[2012] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

Prends ton temps traversay !
J'attends moi aussi des échos de ces avants-premières.

Elle s'appelle Ruby de Jonathan Dayton et Valerie Faris

Citation :

Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.

Les auteurs de Little Miss Sunshine reviennent avec un film dont le point de départ ressemble à celui d'un roman de Musso, à moins que ce ne soit de Levy. Malgré tout, on attend une étincelle pour cette comédie on ne peut plus romantique qui conte les amours d'un écrivain pour son dernier personnage féminin, soudain incarnée. A vrai dire, on attend toujours. En dépit de quelques subtilités de scénario qui évitent de trouver le temps long, Elle s'appelle Ruby souffre cruellement d'un manque de pétillance et d'aspérités, coincé dans une mignonne bulle sentimentale dépourvue de la moindre intensité. Le personnage de l'écrivain, joué par un acteur bien trop jeune, n'est pas crédible une seule seconde et sa créature de papier, même en chair et en os, n'a pas le charme suffisant pour redonner des couleurs à cette bluette inoffensive.

Do not disturb d'Yvan Attal

Citation :

Un soir, Jeff débarque sans prévenir chez Ben. Pour célébrer ces retrouvailles et distraire son vieux copain de sa vie rangée, Jeff l'entraîne dans une fête. Sur place, une discussion évoque un festival de porno amateur et l'idée prend vite l'allure d'un pari : Jeff et Ben coucheront ensemble sous l’œil d'une caméra. Ce n'est ni gay ni porno, ce sera de l'Art !

Un remake de Humpday, qui n'est déjà pas le film du siècle, par Yvan Attal, mais quelle drôle d'idée ! Pour en faire quoi ? Une version franchouillarde d'une comédie scabreuse et faussement provocatrice ? Vu le casting brillant de Do not disturb, l'illusion d'avoir à faire à un vrai film peut ne pas sembler totalement idiote. Trois fois hélas, la tambouille ne prend jamais avec cette impression de voir un film de potes, sans scénario solide, reposant sur cette seule interrogation : les deux copains hétéros vont-ils oui ou non coucher ensemble pour le fun de la transgression ? L'intérêt est maigre car, hormis les quinze dernières minutes jouissives, avec Cluzet et Attal en roue libre, le reste du film enfile les platitudes et les vulgarités. Pour, en conclusion, se ranger du côté de la bonne vieille morale traditionnelle. Tout ça pour ça !

traversay a écrit:

Borf! Passé la première partie plutôt sympathique, j'ai trouvé que l'idée tournait vite en rond et que le cinéaste patinait sans vraiment trouver la sortie. On ne peut pas idéaliser l'amour, ni contrôler les choses, oui admettons que sur ce propos Jonathan Dayton a quelques belles trouvailles notamment lorsque Calvin cherche à modifier le comportement de son héroïne (la Ruby pot de colle est assez réjouissante) Mais une fois l'effet comique atteint, on retourne dans la comédie bleuette et là ça traîne vraiment en longueur. L'interprétation de Paul Dano est correcte sans être exaltante (il se contente souvent de rouler des yeux ronds au dessus de ses lunettes) j'ai davantage aimé celle de Zoe Kazan (petite fille de Elia, j'ai appris) mais au final rien de vraiment nouveau sous le soleil dans cette petite comédie très naïve pour laquelle je n'ai pu évité quelques baillements. On est très loin de la folie inventive de Miss Sunshine!

La pirogue de Moussa Touré

Citation :

Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol.
Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.

Certains n'avaient jamais vu la mer. Une barque. Partie de Dakar vers l'Espagne. Trente hommes sont entassées dans La pirogue. Enfin un film africain qui raconte de l'intérieur l'odyssée, souvent dramatique, de ces émigrants embarqués pour un monde qu'ils espèrent meilleur. La pirogue a avant tout une valeur de témoignage, il est factuel, réaliste, en grande partie consacré à la traversée, avec ses péripéties, ses aléas et ses tragédies. Eu égard aux contraintes d'un tournage difficile, avec des moyens limités, Moussa Touré fait un excellent travail sans chercher à sur-dramatiser. Le côté documentaire prend parfois le pas sur la fiction, d'autant qu l'interprétation n'est pas son point fort, mais comment lui reprocher ? Le propos est clair et humaniste dans cette aventure symbolique de ce qu'ont vécu des centaines d'africains de l'ouest.

Bientôt à l'écran et vus en avant-première.


Au-delà des collines de Cristian Mungiu. Sortie le 21 novembre.

Citation :

Alina revient d'Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu'elle ait jamais aimée et qui l'ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et en amour, il est bien difficile d'avoir Dieu comme rival.

Double prix d'interprétation féminine à Cannes. Une exceptionnelle leçon de mise en scène du réalisateur de 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Un scénario remarquable qui décrit l'embrigadement des âmes au sein d'un couvent. Avec scènes d'exorcisme à la clé. Brillant pendant 2heures30.

Deux films intéressants, bien qu'inégaux :


Après mai d'Olivier Assayas. Sortie le 14 novembre.

Citation :

Région parisienne, début des années 70.
Jeune lycéen, Gilles est pris dans l’effervescence politique et créatrice de son temps. Comme ses camarades, il est tiraillé entre un engagement radical et des aspirations plus personnelles.
De rencontres amoureuses en découvertes artistiques, qui les conduiront en Italie, puis jusqu’à Londres,
Gilles et ses amis vont devoir faire des choix décisifs pour trouver leur place dans une époque tumultueuse.

Un mélange des genres qui ne fonctionne qu'en partie. Film sur le militantisme, l'amour, la culture, le passage à l'âge adulte. Trop long et touffu.


Augustine d'Alice Winocour. Sortie le 7 novembre.

Citation :

Paris, hiver 1885. A l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, le professeur Charcot étudie une maladie mystérieuse : l’hystérie. Augustine, 19 ans, devient son cobaye favori, la vedette de ses démonstrations d’hypnose. D’objet d’étude, elle deviendra peu à peu objet de désir.

Avadoro en a parlé sur le fil de La Rochelle. De facture classique. Bien trop sage.

Un film anecdotique et amusant :


L'air de rien de Grégory Magne et Stéphane Viard. Sortie le 7 novembre.

Citation :

Il y a trente ans, Michel enchaînait les tubes. Aujourd’hui, il collectionne les dettes ! Retiré à la campagne, l’ancien chanteur accumule les retards d’impôts et amendes impayées.
Il y a trente ans, Grégory Morel était bercé au son des succès de Michel. Aujourd’hui huissier de justice, il est mandaté pour le saisir. Mais Grégory ne se sent pas de confisquer les biens de l’ex-idole. Il se met en tête de l’aider à rembourser et entraîne Michel sur les routes d’une improbable tournée. Au fil des concerts et des kilomètres, Grégory et Michel vont, l’air de rien, se découvrir et régler bien d’autres passifs.

Michel Delpech dans un exercice d'auto-dérision cocasse et mélancolique.


Dux films pas vus, hélas, mais avec de très bons échos, iranien et norvégien :



Une famille respectable de Massoud Bakhshi. Sortie le 31 octobre.

Citation :

Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.

Le roi du curling d'Ole Endresen. Sortie le 2 janvier.

Ton programme est alléchant Traversay...

traversay a écrit:

Les bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin. Sortie le 12 décembre.

Me fait envie...

Citation :

Au-delà des collines de Cristian Mungiu. Sortie le 21 novembre.

Celui-ci aussi, surtout par rapport au réalisateur...

Citation :

Augustine d'Alice Winocour. Sortie le 7 novembre.

Malgré vos réserves, bien tentant aussi...

Fin de l'année au cinéma alors ?

Damsels in Distress de Whit Stillman

Citation :

Portrait d'un groupe d'étudiantes sophistiquées, Heather, Violet et Rose, sont obsédées par la mode, l'hygiène et la danse. Elles sont bien décidées à prodiguer leurs conseils à Lily, fraîchement arrivée à l'université...

Après 13 ans d'absence, Whit Stillman revient avec Damsels in Distress et il n'a pas changé. Toujours cette sophistication acidulée et cette apparente mièvrerie que l'on trouvait dans Metropolitan, Barcelona ou Les derniers jours du disco. Son dernier film détone dans la production actuelle, y compris américaine indépendante, il est inclassable, futile et ampoulé, avec ses multiples références culturelles (Truffaut, Astaire, les Cathares) et sa façon déroutante de traiter à égale hauteur des histoires sentimentales de quatre pimbêches et de la progression inquiétante des suicides en milieu étudiant. C'est un film très bavard, agaçant au possible et infiniment charmant malgré tout. Entre Rohmer et Allen, mais ailleurs, Whit Stillman fait un cinéma léger, intemporel et désuet. Aussi funny que fané, avec une espèce de grâce décalée qui n'appartient qu'à lui.

La pirogue

Ils ont tous leurs raisons pour partir, bonnes ou mauvaises; ils savent qu’ailleurs, la vie n'est pas aussi rose qu'ils le prétendent, mais meilleur que chez eux, malgré tout, mais ils sont prêts à tous les sacrifices pour un avenir meilleur.
Sur un radeau de fortune, ils embarquent.Forcément, les choses ne tourneront pas comme ils le souhaitent.
Un film tout en équilibre entre, le huis-clos, et l'ouverture sur le large, et qui a su éviter de trop jouer sur les sentiments, tout en interpellant le spectateur sur ces milliers d'êtres humains prêts à tout pour une vie plus digne

Ted, Seth MacFarlane


Un peu entraînée là-dedans sans pouvoir trop faire marche arrière.
Et finalement : c'est drôle, potache, vulgaire, avec plein de petits clins d’œils qui nous rappellent qu'il y a en beaucoup de nous un ado qui ne veut pas grandir. Du coup, on se reconnait en John, l'adulescent, en Lori la femme qui veut voir sa relation devenir "sérieuse", en Ted le grognon cynique, fêtard et crade.

Un film avec, évidemment, une fin ultra prévisible, des moments chiants et longuets (je t'aime moi non plus), mais qui est sauvé grâce aux moments franchement drôles et sans prétention, et parfois poussés à un paroxysme hallucinants et absurdes.

Allez.
Achetez-vous un paquet de mm's, du coca, et passez un moment à vous bidonner sans y penser.

J'enrage de son absence de Sandrine Bonnaire

Citation :

Après dix ans d’absence, Jacques ressurgit dans la vie de Mado, aujourd’hui mariée et mère de Paul, un garçon de sept ans. La relation de l’ancien couple est entachée du deuil d’un enfant. Alors que Mado a refait sa vie, Jacques en paraît incapable et lorsqu’il rencontre Paul, c’est un choc. La complicité de plus en plus marquée entre Jacques et Paul finit par déranger Mado qui leur interdit de se revoir. Mais Jacques ne compte pas en rester là...

Il y a plus que de bonnes intentions dans le premier long-métrage de Sandrine Bonnaire, J'enrage de son absence, et une première heure bien tenue. Sensibilité, acuité des sentiments, douleurs rentrées, ce film sur les retrouvailles d'un ancien couple 8 ans après la mort de leur petite fille, aurait pu être une vraie réussite. Malheureusement, la suite est une succession de scènes à la lourde psychologie qui gâche la bonne impression initiale et où le grand William Hurt semble tétanisé. Quant à Alexandra Lamy, méritante, il lui manque un petit quelque chose pour être à la hauteur d'un rôle dans lequel aurait excellé une ... Sandrine Bonnaire.

Et quel mauvais titre !

Headshot de Pen-ek Ratanaruang

Citation :

Dans la Thaïlande d'aujourd'hui, la corruption fait rage. Tul, un flic intègre, subit le chantage d'un politicien influent et se retrouve accusé d'un crime qu'il n'a pas commis. Désabusé, mû par un puissant désir de vengeance, il est rapidement recruté comme tueur à gages par un groupe mystérieux dont le but est d'éliminer ceux qui se croient au-dessus des lois. Mais lors d'une mission, Tul reçoit une balle dans la tête.

Ratanaruang s'est fait connaître par des films originaux sur le fil du réel. Headshot surprend par le choix du thriller pur et dur, bousculant la chronologie à l'instar d'un film coréen. Une histoire simple, en somme, d'un flic qui devient tueur puis qui se retrouve traqué à son tour, tout en croisant deux très jolies jeunes femmes. Le cinéaste thaïlandais ajoute quelques réflexions métaphysiques au passage et des allusions claires à la corruption politique dans son pays. C'est servi chaud, sans temps mort, avec quelques gouttes de sang sur l'objectif pour faire plus vrai. La construction alambiquée du scénario, les coquetteries de style (le héros voit le monde à l'envers) ne peuvent masquer son caractère anodin, tout du moins pour les amateurs du genre. Malgré tout, impossible de dénier au film son efficacité, avec une mise en scène impeccable, son aspect trépidant et des retournements de situation sophistiqués. Signé d'un autre réalisateur, Headshot serait plus qu'acceptable. Venant de Pen-ek Ratabaruang, il y a comme une légère frustration dans l'air.

traversay a écrit:

Une famille respectable de Massoud Bakhshi. Sortie le 31 octobre.

Citation :

Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.

Plutôt réussi dans la forme entre le polar et tout autre chose, contenu et peu bavard. On suit le retour de cet universitaire non pas au pays mais pour Paris et son métier. Mais un semestre d'enseignement hors des clous et de famille partagée entre sa mère d'un côté et son père mourant et son demi-frère... Réussi sur la forme bien qu'assez neutre, bien foutu mais universel. Sur le fond de l'histoire c'est plus compliqué avec des faux semblants plus ou moins réussis et une ampleur assez floue dans les histoires de business. Le truc intéressant c'est la présence de la guerre Iran-Irak avec images et film d'archive et le frère martyr. Pas mal mais pas renversant, trop d'ingrédients dans le mélange peut-être et une vision qui ne module pas beaucoup l'image première qu'on a du pays : violence, excès de religion, corruption. C'est d'ailleurs étonnant qu'il est filmé tout ça ! On sent aussi une certaine volonté de discours au travers notamment mais pas que la position de son personnage principal qui est partagé mais pas tant que ça et celles des femmes du film.

animal a écrit:

traversay a écrit:

Une famille respectable de Massoud Bakhshi. Sortie le 31 octobre.

Citation :

Arash est un universitaire iranien qui vit en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz où vit sa mère, loin de Téhéran. Entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières, il replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. A la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa "famille respectable", il est contraint de faire des choix.

Plutôt réussi dans la forme entre le polar et tout autre chose, contenu et peu bavard. On suit le retour de cet universitaire non pas au pays mais pour Paris et son métier. Mais un semestre d'enseignement hors des clous et de famille partagée entre sa mère d'un côté et son père mourant et son demi-frère... Réussi sur la forme bien qu'assez neutre, bien foutu mais universel. Sur le fond de l'histoire c'est plus compliqué avec des faux semblants plus ou moins réussis et une ampleur assez floue dans les histoires de business. Le truc intéressant c'est la présence de la guerre Iran-Irak avec images et film d'archive et le frère martyr. Pas mal mais pas renversant, trop d'ingrédients dans le mélange peut-être et une vision qui ne module pas beaucoup l'image première qu'on a du pays : violence, excès de religion, corruption. C'est d'ailleurs étonnant qu'il est filmé tout ça ! On sent aussi une certaine volonté de discours au travers notamment mais pas que la position de son personnage principal qui est partagé mais pas tant que ça et celles des femmes du film.

Vu les conditions de tournage, l'ombre de la censure et la difficulté de s'exprimer pour un artiste, tout film iranien qui parvient sur nos écrans bénéficie d'un a priori favorable et d'un capital sympathie qui rendent indulgent. Une famille respectable n'est pas sans rappeler les films d'Asghar Farhadi, dans son essai de prendre le pouls d'une société bridée où les messages critiques sont sous-jacents, pour ne pas dire cryptés. La confusion entretenue par le scénario du premier film de fiction de Massoud Bakhshi a cependant de quoi désorienter. Les allers et retours incessants nous plongent dans une sorte de faille temporelle qui embrouillent l'entendement et finissent par atténuer grandement l'intérêt. Une famille respectable est trop dense, trop ambitieux, avec son écriture foisonnante, son montage souvent aléatoire, son interprétation très faible. In fine, on perd de vue le propos et on perd le fil, tout court.