Guillaume Brac

Arabella a écrit:

Vous voyez bien que l'essayer c'est l'adopter.

Je n'en ai jamais douté Encore fallait-il que l'occasion de le voir se présentât !

Bon... du coup j'ai créé un fil pour ce film... !
Et vous m'intriguez sacrément avec ce truc. Moi, le titre me rebute direct. Genre Le cœur des hommes, voyez ? J'aime pas trop cette sorte de "vérité" annoncée et annonçant.

Mais je ne lis pas vos com', juste vos phrases d'enthousiasme qui viennent chatouiller ma curiosité. Alors : je le verrais !

Merci, Queenie, je me disais justement que ce serait bien d'avoir un fil.

Le titre, je ne sais pas, c'est vrai qu'avant de voir le film il m'avait aussi fait hésiter, après l'avoir vu, je me dis que c'est finalement très premier degré.

Et puis, si même eXPie, le cynique numéro un du forum a aimé, tu devrais y trouver ton compte aussi.

traversay a écrit:

Le court-métrage Le naufragé, tourné auparavant, avec le même héros et le même environnement picard, mais hors saison, cette fois-ci, a une tonalité plus grise. Encore une histoire de brève rencontre, moins développée, forcément, et qui a le mérite de donner quelques indices qui complètent Un monde sans femmes. L'amour Brac, on en redemande !

Très juste J'ai bien aimé retrouver Sylvain et ses brusques réactions, le village avec ses gens qui papotent assis à la boulangerie comme si le temps s'était arrêté aux portes du patelin. L'environnement éclaire forcement cette béance affective que G Brac développe plus loin dans son monde sans femmes, on s'attache beaucoup à tous ces personnages en fait. C'est du premier degré mais c'est aussi un art difficile que de faire passer ces émotions qui restent toujours en suspens, à nous d'y mettre les mots. 

Arabella a écrit:

Et puis, si même eXPie, le cynique numéro un du forum a aimé, tu devrais y trouver ton compte aussi.

D'après un sondage de la Sofres établie sur un échantillon représentatif de Parfumés.

eXPie a écrit:

Arabella a écrit:

Et puis, si même eXPie, le cynique numéro un du forum a aimé, tu devrais y trouver ton compte aussi.

D'après un sondage de la Sofres établie sur un échantillon représentatif de Parfumés.

Quand jdis qu'il faut créer des bandeaux : Les Parfumés ont aimé... Et les coller sur les affiches, les bouquins, les expos... !!!

Je viens de découvrir Un monde sans femmes et partage votre enthousiasme. Exprimer un attachement à un lieu, esquisser l'instabilité émotionnelle de personnages entre solitude et recherche d'un idéal : le propos de Guillaume Brac est ambitieux mais atteint très vite un équilibre d'une grande richesse. Ce parfum de vacances évoque un flottement familier, une incertitude à la fois euphorique et paralysante.
Une rigueur dans la maîtrise de la durée lui permet de maintenir jusqu'au bout cet état de grâce fragile, sans faute de goût ni porte de sortie précipitée. Brac suggère des perspectives à travers un univers de cinéma dévoilant beaucoup de promesses.
Contrairement à certains avis, je trouve par contre l'influence de Rohmer très présente. Pas celle des contes moraux, mais la spontanéité des comédies et proverbes n'est jamais très éloignée. Brac cite à raison Le rayon vert dans ses commentaires autour du film, à travers le caractère imprévisible, secret des personnages féminins et l'appropriation d'un décor balnéaire.

Personnellement la spontanéité et Rohmer me semblent antinomiques, dans les films de Rohmer les plus simples et "spontanés" en apparence, il y a toujours un arrière plan conceptuel et métaphysique, l'apparent naturel du propos, l'anodin le plus banal à première vue recèle toujours autre chose, et tout est pensé. Et le jeu des acteurs, qui ne semblent parfois pas en être, a un aspect stylisé plus que spontané ou naturel. Sans oublier les dialogues très écrits, personne ne parle comme cela dans la vie. Mais ce n'est que mon avis.

Le DVD vient de sortir. Je vais donc pouvoir le voir...

Et je sais que tu n'es pas égoïste, donc il va pouvoir tourner.

Arabella a écrit:

Personnellement la spontanéité et Rohmer me semblent antinomiques, dans les films de Rohmer les plus simples et "spontanés" en apparence, il y a toujours un arrière plan conceptuel et métaphysique, l'apparent naturel du propos, l'anodin le plus banal à première vue recèle toujours autre chose, et tout est pensé. Et le jeu des acteurs, qui ne semblent parfois pas en être, a un aspect stylisé plus que spontané ou naturel. Sans oublier les dialogues très écrits, personne ne parle comme cela dans la vie. Mais ce n'est que mon avis.

Je comprends ton point de vue mais Le rayon vert est en grande partie improvisé....un Rohmer atypique mais ses films des années 1980 sont d'apparence plus libres, plus ouverts dans leur forme et leur résolution.
Ce qui m'a amené à la comparaison reste surtout l'attachement aux lieux. Je trouve que Brac parvient à évoquer la station d'Ault avec une dimension affective et rend ce lieu sensible...à l'image de Biarritz ou Cergy pour Rohmer dans les comédies et proverbes.

Un monde sans femme ?


Je préférerai moi tout seul dans un monde de femmes !

Avadoro a écrit:

Je comprends ton point de vue mais Le rayon vert est en grande partie improvisé....un Rohmer atypique mais ses films des années 1980 sont d'apparence plus libres, plus ouverts dans leur forme et leur résolution.
Ce qui m'a amené à la comparaison reste surtout l'attachement aux lieux. Je trouve que Brac parvient à évoquer la station d'Ault avec une dimension affective et rend ce lieu sensible...à l'image de Biarritz ou Cergy pour Rohmer dans les comédies et proverbes.

Les lieux chez Rohmer certes, mais en entre pas du tout dans la vie des habitants, comme chez Guillaume Brac. Ce qui essentiel quand même dans Le rayon vert c'est le même paradigme que dans Ma nuit chez Maud, le pari pascalien, refuser quelque chose de facile et agréable en apparence, une attente sociale, dans le but de gagner quelque chose de plus, avec la rédemption finale de Delphine.
Je ne sais pas si en parlant de Cergy tu as pensé à L'ami de mon amie, mais je l'ai revu récemment, et un détail passé inaperçu m'a étrangement frappé, à un moment Blanche et Fabien franchissent un mur, de quelque chose qui ressemble à un jardin, un parc. C'est extrêmement rapide, mais voilà rien chez Rohmer n'est gratuit, et toute la symbolique du jardin s'impose tout d'un coup, celle du jardin de l'Eden, du jardin au Moyen-Age (Le roman de la rose.....) et une fois que cette idée vient, au moment précis du film, cela devient une évidence. Et montre toute la richesse et complexité des films de Rohmer. Et c'est ce entre les lignes qui est évidemment essentiel, et qui fait le caractère unique de ce cinéma.
Malgré tout l'intérêt que j'ai trouvé à Un monde sans femmes, je n'ai pas eu la sensation que je pourrais avoir ce genre d'analyse, c'est très juste et touchant en ce qui concerne les personnages, une belle description d'un lieu, y compris sociologiquement parlant. Cela fait mouche, mais pas de raisons d'aller vers ailleurs, alors que chez Rohmer les lieux et les personnages ne sont que l'apparence derrière laquelle se dissimulent des significations plus symboliques ou conceptuelles.
Ce qui est peut être identique chez les deux cinéastes, ce sont les moyens modestes, quasiment ceux d'un amateur, comme quoi le cinéma n'est pas forcément une question d'argent avant tout.

Je te suis sur la recherche de signification (et L'ami de mon amie renvoie en effet à l'architecture de la ville moderne, comme miroir de chaque séquence). Guillaume Brac n'en est pas là, provoque parfois des frustrations mais la brièveté du récit s'accommode volontiers de cette simplicité. Il se permet tout de même de laisser quelques pistes entrouvertes (notamment le lien ambigü entre la mère et la fille, d'abord loin d'être apparent et presque évacué).

J'ai donc vu ce petit film réaliste et doux amer qui choisit un sujet et un traitement délicats et minimalistes quasi documentaires avec une esthétique de téléfilm. Une sorte de Houellebecq solaire qui croiserait la route d'un Rohmer (avec toutes les différences que vous avez soulignées). C'est très bien fait dans son registre plein de nuances et les personnages sont attachants. Reste que c'est un cinéma qui a les limites de sa modestie. A distance je ne retiens que la maladresse touchante et les regards inquiets de Sylvain ou la fragilité de Patricia victime de son sex-appeal mais qui aimerait se poser un peu. Leur non rencontre et leur solitude me touchent. Mais j'ai l'impression d'avoir déjà rencontré ces personnages ailleurs au cinéma ou dans la vie. Le cinéaste se contente de les rendre vibrants le temps d'un été et leur passage n'est pas sans laisser de traces mais c'est une toute petite chose à déguster entre des plats plus copieux. J'aime ce genre de cinéma mais je cherche aussi à être dépaysé, surpris, emporté dans un langage artistique qui m'ouvre des portes nouvelles. Ici je suis en terrain presque trop familier. Par ce que c'est la vie de tous les jours sans la cruauté et l'acidité d'un Houellelbecq et sans la poésie d'un Rohmer justement. Trop réaliste peut-être dans son soucis de justesse. Reste qu'il se regarde très agréablement. On a besoin de ce genre de films de temps en temps.