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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Sam 16 Fév 2013 - 21:14
La fille de nulle part : bien ; Goodbye Morocco : très bien ; Dans la brume : très, très bien. Une bonne journée au cinéma, en somme
Marko Faune frénéclectique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Sam 16 Fév 2013 - 22:06
traversay a écrit:
La fille de nulle part : bien ; Goodbye Morocco : très bien ; Dans la brume : très, très bien. Une bonne journée au cinéma, en somme
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Dim 17 Fév 2013 - 6:17
Goodbye Morocco de Nadir Moknèche
Citation :
Dounia, divorcée, un enfant, vit avec un architecte serbe à Tanger. Une liaison scandaleuse aux yeux de la famille marocaine. Le couple dirige un chantier immobilier où le terrassement met à jour des tombes chrétiennes du IVème siècle, ornées de fresques. Dounia se lance alors dans un trafic lucratif, espérant gagner très vite de quoi quitter le Maroc avec son fils et son amant. Mais un des ouvriers du chantier disparaît…
Malgré un démarrage alambiqué, le temps que les pièces du puzzle se mettent en place, le dispositif de Goodbye Morocco se fait jour progressivement, révélant une multitude d'enjeux dans un Tanger plus que jamais symbole du Maroc contemporain et porteur d'un imaginaire délétère. Une femme qui se bat pour la garde de son fils, un amour fou et impossible, une merveille archéologique découverte sur un chantier, des travailleurs africains clandestins, la morgue d'entrepreneurs sans scrupules, le rêve de passer de l'autre côté du détroit ..., que de thèmes traités par Nadir Moknèche dans un film noir qui réussit à ne pas pâtir de cette profusion de sujets. Formidable héroïne de Goodbye Morocco, Lubna Azabal éclabousse de toute sa classe une oeuvre qui gagne ses galons sur la durée.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Dim 17 Fév 2013 - 6:38
La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau
Citation :
Michel, professeur de mathématiques à la retraite, vit seul depuis la mort de sa femme et occupe ses journées à l’écriture d’un essai sur les croyances qui façonnent la vie quotidienne. Un jour, il recueille Dora, une jeune femme sans domicile fixe, qu’il trouve blessée sur le pas de sa porte et l’héberge le temps de son rétablissement. Sa présence ramène un peu de fraîcheur dans la vie de Michel, mais peu à peu, l’appartement devient le théâtre de phénomènes mystérieux.
Le manque de moyens financiers a souvent du bon et peut stimuler la veine créatrice de réalisateurs qui tournent en rond depuis un bon moment. Ainsi, Jean-Claude Brisseau a filmé la plus grande partie de La fille de nulle part dans son propre appartement et est également passé devant la caméra (ce n'est pas sa meilleure idée). Débarrassé des oripeaux de l'érotisme voyeur qui encombrait ses dernières oeuvres, le film est construit presque exclusivement autour des dialogues entre un veuf solitaire taciturne et une jeune SDF mystérieuse autant que lumineuse. Leur rencontre s'accompagne de phénomènes paranormaux qui, loin de provoquer l'angoisse, introduisent une dimension burlesque assez surprenante. Bricolé et artificiel, La fille de nulle part ressemble parfois à du Rohmer et étonne par sa candeur sincère comme si le réalisateur baissait soudain les armes. La réflexion sur la foi, la vieillesse,le capitalisme et la solitude donne un film bavard, excessivement didactique, dont le caractère d'OVNI dans le paysage cinématographique français possède une fraîcheur singulière.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Mer 20 Fév 2013 - 11:53
La demora de Rodrigo Pla
Citation :
Dans son petit appartement, Maria s’occupe seule de ses trois jeunes enfants et de son père Augustin qui perd peu à peu la mémoire. Elle est dépassée, d'autant plus qu'elle travaille chez elle pour une entreprise textile contre une rétribution médiocre. Le jour où l'on refuse à Augustin son entrée en maison de retraite, Maria sombre..
Décidément, Rodrigo Pla est adepte des changements de style : après le vibrant La zona et l'austère Desierto adentro, La demora se situe dans une tonalité sombre, avec une ambiance urbaine, le film se passant à Montevideo mais son argument est valable pour n'importe quelle ville. Une femme seule avec trois enfants et un vieux père de plus en plus dépendant n'arrive pas à joindre les deux bouts. Le sentiment d'oppression est très fort dans La demora et "justifie" la geste insensé qu'elle va faire. Inhumain, d'une certaine façon, mais explicable. De toutes manières, Rodrigo Pla a décidé d'exclure tout jugement de son récit. Il montre des faits, des comportements, dans une atmosphère naturaliste. Sans chercher à dramatiser, il parvient à une émotion digne. Le visage de cet homme âgé, abandonné sur un banc, à la mémoire défaillante, ne fait pas que toucher en plein coeur. Elle traduit un isolement et l'indifférence de nos sociétés qui considèrent la vieillesse comme une maladie honteuse.
Dernière édition par traversay le Dim 24 Fév 2013 - 21:47, édité 1 fois
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Mer 20 Fév 2013 - 22:28
Lore de Cate Shortland
Citation :
En 1945, à la fin de la guerre, Lore une jeune adolescente, fille d’un haut dignitaire nazi, traverse l’Allemagne avec ses frères et sœurs. Livrés à eux-mêmes, au milieu du chaos, leur chemin croise celui de Thomas, un jeune rescapé juif.
Un sujet original, qu'on a rarement vu traité sur les écrans : comment les enfants des élites nazies ont vécu la fin de la guerre et des croyances qui gouvernaient jusqu'alors leur existence. En s'attachant aux pas de Lore et de ses jeunes frères et soeurs, seuls sur les routes allemandes et dans la Forêt Noire, Cate Shortland nous oblige à nous mettre dans la peau de personnages dont l'innocence n'est que partielle, conditionnés depuis leur naissance à vénérer le Führer et dans le déni de l'extermination juive. Le pari gonflé de la réalisatrice tient trente minutes tout au plus. En introduisant d'autres éléments, comme l'éveil à la sensualité de son héroïne (remarquable travail de Saskia Rosendahl, soit dit en passant), mais surtout en produisant des images hyper léchées, le film va à l'encontre de son propos et en atténue la force. Lore devient un road movie de plus en plus mélodramatique, la rencontre avec un garçon juif aux manières frustes interrogeant même sur la portée réelle du message. L'esthétisme outré du film, son alliance d'images bucoliques et de scènes horribles, le desservent totalement et lui ôtent une grand partie de son intérêt.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Dim 24 Fév 2013 - 21:41
Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch
Citation :
Yassine a 10 ans lorsque le Maroc émerge à peine des années de plomb. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Un père dépressif, un frère à l'armée, un autre presque autiste et un troisième, Hamid, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine. Quand Hamid est emprisonné, Yachine enchaîne les petits boulots. Pour les sortir de ce marasme où règnent violence, misère et drogue, Hamid, une fois libéré et devenu islamiste radical pendant son incarcération, persuade Yachine et ses copains de rejoindre leurs "frères".
Le 16 mai 2003, 14 jeunes kamikazes se faisaient sauter à Casablanca dans des attentats qui firent 41 victimes. Tous ces terroristes, sans exception, étaient originaires des bidonvilles du quartier de Sidi Moumen, en périphérie de Casa. Si Les chevaux de Dieu n'est pas un documentaire, Nabil Ayouch, familier des lieux (voir son film Ali Zaoua) a enquêté et fait de nombreuses recherches pour que son récit soit le plus proche possible de la réalité et explique la genèse de ces actes. Il n'existe pas de vérité historique absolue et le recours à la fiction permet des raccourcis et des simplifications, soit, cependant le film est un modèle du genre en termes de réalisme. En évoquant l'enfance et l'adolescence des futurs "martyrs" dans une puissante première partie, Ayouch pointe le doigt sur la déliquescence des liens sociaux, l'absence de figure paternelle, le dénuement d'une population mise à l'écart et ghettoïsée. Il évite de faire preuve de didactisme et la démonstration est claire et pertinente. Tout comme l'est l'embrigadement subtil des organisateurs des attentats montré avec une sobriété exemplaire. A ces éléments s'ajoute une très belle histoire entre frères, à la vie, à la mort. Les chevaux de Dieu est un film qui frappe juste et fort. Très fort.
Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Ven 1 Mar 2013 - 0:07
Möbius d'Eric Rochant
Citation :
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.
Eric Rochant tente de relancer sa carrière avec un film qui tombe fréquemment dans l'emphase. Le scénario inutilement alambiqué, avec des rebondissements incessants et des manipulations successives n'apparait jamais crédible. Le drame est alors forcé dans ses excès largement prévisibles, balayant des personnages secondaires réduits à de vagues silhouettes (Tim Roth, Emilie Dequenne) alors que l'univers des traders et de l'oligarchie expatriée ne se dévoile qu'au travers de lieux communs. Jean Dujardin et Cécile de France cherchent à sauver la mise : ils y parviennent en partie mais ne sont guère aidés par une mise en scène peu inspirée lors des scènes d'intimité. Les non-dits, les mensonges et les sacrifices résonnent avec fracas sans parvenir à trouver un écho.
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Ven 1 Mar 2013 - 1:25
Avadoro a écrit:
Eric Rochant tente de relancer sa carrière avec un film qui tombe fréquemment dans l'emphase. Le scénario inutilement alambiqué, avec des rebondissements incessants et des manipulations successives n'apparait jamais crédible. Le drame est alors forcé dans ses excès largement prévisibles [...]
Tu es malheureusement en accord avec tous les retours que j'ai entendu au sujet de ce film. C'est dommage, j'irai le voir malgré tout mais avec de grosses appréhensions.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Ven 1 Mar 2013 - 21:17
Week-end royal de Roger Michell
Citation :
Juin 1939, le Président Franklin D. Roosevelt attend la visite du roi George VI et de son épouse Elizabeth, invités à passer le week-end dans sa propriété à la campagne. C’est la première visite d’un monarque britannique aux Etats-Unis. La Grande-Bretagne se prépare à entrer en guerre contre l’Allemagne et espère obtenir l’aide américaine. Les bizarreries et l’étrange mode de vie du président étonnent les souverains.
Dénier à Week-end royal un petit charme désuet et ne pas saluer la performance onctueuse de Bill Murray en Roosevelt ne serait pas fair play. Mais on attendait bien mieux de ce sujet original : la rencontre, à la veille de la guerre, du président américain et du monarque britannique (oui, celui qui bégayait). C'était oublier qu'avec Roger Michell (Coup de foudre à Notting Hill, Morning Glory) aux commandes, on ne pouvait espérer guère mieux qu'une oeuvre anecdotique. La mise en scène n'est pas seule en cause, le scénario, lui aussi, choisit une autre direction que ce sommet entre chefs d'Etat qui donne pourtant lieu à quelques scènes amusantes, dont celle des "hots dogs", particulièrement croquignolette. Le film est hélas plus disert sur le thème de Roosevelt et ses femmes, vu à travers le regard de l'une de ses cousines, laquelle, la pauvrette, se croyait seule dans le lit d'un président qui collectionnait avec gourmandise aussi bien les timbres que les maîtresses. Avec ce prisme déformant, on a beau avoir une âme de midinette, il y a des limites, ce Week-end royal devient d'une futilité désarmante.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Dim 3 Mar 2013 - 14:30
Avadoro a écrit:
Möbius d'Eric Rochant
Citation :
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.
Eric Rochant est un cinéaste attachant. Un monde sans pitié a marqué une génération entière. Et dans une carrière en dents de scie, Les patriotes reste comme l'un des films d'espionnage les plus passionnants jamais tourné en France. C'est donc avec confiance qu'on l'attendait avec Möbius, retour à un genre qu'il affectionne. Plusieurs films en un : un récit d'espionnage, un thriller et une histoire d'amour. Sur les deux premiers aspects, malgré une mise en scène élégante, la trame filandreuse, plombée par les invraisemblances, ne convaincra pas. L'opacité n'est généralement pas un défaut majeur dans le cinéma d'espionnage, lesté de manipulations, de doubles jeux et de traîtrises mais Möbius ne parvient pas à installer une atmosphère palpable et finit par ressembler à un produit stéréotypé. Reste le côté charnel, intense et intime du lien qui se noue entre les personnages joués avec brio par Cécile de France et Jean Dujardin. Là, la crédibilité de leur liaison sensuelle n'est jamais prise en défaut, chaque scène qui les réunit est un sommet de passion incandescente. On pourra se gausser du dénouement du film mais il est dans la droite ligne du sujet souterrain de Möbius. Quand des êtres au sang froid s'embras(s)ent, la chaleur devient torride et le monde autour d'eux a beau s'agiter, il n'est rien d'autre qu'un échiquier où les pièces avancent et reculent dans une indifférence glacée.
Chamaco Zen littéraire
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Sujet: L'artiste et son modèle... Lun 11 Mar 2013 - 20:36
Surement le prochain film que j'irai voir...
Réalisé par : Fernando Trueba
Résumé:
Inspiré d’une histoire vraie. Eté 1943, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur, vit une retraite paisible avec sa femme. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, il est à la recherche d’une inspiration nouvelle. Mais rien ne semble le sortir de la monotonie ambiante. En hébergeant une jeune espagnole échappée d’un camp de réfugiés, le vieil artiste découvre une nouvelle muse et retrouve le goût du travail. Il démarre alors la sculpture de sa dernière œuvre….
Casting = Jean Rochefort, Claudia Cardinale, Aida Folch, Christian Sinniger
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Mer 13 Mar 2013 - 20:55
Un week-end en famille
Citation :
Marko, la trentaine, écrivain, vit à Berlin et ne rend que rarement visite à sa famille installée dans les environs de Bonn. Lorsqu'il passe un week-end chez eux avec son fils, il retrouve Günther, son père éditeur, Jakob, son jeune frère dentiste resté auprès de ses parents, et Gitte, sa mère psychologiquement fragile depuis des années qui, à la surprise de tous, annonce sa décision d’arrêter son traitement thérapeutique. Cette annonce va bouleverser l’équilibre familial…
Avec La révélation, Hans-Christian Schmid s'était attaqué à un grand sujet (le jugement des crimes de guerre en ex-Yougoslavie) traité avec une force et une sensibilité impressionnantes. Avec Un week-end en famille, qui pourrait s'intituler d'ailleurs La révélation (Was bleibt en V.O), le réalisateur allemand revient à un cinéma intime, entre quatre murs, lequel, malgré des efforts pour lui donner une âme, reste un mélodrame familial relativement mou dans sa mise en place, lorgnant sans conviction vers le Festen de Vinterberg dont il est loin d'avoir l'envergure. Dans ce cinéma à peu de personnages, l'épaisseur psychologique est une donnée fondamentale. Malheureusement, Schmid échoue dans cette tentative et même son essai de donner un tour tragique à son récit ne parvient pas à lui insuffler une véritable émotion.
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Ven 15 Mar 2013 - 23:21
- Le Mur invisible (Die Wand, 2012) de Julian Pösler. 1h48. Avec Martina Gedeck. Prix Oecuménique au Festival de Berlin 2012.
Nous sommes donc en Autriche. Une femme, qui devait passer quelques jours dans un chalet, se trouve coincée car un grand mur invisible l'empêche de regagner la civilisation... ou ce qu'il en reste, peut-être. Car tous les humains semblent morts au-delà de ce mur protecteur. Quelqu'un viendra-t-il la libérer ? Survivra-t-elle ? Trouvera-t-elle une sortie ? Arrivera-t-elle à conserver un équilibre psychologique ?
Le voici, le mur :
Extrait d'une interview du réalisateur autrichien, dont c'est le premier film de cinéma.
Citation :
"Qu’est-ce qui était important pour vous concernant la représentation du mur ? Je voulais éviter à tout prix de le montrer, qu’il apparaisse aussi peu physique que possible. Il devait être clair qu’il n’était ni tangible ni compréhensible. [...] Pour le reste, c’est la musique de Bach qui traduit la proximité physique ou psychologique du mur, et le son du mur à proprement parler, que j’ai longtemps recherché. J’en ai d’abord parlé avec l’auteur de la musique, Hubert Von Goisern, puis avec Michael Haneke, qui m’a suggéré le silence absolu [le contraire m'aurait étonné !]. J’ai trouvé cette option trop radicale et je craignais que cela soit pris pour un problème technique. Par hasard, j’ai appris qu’il y a dans le monde certaines personnes capables de percevoir le bruit de rotation de la terre, et un ami scientifique m’a dit que cela ressemblait au bruit d’un champ magnétique. J’ai donc essayé d’utiliser ce son pour le mur."
Le résultat est moyennement concluant, mais c'est affaire de goût, je crois, ou de ce que l'on imaginait à la lecture du livre.
Citation :
"Vous êtes également l’auteur du scénario, pouvez-vous nous parler de ce travail d’adaptation ? Cela fait 25 ans, depuis ma première lecture du roman, que je réfléchis à l’adaptation de ce livre et j’ai travaillé au total 7 ans sur le scénario. C’était donc un processus d’écriture long et lent. L’un des défis était de gérer les commentaires de ceux qui avaient lu le roman, car ils avaient des images bien précises en tête et voulaient les retrouver. Les lecteurs français, anglais ou américains qui ne connaissaient pas le roman original m’encourageaient au contraire à suivre ma vision. Les Américains en particulier me disaient « Ce que disent les autres, ce sont des conneries, suis ton cœur ! » [Ah la la ! la fameuse philosophie Disney à deux balles !]. Et je tenais à garder le plus possible du roman, d’où la voix-off. Je me suis tenu à un principe simple : « Adapter, cela peut être enlever des éléments, mais jamais en ajouter »."
On arrive au gros problème du film : Pour s'intéresser vraiment à un personnage, il faut qu'il ne soit pas qu'une abstraction. Et, pour cela, il faut connaître son passé, ses motivations. Ce passé était présent dans le livre, on avait quelques indications sur la narratrice, son désenchantement du monde. Dans le film, il n'y a rien. Qui est-elle ? A-t-elle une famille ? On n'en sait rien. Elle sait pas mal se débrouiller, toute seule... Elle a déjà dû vivre à la campagne, suppose-t-on.
Autre problème : comment occupe-t-elle ses longues journées d'hiver ? Elle ne reste pas à sa fenêtre à regarder les flocons tomber ? Ou bien... ? On a l'impression que des scènes ont été coupées... En effet, vers le début, on a un plan, certes court, mais un plan quand même, qui montre une pile de livres posés. Que deviennent ces livres ? On ne le sait pas. On attend de les revoir, mais non. C'est bancal.
Sans s'attacher au passé de l'héroïne, sans s'attacher aux petites choses de son quotidien, le réalisateur ne parvient pas à la faire vivre. Dans le livre, elle dit que les livres lui manquent. Elle dit que la musique lui manque. Ces choses quotidiennes nous la rendent humaine : on se met à sa place, on se demande "et si ?"... et on envisage le manque de choses qui nous semblent naturelles : la lecture, la musique (nous autres spectateurs avons la chance d'avoir un peu de Bach, une partita)... Il n'y a pas que la survie physique, la faim et la soif, il y a également la survie intellectuelle. Pour rendre tout cela, il suffisait pourtant de pas grand-chose, tout se trouve dans le livre. Or, le film est ponctué de la voix "off" de la narratrice, qui écrit le journal. Il suffisait de rajouter quelques minutes de films, et c'était bon.
Pourquoi alors avoir enlevé ces passages du livre ?
Le film reste ainsi très en surface. On voit Martina Geddeck (excellente actrice, ça ne fait pas de doute), mais tout reste très intellectuel. Quand elle organise le déménagement dans un alpage, c'est un boulot énorme, épuisant, on le sent bien, dans le livre. Elle doit partir aux aurores pour tout préparer, elle fait plusieurs allers et retours, elle est crevée, c'est physique. Dans le film, ça passe très vite, avec de belles images, certes. Mais il manque vraiment quelque chose. C'est dommage, car le film, malgré quelques maladresses, a vraiment des qualités : interprétation de Martina Geddeck, mais aussi des animaux (ça paraît ridicule, dit comme ça, mais c'est important), paysages splendides... et une certaine sécheresse (bienvenue) de ton.
Continuons l'interview :
Citation :
"Concernant le tournage, j’avais vraiment envie de pouvoir tourner sur de longs mois, aller au plus près de la vérité qui est la force du roman. Et la vérité du film, c’est l’authenticité. Peut-être est-ce kitsch pour des gens qui jettent un regard extérieur sur la forêt ou la montagne. Mais pas pour moi."
Là, c'est réussi. On sent qu'il a pris du temps pour faire le film, c'est très bien.
Les saisons passent ; on navigue également entre le le passé (le début de sa réclusion) et le présent (l'écriture du journal).
Citation :
"Vous avez aussi dressé votre propre chien Luchs pour le film ? C’était vraiment un défi pour moi, mais Luchs a facilité les choses. On a dû tourner avec lui car son frère, prévu à l’origine, refusait le dressage, et les chiens de chasse bavarois peuvent être très têtus... J’ai toujours détesté le dressage, en particulier la manière dont les chiens, en étant focalisés sur la récompense, perdent leur complicité avec l’acteur. Je voulais que Luchs développe un lien invisible avec Martina Gedeck. J’ai donc essayé de « convaincre Luchs avec de bons arguments ». Et quand j’avais finalement épuisé toutes mes qualités de directeur d’acteur j’avais comme dernier recours... le pâté de foie. Peut-être qu’à l’avenir j’en garderai dans la poche pour mes comédiens... (rires)."
L'évolution des relations entre le chien et la femme est très bien rendue. Ils ne se connaissent pas, au début, chacun regarde l'autre, elle hésite à le toucher.
Très vite, c'est la complicité, l'amitié. Même s'il faudra du temps avant que le chien, semble-t-il, ne craigne plus que sa maîtresse ne disparaisse.
Pour conclure, le film n'est pas mauvais du tout mais aurait facilement pu être meilleur en restant moins à la surface. Mais il est bien sûr plus aisé de critiquer que de réaliser et scénariser, et c'est un livre très difficile à porter à l'écran, d'autant plus que la barre est très haut.
Amusant (si l'on peut dire) : le chat "Perle" dans la traduction française, est "Pearl" dans le film... Sans doute la traduction des sous-titres a-t-elle transité par l'anglais.
traversay Flâneur mélancolique
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir) Sam 16 Mar 2013 - 14:33
I.T.Nayrant a écrit:
.
Eté 1943, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur, vit une retraite paisible avec sa femme. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, il est à la recherche d’une inspiration nouvelle. Mais rien ne semble le sortir de la monotonie ambiante. En hébergeant une jeune espagnole échappée d’un camp de réfugiés, le vieil artiste découvre une nouvelle muse et retrouve le goût du travail. Il démarre alors la sculpture de sa dernière œuvre….
L'artiste et son modèle partage plus d'un point commun avec le récent (et désastreux) Renoir, et, quoique largement plus intéressant, ce qui n'est pas difficile, il ne parvient pas réellement à montrer de quoi se nourrit la relation entre une jeune muse et un artiste proche de la fin. Le film de Fernando Trueba, cinéaste inconstant s'il en est, possède cependant plusieurs aspects captivants dans sa palette. Son noir et blanc, épuré, a du chien, l'interprétation superbe d'Aida Folch qui contraste avec celle, classique et sans surprises de Rochefort et de Cardinale, également. Le contexte, la frontière espagnole pendant la deuxième guerre mondiale, tient elle davantage de l'anodin. Et certaines scènes (le curé, l'officier allemand) sont totalement inutiles, alors que la plupart des dialogues sont d'une grande platitude. Tenu à distance par une mise en scène qui n'est sensuelle que par intermittences, le spectateur se languit un peu, sans s'ennuyer tout à fait, avant de trouver, enfin, un soupçon d'émotion dans les tous derniers instants.
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Sujet: Re: [2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)
[2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)