[2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

L'oeil du cyclone de Fred Schepisi

Citation :

Alors qu'Elizabeth Hunter fait un accident vasculaire cérébral, son fils et sa fille accourent de l'autre côté de la terre à son chevet, ranimant les anciennes frictions et rancœurs de la famille.

L'oeil du cyclone est sorti il y a exactement deux ans en Australie. Cette adaptation d'un roman du Prix Nobel Patrick White méritait-elle une aussi longue mise en placard ? On serait tenté de répondre par l'affirmative. Le sujet en lui-même est imprécis : s'agit-il d'un règlement de compte alors que la chef de famille est quasi mourante ? D'une chronique sociale ? D'un film sur la fin de vie ? Du portrait d'une femme dont la grande sensualité brisait les tabous de son monde corseté ? Tout cela à la fois, que la caméra de Fred Schepisi, cinéaste qui a autant tourné aux Etats-Unis qu'au pays natal, a bien du mal à rendre palpitant. Sa mise en scène est compassée et les petites audaces du scénario et des dialogues ne troublent pas le ronron qui s'installe dès le début du film. Geoffrey Rush et Judy Davis font preuve de professionnalisme mais Charlotte Rampling est la seule raison éventuelle de voir L'oeil du cyclone. Vieillie et à l'article de la mort ou fringante et provocante dans les flashbacks, elle est une fois de plus remarquable.

traversay a écrit:

Lore de Cate Shortland

Citation :

En 1945, à la fin de la guerre, Lore une jeune adolescente, fille d’un haut dignitaire nazi, traverse l’Allemagne avec ses frères et sœurs. Livrés à eux-mêmes, au milieu du chaos, leur chemin croise celui de Thomas, un jeune rescapé juif.

Un sujet original, qu'on a rarement vu traité sur les écrans : comment les enfants des élites nazies ont vécu la fin de la guerre et des croyances qui gouvernaient jusqu'alors leur existence. En s'attachant aux pas de Lore et de ses jeunes frères et soeurs, seuls sur les routes allemandes et dans la Forêt Noire, Cate Shortland nous oblige à nous mettre dans la peau de personnages dont l'innocence n'est que partielle, conditionnés depuis leur naissance à vénérer le Führer et dans le déni de l'extermination juive. Le pari gonflé de la réalisatrice tient trente minutes tout au plus. En introduisant d'autres éléments, comme l'éveil à la sensualité de son héroïne (remarquable travail de Saskia Rosendahl, soit dit en passant), mais surtout en produisant des images hyper léchées, le film va à l'encontre de son propos et en atténue la force. Lore devient un road movie de plus en plus mélodramatique, la rencontre avec un garçon juif aux manières frustes interrogeant même sur la portée réelle du message. L'esthétisme outré du film, son alliance d'images bucoliques et de scènes horribles, le desservent totalement et lui ôtent une grand partie de son intérêt.

Le film est trop esthétisant (des effets visuels à la Terrence Malick, en gros, peu adaptés au sujet) mais le propos est intéressant et j'avoue avoir été troublé à l'arrivée par l'ambiguité de ce qui est raconté, la mélancolie qui s'en dégage, la musique de Max Richter très romantique (faisant parfois penser à La Leçon de Piano), ce contraste entre la nature et la blondeur de ces enfants avec l'atmosphère cruelle et sombre de conte de fée macabre.



Récit d'une prise de conscience. Le personnage de ce jeune "juif errant" étant lui-même très troublant et énigmatique.



Exode atmosphérique sur fond de découverte de l'horreur nazie. Je n'avais jamais vu ce sujet traité d'une façon pareille. Dommage que la réalisation soit si maniérée car il y a de belles choses.

A noter que le film est adapté du livre de Rachel Seiffert: La Chambre noire (2002):

Citation :

A travers l'histoire de trois jeunes Allemands - Helmut, dans Berlin bombardée ; Lore, traversant une Allemagne défaite et dévastée ; Micha, tentant, cinquante ans après, de découvrir si son grand-père a participé aux meurtres systématiques de l'armée - Rachel Seiffert raconte comment une nation a perdu l'innocence. Dans une prose limpide et dense qui, tel un révélateur photographique, fait apparaître l'inracontable, ces trois contes poignants, profonds et subtils ravivent des questions à jamais irrésolues sur l'Holocauste.

Musique de Max Richter (après Valse avec Bachir entre autres):

Les Rendez-vous du cinéma du Centre ont lieu du 4 au 6 octobre à Issoudun (36). Ils permettent aux exploitants de salles dans la région et aux associations de cinéphiles de découvrir et de débattre autour de films projetés en avant-première.

Au programme de ces 3 jours :

Eka et Natia, chronique d'une jeunesse georgienne de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß

Les Garçons et Guillaume, à table de ! de Guillaume Gallienne

Le Géant égoïste de Clio Barnard

Henri de Yolande Moreau

Les Interdits de Anne Weil et Philippe Kotlarski

Nos héros sont morts ce soir de David Perrault

Suzanne de Quatell Killévéré

Tel père tel fils de Hirokazu Kore-Eda

The Lunchbox de Ritesh Batra

La Vénus à la fourrure de Roman Polanski

Violette de Martin Provost


Déjà vus pour ce qui me concerne : Henri, Suzanne, Tel père tel fils.

Compte-rendu à suivre, une fois ce copieux programme digéré  

Bonjour Marko,

Je viens de lire ton commentaire sur le film Lore et le film me tentait bien. Mais, généralement, quand il s'agit d'une adaptation d'un bouquin, j'aime bien d'abord lire ce dernier. L'as-tu lu? Si oui, qu'en penses-tu?

Au plaisir,
Gwendoline.

Gwen90 a écrit:

Bonjour Marko,

Je viens de lire ton commentaire sur le film Lore et le film me tentait bien. Mais, généralement, quand il s'agit d'une adaptation d'un bouquin, j'aime bien d'abord lire ce dernier. L'as-tu lu? Si oui, qu'en penses-tu?

Au plaisir,
Gwendoline.

Non Gwendoline je ne l'ai pas lu mais apparemment le film s'inspire d'une des 3 histoires du livre. Il me tente bien mais j'ai tellement de projets de lecture que je ne sais pas si je le lirai un jour...

Marko,

J'ai vu que l'on pouvait faire des lectures en commun. En ce moment, j'ai aussi beaucoup de livres à lire mais si cela te dit, on pourrait lancer l'idée d'une lecture en commun. Il s'agit bien de commencer un livre en même temps et de donner ses impressions sur le site au fur à mesure de l'avancée du livre que l'on lit?

Gwen90 a écrit:

J'ai vu que l'on pouvait faire des lectures en commun. En ce moment, j'ai aussi bcp de livres à lire mais si cela te dit, on pourrait lancer l'idée d'une lecture en commun. Il s'agit bien de commencer un livre en même tps et de donner ses impressions sur le site au fur à mesure de l'avancée du livre que l'on lit?

tu peux trouver toutes les informations concernant les lectures en commun ici

Rush




A la base, je ne suis point fan de formule 1, mais alors pas du tout...  
Et pourtant (j'y suis allée parce que la bande-annonce générait une bonne énergie - oui je regarde l'énergie de la bande-annonce, ne cherchez pas.... - et que j'aime bien Ron Howard, en général), je me suis laissée embarquée dans la course avec plaisir...
Déjà, parce que oui, les courses sont filmées comme des batailles, il y a quelque chose d'épique, voire d'héroïque, chez ses hommes qui risquent leur vie à chaque virage, pour quelque secondes, pour gagner une course (à l'époque, les risques de mourir en course étaient de 20%, et en moyenne 2 pilotes par championnat se tuaient... assez hallucinant...). Tout ça pour ça, oui il fallait être fous... Ou drogués à l'adrénaline, à la gloire, toujours en recherche de l'admiration du public (et des femmes, aussi...).

Et parce qu'entre 2 en particulier, que l'on ne pouvait choisir plus antagonistes, James Hunt, flambeur, jouisseur, solaire... et Nicki Lauda, besogneux, psychorigide, sombre, il y a une relation qui passe de la querelle de coqs au respect mutuel. Et il faut dire que ce qui les rassemble, c'est un énorme égo (sans lequel on ne devient pas champion, sans doute) et un vrai sale caractère, quand-même.
Et le réalisateur réussi à rendre ces 2 personnages principaux, autour desquels s'articulent tous le films, sympathiques alors que l'un comme l'autres ils pouvaient se montrer sérieusement... difficiles à vivre pour l'entourage. Leurs femmes, notamment, qui passent à l'arrière plan, regardent les hommes qu'elles aiment dévorés par une passion qui pourrait les tuer...

Et puis, Rush est un peu un film "à l'ancienne" en un sens : il met l'accent sur l'histoire et les sentiments qui animent les personnages, raconte sans cynisme leurs errements et leurs douleurs (et le courage de Lauda suite à son accident force indéniablement le respect), transcende la petitesse toute humaine pour les élever vers une certaine grandeur...
Et cet amour que Howard porte à ses personnages, à son histoire, à ses acteurs (Daniel Brühl confirme un talent qui n'est plus à confirmer, tout en tension et rigidité, et Chris Hemsworth montre qu'il peut jouer autre chose que du marteau... et il dormirait pas dans la baignoire, faut être honnête....  ) se voit à travers l'écran et vous embarque tout entier.

Les amants du Texas de David Lowery

Citation :

Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant.

La première scène donne le ton : une conversation à mi-voix entre deux amoureux fusionnels. La nature, omniprésente, les ellipses narratives et ce climat de romantisme délétère qui va imprégner Les amants du Texas comme une éponge. D'emblée, le débutant David Lowery semble accepter les références, celles du film noir et de Malick (La ballade sauvage) ou Arthur Penn (Bonnie and Clyde), mieux, il les recherche à la limite de la photocopie. Le spectateur est sans arrêt tiraillé entre la contemplation d'une intrigue simple mais justement embellie par le regard d'un cinéaste extrêmement doué et cette tentation d'un film "à la manière de" sur un couple maudit. La mise en scène, épurée et dense, et surtout l'interprétation rauque et douce de Casey Affleck et Rooney Mara fera pencher la balance du bon côté, in fine. Parce que le lyrisme panthéiste et la force des sentiments de ses deux héros permettent à ces Amants du Texas, le plus souvent séparés d'ailleurs, et unis par un lien invisible, de toucher à cette grâce infinie d'une passion plus forte que tous les obstacles, la mort y compris.

Mon âme par toi guérie de François Dupeyron

Citation :

Frédi a perdu sa mère. Cette dernière lui a transmis un don, dont il ne veut pas entendre parler. Mais il se trouve peu à peu contraint de reconnaître que ses mains guérissent... Il s'interroge. D'où vient ce don ? Qu'importe, il l'accepte...

On se souvient du premier long-métrage de François Dupeyron, Drôle d'endroit pour une rencontre (1988), au climat singulier loin des standards du cinéma français. Depuis, le réalisateur n'a jamais pu réellement tracer sa voie, sans doute plus à cause des contingences matérielles que faute d'inspiration. Il s'est toujours situé délibérément en marge incapable de trouver sa vraie place. Est-ce un hasard, sans doute pas, mais tous les personnages de Mon âme par toi guérie semblent à côté de la plaque, comme inadaptés à la société. Dans un film qui insuffle un peu de poésie (forcée ?) dans un quotidien étouffant et qui jongle parfois entre réalisme sourd et fantastique léger, ce sont des existences fracassées que contemple Dupeyron, avec le regard d'un humaniste blessé. Grégory Gadebois, fragile force de la nature, y est gigantesque et les seconds rôles, de Céline Sallette à Darroussin mélancolisent une partition qui ne s'enfonce jamais tout à fait dans la noirceur. Fuyant et énigmatique, le film est pourtant incroyablement attachant de par ce qu'il montre des failles de l'âme humaine.

Je tente Le Majordome (The Butler) cette après-midi, quelqu'un l'a vu ?

nezumi a écrit:

Je tente Le Majordome (The Butler) cette après-midi, quelqu'un l'a vu ?

Oui.
Tu peux retrouver les avis sur le fil du réalisateur Lee Daniels

traversay a écrit:

Les amants du Texas de David Lowery

Citation :

Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant.

La première scène donne le ton : une conversation à mi-voix entre deux amoureux fusionnels. La nature, omniprésente, les ellipses narratives et ce climat de romantisme délétère qui va imprégner Les amants du Texas comme une éponge. D'emblée, le débutant David Lowery semble accepter les références, celles du film noir et de Malick (La ballade sauvage) ou Arthur Penn (Bonnie and Clyde), mieux, il les recherche à la limite de la photocopie. Le spectateur est sans arrêt tiraillé entre la contemplation d'une intrigue simple mais justement embellie par le regard d'un cinéaste extrêmement doué et cette tentation d'un film "à la manière de" sur un couple maudit. La mise en scène, épurée et dense, et surtout l'interprétation rauque et douce de Casey Affleck et Rooney Mara fera pencher la balance du bon côté, in fine. Parce que le lyrisme panthéiste et la force des sentiments de ses deux héros permettent à ces Amants du Texas, le plus souvent séparés d'ailleurs, et unis par un lien invisible, de toucher à cette grâce infinie d'une passion plus forte que tous les obstacles, la mort y compris.

Il faut prévenir que le rythme languide, la photographie dans les ocres et les ellipses narratives, qui donnent une dimension presque abstraite au récit, peuvent faciliter une certaine somnolence. Le film est un peu trop affecté et poseur mais il s'en dégage quelques moments magiques soutenus par une musique originale. L'ensemble me rappelant autant L'assassinat de Jessie James que La Balade Sauvage sans en atteindre la même beauté et la même intensité. La séquence de fusillade le long du cours d'eau, par contre, est très impressionnante. La voix de Casey Affleck est toujours fascinante à écouter et Rooney Mara est très belle mais leur histoire d'amour est un peu trop distanciée et stylisée pour émouvoir vraiment. Je ne suis jamais vraiment entré dans l'univers du film tout en admirant certains plans, certaines compositions. Il faut dire que j'avais des voisins insupportables qui n'ont pas arrêté de parler et de manger du pop corn, se foutant complètement qu'on leur demande d'être plus discrets. Difficile de recommander ce film mais difficile de le déconseiller également. J'ai lu quelque part sur le net "C'est beau mais c'est chiant". Pas tout à fait faux à mon goût...

Marko a écrit:

Il faut dire que j'avais des voisins insupportables qui n'ont pas arrêté de parler et de manger du pop corn, se foutant complètement qu'on leur demande d'être plus discrets.

Non mais même sans ça :

Marko a écrit:

"C'est beau mais c'est chiant".

Entièrement d'accord avec ton avis. Assez déçue, j'avais beaucoup d'attentes pour ce film et esthétiquement, il n'y a rien à redire mais le tout se regarde quand même pas mal le nombril... Et même Casey Affleck avec sa voix rauque aïgue passe à côté en reproduisant exactement le même jeu que dans The Killer inside me. Rooney Mara est superbe, la mise en scène offre de jolis tableaux mais en dehors du plaisir des yeux, on s'ennuie ferme.

Marko a écrit:

J'ai lu quelque part sur le net "C'est beau mais c'est chiant". Pas tout à fait faux à mon goût...

Ca, Marko, ce serait valable pour pas mal de films que je ne citerais pas. Oups. Mais pas pour celui-là, en ce qui me concerne. Il faut dire que je l'ai vu à 11 heures, seul et unique spectateur. J'ai même changé de place à un moment. Je fais des trucs de dingue, des fois.