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Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Sam 27 Oct 2012 - 20:39
Into the abyss : A Tale of Death, A Tale of Life
Documentaire constitués d'interviews. Trois meurtres, un condamné à mort qui sera exécuté quelques jours à peine après ces interviews, l'autre condamné à perpétuité, tous les deux 18-20 ans au moment des faits. La fille et la sœur de deux des victimes. Un frère. La femme d'un détenu, son père, lui aussi en prison. Un aumônier, un inspecteur, un ancien bourreau.
Le documentaire est donc assez brut, cru (raw). Les sujets en seraient : la mort, la peine de mort, et la vie. Mais dans quel ordre ? Comme à l'accoutumé le réalisateur/interviewer garde des distances, refuse de donner une lecture particulière tout en donnant sa position. Contre la peine de mort. Cependant pas d'exposé de cas judiciaire douteux, seulement les interviews et les vidéos de scènes de crimes de la police (c'est dur).
Le documentaire est difficile tout du long. Il y a une confrontation à la fin, la mort, violente et non accidentelle. C'est le Texas et un coin pas très riche, la religion est très présente mais tout ça n'est pas dans ce film à charge, pas tout de suite. Il y a un constat sombre, triste de la violence et de l'analphabétisme, derrière aussi de la drogue, de l'alcool... et tout le décorum chargé de ces gens simples qui apparaissent "en l'état". C'est dur, triste, déchirant, la plupart des personnes ayant du mal à encaisser les souvenirs, les circonstances, eux-mêmes d'une certaine manière et "tout ça" est exposé sans détours et étrangement sans dramatisation, sans pathos.
Et en menant le spectateur au travers de cette vision, qui est tout de même une vision d'horreur, il dégage un contraire, une attention quasi primitive à l'autre, à la vie, qui vit justement sous des couches de trucs moches, de flous, de trucs beaux sans doute avec, qui cohabite avec l'erreur. C'est une drôle d'image tout à la fois familière et étrangère. Pas une explication, pas une rédemption, comme un courant.
Vaut mieux être en forme car ce n'est pas neutre du tout.
En tout cas encore un très bel exemple du travail de documentariste de Werner Herzog. Si on n'y prend garde ça ressemble à d'autres documentaires mais le propos s'avère souvent différent.
Commentaitre très favorable au film de Herzog dans Charlie, n° 1 062.
Quelques extraits :
"Herzog est aujourd' hui l' un des rares cinéastes -peut etre meme le seul- à alterner films de fiction et documentaires, traquant par des formes différentes, mais parfaitement complémentaires, le mystère dela condition humaine, de son rapport à l' autre, la nature, à Dieu ou son absence.
Herzog a toujours été convaicu que l' homme agit sous l' impulsion de forces énigmatiques dont il est loin d' avoir pris la mesure. Son cinéma pourra se résumer ainsi à une longue traque à la surface aveugle du réél, des signes de ce mystère... Un an après la Grotte des reves perdus, Herzog plonge dans un autre abime, celui du couloir de la mort de Huntsville, Texas. Là, Michael Perry, croupit depuis 10 ans, pour le meurtre de sang froid de trois personnes. Herzog pose sa caméra derrière la vitre où se tient le jeune homme qui clame son innocence, une semaine avant l' injection létale qui l' attend...
Herzog, dés le début, clarifie sa position en avouant à Perry qu' il ne l' apprécie pas, qu' il n' ira pas avec lui sur le terrain de la compassion, mais que cela ne l' empechera pas de considérer comme indiscutable son droit à la vie. Herzog plonge das ces histoires de morts, de douleurs, au fond de l' abysse mais pour y trouver ces fameux "signes de vie" (titre d' un documentaire qu' il réalisa en 1068)...
Herzog a choisi d' ouvrir le film par cette citation de Nietszche "Quand ton regard pénètre au fond d' un abime, l' abime, lui aussi pénètre en toi", mais pour en tirer, avec ironie, une conclusion inverse : au fond de l' abime et du couloir de la mort, c' est finalement la vie qui a pénétré en nous."
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 6:35
rien sur le fil depuis 2012 ???
une paire de bande-annonces. film-film pour commencer :
documentaire (listé nulle part ?):
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 11:21
Ah, j'ai vu Nosferatu, fantôme de la nuit, cette année, lors d'une rétrospective Werner Herzog... Il faudrait que je rassemble quelques neurones pour en dire du bien...
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 16:58
animal a écrit:
rien sur le fil depuis 2012 ???
une paire de bande-annonces. film-film pour commencer :
ça fait peur comme bande annonce! Herzog dans le film en costumes académique?? Moi qui rêvait de voir Nicole Kidman renouer avec sa grande période cinéphilique, je ne suis pas sûr que ce sera avec celui-là... A suivre quand même.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 20:45
bah je me dis que les bandes-annonces sont ce qu'elles sont et que Herzog ça peut ne pas ressembler complètement à la BA. ça devait déjà être le cas avec son Bad Lieutenant et son My Son, My Son, What Have Ye Done? non ?
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 21:23
Oui c'est vrai. J'irai quand même.
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 21:42
Alors question subsidiaire, Animal. Les sous-titres dans ta bande annonce, ils sont en quelle langue ?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 21:56
Hé ! je ne suis qu'un panda qui fait avec ce qu'il trouve !
je dirais que c'est du turc. ?
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 2 Juil 2015 - 22:17
Tout de même un panda :
Je pense aussi que c'est du turc.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Mar 29 Sep 2015 - 12:09
Le Pays où rêvent les fourmis vertes (1984)
Fiction aux faux airs de documentaire autant que l'inverse le film montre la tranquille obstination d'aborigènes pour ne pas abandonner un coin de pays "où rêvent les fourmis vertes" à une société anglaise venue prospecter en vue d'extraire de l'uranium (je ne sais plus si c'est précisé en fait ?). Le principal personnage que l'on suit est l'ingénieur en charge du chantier et perdu dans ce grand vide en disparition ou en devenir. Il sera choisi comme intermédiaire pour tenter de faire lever le camp à ces aborigènes qui campent devant les bulldozers et accompagnera au fil des propositions et des démonstrations de "progrès" l’aîné de la tribu et interprète.
Le mythe des fourmis vertes est inventé pour l'occasion du film mais la situation est très ressemblante avec une réalité de fait et cette main basse faite sur les terres est directement mise en évidence. Mais jusque là, avec la bonne musique et les belles images désertiques mêlées de modernité désenchantée ça resterait un peu trop simple.
Sujet qui revient souvent (tout le temps ?) chez Herzog on voit et vit le temps du film une incompréhension et une incommunicabilité de fait (on appréciera au passage le dernier représentant d'une tribu appelé Le Muet... pour la simple et bonne raison que plus personne d'autre que lui ne parle sa langue). Les aborigènes ne comprennent rien aux mineurs et réciproquement et la petite vieille qui cherche son chien perdu dans les galeries est dans son monde elle aussi.
Les rêves et mythes quotidiens des uns et des autres ont des saveurs différentes mais finalement ils (et nous) sont un peu tous les mêmes à vivre des croyances qui valent presque tout et que ce qu'elles valent.
Un film à la tonalité étrange et marquante qui a malheureusement l'air de rester dans les zones d'ombres de la filmographie du réalisateur et c'est bien dommage. Certes il n'y a pas d'apparences démesurées (quoique quand on pense que les acteurs aborigènes ont fait des milliers de kilomètres pour faire le film et qu'ils sont surtout les membres de tribus moins ravagées par l'alcool et les marges du progrès... ) ni de gros choc si évident mais il y a quand même beaucoup de choses dans ce film d'apprentissage qu'on peut qualifier de "différent".
Ariane SHOYUSKI Sage de la littérature
Messages : 2372 Inscription le : 17/04/2014
Sujet: Re: Werner Herzog Mar 29 Sep 2015 - 22:44
Je l'ai vu il y a longtemps. Et ça m'a très impressionnée. Ce film est peut-être un peu moins fort que ses meilleurs comme Aguirre ou Fitzcarraldo. Mais c'était très délicieux. J'étais peut-être trop jeune pour le bien comprendre. Ça reste tout de même comme un très bon souvenir cinématographique. Mais ça ne passe pas au cinéma maintenant ? L'as-tu vu en DVD ? Merci Animal.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Mer 30 Sep 2015 - 0:00
dvd oui, il est dans le coffret dans lequel j'ai récemment investi.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Werner Herzog Mer 30 Sep 2015 - 23:06
J'avais vu Woyzeck, très bon.
Je me précipite vers Into the abyss pour compléter mon aperçu.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Dim 4 Oct 2015 - 22:17
Les Cloches des profondeurs - Foi et superstition en Russie (1993)
Film documentaire dans l'est de la Sibérie avec des interviews et des moments de cérémonies ou de pratiques de la foi, religion, croyance. Pour le mot à retenir ce n'est pas forcément une question de quoi : chamanisme, christianisme orthodoxe, autres avec exorcismes en salle de spectacle, réincarnations de Jésus... le panel donnant par sa diversité et son intensité un sentiment de saturation, c'est plus la relative quiétude ou normalité plus ou moins paradoxale qui se dégage de l'ensemble qui serait une forme de prise de recul.
Prise de recul à la Herzog mais sans beaucoup de commentaires directs. A défaut d'adhésion, ça ne serait pas ce sens là, il n'y a pas de dédain ni forcément de sens outrancier d'un pittoresque exotique. Plus ténu c'est en même temps extrêmement distant (accentué par le doublage/voix de Werner Herzog en léger décalage pendant les interviews) et très chaleureux ou naturel. Humainement une continuité dans la diversité de l'instant ou dans le temps... ce qui est loin d'exclure toute forme de problème car est il possible de rester neutre devant le grand écart qu'il peut y avoir entre un exorcisme clinquant et un chant traditionnel très guttural ( chants diphoniques ?).
Drôles d'effets et visions étonnantes comme la gestuelle d'icône de Vissarion ou celle du sonneur de cloches...