Emile Zola

Camille19 a écrit:

Harelde a écrit:

kenavo a écrit:

Harelde a écrit:

Vous me tentez diablement avec L'Oeuvre.
D'autres Parf' veulent-ils m'accompagner en début d'année pour une LC ?

je veux bien, mais ce serait un peu plus tard que janvier pour moi

Pour moi aussi.
A partir de février : quand tu veux.

J'avais acheté L'oeuvre il y a un petit bout de temps déjà, depuis il n'est pas sorti de ma PAL, donc je me joindrais avec plaisir à une lecture en commun !

Une affaire qui part bien !

J'ai écouté deux audio-livres pendant mes trajets pour aller au boulot et j'y prends de plus en plus de plaisir. Cette fois ce sont deux nouvelles de Zola qui m'ont captivé de bout en bout. A noter que le narrateur de la première nouvelle a une diction impeccable et le second un débit un tout petit peu trop rapide. Mais ça s'écoute très agréablement.

La mort d'Olivier Bécaille


Un homme qui a toujours eu peur de la mort (la sienne et celle de ses proches) semble un jour pris d'une crise de catalepsie qui donne l'illusion à son entourage qu'il vient de décéder. Le médecin confirme la mort un peu hâtivement et on le place dans un cercueil avant de l'emmener au cimetière... L'atmosphère proche d'un récit fantastique est oppressante à souhait et permet en même temps une réflexion sur le rapport de son personnage à la mort et à son propre passé. L'évolution de l'histoire est en partie assez surprenante. A lire!


L'attaque du moulin


Une noce se prépare au Moulin du père Merlier en pleine guerre franco-prussienne de 1870. Sa fille Françoise doit épouser le paresseux mais séducteur Dominique qui surprendra tout le monde par son héroïsme lorsque le village sera attaqué par l'armée prussienne. Le moulin dont la description est superbe devient l'âme de ce village et les assauts qu'il subit en font le symbole des ravages de la guerre. On assiste à sa destruction progressive en même temps qu'un véritable suspens est créé alors que Françoise se voit obligée de décider qui de son père ou de Dominique sera exécuté par les occupants... Un régal au final très désenchanté.

Marko a écrit:

Une question pour les parfumés:

Je viens de visiter à Guise dans l'Aisne le "familistère" de Godin qui est une utopie inspirée des travaux de Charles Fourier ou Robert Owen. C'est d'ailleurs passionnant à découvrir (voir sur ce site complet: Familistère de Guise).



J'ai vu que Zola avait visité cette ville ouvrière "idéale" imaginée par Godin et la considérait davantage comme une expérience paternaliste (qu'il appelait la "caserne" et non le "palais") qu'une véritable utopie philanthropique. La guide m'a précisé qu'il en parlait dans son roman Travail qui est un de ses "Quatre Evangiles" cycle inachevé qui venait après son cycle sur les Trois Villes.

Quelqu'un a-t-il lu Travail sachant qu'il semble difficile de s'en procurer un exemplaire à un prix abordable? Et évoque-t-il effectivement le familistère de Godin? J'ai trouvé ça tellement intéressant que j'aurais voulu découvrir un roman s'y rapportant...

à cause de ma lecture de l'Oeuvre, je parcours plus intensivement ce fil.. et je trouve ce message de Marko..
bon, ce n'est pas un roman, mais une BD qui se joue dans cette familistère.. très intéressant
le fil est ici

kenavo a écrit:

à cause de ma lecture de l'Oeuvre, je parcours plus intensivement ce fil.. et je trouve ce message de Marko..
bon, ce n'est pas un roman, mais une BD qui se joue dans cette familistère.. très intéressant
le fil est ici

Merci! J'avais zappé ce fil qui pourtant m'intéresse beaucoup. Tout vient à point...

L’Œuvre

Claude Lentier est un peintre sans le sou. Dans son grenier au cœur de Paris, il travaille à une grande toile qu’il a baptisé Plein air : un coin de sous-bois représentant trois femmes nues sous l’œil d’un homme vêtu et représenté de dos au-devant de la toile.
Une nuit, alors qu’il rentre chez lui au cœur d’un orage d’été, il recueille Christine, une jeune femme fraichement débarquée de Clermont et débarquant en pleine nuit à Paris pour la première fois. Une liaison s’établit entre eux au fil des mois suivants. Et à l’instar de cette jeune relation se construit la toile de Claude. Les deux ébauches finissent par se mêler : Christine pose pour la principale femme nue. Mais le tableau est refusé : le jury du Salon auquel Claude avait envoyé son œuvre censure cette innovation. Au Salon des refusés, le public ignorant rit de cette toile qu’il juge indécente et délicieusement scandaleuse.
Claude s’acharnera au cours des années suivantes, continuant de peindre ces toiles innovantes que le jury lui refuse de façon systématique. Il s’aigrit, perd le goût de la vie, l’entrain qui le poussait en avant. Christine souffre elle aussi. Cette peinture qu’elle exècre lui vole son mari.
Zola décrit ici le début du mouvement impressionniste. Claude Monet a vu, lui aussi, ses toiles refusées, notamment La Pie au Salon de 1869. Dans L’œuvre, Zola critique le monde artistique de l’époque, ce jury médaillant les amis et non les artistes. Mais le mouvement initié par Claude Lentier finit par faire des émules. Beaucoup d’autres peintres viennent à l’imiter et finissent par réussir contrairement au maître qui reste l’initiateur et ne retire aucune gloire de son innovation.
Un livre très fort, une nouvelle critique ouverte de ce Second Empire corrompu et faux. Un livre magnifique dans lequel s’étalent la verve et le génie de Zola. Une écriture superbe qui enchante le lecteur de la première à la dernière ligne malgré la noirceur du thème, la souffrance des personnages, la misère de l’époque.

J'ai fini L’assommoir mais j'ai été triste de quitter tous ces personnages (enfin presque je retrouverais ailleurs les enfants). J'ai vraiment aimé même s'il est plus dur que Au bonheur des dames. Je suis bien décidé à lire TOUS les Rougon Macquart. Je veux comprendre et découvrir tous les membres de cette famille!

searchxme a écrit:

J'ai fini L’assommoir mais j'ai été triste de quitter tous ces personnages (enfin presque je retrouverais ailleurs les enfants).

Passe dans la rue d'à côté avec "Le Ventre de Paris" (si ça n'est pas déjà fait). Ils forment vraiment un diptyque même si je préfère l'Assommoir. Tu y retrouveras le fils de Gervaise (et futur peintre de L'Oeuvre) Claude Lantier.

Marko a écrit:

searchxme a écrit:

J'ai fini L’assommoir mais j'ai été triste de quitter tous ces personnages (enfin presque je retrouverais ailleurs les enfants).

Passe dans la rue d'à côté avec "Le Ventre de Paris" (si ça n'est pas déjà fait). Ils forment vraiment un diptyque même si je préfère l'Assommoir. Tu y retrouveras le fils de Gervaise (et futur peintre de L'Oeuvre) Claude Lantier.

Ah merci du tuyau!! :)

Le Ventre de Paris et l'Oeuvre sont deux très beaux livres.
Bien plus facile que l'Assomoir qui est le plus difficile de ceux que j'ai lu. Bien plus dur encore que la Bête humaine.

L'Oeuvre est magnifique

hello !

petit nouveau sur ce topic -j'ai parcourus avec beaucoup d'attention et de plaisir vos différents commentaires

j'avais jusqu'à ce jour échappé aux affres des lectures-pensum de Zola à l'école et je ne connaissais rien de cet homme, hormis quelques titres de ses oeuvres les plus connues, ainsi que la Biographie que lui avait consacré TROYAT (au demeurant excellente !)

Depuis une semaine je me suis mis à la lecture des "La fortune des Rougons" et je ne décroche plus, emporté par la fougue, la pathos même parfois, de son auteur; lecture enthousiaste d'un écrivain qui est également un pamphlétaire, avec un style sec, nerveux ponctué d'envolées lyriques qui frisent le romantisme, l'idéalisation à outrance, mais dont les pages sont d'une sensualité époustouflante !!
Vraiment quel Grand écrivain ! ZOLA c'est l'écrivain de la volupté, volupté des sens, volupté des idées, volupté du mal et du bien, volupté aussi pour ce petit-fils d'immigré Italien à décrire des personnalités odieuses, crasses, dénuées de scrupules mais qui, par un paradoxe qu'il à sut présentir avec talent, réussissent dans leur vie matérielle car ils sont des individus concrets, pénétrés dans leurs aigreurs, dans leur méchanceté, par l'impitoyable condition humaine.
Les idéalistes se perdent dans la mort ou la contemplation, même si à leur manière, ils participent à l'édification du monde, eux aussi.

Ce que j'aime par dessus tout chez Zola, c'est à la fois son idéalisation mais également son impartialité dans le traitement des mœurs humaines; que ce soit la rage forcenée des bourgeois qui ont des ambitions à la mesure de leur étroitesse d'esprit et de la médiocrité de leurs talents, les caractères issus de milieux plus modeste n'échappent pas non plus cette règle: c'est un monde en colère que ZOLA décrit avec brio, avec ses moments d'accalmies, ses personnages paisibles et superficiels.

Un auteur visionnaire également je trouve, qui préfigure dans son oeuvre les épouvantables et sanglantes luttes de classes qui traverseront le XXéme siècle naissant, luttes de classes et leurs avatars: les totalitarisme.. mais un écrivain toujours d'actualité avec sa dénonciation d'un Capitalisme forcené, cruel et barbare.

voilà..voilà... je m'emporte peut-être à mon tour à la façon de zola (mais sans le talent) mais je découvre un auteur sans doute parmi les plus doué de sa génération - je termine en ce moment "La fortune des Rougons" et envisage, moi qui ne suis d'ordinaire pas doué pour ce type de démarche, à m'engloutir dans le reste de la Saga Rougon-Macquart

ce n'est plus de la lecture, c'est à l'instar de Zola (quand il passait des nuits et des jours à écrire - dixit Troyat), une véritable jouissance !

Tu en parles très bien. J'ai la même admiration pour cet auteur qui réussit à créer un pont entre naturalisme et approche picturale (impressionniste ou expressionnsite), roman populaire et réflexion documentaire. Il a du souffle et une puissance d'écriture qui embarque au long cours... Bon voyage!

Merci !
Très vrai également de parler d'un écrivain "populaire" mais aussi ethnologue de ses contemporains -
populaire car je crois savoir (dans un premier temps il me semble) que ses romans étaient publiés en feuilletons.

sylvain- a écrit:

populaire car je crois savoir (dans un premier temps il me semble) que ses romans étaient publiés en feuilletons.

Et qu'il ne lésine pas sur le mélodrame! Mais avec beaucoup de talent

Marko a écrit:

sylvain- a écrit:

populaire car je crois savoir (dans un premier temps il me semble) que ses romans étaient publiés en feuilletons.

Et qu'il ne lésine pas sur le mélodrame! Mais avec beaucoup de talent

comme la plupart des écrivains qui publiaient en feuilletons à l'époque, il fallait bien vivre, faire monter les tirages et en donner aux lecteurs
mais comme tu dis, avec un grand talent, une force poignante ainsi qu'un sens de la mise en scène assez prodigieux (je pense notamment à la rencontre amoureuse, autour du puits qui reflète leurs images sans qu'ils puissent entrer en contact, entre Miette et sylvère - une métaphore de l'amour et de son mystère absolument géniale).

LE REVE


« Tout n’est que rêve ».
Nous sommes des apparitions de l’invisible, et retournons à l’invisible…

Ah quand Zola se mêle de mysticisme, c’est quelque chose !

L’histoire de ce livre : une orpheline transie de froid est recueillie et adoptée par un couple d’artisans brodeurs, stérile. Ne pas chercher de critique sociale, il n’y en a pas.

Cette enfant se révèle vite plus attirée par le monde imaginaire que par la réalité. Elle se délecte de la vie des saints, vie torturée et voluptueuse à la fois. Jacques de Voragine est abondamment cité.

Il y a d’ailleurs une toile de fond très médiévale dans ce livre : tout se passe à l’ombre d’une église mi-romane, mi-gothique et d’un château du 11è siècle.
Un côté chevaleresque aussi avec l’arrivée d’un galant, forcément beau, riche et timide.

Ca fait un peu trop, hein ?
Certes. C’est caricatural.

Mais quand on aime un écrivain, on en retient l’art. La plume de Zola est toujours efficace et il y a des passages de grande qualité.

Sur le fond, pas mal de mièvrerie et ce livre est à conseiller aux jeunes filles chastes*, pour leur édification, car on y trouve la panoplie sentimentale habituelle de ce genre de profil : culpabilité, virginité, orgueil, volonté de châtiment et d’humiliation, puis langueur…



*s'il y en a encore...