André Gide

Je n'ai lu qu'un Gide, il y a longtemps, ça serait peut-être une bonne idée de creuser un peu le sujet, effectivement...

C'était lequel?

Petit extrait :

Citation :

"Pour Passavant, l'oeuvre d'art n'est pas tant un but qu'un moyen. Les convictions artistiques dont il fait montre, ne s'affirment si véhémentes que parce qu'elles ne sont pas profondes ; nulle secrète exigence de tempérament ne les commande ; elles répondent à la dictée de l'époque ; leur mot d'ordre est : opportunité.
"La Barre fixe. Ce qui paraîtra bientôt le plus vieux, c'est ce qui aura d'abord paru le plus moderne. Chaque complaisance, chaque affectation est la promesse d'une ride. Mais c'est par là que Passavant plaît aux jeunes. Pue lui chaut l'avenir. C'est à la génération d'aujourd'hui qu'il s'adresse (ce qui vaut certes mieux que de s'adresser à celle d'hier) - mais comme il ne s'adresse qu'à elle, ce qu'il écrit risque de passer avec elle. Il le sait et ne se promet pas la survie ; et c'est là ce qui fait qu'il se défend si âprement. Non point seulement quand on l'attaque, mais qu'il proteste même à chaque restriction des critiques. S'il sentait son oeuvre durable, il la laisserait se défendre elle-même et ne chercherait pas sans cesse à la justifier. Que dis-je ? Il se féliciterait des mécompréhensions, des injustices. Autant de fil à retordre pour les critiques de demain."

Voilà bien longtemps que je n' ai lu Gide.  Et certains de ses romans ont mal vieilli.
Son journal est un peu trop préoccupé par l' image et  l' ego de l' auteur.
Par contre, je conseille la lecture de Si le grain ne meurt, un livre autobiographique qui explore l' univers étroietment religieux et paternaliste
de  sa famille.
Retour de l' URSS et Voyage au Congo restent des témoignages utiles sur l' époque.

bix229 a écrit:

 Et certains de ses romans ont mal vieilli.

Tu penses à quoi ?
Pour en avoir pas mal lu depuis ma découverte l'an passé, je n'ai jamais eu cette sensation.

ArturoBandini a écrit:

bix229 a écrit:

 Et certains de ses romans ont mal vieilli.

Tu penses à quoi ?
Pour en avoir pas mal lu depuis ma découverte l'an passé, je n'ai jamais eu cette sensation.

La Symphonie pastorale, La Porte étroite, Isabelle...
Quels sont ceux que tu as appréciés ?

André Gide.....

bix229 a écrit:

ArturoBandini a écrit:

bix229 a écrit:

 Et certains de ses romans ont mal vieilli.

Tu penses à quoi ?
Pour en avoir pas mal lu depuis ma découverte l'an passé, je n'ai jamais eu cette sensation.

La Symphonie pastorale, La Porte étroite, Isabelle...
Quels sont ceux que tu as appréciés ?

Je les ai aimés personnellement... Beaucoup même.

J'ai grandement aimé : La symphonie pastorale, L'immoraliste, La porte étroite, Les caves du Vatican, Paludes
Un peu moins Isabelle, et j'ai décroché des Faux-monnayeurs, que je re-essaierai sans doute dans le futur.

Mes lectures sont vraiment trop anciennes. J' étais un autre, j' étais différent. Peut etre lire ou relire...?

La symphonie pastorale

Pas vraiment emballée.
Une écriture classique et sobre dont le passé simple et les subjonctifs soulignent l’élégance désuète.
Des arguties religieuse, qui me dépassent de beaucoup.
Des personnages surannés, archétypaux : la sublime aveugle, le pasteur aveuglé d’égoïsme et de rigueur cachées sous sa foi, la femme  effacée qui souffre...pour des tourments, qui, au total, me paraissent bien vains.
Quand même, comme un petit parfum du passé et de noblesse dans la sauce qui permet de poursuivre jusqu'au bout.

lu il y a très très longtemps, mais me souviens du film

De Gide, je n'ai lu que la version "abrégée" de son Journal publiée chez Gallimard (j'ai aussi le premier Tome de l'intégralité du Journal en Pléiade, mais il est resté sur Paris).

J'ai bien aimé. Oui, Gide aime bien parler de lui (un peu le principe du format d'ailleurs). Il est assez égocentré, et pourtant j'ai trouvé chez lui des réflexions, des phrases qui font écho à mes propres ressentis (d'ailleurs, ce sont des phrases qu'il écrit à peu près à mon âge, ce qui est d'autant plus intéressant. ^^)

Par exemple, j'ai noté dans mon journal à moi celles-ci :

André Gide a écrit:

Il ne faudrait vouloir qu'une chose et la vouloir sans cesse. On est alors sûr de l'obtenir. Mais moi, je désire tout ; alors je n'obtiens rien.

André Gide a écrit:

Nulle action sur une chose, sans rétroaction de cette chose sur le sujet agissant.

André Gide a écrit:

J'ai passer ma jeunesse à opposer en moi deux parties de moi, qui peut-être ne demandaient pas mieux que de s'entendre. Par amour du combat, j'imaginais des luttes et divisais ma nature.

André Gide a écrit:

"Vous ne semblez pas comprendre, Monsieur", me disait souvent le brave Lyon, mon professeur, "que certains mots sont faits pour aller avec d'autres; ils ont entre eux des relations qu'il ne s'agit pas de changer.
- Que voulez vous, cher maître, pour les mots eux-aussi, je crois fort à la vertu des mauvaises fréquentations."

En fait, ce que je retiens surtout de ce journal, c'est l'impression que j'ai eu en voyant le quotidien de Gide changer petit à petit. Je me suis dit que c'était bizarre, qu'il se passait de drôles de choses, sans bien comprendre. Et puis, j'ai regardé l'année que je lisais : 1914. En fait, ce texte m'a permit de ressentir, je crois, ce que vivaient les civils durant la déclaration de la Première Guerre Mondiale : un mélange d'angoisse, d'impuissance et d'impression de distance.
Rien que pour ça, ce Journal a une place dans mon cœur.

J'ai déjà lu quelques livres de Gide (et sa biographie par Pierre Lepape), j'aimerais bien un jour lire son Retour d'URSS et son voyage au Congo. J'imagine cela très différent de ces tergiversations religieuses (Symphonie pastorale ou Porte étroite que j'ai trouvé plutôt assommant !!)...

Un récit à la première personne, retraçant la vie du mythique fondateur d'Athènes, Thésée. Connu aussi pour avoir tué le Minotaure, être ressorti du labyrinthe de Dédale grâce au fil d'Ariane, et il a aussi à son actif pléthore de conquêtes féminines (Hélène, Ariane, Phèdre ...).
Ce qui est intéressant, c'est que Gide raconte avant tout sa propre histoire au travers du récit. Il prend des libertés, et utilise les personnages antiques pour étayer les grands thèmes qui ont jalonné sa vie : le désir, la transgression, l'humanité.

Phèdre et Pasiphaé apparaissent principalement comme voluptueuses, il profite des penchants grecs pour les jeunes éphèbes pour révéler ses propres désirs.

Le récit se fait à la fin de la vie de Thésée, comme un bilan. Le bilan de la vie de Gide ? Il lui a fallu 20 ans pour écrire ce récit d'une centaine de pages.

Comme toujours avec Gide, la plume est merveilleusement ciselée. Une qualité rare d'écriture. La pureté au travers d'un style léché. C'est vers la fin du livre, que je l'ai trouvé le plus touchant.

Gide a écrit:

Et d'ailleurs, ce que je voulais crever, ce n'était point tant mes yeux que la toile ; que ce décor où je me démenais, ce mensonge à quoi j'avais cessé de croire ; pour atteindre la réalité.

(Oedipe qui parle)