Nadine Gordimer [Afrique du Sud]

kenavo a écrit:

Les données sur Wikipedia.de sont un peu plus complètes et ils parlent aussi des années 50 quand elle a eu des interdictions de publication à cause de son engagement pour l’expression libre dans son pays.Pendant toutes ces années elle s’est engagée – surtout les dernières années de l’apartheid elle avait déjà une renommée comme écrivain et pouvait ainsi agir en tant que ‘personne public’. Mais son ‘arme’ principale était l’écriture.
Dans son œuvre elle montre que l’apartheid n’est pas un concept stable et réfractaire mais quelque chose qui se développe constamment. La réalité chez elle n’est jamais noir-blanc, mais il y a beaucoup de teintes grises. Dans l’étude de l’œuvre intégrale de Nadine Gordimer on peut suivre comment sa conception et sa vigilance ethnique se développe.

Merci beaucoup pour le résumé! ça a l'air très proche de l'univers de Coetzee dont j'avais adoré "Disgrâce". Une de plus sur ma liste!! Bon il ne me reste plus qu'à retourner au Furet pour faire le plein J'ai noté Lobo Antunes en 1

markofr a écrit:

Merci beaucoup pour le résumé! ça a l'air très proche de l'univers de Coetzee dont j'avais adoré "Disgrâce".

Pour moi elle le dépasse largement

markofr a écrit:

J'ai noté Lobo Antunes en 1

la bonne nouvelle du jour

kenavo a écrit:

markofr a écrit:

J'ai noté Lobo Antunes en 1

la bonne nouvelle du jour

Et pour Nadine Gordimer? Tu sens bien lequel pour démarrer?

markofr a écrit:

Et pour Nadine Gordimer? Tu sens bien lequel pour démarrer?

Comme Sousmarin le suggère sur ce fil - L'Arme domestique et Un amant de fortune sont à mon avis des bonnes 'entrées' dans son monde..
Dépendant de ton envie de lire ses livre qui parlent des années pendant où après l'apartheid - le dernier livre que j'ai lu d'elle, Ceux de July est très fort pour montrer cet aspect..

Citation :

ça a l'air très proche de l'univers de Coetzee dont j'avais adoré "Disgrâce".

Je n'ai pas un avis très fondé, je suis simplement en train de lire le Conservateur. Effectivement, ce que j'aime beaucoup, c'est ce qui est écrit ici:

Citation :

La réalité chez elle n’est jamais noir-blanc, mais il y a beaucoup de teintes grises.

.
Mais rien ne remplacera pour moi Disgrâce,de Coetzee ,un vrai choc, un des rares livres qui m'a fait pleurer..

L'Afrique du Sud. Julie, une femme blanche issue de mileu favorisé tombe en panne de voiture et rencontre Abdou, un immigré clandestin qui travaille dans un garage. Ils deviennent amants, mais Abdou est expulsé vers son pays d'origine malgré les démarches de Julie, qui le suivra.

Disons le tout de suite, je ne suis absolument pas rentrée dans ce livre. Toute cette histoire m'a paru terriblement artificielle et pas du tout convaincante. Pourquoi ces deux là se retrouvent ensemble ? Nadine Gordimer n'explicite rien de leur relation, la seule chose qu'elle nous transmet c'est qu'Abdou donne satisfaction sur le plan sexuel, mais rien sur des aspects affectifs, des intérêts communs, des affinités. Alors que Julie se mette à le suivre dans son pays d'origine n'a aucun sens.

Les personnages n'ont pas grande consistance, ce que l'on sait de Julie c'est qu'elle d'un milieu très privilégié qu'elle rejette, ce qu'elle aime, ce qu'elle éprouve, la personne qu'elle est en dehors du stéréotype, on passe complètement à côté. De même Abdou n'est que l'immigré clandestin, à aucun moment il n'est doté d'une personnalité propre.

Et puis le séjour de Julie dans le pays d'Abdou est d'une invraisemblance totale. Aucun problème d'integration, aucune véritable difficulté matérielle, cette pauvre Julie semble enfin avoir trouver une place dans la vie, ce qu'elle n'arrivait pas à obtenir dans sa vie de pauvre petite fille riche.

J'avoue ne plus avoir trop envie de continuer l'exploration de Nadine Gordimer après ce livre.

Arabella a écrit:

J'avoue ne plus avoir trop envie de continuer l'exploration de Nadine Gordimer après ce livre.

dommage que tu n'as pas 'accroché' autant que moi..
Mais bon, on en a déjà parlé - les coups de coeur ne marchent pas à toute occasion

Je me souviens avoir bien aimé L'arme domestique, mais c'est un peu loin!
Je viens de terminer Le Conservateur ( traduit de l'anglais par Antoinette Roubichou-Stretz), et je suis plus perplexe. Mais peut être que je suis passée à côté.. J'ai eu une impression- un peu dérangeante- d'errance du personnage central, mais finalement, c'est peut être ce qui fait la force de ce roman! Il erre, et j'ai erré avec..
Et puis et surtout, l'idée dominante, tellement humaine et juste, elle me semble là, à la page 86 ( et c'est répété..):

Je veux changer le monde mais je veux aussi en garder des petits coins pour moi dans l'état qui me plaît: qui ne voudrait changer le monde si c'était aussi facile que cela. Si l'on veut garder quoi que ce soit pour soi-même dans l'état qui vous plaît, il faut avoir le nerf d'oublier ( d'enterrer, de cacher) tout ce qui gêne. Ceux pour qui la vie ne vaut pas cher le savent bien..

Et oui... Cela me fait penser à deux choses , American Darling de Russell Banks , que je lis actuellement, et qui aborde le même thème ( plus facile de vouloir changer le monde d'un peu loin que de tout près..), et un entretien avec Doris Lessing dans le Magazine littéraire de ce mois ci ( j'aime beaucoup l'honnêteté de Doris Lessing!) qui répond à cette question:

Vous vous êtes battue pour l'indépendance de la Rhodésie. Comment réagissez vous à la situation actuelle du Zimbabwe?

Honnêtement, si j'avais su ce que cela allait devenir, je n'aurais jamais consacré autant d'énergie à ce combat. Bien sûr, ce n'était pas mieux à l'époque de laRhodésie, c'était un régime cruel, où cent cinquante mille Blancs oppressaient un million et demi de Noirs, j'ai naturellement eu raison de combattre cette situation, mais j'ai eu tort 'imaginer que les Noirs seraient meilleurs que les Blancs."

Et pourquoi auraient-ils été meilleurs... c'est encore plus net, d'ailleurs chez Coetzee, où là, c'est une vraie claque pour les donneurs de leçons !
Tout n'est pas toujours aussi simple, et ,finalement, je crois que ce roman le dit assez bien..

Mes critiques littéraires sont tellement limpides que je me demande si je ne vais pas envisager d'en faire une carrière? Ah, non?

C’est vrai, Arabella, Un amant de fortune est un livre très émotionnel où la logique n’a pas une place prépondérante…comme une vague de passion qui balaie tout. La rencontre n’est pas intellectuelle ou entre âmes sœurs, elle est pulsionnelle, irrésistible, irréfléchie…une autre façon de montrer que la logique raciale est inepte.

Si tu veux du construit et du logique, lis L’Arme domestique.
Ou alors, les livres, comme Le Conservateur que vient de lire Marie, qui assemblent les pièces du puzzle Apartheid.

Croire que les noirs sont meilleurs que les blancs est autant raciste que le contraire bien sûr ; il serait temps d’arrêter de hiérarchiser globalement les humains suivant ce que l’on estime être des qualités, physiques, sociales ou autres d’ailleurs.

Marie a écrit:

Mes critiques littéraires sont tellement limpides que je me demande si je ne vais pas envisager d'en faire une carrière? Ah, non?

carrière ou pas - j'aime toujours lire tes commentaires

sousmarin a écrit:

C’est vrai, Arabella, Un amant de fortune est un livre très émotionnel où la logique n’a pas une place prépondérante…comme une vague de passion qui balaie tout. La rencontre n’est pas intellectuelle ou entre âmes sœurs, elle est pulsionnelle, irrésistible, irréfléchie…une autre façon de montrer que la logique raciale est inepte.

Si tu veux du construit et du logique, lis L’Arme domestique.
Ou alors, les livres, comme Le Conservateur que vient de lire Marie, qui assemblent les pièces du puzzle Apartheid.

Croire que les noirs sont meilleurs que les blancs est autant raciste que le contraire bien sûr ; il serait temps d’arrêter de hiérarchiser globalement les humains suivant ce que l’on estime être des qualités, physiques, sociales ou autres d’ailleurs.

Je n'ai trouvé aucune émotion dans ce livre, plutôt une tentative de démonstration pesante, les personnages n'étant là que comme des élèments de la démonstration, sans aucune consistance en tant que personnes.

Arabella a écrit:

Je n'ai trouvé aucune émotion dans ce livre, plutôt une tentative de démonstration pesante, les personnages n'étant là que comme des élèments de la démonstration, sans aucune consistance en tant que personnes.

Démonstration certes mais pour le reste nous n’avons pas lu le même livre.

Les personnages agissent de façon impulsive, cela peut sembler illogique au lecteur mais tout dépend de quelle logique on parle…
Ce roman est un choc entre 2 personnes que tout oppose mais qui sont attirées l’une par l’autre…l’amour doit-il s’expliquer ?

Qu’importe le pourquoi ou les raisons de cette attirance, ce qui compte dans ce livre est de montrer la difficulté à vivre un amour, quasi irrésistible, dans l’environnement de l’époque…je reprendrais les arguments que tu m’as servi pour Neige, les personnages sont les symboles (que je préfère aux stéréotypes de Pamuk ) d’une situation…

Merci Kenavo
J'ai toujours beaucoup de mal à exprimer ce que je ressens!
Et après, j'ai relu le fil, et en fait c'est dit ici:

Citation :

La réalité chez elle n’est jamais noir-blanc, mais il y a beaucoup de teintes grises.

C'est très grisaillant, effectivement...et certainement beaucoup plus intéressant que la pauvre vision que nous pouvons avoir, nous, de l'apartheid, avec nos bons gros sabots..

sousmarin a écrit:

je reprendrais les arguments que tu m’as servi pour Neige, les personnages sont les symboles (que je préfère aux stéréotypes de Pamuk ) d’une situation…

Je pense que tu peux en effet transposer les réactions que tu as eu pour Neige pour décrire les miennes devant Un amant de fortune.

Spoiler:

Arabella a écrit:

Mais moi j'ai au moins lu le livre en entier

Ce qui veut dire qu'il ne t'a pas si déplu que cela en fin de compte...