Le Zappa du jour

topocl a écrit:

Igor, je me suis engagée à écouter Zappa, à en parler, mais pas à recevoir l'intégralité de sa discographie et de sa filmographie, j'espère que tu en as pris bonne note .

topocl a écrit:

Cette fois, c'était Zappa et l' image, images fixes ou mouvantes, graphisme, cinéma, peinture… en privilégiant, c'est Zappa, quand même : l'image-mauvais genre avec un petit passage par le sexe.

Dès le début, Zappa, champion de la maîtrise on l'a dit, supervise l'entière élaboration de ses disques y compris la création des pochettes. Sa formation de graphiste lui permet tout à la fois d'informer, d'intriguer, de provoquer…mêlant aux photos de la star et de ses concerts, des techniques de collage néodadaïstes, de dessin, de fausses publicités…

Adepte de la culture pop, Zappa est sous l'influence des super héros des  comics, et des classiques du cinéma fantastique, tout particulièrement King-Kong, marionnette colossale, machinerie creuse, figure totémique du désir érotique à l'état brut. Il a aussi pour référence Freaks, de Tod Browning, son film préféré, empreint d'une marginalité inquiétante, basé sur le spectaculaire du monstre et des déviances anatomiques, cinéma-vérité, mettant en scène un fait divers sanglant et atroce dans le quotidien des monstres et des femmes à barbe. L'univers de Zappa emprunte aussi à Jérôme Boch et à Salvator Dali, aux films de série B (surtout B moins, voire Z, nous dit F Angelier).

Sur ce terreau va naître une multitude de projets,  avortés ou non, d'un grand opéra cosmique à une multitude de films pour lesquelles il  n'hésite pas à racheter des décors, mettre en scène une fusée en carton bouilli, créer des figures carnavalesques et mythiques, mêler le cinéma à la musique et au théâtre, marier une montagne à un arbre pour les faire partir dévaster les États-Unis .

Son projet le plus abouti, c'est de 200 motels, igor en a parlé, avec Ringo Star et le batteur des Who, tourné en 7 jours à Londres et exploité en salle. C'est l'histoire d'un groupe en tournée, pimentée de considérations surréalistes salaces, s'achevant dans une cité concentrationnaire où règnent les pom-pom girls, à la lumière d'une retraite aux flambeaux du genre Ku Klux Klan.

Dans ce délire d'images et de représentation, le sexe est la matière première de Zappa. Deux fois marié, père de 4 enfants, il n'est pas le poète de l'amour, mais un pornographe jovial et documenté qui propose une scénographie appliquée des pratiques érotiques. Voyeurisme, zoophilie, ondinisme, bastonnade, art de la fessée… sont les ingrédients les plus recommandables de son projet de critique sociale et de révolution poétique. Zappa sexualise  tout, du masque à gaz à l'aspirateur et jusqu'au caniche, son animal fétiche, absurdement taillé comme un buis, icône mais aussi  sex-toy cher à l'artiste.


Prochain et dernière opus : cet après-midi : Zappa, le jazz, la guitare, les amitiés musicales.
Mais qu'est-ce que je vais faire,  moi, la semaine prochaine ?

Marie a écrit:

Je n'ai plus le matériel pour les VHS

Il ne devrait pas y avoir de problème pour avoir la chose sur un support type dvd. J'avais un temps  la lubie de numériser à peu près tout (sans doute l'idée d'émigrer sur une autre planète...)

Autorized only:

je devrais pouvoir retrouver ça.
Et concernant Fellini/ TOUT PAREIL (aussi important que Zappa pour moi le cinéaste).

Spoiler:

Ils t'ont pas un peu shooté, ce matin, Igor?

La proposition musicale du jour (c'est bien guitare today?)
dédiée à Animal qui n'a toujours peur de rien
(je l'aurais un jour!)

topocl a écrit:

Ils t'ont pas un peu shooté, ce matin, Igor?

Voir 13h30 - Photo du jour

L'amitié est un art difficile
15h50, ma copine Christine sonne à ma porte. Difficile de ne pas lui ouvrir. Difficile aussi de lui expliquer que je dois absolument écouter une émission à 16 heures. Sur Franck Zappa, en plus. Elle me connait, elle risque de s'inquiéter...
Bon, promis, compte rendu complet demain matin.

... L' amitié, ça se partage... Et ce qu' on donne fleurit, ce qu' on garde pourrit. Comme dit le chanteur.
Et donc merci pour la chronique Zappaiste de l' été !

bix229 a écrit:

... L' amitié, ça se partage...

Tu as raison, j'aurais du dire à ma copine d'écouter avec moi. le remord me prend.

surtout qu'il y avait de bien excellentes choses !

ça va me manquer ce rendez-vous quotidien. 

Citation :

je devrais pouvoir retrouver ça.
Et concernant Fellini/ TOUT PAREIL

Alors, je compte sur toi

bien bien accroché sur les morceaux de types qui ont inspiré zappa, notamment "il faudrait retrouver le nom", qui fait du solo à la trompette ? (ou un chose dans lequel il souffle). c'est le même principe que les (interminables) solos de guitares, derrière c'est toujours très précis et très serré et on se retrouve à être branché sur les deux en même temps, le solo et le fond.

son purple haze est monstrueux aussi.

en fait j'avais un poil peur de m'ennuyer (si si si, il y a des trucs dont j'ai peur avec mes oreilles, faut pas croire) parce que cette semaine j'ai écouté d'autres morceaux, d'autres versions et s'il y a virtuosité, avec Steve Vai par exemple, et que c'est très coulé, c'est un peu trop propre (possible ?), sans trop bouder son plaisir non plus. Et aujourd'hui en passant par la case jazz on aboutit encore à des arrangements et des assemblages variés.

on est toujours dans l'équilibre entre le morceau boulonné et le morceau terriblement fluide. le purple haze pour y revenir, prends le contre-pied pour faire ressortir la rythmique et c'est non seulement marrant mais tout aussi efficace. et ça reste cool !

Purple Haze

on dirait un morceau d'électro déjanté, et puis sur la parole/chant ça marche du tonnerre. ça ça m'éclate vraiment  

oui c'est confus, mais il est tard.  

ce qui est difficile à travers les émissions c'est de penser en chronologie (pour les tonalités de ressemblances ça me taquine drôlement), phases et variations... je me sens drôlement habitué. peut-être qu'en prenant le problème dans l'ordre...

Pour ceux qui aiment le jazz, comme disait Frank Tenot! 
Topocl nous résumera tout!
Et Animal domine le tout sur le plan musical.

Et moi, aujourd'hui?
Cecil Taylor m'a fait penser à quelqu'un que j'aime beaucoup ( classique dans mes goûts )John Coltrane

Et tiens, encore Coltrane, A love supreme

Et Charlie Mingus, ici avec Eric Dolphy, cité au début de l'émission.

Beaucoup d'autres choses à retrouver sur le site, et pour clore ces cinq heures très bien menées, on retourne à Zappa: Watermelon in Easter Hay

Aujourd'hui :  Zappa et le jazz, Zappa et la guitare.

“Ladies and gentlemen,
I’am Franck Zappa,
I’am a rock’n roll musician,
I am a composer,
And I make movies.”

Ça, c'est la présentation de Franck Zappa. Mais comme toute présentation c'est un peu restrictif .  Parmi tous les types de musique qui ont influencé Zappa il y a  le jazz, évidemment. Zappa a élu quelques personnalités atypiques, intempérantes et éruptives, plutôt liées au free-jazz, dont   le travail sur le rythme et l'art du collage l'ont influencé.

Même s’il a pu proférer : « Le jazz n'est pas mort,  mais il dégage une drôle d'odeur », Zappa, nourri à la musique de négro-américaine, mêlant improvisation et écriture savante dans toutes ses compositions, Zappa qui ne joue pas deux soirs de suite ni  le même morceau, ni de la même manière, ne peut être étranger à cette musique. Il n'hésite pas à convier sur scène de nombreux jazzmen. Et on les trouve en bonne place dans la Freak List de 1966.

Eric Dolphy, mort à 36 ans, poète maudit, astre fugace, qui mêle le système et l'excès, l'ombre et la lumière, la clarté et l'emportement, grand amateur de Varèse. Quand Zappa envisage de créer son propre label, c'est Dolphy qu'il envisage comme premier album. À défaut de cela il lui rend hommage dans Eric Dolphy Memorial Barbecue.



« Si vous voulez savoir  comment jouer du piano, écoutez Cecil Taylor » déclare Zappa.
Cecil Taylor, maître du piano-free, joue un piano dansé qui frise l'extase, qui s'apparente à la possession mystique et au chamanisme, multiplie les rafales de notes, les coups de points et les coups de coude dans un jeu de piano décadré, chahuté et percutant.



Charlie Mingus partage avec Zappa son activité de compositeur et de band-leader, faisant « parler la musique comme on fait parler la poudre » (dixit Francis Marmande)



Roland Kirk, aveugle de naissance, partage la scène avec les Mothers dans une grande complicité scénique, couché sur scène et gigotant des jambes au Boston Festival en 1968. Ce poly-instrumentiste virtuose, connu pour jouer  simultanément de plusieurs instruments à anche, commet un brassage euphorique et bigarré de toutes les formes de son et d’écriture musicale.



Et puis, voilà Zappa guitariste. Même s'il a composé toute sa vie pour les percussions, Zappa reste un sorcier du manche, un virtuose méditatif et intarissable dont les solos-fleuves constituaient des instants de suspens et de pensée musicale en action. Sa première composition pour guitare, il a 21 ans, c'est une valse,  très courte (et toute douce). Ses compositions font preuve « d'orientations méthodiques plurielles, polymodales et parfois atonales. L'improvisation est considérée comme une composition dans l'instant, chaque solo est un défi lancé à son imagination" (je ne sais plus qui a dit ça).

Un grand débat jamais résolu discute de savoir si c'est Hendricks ou Zappa qui a développé la pédale Wah-wah



La guitare est pour Zappa un autre lui-même, un prolongement direct de sa pensée et de sa sensibilité. Elle donne une voix de plus à son orchestre, goguenarde, incendiaire et sarcastique.




Ainsi s'achève notre cycle Zappa estival.

Je dois signaler la prouesse de F Angelier qui a réussi à concocter 5 émissions captivantes de bout en bout même pour les non-zappologues. Abandonnant toute chronologie, dans une prose chatoyante et imagée que j’ai essayé de vous restituer (et non, les envolées lyriques ne sont pas de moi), il a, toute cette semaine, partagé sa passion charismatique pour notre maître à tous, et à certain en particulier, Franck Zappa, un fort en gueule qui a su élever la provocation au niveau du Grand Art.



F Angelier a terminé en donnant une liste de recommandations : CD, DVD et livres (et là j’ai pu voir que j’avais été habilement conseillée dans mes lectures). Il a envoyé un grand salut fraternel à tous les cosaques zappologues de la zappologie internationale (et là je lui ai envoyé un petit mail pour lui signaler qu'il avait oublié igor). Il a remercié son équipe technique et là encore Igor en tant qu'agent de communication a été oublié.

Vous admirerez le tour de force que constitue le compte-rendu de ces 5 émissions sans parler d'un poil de musique, j'étais en cela efficacement assistée par Marie et animal, dans une collaboration amicalo-thérapeutique qui nous  marquera.
(Ca, c'est sûr, ça me marquera  )

Citation :

Je dois signaler la prouesse de F Angelier qui a réussi à concocter 5 émissions captivantes de bout en bout même pour les non-zappologues.

Et bien oui! Et de façon très surprenante pour moi
Admirablement relayé par topocl , concentrée et prenant des notes, ce qu'il fallait faire en fait , car il n'y avait aucun verbiage, c'était même un peu dense pour qui ne pouvait-comme moi-fixer son attention  uniquement sur l'écoute.
J'ai découvert en tout cas un personnage très intéressant et fort sympathique.
Et je n'oublierai pas non plus cette entreprise commune, j'en suis ravie!
La dernière photo que tu as trouvée me plait beaucoup

Allez Igor !!

animal a écrit:

son purple haze est monstrueux aussi.

on est toujours dans l'équilibre entre le morceau boulonné et le morceau terriblement fluide. le purple haze pour y revenir, prends le contre-pied pour faire ressortir la rythmique et c'est non seulement marrant mais tout aussi efficace. et ça reste cool !

Purple Haze  

on dirait un morceau d'électro déjanté, et puis sur la parole/chant ça marche du tonnerre. ça ça m'éclate vraiment  

Pour la petite histoire, Puple Haze (New age version) est en fait une prise effectuée lors d'une balance d'avant concert...


Puple Haze: 1er morceau du second CD de l'album: The Best Band You Never Heard In Your Life
(Retiré un temps - ayants droits abrutis - Le Boléro y a été réintégré ! )

Marie a écrit:

Et je n'oublierai pas non plus cette entreprise commune, j'en suis ravie!

je n'ai pas fait partie de ceux qui ont écrit mais de ceux qui vous ont lu et écouté... très intéressant et surtout sympa