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Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Werner Herzog Mar 22 Nov 2011 - 18:08
J'aime beaucoup vos commentaires que je trouve très justes rétrospectivement et qui me donnent envie de le revoir. Je n'ai de souvenir du film qu'à sa sortie et je me rappelle avoir été frustré de ne pas ressentir la même sidération que dans Aguirre ou même Nosferatu. Mais j'étais trop jeune et ma vision aujourd'hui serait certainement différente (je l'ai revu partiellement mais jamais en entier). Impression encore plus frustrante avec Cobra Verde plus tard. Le sentiment que l'inspiration d'Herzog s'essoufflait, qu'il se répétait en moins bien. Je ne voyais que les artifices d'une mise en scène qui cherchait le sublime mais dont je ne voyais que le chantier en construction. Je ne croyais pas au personnage dans sa mégalomanie et son illumination. L'impression d'assister à une sorte de making of (lequel, vu plus tard, m'avait davantage intéressé). Je comprends bien ce que vous y avez puisé car c'est ce que j'ai ressenti en voyant Aguirre plusieurs fois. J'espère le trouver plus inspiré en revoyant Fitzcarraldo dans de bonnes conditions.
Babelle Zen littéraire
Messages : 5065 Inscription le : 14/02/2007 Localisation : FSB
Sujet: Re: Werner Herzog Mar 22 Nov 2011 - 18:20
Je viens de revoir Fitzcarraldo ce w-end sur Arte, malheureusement il me manquait la HD et des amplis appropriés. J'y ai retrouvé des correspondances avec Aguirre, la colère de Dieu. Des théma ont suivi le film, que je n'ai pas pu regarder mais on a la possibilité de tout revoir en replay sur Arte 7,clic
Aguirre et Fitzcarraldo, deux films cependant aboutis, qui ont valu à Herzog le qualificatif de "réalisateur de l'impossible" : -Ses acteurs ont failli se noyer au moment où les radeaux franchissaient les rapides, un canon et des cages s'écroulèrent réellement le long d'une falaise, Herzog, menacé par Kinski possédait une arme sur le tournage -Kinski le menaçait. Le premier acteur, Robards, péta les plombs pendant un premier tournage auquel il renonça tant les conditions étaient difficiles -ainsi intervint Kinski et tout fut repris à zéro. Les indiens figurants proposèrent au réalisateur de tuer l'acteur... Les scènes du bateau hissé sur la colline ne comportent aucun trucage -"Herzog tenant à ce que cette scène soit d'un réalisme absolu" et les figurants ainsi que les techniciens risquèrent leur peau. Le documentaire Burden of Dreams témoigne :
Malgré tout cela, ça a marché. Et les héros de Herzog ne figureront pas dans l'abîme insondable des Don Quichotte de la Mancha du cinéma.
clic
Ce que je retiens de Fitzcarraldo c'est une esthétique cinématographique bien sûr ainsi que le portrait d'une folie non délivrée de ses démons dans le jeu libre d'un acteur fou se jouant lui-même -jouant le rôle d'un illuminé paranoïaque, gentil quoique narcissique, aux prises avec son idée de la grandeur. Même si je n'aime pas trop cette facilité par laquelle l'idée de cette folie pourrait s'épanouir loin de chez soi (l'Europe). Comme si chez les gentils colonisés c'était possible -côté folklore de la fin du 19é s. Je retiens aussi ce que coûtèrent aux autochtones les colonisations successives. -Belle et dramatique métaphore de la forêt dévastée depuis la fin du 19è avec l'extraction du caoutchouc par des colons européens pour qui le travailleur amazonien vaut à peine une grappe de bananes.
Loin de la relation passionnelle du réalisateur avec Kinski, j'ai hâte de voir La Grotte des rêves perdus.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Mar 22 Nov 2011 - 19:13
je pense qu'il est assez lucide sur la colonisation et la position même du sujet de son film et de son film (qui semblent proches). L'acteur qui se joue lui même, ça dépend. J'ai été frappé de voir à quel point il avait le beau rôle, certes aveugle de cette entreprise. En même temps c'est un écho de son autobiographie (qui reste quelque chose de spécial). Un des rapprochements que je ferai, que j'ai fait en fait, valable au moins sur ma chronologie des visions et re-visions c'est avec son Bad Lieutenant, c'est un peu le même fil où on marche dans une direction qui ne correspond pas à la norme, qui n'est pas pour autant justifiée, et qui garde sa beauté. Certainement non moins emblématique ou représentatif en fin de compte que d'autres films du réalisateurs.
Invité Invité
Sujet: Re: Werner Herzog Mer 23 Nov 2011 - 11:14
Marko a écrit:
Je n'ai de souvenir du film qu'à sa sortie et je me rappelle avoir été frustré de ne pas ressentir la même sidération que dans Aguirre ou même Nosferatu. Mais j'étais trop jeune et ma vision aujourd'hui serait certainement différente (je l'ai revu partiellement mais jamais en entier).
C'est curieux car j'ai ressenti cette frustration avec Aguirre, alors que Fitzcarraldo m'a véritablement transportée. Mais il faudrait que je revoie Aguirre pour confirmer ou non cette première impression.
Invité Invité
Sujet: Re: Werner Herzog Mer 23 Nov 2011 - 11:22
Babelle a écrit:
Même si je n'aime pas trop cette facilité par laquelle l'idée de cette folie pourrait s'épanouir loin de chez soi (l'Europe). Comme si chez les gentils colonisés c'était possible -côté folklore de la fin du 19é s.
Je n'y ai pas pensé, d'autant plus que les indiens qu'il rencontre sur le bateau ne sont ni colonisés ni gentils, ce sont des coupeurs de tête, "des sauvages" aurait-on dit à l'époque. Je l'interprète plus dans le sens d'une certaine universalité du propos, quelque chose qui touche l'humain, quel que soit son origine ou sa culture.
Invité Invité
Sujet: Re: Werner Herzog Sam 10 Déc 2011 - 11:36
Vu hier soir Nosferatu et j'ai beaucoup aimé. J'espère avoir le temps d'en parler plus en détails mais j'aimerais revenir auparavant sur quelques références qui sautent aux yeux :
Le cri d'Edvard Munch
Les danses macabres
Zig et zig et zig, la Mort en cadence Frappant une tombe avec son talon La Mort à minuit joue un air de danse, Zig et zig et zag, sur son violon (Première strophe de La danse macabre de Camille Saint-Saëns, poème symphonique écrit par Jean Lahor, alias Henri Cazalis).
Le peintre Caspar David Friedrich
La jeune fille et la mort (Hans Baldung Grien, Niklaus Manuel Deutsch , Hans Sebald Beham, Pierre Eugène Emile)
La Mort et la femme endormie, gravure de 1548 de Hans Sebald Beham
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Werner Herzog Sam 10 Déc 2011 - 12:53
Et aussi cette image de cimetière marin qui évoque à la fois Friedrich et Gracq (je ne sais pas si Herzog connait "Le Château d'Argol" mais c'est probable). La musique de Wagner (L'or du Rhin)... Autant de références au romantisme allemand, à l'expressionnisme. J'aime beaucoup ce film.
L'arrivée du vaisseau fantôme avec ses voiles rouges dans le port ravagé par la peste est très impressionnante (je n'ai pas trouvé de photo correspondante). On l'aperçoit sur cette bande annonce:
Et quelle belle affiche! Je l'avais en format géant mais j'aurais fini par faire des cauchemars
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Sam 19 Mai 2012 - 20:27
Un lien que je ne devrais pas proposer (clic et le bouton "cc" est pratique pour les non germanophones) mais ça reste en mémoire ce type de documentaire, parce que les autres aussi, et jusqu'à La grotte des rêves perdus (sans oublier les non documentaires) ça reste vrai et ... impossible à effacer complètement ce qui peut se voir comme une interrogation de ce qu'on ne peut pas connaitre. bien qu'interrogation ne soit pas le mot juste, trop neutre.
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Ven 8 Juin 2012 - 22:08
(tant que je pense : j'ai aperçu un dvd de chez nous de Nosferatu l'autre jour).
Invité Invité
Sujet: Re: Werner Herzog Ven 8 Juin 2012 - 22:56
euh c'est normal que je ne comprenne pas ce que tu veux dire Animal ? Tu veux parler d'un DVD en cerclage ?
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Sam 9 Juin 2012 - 6:49
non dvd en vente. il n'y en avait pas ou plus en édition Z2 "française".
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 4 Oct 2012 - 22:42
My Son, My Son, What Have Ye Done
Le film est inspiré d'un fait réel : un homme (Michael Shannon) a tué sa mère avec une épée ou sabre qu'il utilisait pour jouer dans Électre de Sophocle pièce dans laquelle le personnage tue sa mère, jouée ici par sa fiancée (Chloë Sevigny).
Le film commence par l'arrivée des négociateurs (?) (Willem Dafoe et un autre type) devant la maison où il se retranche : une maison rose avec des flamants roses. Plus tard les questions aux voisines et témoins du meurtre, de la fiancée et du metteur en scène (Udo Kier) retracent cette énigmatique histoire.
Le réalisateur présente le film comme « un film d'horreur sans sang, ni gore, ni tronçonneuse, mais avec une étrange et anonyme peur rampante en vous ».
Vous voilà prévenus. Une étrangeté supplémentaire dans cette épopée américaine de Werner Herzog, la production par David Lynch aide sans doute à la bizarrerie mais surtout on retrouve dans un "film américain" et une thématique de film américain, autre chose. Tout le drame de suspens et de police est dédramatisé au profit d'une irréel maladresse particulièrement naturelle, le tout baigné dans une image très lumineuse. Et très peu voire pas de clés explicites pour cet acte, ce dérapage intime mais relié au monde. Herzog attrape des images et les replace dans un film qui se démarque et défait les réflexes du film normal (normé en fait) pour faire autre chose, une énigme, discrètement frappante, troublante, terriblement commune. L'oncle éleveur d'autruches incarné par Brad Dourif est une variante de l'énigme. La relation avec la fiancée, même avec la mère sont des sortes d'énigmes, il n'y a pas a priori de justification, d'utilité.
Cinéma étrange, joueur malgré tout et d'abord la gravité du sujet, surprenant, déroutant, néanmoins significatif et qui laisse avec la tension palpable des étrangetés irréelles, surréelles, imaginaires mais vraies, qui se retrouvent de manière indélébiles parties prenantes de la réalité.
bande-annonce façon thriller normal
Ce n'est pas le grand spectacle de ses films emblématiques mais il faut avouer que la différence et une particularité tactile de l'atmosphère, comme avec le bad lt à la nouvelle orléans, suscite une attraction et un attachement tenace à de telles irrégularités cinématographiques.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 4 Oct 2012 - 22:56
Je n'ai pas été emballé par Bad Lieutenant à New Orleans... Bon, il y a quelques effets barrés sympas (tu as vu l'iguane ? quoi ? quel iguane ? ; et puis en une scène les bonnes nouvelles se succèdent, comme si c'était irréel), mais le scénario en lui-même est franchement léger.
Il prépare un film avec Robert Pattinson et Naomi Watts, sortie prévue 2013. Ce sera un film consacré à la vie de Gertrude Bell (voir Wikipedia). Je suis très curieux de voir ce que ça va donner...
animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
Sujet: Re: Werner Herzog Jeu 4 Oct 2012 - 23:14
léger oui et non... il va à rebours du principe de départ de rédemption entre autres. et puis il y a la scène de dialogue dans la voiture avec le chien qui tire la langue derrière.
(dommage qu'on ne trouve pas l'extrait...)
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Sujet: Re: Werner Herzog Ven 5 Oct 2012 - 10:02
En tout cas, il a l'air intéressant ce My Son, My Son, What Have Ye Done !