SERGUEI BOLMAT Né à Saint-Pétersbourg en 1960. Diplômé de l’école des Beaux-Arts, il est designer et décorateur de cinéma, mais aussi peintre, auteur de scénarios et réalisateur de documentaires. Depuis 1998 il vit à Cologne en Allemagne, où il est membre de l’Union des Artistes. Son premier roman Les Enfants de Saint-Pétersbourg est publié en Russie en 1999 et sera traduit en français en 2003 aux éditions Robert Laffont.
LES ENFANTS DE ST PETERSBOURG 4ème de couv :
"Tioma, Anton, Marina et la Coréenne Kho, jeunes noctambules éclectiques et branchés, errent dans Saint-Pétersbourg à la recherche d'un avenir meilleur. Accessoirement, ils gagnent leur vie avec des petits boulots : maquillage de cadavres, vente de vibromasseurs, web-design... Jusqu'au jour où Marina et Kho se retrouvent en possession du téléphone portable d'un tueur à gages. Par jeu, elles acceptent en son nom un premier contrat. Evidemment, les catastrophes vont s'enchaîner et le portable continuera de sonner..."
Au début de ce roman, rien d'extraordinaire : un couple se sépare (le garçon ayant frappé la fille) mais ne peut vivre l'un sans l'autre, une jeune fille cherche désespéremment son identité en essayant de suivre divers préceptes (manger du jaune, méditer, être bouddhiste, devenir islamiste), un informaticien complètement déconnecté de la réalité semble complètement robotisé… Un livre sur la jeunesse russe : paumée, pauvre, en quête de repères, alcoolique et droguée, cherchant dans le sexe la vie qui leur échappe.
Mais l'écriture de Sergueï Bolmat fait déjà la différence : les rues prennent vie, les êtres prennent corps : les substances organiques et matérielles s'entrechoquent. Et puis leur energie de vivre est telle (sans oublier l'appât du gain) qu'ils vont être embarqués dans des histoires impossibles. Bolmat parvient à confronter deux mondes : innocence et violence.
Entre délires surréalistes et moments d'une douceur incroyable, Bolmat donne à son histoire des airs cinématographiques rappelant de grands classiques (Pulp Fiction, Tueurs Nés, Thelma et Louise). L'écriture de Bolmat exacerbe les sensations : à travers des métaphores poussés il crée une atmosphère étouffante. Il tient en haleine le lecteur, soumis aux différentes pressions du tueur à gage inexpérimenté. Sa maîtrise de l'ellipse et sa façon de passer de l'un à l'autre des personnages sans crier gare permet au texte d'être maintenu dans un rythme soutenu et brouillon, où le lecteur se retrouve alors dans la même situation que les personnages : emporté par des évènements qu'il ne contrôle pas.
Ce roman est magnifique, une force impressionnante ressort de ce texte où la violence n'a d'égal que la tendresse. Un premier roman fabuleux !