs, il regardait avec une curiosité maladive se dérober et se rejoindre ces figures inconsistantes, et il en oubliait presque celle qui était bien vivante à côté de lui, au profit, au profoit de son image noire, glissante et fuyante.


On les quitte secoués par la montée du fascisme, pris une nouvelle fois dans la tourmente des évènements. Un défilé nazi les accueille au sortir du train, véhicule de leurs rêves et de leur fuite. Ils retardent le moment de la confrontation car au fond, ils le savent inconsciemment: L'Amour a besoin de couleurs et de vie...

A l'image de ce poème de Verlaine qu'il se remémorre en réponse à son désarroi ...
Citation :
" Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres cherchent le passé "

Une petite merveille, n'hésitez pas...
Et surtout l'envie de relire cet auteur pour moi aime
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyMar 27 Jan 2009 - 17:35

Tu l'as bien vendu Aériale!...Merci pour ce beau commentaire qui donne envie de le lire... content
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyMar 27 Jan 2009 - 17:44

Merci à toi Coline! Mais si j'ai réussi à vous communiquer l'envie je serai la plus heureuse...

C'est trop bien de le retrouver ce grand monsieur!

Vous ne voulez pas que je le cercle? Volontiers sinon Very Happy
(il ya la version allemande intégrée aussi dans le roman, pour ceux intéressés et il se lit très -beaucoup trop Crying or Very sad - vite)
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyMar 27 Jan 2009 - 17:52

aériale a écrit:
Vous ne voulez pas que je le cercle? Volontiers sinon Very Happy

Allez hop!...Je veux bien!... content
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyLun 9 Fév 2009 - 14:29

Le voyage dans le passé

Nouvelle de Zweig restée jusqu’à il y a peu inédite, Le voyage dans le passé évoque les retrouvailles d’un couple séparé neuf ans auparavant.

Lui, Louis, 23 ans, d’origine modeste mais d’une « volonté fanatique », était entré après de brillantes études comme secrétaire particulier au service du « directeur de la grande usine de Francfort ».
Louis était même logé à son domicile dans un bel appartement bourgeois tenu avec goût et avec beaucoup d’amabilité par sa charmante épouse dont on ne connaîtra pas le nom.
Au moment où son employeur lui offre de partir pour deux ans au Mexique afin d’y gérer ses affaires, Louis prend conscience de ses sentiments pour cette femme dont il n’osait même pas rêver, la trouvant inaccessible. Louis était amoureux mais il avait refoulé ce sentiment auquel tout faisait barrage : la différence sociale, les convenances, sa situation professionnelle.

« Elle irradiait depuis une autre sphère où le désir n’était pas de mise, pure et immaculée, et même le plus passionné de ses rêves n’avait pas la hardiesse de la dévêtir ».

« Elle lui semblait si lointaine, trop haute, trop distante, cette femme radieuse, ceinte d’un halo d’étoiles, cuirassée de richesses, de tout ce qu’il avait expérimenté de la féminité jusqu’ici ».

Quelques jours avant son départ, Louis avoue son amour et cet amour est partagé. Les amants n’échangent qu’un baiser voluptueux mais la femme promet qu’elle sera à lui à son retour :

"Ce n'était pas lui qui l'avait attirée à lui, ni elle à elle, ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, comme emportés ensemble par une tempête, l'un avec l'autre, l'un dans l'autre plongeant dans un inconnu sans fond, dans lequel sombrer était un évanouissement à la fois suave et brûlant - un sentiment trop longtemps endigué se déchargea, enflammé par le magnétisme du hasard, en une seule seconde. Et ce n'est que peu à peu, lorsque leurs lèvres collées se détachèrent..."

« Pas maintenant ! Pas ici ! Je t’en prie. »…

« Je n’avais pas le droit de le faire ici, pas dans ma maison, dans la sienne. Mais, lorsque tu reviendras, quand tu le voudras. »

Louis part pour le Mexique. Longtemps, les amoureux vont échanger une correspondance passionnée.
Puis la guerre de 1914-18 éclate : « un rideau de fer entre les deux continents s’était abaissé, tranchant, pour un temps incalculable ». Impossible à Louis de rentrer. En temps que ressortissant d’un pays ennemi de l’Angleterre, il ne peut retraverser l’Atlantique.

« alors qu'il s'imaginait encore n'en jamais pouvoir aimer qu'une, les rets de sa passion se défirent peu à peu en lui. Il n'est pas dans la nature humaine de vivre, solitaires, de souvenirs et, de même que les plantes et tous les produits de la terre, ont besoin de la force nutritive du sol et de la lumière du ciel, qu'ils filtrent sans relâche, afin que leurs couleurs ne pâlissent pas et que leur corolle ne perde pas ses pétales en fanant, ainsi, les rêves eux-mêmes, même ceux qui semblent éthérés, doivent se nourrir un peu de sensualité, être soutenus par de la tendresse et des images, sans quoi leur sang se fige et leur luminosité pâlit. C'est ce qui arriva aussi à cet être passionné, sans qu'il s'en aperçut - quand les semaines, les mois et finalement une année, puis une deuxième, s'écoulèrent sans que lui parvinssent un mot, un signe d'elle; alors son image commença peu à peu à s'estomper. »

Puis, « submergé par l’angoisse de rester indéfiniment seul au milieu d’un monde que la haine, la guerre et la folie de hommes menaient à sa perte », il finit même par se marier. Il a des enfants.

Dix ans passent et Louis revient. L’épouse de son bienfaiteur est veuve. Ce sont les retrouvailles des anciens amants.

Ils prennent un train pour se rendre à Heidelberg afin de se cacher. Dans le compartiment, il y a d’autres voyageurs et ils ne peuvent se parler. Chacun évoque en pensée, pour lui-même, dans le silence, les neuf années de la séparation.

« Résignés, ils se tinrent donc tous deux l'un en face de l'autre, sans oser s'adresser la parole. Néanmoins, quand l'un d'eux levait les yeux, il voyait, survolé par l'ombre incertaine des lampes comme par de sombres nuages, se tourner amoureusement vers lui le tendre regard de l'autre. »

Au bout du voyage ils sauront si leur amour a résisté au temps et à la guerre …

"Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres cherchent le passé"

(Colloque sentimental de Verlaine)

Une nouvelle psychologique, art dans lequel excelle Stefan Zweig. Chaque geste, chaque regard, chaque frôlement, chaque silence, décrits avec subtilité, donne accès au plus profond, au plus intime des personnages et surtout à l’émotion.
L’attention est saisie dès la première ligne puis maintenue sans faillir jusqu’à la fin.
L’écriture, vibrante de passion, est celle d’un autre siècle bien sûr…Mais c’est un bonheur de retrouver son charme et sa suavité :
«Leurs deux corps tremblants s'enflammèrent et, dans un baiser infini, ils étanchèrent les heures et les jours innombrables de soif et de désir innommés.»


Merci Aériale qui l'a proposé au cerclage... bisous
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Stefan Zweig [Autriche]   Stefan Zweig [Autriche] - Page 4 EmptyLun 9 Fév 2009 - 17:08

J'ai "l'ivresse de la métamorphose" mais je ne l'ai pas encore lu.

je reviendrai donc plus tard
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