Séance rattrapage DVD

Volcan (Eldfjall, Runar Runarsson, Islande, 2011)
A peine retraité, un homme de 67 ans, misanthrope et au coeur sec, se trouve confronté à l'état végétatif de sa femme après une attaque cérébrale. Ce vieil égoïste va s'humaniser et renouer avec ses enfants. Ce film islandais présente beaucoup d'analogies avec Amour de Haneke, qu'il a précédé d'un an, y compris pour une scène cruciale, identique dans les deux films. Troublant. Une très belle oeuvre dramatique qui tend vers la tendresse. Poignante et pudique.

Note : 7,5/10



Sonja et le taureau (Sonja i bik, Vlatka Vorkapic, Croatie, 2012)
Petite comédie romantique aux contours très agréables. Ou comment une activiste pour le droit des animaux rencontre le fils d'un professionnel des combats entre taureaux, "distraction" très prisée dans la Croatie rurale. La fourmi des villes et le cigalon des champs. Formaté sur le modèle américain mais un avec un accent slave très prononcé qui fait toute la savoureuse différence.

Note : 7/10




Dans l'ombre (Ve stinu, David Ondricek, Rép. Tchèque, 2012)
Tchécoslovaquie, 1953. Un simple cambriolage devient une affaire d'Etat destinée à jeter l'opprobre sur la communauté juive. Un flic honnête est pris dans l'étau et y laissera sa peau. Atmosphère de film noir dans des teintes marrons. Honnête et sans génie et qui parvient à donner un idée de l'ambiance paranoïaque qui régnait dans les rues de Prague, à l'époque.

Note : 6/10




L (Babis Makridis, Grèce, 2012)
Il vit dans sa voiture jour et nuit. Sa femme et ses enfants l'y retrouvent parfois. Son travail : ramener le meilleur miel à son commanditaire. Mis à pied, il devient motard. Minimaliste et absurde, L compile une suite de scènes kaurismäkiennes sans qu'il soit possible de déterminer quel est le message du film. Un vrai mystère, qui n'est pas drôle très longtemps.

Note : 4/10

Coeurs sales (Coracoes sujos, Vicente Amorim, Brésil, 2012)
A la fin de la guerre, une grande partie de la communauté japonaise au brésil ne croit pas à la défaite. Et se rebelle et s'entretue. A travers le destin de l'un de ces incrédules, devenu samouraï fanatique, Vicente Amorim signe un film puissant, un brin maniéré, très éprouvant par sa violence dans les exécutions au sabre. En filigrane, une intrigue sentimentale, tout aussi forte, complète cet épisode inconnu de l'histoire brésilienne.

Note : 7/10




Les liaisons dangereuses (Wi-heom-ham gyan gye, Hur Jin-ho, Chine, 2012)
Surtout connu pour la délicatesse de ses mélodrames, le cinéaste coréen Hur tourne pour la première fois à l'étranger, une adaptation de l'oeuvre de Laclos, resituée dans le Shanghai de 1931. La mise en scène et les décors sont somptueux, l'interprétation parfaite (Ah, Zhang Ziyi !), la lettre sinon l'esprit des Liaisons, respectée. Mais sa perfection plastique, sa perversité édulcorée, sa sensualité tronquée en font un mélo chic dans lequel on n'entend que peu les coeurs battre.

Note : 6,5/10




Marie Kroyer (Bille August, Danemark, 2012)
Après quelques expériences peu convaincantes à l'étranger, le double palmé de Cannes, Bille August, revient au Danemark. Un classique film d'époque sur un peintre danois célèbre du début du XXe siècle. Il devient fou, sa femme est folle de lui. Surgit un jeune compositeur suédois. Ménage à trois ou drame de l'adultère ? Belles images, mise en scène feutrée. Du cinéma compassé dans toute sa splendeur. Qui touche quand même dans son intensité dramatique.

Note : 6/10

traversay a écrit:

Volcan (Eldfjall, Runar Runarsson, Islande, 2011)
A peine retraité, un homme de 67 ans, misanthrope et au coeur sec, se trouve confronté à l'état végétatif de sa femme après une attaque cérébrale. Ce vieil égoïste va s'humaniser et renouer avec ses enfants. Ce film islandais présente beaucoup d'analogies avec Amour de Haneke, qu'il a précédé d'un an, y compris pour une scène cruciale, identique dans les deux films. Troublant. Une très belle oeuvre dramatique qui tend vers la tendresse. Poignante et pudique.

Note : 7,5/10

Je devrais peut-être le regarder après mon enthousiasme pour Amour que tu cites justement...

Oui, coli

Je viens de voir une adaptation de Pars vite et reviens tard, le roman policier de Fred Vargas. Je ne sais pas qui est le réalisateur, je n'ai pas trop envie de savoir. Première réaction, quel navet. Même Serraut n'arrive pas à tirer son épingle de ce film. Et qu'a-t-il fait de Danglard ? Un Danglard inculte, qui jure, n'apporte rien à Ademsberg. Pas facile de voir une adaptation quand on connaît trop l'oeuvre.

Je sais qu'il existe un autre film (téléfilm ?) avec Anglade dans le rôle du commissaire. Quelqu'un a des informations ?

Dans Pars vite... les choix du réalisateur (par exemple, transformation du crieur en ex-acteur, plutôt qu'ex-marin...) desservent le film plutôt que de l'enrichir. C'est bien dommage.

Steven a écrit:

Je viens de voir une adaptation de Pars vite et reviens tard, le roman policier de Fred Vargas. Je ne sais pas qui est le réalisateur, je n'ai pas trop envie de savoir. Première réaction, quel navet. Même Serraut n'arrive pas à tirer son épingle de ce film. Et qu'a-t-il fait de Danglard ? Un Danglard inculte, qui jure, n'apporte rien à Ademsberg. Pas facile de voir une adaptation quand on connaît trop l'oeuvre.

Je sais qu'il existe un autre film (téléfilm ?) avec Anglade dans le rôle du commissaire. Quelqu'un a des informations ?

Dans Pars vite... les choix du réalisateur (par exemple, transformation du crieur en ex-acteur, plutôt qu'ex-marin...) desservent le film plutôt que de l'enrichir. C'est bien dommage.

Oui, Steven, cinq téléfilms. Pas vus. Info, ICI

Steven a écrit:

Je sais qu'il existe un autre film (téléfilm ?) avec Anglade dans le rôle du commissaire. Quelqu'un a des informations ?

Je les ai vus et je trouve que ce sont de bonnes adaptations très fidèles aux romans et portées par d'excellents acteurs : Jean-Hugues Anglade est parfait dans le rôle d'Adamsberg, je ne sais plus me représenter Adrien Danglard que sous les traits de Jacques Spiesser et l'excellente comédienne Corinne Masiero campe une Violette Retancourt plus vraie que nature.

Cinq autres téléfilms ??? J'ai raté quelques épisodes, je pensais qu'il n'y en avait un... J'ai un petit souci avec Josée Dayan, mais peut-être qu'elle me surprendra agréablement cette fois-ci. Je vais essayer de voir ces téléfilms. Merci de l'info.

L'étudiant (Studient, Darezhan Omirbayev, Kazakhstan, 2012)
Chouga, le précédent film d'Omirbayev, était librement inspiré d'Anna Karenine, dans le Kazakhstan d'aujourd'hui. Même principe pour L'étudiant, "adapté" de Crime et châtiment, qui est surtout un prétexte pour illustrer la dérive capitaliste d'un pays qui faisait partie de l'URSS, il n'y a pas si longtemps. Fidèle à son habitude, Omirbayev livre une oeuvre minimaliste, peu dialoguée, quasi sans musique, à l'interprétation neutre et sans volonté d'étude psychologique. Ce n'est pas trépidant, c'est le moins que l'on puisse dire, mais cette poésie sèche, ce réalisme sans affect sont loin d'être sans intérêt quand on a un tant soit peu l'envie de s'ouvrir vers des cinématographies "différentes."

God bless America, Bob Goldthwait


L'histoire de ce gars à la vie merdique (viré de son boulot, divorcé, sa gamine qui ne veut jamais le voir, des voisins bruyants) qui pète un câble à force d'être confronté à la médiocrité humaine (à la tv, que de la téléréalité ou des jeux bidons, les gens qui n'ont plus aucun sujet de conversation intéressant) et qui se voit soutenu et accompagné par une lycéenne borderline, aurait pu être drôle. Avec un fond légèrement subversif pour faire ressortir la critique sociale, tout en étant couillu et assez fou pour distraire.

Mais non.

C'est distrayant. Pas plus.
Le film ne franchit jamais aucune ligne. Il reste dans les cordes, n'ennuie pas vraiment, mais ne fait pas grand effet.

Chacun joue son truc, et on ne croit pas à grand chose : dès le départ, du mal à croire aux acteurs, mous dans leurs rôles, des personnages qui n'attachent pas. Ensuite on ne croit pas à leur relation : elle ne se base sur rien de palpable. Finalement, leurs histoires respectives semblent bien tranquilles.

Le script est bon, vraiment. Du début à la fin. Toutes les idées sont bien trouvées. Ça aurait pu être un mélange de Tueurs Nés, Juno, Little Miss Sunshine et Thelma et Louise. Mais ça fait un petit plouf à peine sonore.

Pas assez de moments fous.
Pas assez de moments tendres.
Pas assez de moments critiques.
Pas assez de moments drôles.

Tout en demi mesure.
Et du coup, les incohérences du scénario apparaissent ridicules alors qu'elles auraient dû paraitre succulentes d'absurdité.

Tant pis.

Tiens, on m'a parlé de ce film le week-end dernier justement...
Ni en bien, ni en mal, juste quelqu'un qui avait envie de le voir. Et ça m'avait semblé pas mal a priori. Donc bon, plus trop pressée finalement.

Ouais, pas de quoi presser le pas.

Xingu, Cao Hamburger 2012, Brésil

Le réalisateur de L'année où mes parents sont partis en vacances poursuit dans une veine historique avec Xingu, récit de la "colonisation" à partir de 1942 des terres inexplorées du centre du Brésil. Le film s'attache surtout au destin de trois frères décidés à se battre pour protéger les indiens contre l'avidité des pionniers et les projets des militaires. On retrouve l'humanisme de Cao Hamburger dans cette fresque palpitante quoique trop rapide, sacrifiant la psychologie à l'aspect documentaire.



Note : 7/10



Shanghai Gypsy(Sanghaj) Marko Nabersnik, 2012, Slovénie

Jeune cinéaste slovène, découvert avec Le petit-déjeuner du coq (excellent), Marko Nabersnik voit plus grand avec son deuxième film. Une fresque tsigane sur 4 générations, centrée sur un personnage qui se fait appeler Belmondo, crée son propre village, collabore avec les douanes, la police et jusqu'aux autorités les plus hautes qui ferment les yeux sur ses activités commerciales. Jusqu'à la fin de la Yougoslavie. Exubérant sans excès, le film rappelle davantage Scola que Kusturica. Malgré quelques fautes de gout : une musique envahissante, une tendance au mélodrame, Shanghai Gypsy vaut la visite.



Note : 7/10



Tilt, Viktor Chouchkov, 2011, Bulgarie

Une bande de petits délinquants, une histoire d'amour et la chute du communisme. Le tout enrobé dans un humour désespéré. Un premier film bulgare qui a principalement son énergie à offrir. Scénario : correct. Mise en scène : passable. Interprétation : faible. Gros succès en Bulgarie, preuve de sa force réaliste dans une forme rugueuse et lucide.



Note : 6,5/10

Tsigane (Cigan, Marin Sulik, 2011, Slovaquie)
Tourné dans un véritable village rom, avec ses habitants, Tsigane n'est pas qu'un film documentaire. Le scénario, s'il n'atteint pas des sommets de complexité, est intéressant dans le portrait qu'il brosse d'un adolescent à la croisée des chemins, délinquants ou non. La mise en scène ne fait pas les pieds au mur mais sa simplicité sert particulièrement le propos du film dont a pu dire qu'il était une version de Hamlet. Ce qui est un tantinet exagéré et pas du tout en adéquation avec son humilité.

Citation :

Larry, médecin, aime Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, stripteaseuse, aime Dan, écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry. A un niveau extrême, deux hommes et deux femmes vont jouer le jeu pervers de la séduction et du désir. Alternant manipulations et trahisons, ils entament un diabolique chassé-croisé amoureux dont personne ne sortira indemne.

Grisant ce chassé-croisé amoureux. On assiste à un huit-clos, non pas spatial mais numérique : 4 acteurs pour 4 personnages, les autres acteurs ne sont que figurants. Mike Nichols n'a pas hésité à utiliser de multiples ellipses et si c'est déstabilisant au début, finalement, c'est ce qui apporte du punch au récit. A chaque ellipse, on se prend une claque. Les quatre acteurs collent chacun parfaitement à leur rôle et apportent une bonne dynamique au film. Une comédie dramatique intelligente où les répliques cinglantes volent à travers l'écran.