Christophe Honoré

coline a écrit:

NON MA FILLE TU N’IRAS PAS DANSER

Le film qui a divisé ses spectateurs…
Pas de tièdes, seulement des enthousiastes ou des déçus…

Je trouve qu'on est pas mal tièdes ici, au contraire.

Ni emballés, ni écœurés.

Oui, ce qui sauve le film, ce sont les acteurs, les dialogues, et les beaux paysages.

Mais l'ambiance est trop plombante, trop molle, je sais pas, j'arrive pas à mettre le doigt dessus.
J'attends le prochain.

J'ai la même vision de Léna (post de Coline) que certains voudraient voir comme un jeune femme instable, impulsive, borderline, à la façon d'"Une femme sous influence"... Alors qu'elle est tout sauf ça. Prise dans un réseau de double lien, elle porte le symptôme du dysfonctionnement familial auquel elle tente de faire face, de se libérer, jusqu'à ce que son fils passe à l'acte à sa place pour tenter de rompre le cercle vicieux dans lequel les adultes se sont enfermés. Il a déjà tenté de les prévenir, de leur dire qu'ils faisaient du mal à sa mère en disant vouloir l'aider. Malheureusement en vain parce que son geste ajoute une strate de plus à la culpabilité qu'on tente de faire porter à Léna. Tragique mais terriblement banal dans beaucoup de familles.

Queenie a écrit:

Mais l'ambiance est trop plombante, trop molle, je sais pas, j'arrive pas à mettre le doigt dessus.
J'attends le prochain.

Je l'ai trouvé au contraire vibrant, lyrique, douloureux dans sa dernière partie. J'avais envie de hurler avec Léna.

ça c'est parce que Chiara est magnifique (dommage y'a que 3-4 plans où Honoré la laisse exploser à l'image).

Mais son personnage est quand même un peu Borderline, dans le sens où justement il se pose contre les convenances.

Savez quoi, je le re-regarderais ce film. Voilà.

Queenie a écrit:

Mais son personnage est quand même un peu Borderline, dans le sens où justement il se pose contre les convenances.

Pas tant que ça. On te la montre clairement comme une jeune femme qui avait un boulot de médecin et s'occupait de ses enfants. Il y a plus instable comme vie. Elle est en pleine séparation donc plutôt déprimée et alors qu'elle va rendre visite à ses parents pour respirer un peu (elle est super calme au début, très patiente, attentive...) on lui prépare un traquenard en invitant sans son avis son ex... De quoi être franchement furax! Et quand on suit son personnage de près, qu'on ressent les choses avec elle, on se rend compte que tous agissent de telle sorte qu'elle ne puisse faire autrement que de fuir, se révolter. Et pourtant elle revient, trop gentille. Même quand son ex fait semblant d'être le bon papa sympa elle se dit que ce serait peut-être possible et puis vlan! il part dans la pièce à côté répondre à sa copine en cachette! Et tout est comme ça. Seule sa soeur fait marche arrière et arrive à l'aider un peu. Et son fils qui a tout pigé. C'est lui qui lui raconte l'histoire du conte breton qui montre la façon dont il la voit. Jeune femme qui tente de sortir du cadre, de respirer mais qui malgré tout s'abîme et fais du mal autour d'elle sans le vouloir.

C'est un personnage magnifique et Chiara est lumineuse c'est vrai!

Queenie a écrit:

Mais son personnage est quand même un peu Borderline, dans le sens où justement il se pose contre les convenances.

Savez quoi, je le re-regarderais ce film. Voilà.

Oui...Elle prend le risque d'aller contre les convenances en effet, mais est-elle pour cela borderline?
Il faut du courage, de la force, de la détermination pourfaire les choix qu'elle fait.
Elle ne devient borderline que lorsque tout le monde veut lui faire un bonheur à l'encontre de ce qu'elle désire elle...

jpique ça sur le net :
Le trouble borderline se caractérise par une surémotivité, une hypersensibilité, une incapacité à gérer ses émotions.

Elle est quand même en plein là dedans non ?
(et je ne trouve pas que ce soit un défaut)

Marko a écrit:

Seule sa soeur fait marche arrière et arrive à l'aider un peu. Et son fils qui a tout pigé. C'est lui qui lui raconte l'histoire du conte breton qui montre la façon dont il la voit. Jeune femme qui tente de sortir du cadre, de respirer mais qui malgré tout s'abîme et fais du mal autour d'elle sans le vouloir.

Le fils est aussi un très beau personnage...
Cet enfant est le seul qui comprend sa mère et le mal qu'on lui fait.
A quel moment parle-t-on (dans le conte breton?) d'une femme si pure que personne ne peut le supporter?

Je ne veux pas la ramener mais une personnalité borderline c'est bien plus grave et profond que ça. L'instabilité est beaucoup plus grande que ce soit dans les relations aux autres que dans l'identité même. Le comportement largement plus autodestructeur (passages à l'acte et automutilations à répétition). Pour moi Léna est juste déprimée avec des défenses un peu hystériques (les critères que tu cites Queenie) comme sa mère et sa soeur d'ailleurs. Et le contexte est particulièrement violent.

Et c'est ce qui est beau dans le film. Ce n'est pas un cas clinique. Juste un personnage qui se bat pour s'en sortir.

C'est évident que c'est un raccourci : c'est un film, pas un documentaire ou une analyse.

Cela dit, je suis prête à vous suivre dans le "elle n'est pas Borderline".


(Par contre le conte, c'est nase comment c'est amené, comment c'est présenté, et comment c'est looooong

Il aurait du filer la mise en scène de ce compte à un Terry Gilliam!)

Queenie a écrit:

jpique ça sur le net :
Le trouble borderline se caractérise par une surémotivité, une hypersensibilité, une incapacité à gérer ses émotions.

Elle est quand même en plein là dedans non ?
(et je ne trouve pas que ce soit un défaut)

Elle le devient...Elle n'apparaît pas ainsi au début du film...On finit par la persuader qu'elle l'est...
Quelqu'un lui dit tout de même à un moment donné quelque chose comme ça: "Je serais toi, je ne me ferais pas confiance."
C'est terrible, destructeur...

coline a écrit:

Queenie a écrit:

jpique ça sur le net :
Le trouble borderline se caractérise par une surémotivité, une hypersensibilité, une incapacité à gérer ses émotions.

Elle est quand même en plein là dedans non ?
(et je ne trouve pas que ce soit un défaut)

Elle le devient...

On ne devient pas borderline c'est une structure de personnalité qui s'apparente à un grave trouble de l'humeur avec des périodes dépressives et des phases d'agressivité très violentes contre soi-même et les autres. Il y a une angoisse permanente d'abandon, une dépendance dévorante à l'autre. Le parcours de vie est très chaotique. Ce n'est pas le cas de Léna. Elle est juste entière, intègre, émotive et fragile mais pas aussi destructurée. Et elle est ici d'abord un personnage de fiction qui a une vraie dimension.

Marko a écrit:

coline a écrit:

Queenie a écrit:

jpique ça sur le net :
Le trouble borderline se caractérise par une surémotivité, une hypersensibilité, une incapacité à gérer ses émotions.

Elle est quand même en plein là dedans non ?
(et je ne trouve pas que ce soit un défaut)

Elle le devient...

On ne devient pas borderline c'est une structure de personnalité qui s'apparente à un grave trouble de l'humeur avec des périodes dépressives et des phases d'agressivité très violentes contre soi-même et les autres...

Merci de la précision.
Je répondais, en non spécialiste, à Queenie qu'elle devenait, sous l'influence de son entourage, de plus en plus "surémotive, hypersensible, incapable de gérer ses émotions"...

Queenie a écrit:

(Par contre le conte, c'est nase comment c'est amené, comment c'est présenté, et comment c'est looooong

Il aurait du filer la mise en scène de ce compte à un Terry Gilliam!)

Justement ce qui m'a surpris c'est la sobriété presque documentaire du conte. Les images ont une certaine force sans tomber dans une imagerie esthétisante ou féérique. Je crois qu'Honoré a voulu donner une sorte de dimension universelle à son personnage en lui inventant un double légendaire. ça rajoute une strate mythologique, inconsciente, comme une des multiples façons de la comprendre.



Et à travers ce conte, comme celui que raconte la mère également avec l'histoire des pièces d'or, il y a pas mal d'allusions à l'Enfer dont je n'ai pas encore saisi toutes les allusions. Ce film est très très riche. Il faut vraiment le revoir!

Marko a écrit:

Ce film est très très riche. Il faut vraiment le revoir!

Je le reverrai avec plaisir d'ici quelques temps.
Je ne suis pas assez entrée justement dans ce passage du conte. Il m'a quelque peu déroutée...