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| Philippe Claudel | |
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Auteur | Message |
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Ellcrys Espoir postal
Messages : 19 Inscription le : 26/06/2007 Age : 40
| Sujet: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 9:45 | |
| Philippe Claudel est un écrivain et réalisateur français, né le 2 février 1962 à Dombasle-sur-Meurthe, en Meurthe-et-Moselle. Bibliographie - Citation :
- (Cliquez sur les chiffres pour accéder aux pages)
Romans1999 Meuse l'oubli, Pages 1, 12, 151999 Quelques-uns des cent regrets, Pages 13, 17, 1999 Le Café de l'Excelsior, Pages 1, 6, 152000 J'abandonne, Pages 11, 132000 Barrio Flores : petite chronique des oubliés, Pages 172003 Les Âmes grises, Pages 1, 8, 132005 La Petite Fille de Monsieur Linh, Pages 1, 2 , 4, 5, 6, 9, 152007 Le Rapport de Brodeck, Pages 1, 2 , 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12, 13, 2010 L'Enquête, Pages 13, 14, 15, 162012 Parfums, Pages 15, 162013 Jean-Bark, 2014 Rambétant, Circa 1924, 2016 L'arbre du pays Toraja, Page 17 Nouvelles2002 Les Petites mécaniques, 2002 Mirhaela (Enregistrement lu par Philippe Claudel) 2002 La Mort dans le paysage, Pages 112004 Trois petites histoires de jouets, Pages 152004 Dix ans sous la Bleue, collectif 2005 Trois nuits au palais Farnèse 2006 Le Monde sans les enfants et autres histoires, Pages 1, 7, 12, 14 Autres oeuvres2000 Champagne-Ardenne, Alsace, Lorraine 2001 Au revoir Monsieur Friant, Pages 6, 11, 162001 Le bruit des Trousseaux, Pages 1, 7, 13, 16, 17, 2002 Nos si proches orients 2007 Quartier, Pages 162008 Verdun 30 000 jours plus tard 2008 Parle-moi d'amour, Pages 122008 Fabrique de rêves et de réalités, Pages 7, 2009 Tomber de Rideau 2010 Le Paquet 2011 Quelques fins du monde 2012 Autoportraits en miettes à travers les chefs-d’œuvre du musée des beaux-arts de Nancy, - Citation :
- mise à jour le 18/08/2013, page 17
J'ai découvert cet auteur à la sorti de son roman "La petite fille de Monsieur Linh". J'ai trouvée son style d'écriture vraiment excellent, simple mais très joli. Il sait se servir des mots et des tournures de phrases pour faire vivre à son lecteur le roman. Monsieur Linh à tout perdu, sa femme il y a de cela longtemps et maintenant à cause de la guerre son fils et la femme de celui-ci. Avec sa petite fille (souvenir de son fils) il quitte ce pays ravagé par la violence pour débarquer dans une ville très grande, où les gens sont préssés et stréssés. Là, il fera la connaissance de Monsieur Bark, sur un banc en face d'un parc. Ne parlant pas la même langue, ils arrivent à ce comprendre avec des gestes, des regards. Monsieur Bark est le seul ami de Monsieur Linh. Le dénouement de ce roman est tragique, émouvant. Un roman à lire si ce n'est pas déjà fait ou tout simplement à relire. Beauté littéraire, beauté des mots, de la langue et du thème.
Dernière édition par kenavo le Dim 10 Mar 2013 - 7:04, édité 15 fois | |
| | | domreader Zen littéraire
Messages : 3409 Inscription le : 19/06/2007 Localisation : Ile de France
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 9:52 | |
| C'est vrai que c'était un joli livre, émouvant, inattendu. Les Ames Grises était très bien aussi, tu l'as lu ? | |
| | | Chatperlipopette Zen littéraire
Messages : 7679 Inscription le : 24/02/2007 Age : 59 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 9:56 | |
| "Les âmes grises" m'ont bouleversée et l'adaptation cinématographique m'a beaucoup plu! Bref, un excellent roman | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 10:05 | |
| - Ellcrys a écrit:
- J'ai découvert cet auteur à la sorti de son roman "La petite fille de Monsieur Linh".
J'ai trouvée son style d'écriture vraiment excellent, simple mais très joli. Il sait se servir des mots et des tournures de phrases pour faire vivre à son lecteur le roman. J'avais particulièrement apprécié ce roman, comme toi Ellcrys, surtout pour sa pudeur et sa prose si délicate ,toute en retenue (chose assez rare de nos jours ) Philippe Claudel avait réussi à nous plonger dans cette atmosphère propre aux asiatiques, où peu de mots suffisent pour faire passer des sentiments. La lenteur, la douceur reflétaient parfaitement le mode de vie de Mr Linh perdu dans cet univers stressé où il se retrouvait . J'avais vraiment été émue et charmée, oubliant de ce fait toute logique et tout sens du concret, par cette fable si lumineuse; La chute n'en n'avait été que meilleure... Une belle rencontre! . | |
| | | Ellcrys Espoir postal
Messages : 19 Inscription le : 26/06/2007 Age : 40
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 11:06 | |
| J'ai en effet lu les "Ames Grises" à la suite de "la petite fille de Monsieur Linh".
J'ai beaucoup aimée aussi et j'attends son nouveau roman à la rentrée avec impatience.
Le titre : "Le rapport de Brodeck". Il y a un extrait dans le numéro de "lire" de cet été. | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 22:29 | |
| J'adore Claudel : Je l'ai découvert en 1999 avec son premier roman "Meuse, l'oubli", excellent à mes yeux, difficilement trouvable aujourd'hui. Je vous recommande aussi "Le café de l'Excelsior", livre lui aussi assez ancien. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 12 Juil 2007 - 23:34 | |
| Il n'a pas écrit un livre de contes pour enfants (ou sur les enfants) récemment ? Je me rappelle d'un entretien à la radio et j'avais oublié de noter le titre, ça avait l'air intéressant. A moins que je me trompe d'auteur ...
Sinon, de lui je viens de finir Les âmes grises. Comme vous je l'ai trouvé très beau ce roman. La poésie de l'écriture m'a un peu évoqué Pagnol. Mais une telle concentration de drames au centimètre carré de papier, j'ai rarement lu ça... :| |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Philippe Claudel Ven 13 Juil 2007 - 1:35 | |
| Tout à fait, Nezumi, "Le monde sans les enfants" J'ai trouvé également Les âmes grises un peu plombant.......surtout le film ( tiens, il n'y avait pas Marina Hands???)d'ailleurs. Villeret était atroce à souhait. | |
| | | Sophie Sage de la littérature
Messages : 2230 Inscription le : 17/07/2007 Age : 48 Localisation : Tahiti
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 18 Juil 2007 - 4:03 | |
| Mon premier vrai post est pour Philippe Claudel dont je suis une fan; j'ai quasiment tous ses livres, mêmes des rares.
De lui, j'ai lu Les âmes grises, mon premier Claudel qui m'a poussée à découvrir le reste. J'ai continué avec La petite fille de MOnsieur Linh, puis J'abandonne, Meuse l'oubli, Au revoir Monsieur Friant, La mort dans le paysage dernièrement.
J'ai en attente: Nos si proches orients, Barrio Flores, Une nuit au palais Farnèse, Lemonde sans les enfants, Les petites mécaniques. | |
| | | Fantaisie héroïque Sage de la littérature
Messages : 2182 Inscription le : 05/06/2007 Age : 37 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 18 Juil 2007 - 9:13 | |
| Je ne connais que les âmes grises, mais je me souviens l'avoir adoré... Une ambiance feutrée, mystérieuse et fascinante qui m'avait beaucoup plu. Je vais suivre attentivement ce sujet afin d'en lire d'autres de lui | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 18 Juil 2007 - 10:07 | |
| Je pense que de même qu´il nous arrive de publier quelquefois la photo d´un auteur que l´on présente sur ce Forum, on pourrait aussi choisir un fragment, une phrase représentatifs de sa prose. Je suis aussi sensible à ce qu´Aériale souligne de cet auteur: - Citation :
- surtout pour sa pudeur et sa prose si délicate ,toute en retenue (chose assez rare de nos jours )
Pourriez-vous nous donner un exemple? Merci. | |
| | | monilet Sage de la littérature
Messages : 2658 Inscription le : 11/02/2007 Age : 75 Localisation : Essonne- France
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mer 18 Juil 2007 - 16:52 | |
| Le bruit des trousseaux_ 2002 : ".. La prison avait une odeur, faite de sueurs mijotées, d'haleines de centaines d'hommes, serrés les uns contre les autres, qui n'avaient le droit de se doucher qu'une ou deux fois par semaine. Relents de cuisine aussi, où l'ail et le chou dominaient. Cuisine froide qui venait jusqu'aux cellules sur des chariots d'aluminium poussés par des détenus qu'on surnommait les gamelles. On ne devrait pas dire " gardien de prison " : les prisons ne sont pas à garder, ce ne sont pas elles que l'on garde. On devrait plutôt dire " gardien d'hommes ", ce qui serait plus proche de la réalité. Gardien d'hommes, un drôle de métier. Un jour, j'ai croisé un ancien détenu dans la rue. Nous avons eu de la gêne à nous parler, alors que là-bas, nous le faisions naturellement. Et puis à la fin, tandis que je lui disais au revoir, il a murmuré : " La prochaine fois, j'aimerais mieux que vous ne m'adressiez plus la parole, que vous fassiez mine de ne plus me voir. S'il vous plaît. Je ne veux plus y penser. " La lettre qu'un détenu attend. La fin de peine qu'un détenu attend. Le colis qu'un détenu attend. Le parloir qu'un détenu attend. L'avocat qu'un détenu attend. La convocation du juge qu'un détenu attend. La date du procès qu'un détenu attend. La nuit qu'un détenu attend. Le pas du gardien qu'un détenu attend. Le mari assassiné que l'épouse attend. L'attente. Les heures et les jours de l'attente..."
Je crois que le livre lu de lui que je n'ai pas trop appécié, si mes souvenirs ne me trahissent pas, est "Quelques uns des cent regrets", sinon beaucoup de bonheur. | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Philippe Claudel Jeu 19 Juil 2007 - 10:31 | |
| Merci, Monilet. J´y vois déjà plus clair. | |
| | | Le Bibliomane Zen littéraire
Messages : 3403 Inscription le : 21/02/2007 Age : 58 Localisation : Bretagne
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mar 25 Sep 2007 - 14:47 | |
| "Le rapport de Brodeck"
Lui, c'est Brodeck. Dans ce petit village de montagne, quelque part en Europe centrale, il essaie peu à peu de reconstruire sa vie après avoir été emporté dans la tourmente de la guerre. Car Brodeck est un survivant. Il a survécu aux camps de la mort en devenant un homme-chien qu'un gardien promenait, attaché à une laisse.
« Moi, je ne demandais pas grand-chose. J'aurais aimé ne jamais quitter le village. Les montagnes, les bois, nos rivières, tout cela m'aurait suffi. J'aurais aimé être tenu loin de la rumeur du monde, mais autour de moi bien des peuples se sont entretués. Bien des pays sont morts et ne sont plus que des noms dans les livres d'Histoire. Certains en ont dévoré d'autres, les ont éventrés, violés, souillés. Et ce qui est juste n'a pas toujours triomphé de ce qui est sale. Pourquoi ai-je dû, comme des milliers d'autres hommes, porter une croix que je n'avais pas choisie, endurer un calvaire qui n'était pas fait pour mes épaules et qui ne me concernait pas ? Qui a donc décidé de venir fouiller mon obscure existence, de déterrer ma maigre tranquillité, mon anonymat gris, pour me lancer comme une boule folle et minuscule dans un immense jeu de quilles ? Dieu ? Mais alors, s'Il existe vraiment, qu'Il se cache. Qu'Il pose Ses deux mains sur Sa tête, et qu'Il la courbe. Peut-être, comme nous l'apprenait jadis Peiper, que beaucoup d'hommes ne sont pas dignes de Lui, mais aujourd'hui je sais aussi qu'Il n'est pas digne de la plupart d'entre nous, et que si la créature a pu engendrer l'horreur c'est uniquement parce que son Créateur lui en a soufflé la recette. »
Mais voilà que les hommes du village un soir d'automne demandent à Brodeck d'accomplire pour eux un travail bien particulier : écrire un rapport sur le meurtre collectif qu'ils viennent de commettre sur la personne de l'Anderer, « l'Autre », un mystérieux inconnu venu s'installer à l'auberge du village.
« Je m'appelle Brodeck et je n'y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n'ai rien fait, et lorsque j'ai su ce qui venait de se passer, j'aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu'elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m'ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m'ont-ils dits, tu as fait des études. » J'ai répondu que c'étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d'ailleurs, et qui ne m'ont pas laissé un grand souvenir. Ils n'ont rien voulu savoir : « tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses. Ca suffira. Nous on ne sait pas faire cela. On s'embrouillerait, mais toi, tu diras, et alors ils te croiront. [...] Il faudra vraiment tout dire afin que celui qui lira le Rapport comprenne et pardonne. »
Pourquoi ce massacre collectif ? Pourquoi ce déchaînement de violence sur un homme qui, comme Brodeck – mais d'une autre manière – était aussi un étranger ?
Brodeck va donc rédiger son rapport et revenir sur les évenements qui ont concouru à cette tragédie.. La reconstitution des circonstances de cet assassinat va peu à peu mener Brodeck à revenir sur son histoire personnelle et peu à peu vont émerger du passé les ombres de la guerre et de ses prémices. Ainsi, lorsqu'il évoque ce jour où les villageois organisent une cérémonie afin de célébrer l'arrivée de l'Anderer, Brodeck ne voit dans cette foule insouciante et inoffensive que le reflet d'autres multitudes regroupées quelques années auparavant et qui s'annoncèrent comme le prélude au déchaînement de la barbarie.
« Depuis longtemps, je fuis les foules. Je les évite. Je sais que tout ou presque est venu d'elles. Je veux dire le mauvais, la guerre [...] que celle-ci a ouverts dans les cerveaux de beaucoup d'hommes. Moi, je les ai vus les hommes à l'oeuvre, lorsqu'ils savent qu'ils ne sont pas seuls, lorsqu'ils savent qu'ils peuvent se noyer, se dissoudre dans une masse qui les englobe et les dépasse, une masse faite de milliers de visages taillés à leur image. On peut toujours se dire que la faute incombe à celui qui les entraîne, les exhorte, les fait danser comme un orvet autour d'un bâton, et que les foules sont inconscientes de leurs gestes, de leur avenir et de leur trajet. Cela est faux. La vérité, c'est que la foule est elle-même un monstre. Elle s'enfante, corps énorme composé de milliers d'autres corps conscients. Et je sais aussi qu'il n'y a pas de foules heureuses. Il n'y a pas de foules paisibles. Et même derrière les rires, les sourires, les musiques, les refrains, il y a du sang qui s'échauffe, du sang qui s'agite, qui tourne sur lui-même et se rend fou d'être ainsi bousculé et brassé dans son propre tourbillon. »
En cela, Brodeck ne se trompera pas en prédisant dans cette innocente réception organisée en l'honneur du nouveau-venu le signe avant-coureur du drame qui se déroulera plus tard. Car Brodeck sait que ce meurtre collectif n'est en fait que le seul moyen qu'avaient les villageois d'effacer une souillure, un autre drame dont ils ont été responsables alors que la guerre faisait rage. Car cet étranger, cet Anderer, que savait-il au juste ? N'était-il pas apparu pour mettre chacun en face de ses responsabilités ? N'était-il pas le miroir que l'on brise afin de repousser l'horreur qui se dissimule derrière chaque visage ? N'était-il pas aussi , cet Autre – de par son comportement jugé excentrique par ces montagnards frustes et soupçonneux – l'image d'un savoir et d'une culture pour eux considérée comme inaccessible et jugée par là même comme dangereuse ? Le comportement de ces villageois meurtriers n'est-il pas après tout, à une échelle réduite, la pâle copie du vent de folie qui déferla sur l'Europe de cette époque ? Brodeck se souvient d'une sentence de son ancien camarade d'études, Ulli Rätte : « N'oublie pas que c'est l'ignorance qui triomphe toujours, Brodeck, pas le savoir. »
Le dernier roman de Philippe Claudel est une oeuvre d'une puissance égalant une tragédie antique. Par sa volonté de ne pas faire apparaître dans le texte des mots tels que « Allemands », « Nazis », »Juifs », mais de les remplacer par des termes appartenant à un dialecte régional voisin de la langue allemande, Philippe Claudel donne à son récit une universalité troublante. Il fait ainsi du drame qui se déroule peu à peu sous nos yeux une narration métaphorique qui, transcendant les époques et les civilisations, nous renvoie à nos propres peurs et à nos propres pulsions de violence, de domination et d'exécration de la différence. Réquisitoire contre l'intolérance, « Le rapport de Brodeck » l'est aussi contre l'ignorance, source de violence, d'exclusion et de stigmatisation de l'Autre. Baigné d'une atmosphère opressante, le roman de Philippe Claudel nous entraîne dans une lente descente aux Enfers où l'horreur de la condition humaine se révèle à chaque page dans un cortège d'abomination. Ce livre laissera le lecteur pantois et comme vidé après avoir lu ce récit terrible et magnifique, cette étude en noir des abimes insondables dans lesquels l'âme humaine peut s'égarer jusqu'à se renier elle-même. Il faut lire « Le rapport de Brodeck. » | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Philippe Claudel Mar 25 Sep 2007 - 17:42 | |
| Merci de ce superbe compte-rendu Biblio...J'ai envie de lire ce livre dont plusieurs personnes m'ont déjà dit beaucoup de bien...Mais le sujet me fait peur... | |
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| Sujet: Re: Philippe Claudel | |
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| | | | Philippe Claudel | |
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