[2013] A l'affiche ou bientôt sur les écrans (vu ou à voir)

C'est reparti pour un tour avec pour priorité le Bruno Dumont et Malick... Retard assuré!!

Spring Breakers de Harmony Korine

Citation :

Pour financer leur Spring Break, quatre filles fauchées décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…

Il y a un moment, dans Spring Breakers, vers son milieu, où le réalisme du scénario, déjà maltraité, s'évapore complètement au profit d'une vision hallucinatoire et redondante dont le but semble être de dynamiter les éléments de la sous-culture américaine, comme le Spring Break, ce gigantesque défouloir à base de sexe, d'alcool et de drogues. Mais rien n'est moins sûr dans la tête de Harmony Korine qui bégaie ses scènes déjantées et de mauvais goût dans un délire qui a sans doute l'espoir d'être hypnotique. C'est en grande partie loupé, pas seulement pour cause de vulgarité, on a vu bien pire ailleurs, mais pour son inconsistance et son aspect répétitif. Le plan marketing a insisté sur les filles en bikini, lesquelles sont aussi sexys que des hérissons, mais c'est bien James Franco en caïd/rapper qui irradie l'écran dans un numéro dont on hésite à dire s'il est génial ou grotesque. Ce qui vaut aussi pour l'ensemble du film avec une nette préférence pour le deuxième choix. Un cinéma qui se veut provocateur avec ses rebelles sans cause et sa pseudo critique de la société de consommation et qui n'est, en définitive, qu'un gigantesque pétard mouillé.

Jappeloup de Christian Duguay

Citation :

Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup.

"L'histoire de Rocky dans le monde de l'équitation" : la formule de l'interprète/scénariste Guillaume Canet pour qualifier son Jappeloup est on ne peut plus pertinente. Les amateurs de sport, et de sauts d'obstacles en particulier, en connaissent les tenants et les aboutissants : de la chute humiliante de Los Angeles à l'apothéose de Séoul, l'or olympique autour du cou du cheval et de son cavalier. Lequel, Pierre Durand, caractère buté pour ne pas dire obtus, et sans doute pas le meilleur dans sa catégorie, n'est pas particulièrement gâté par un scénario qui évite largement l'hagiographie. Canet, comme son metteur en scène, Christian Duguay, et l'excellente Marina Hands sont d'excellents connaisseurs de ce monde particulier. Tout sonne juste, des écuries aux compétitions, filmées avec rage comme un parcours pour centaures. Le film a la bonne idée de réserver une place importante aux seconds rôles joués par Tchéky Karyo, Jacques Higelin et Daniel Auteuil, tous remarquables. A défaut de suspense, on connait le dénouement, Jappeloup insiste sur le destin du génial petit cheval avec une foule de détails qui densifient un récit prenant de bout en bout. C'est du cinéma populaire et intelligent, deux termes qui ne font pas nécessairement mauvais ménage.

Eh ben... Pourtant ce film me donne furieusement envie de le fuir.

Jappeloup (Christian Duguay)

Sans être entièrement convaincu, j'ai aussi trouvé des qualités à ce film : l'évocation des relations intergénérationnelles, la pression imposée par soi-même pour une réussite insaisissable. L'environnement familial et quotidien apporte beaucoup au récit, notamment à travers Daniel Auteuil qui trouve un rôle pertinent. Marina Hands est impeccable dans quelques scènes clefs, alors que Guillaume Canet force davantage son jeu mais convainc dans son profil.
La mise en scène est par contre assez quelconque, en difficulté lors qu'ils s'agit de filmer les compétitions. Trop d'arrêts sur image et d'effets maladroits pour réussir à trouver une fluidité et l'idée d'un mouvement.

Un très bon moment avec The place beyond the pines malgré quelques artifices scénaristiques. Ce film a un bouche à oreille du tonnerre. J'y reviendrai.

Il faut aller sur le fil de Derek Cianfrance, Marko (créé à l'époque pour Blue Valentine). Je vais aussi joindre mon avis dès que j'ai un peu de temps et il sera proche du tien : une séparation parfois maladroite du film en parties distinctes, quelques tics mais une forte sensibilité qui parvient à emporter l'adhésion et à créer un lien entre les multiples protagonistes.

Les équilibristes d'Ivano de Matteo

Citation :

Giulio, quarante ans, a une vie bien installée entre son travail, ses deux enfants et Elena, sa femme qu'il aime... mais qu'il a trompée un soir. Quand son épouse le quitte, Giulio voit sa vie basculer et découvre à quel point la frontière peut être ténue entre l'aisance et la pauvreté...

Plus prévisible mais pas moins bien écrit que son dernier et excellent film, La bella gente, Les équilibristes est tout de même une oeuvre estimable, de facture honnête, sur un thème qui rappelle immanquablement Louise Wimmer, en version italienne et masculine. Sujet éminemment aigu que celui de la paupérisation de la classe moyenne dans ma civilisation occidentale avec le délitement social qui l'accompagne. Les équilibristes décrit la toile de fond mais traite avant tout de psychologie, ce déclassement moral d'êtres qui souffrent autant de culpabilité que d'atteinte à leur dignité et s'enfoncent en refusant les mains tendues. Réalisé de façon neutre (trop), le film bénéficie d'interprétations hors pair et évite le mélodrame d'un cheveu. Au-delà de la fiction, Les équilibristes restera pour les historiens du futur comme un témoignage sans fard sur la crise économique et sociale qui a frappé les pays européens au début du XXIe siècle.

eXPie a écrit:

- Le Mur invisible (Die Wand, 2012) de Julian Pölsler. 1h48. Avec Martina Gedeck. Prix Oecuménique au Festival de Berlin 2012.

Nous sommes donc en Autriche. Une femme, qui devait passer quelques jours dans un chalet, se trouve coincée car un grand mur invisible l'empêche de regagner la civilisation... ou ce qu'il en reste, peut-être. Car tous les humains semblent morts au-delà de ce mur protecteur. Quelqu'un viendra-t-il la libérer ? Survivra-t-elle ? Trouvera-t-elle une sortie ? Arrivera-t-elle à conserver un équilibre psychologique ?

Contrairement à eXPie, je ne connais pas le livre. Je suis arrivé à peu près vierge devant ce film et je l'ai vraiment aimé. Personnellement, le fait de ne rien savoir sur le passé de cette femme ne m'a pas gêné, bien au contraire. Elle représente un symbole de notre société.


Le postulat de départ est de l'ordre du fantastique mais Le mur invisible est avant tout métaphysique et ... physique. Dans le film, il n'y a pour personnages qu'une femme, un chien, un chat, une vache et quelques autres bêtes. Seuls dans les Alpes autrichiennes, isolés par une paroi infranchissable d'un monde qui semble figé dans la mort. Porté par une voix off envoûtante, quoique parfois envahissante, Le mur invisible captive pendant près d'une heure cinquante alors que rien, ou presque, n'arrive si ce n'est le passage des saisons qui rythment les états d'âme de cette survivante qui va changer radicalement, chercher sa part d'animalité en elle, se reconstruire une personnalité loin de tout modèle social, en accord avec la nature. Le film pourrait d'ailleurs être une sorte d'allégorie sur une lente guérison après une dépression mais qu'importe. La nature, justement, est filmée de façon magnifique, terrifiante d'abord dans sa part d'inconnu puis apaisante, au fil du temps. Dans un dispositif qui rappelle les derniers films de Terrence Malick, l'autrichien Julian Roman Pölsler donne une leçon de simplicité, loin de la pompe prétentieuse du cinéaste américain. La vraie merveille, elle est du côté du Mur invisible.

traversay a écrit:

Contrairement à eXPie, je ne connais pas le livre. Je suis arrivé à peu près vierge devant ce film et je l'ai vraiment aimé. Personnellement, le fait de ne rien savoir sur le passé de cette femme ne m'a pas gêné, bien au contraire. Elle représente un symbole de notre société.

C'est sûr que quand on a lu un livre qui est adapté, on est généralement gêné par tout ce qui manque, alors que, bien sûr, un réalisateur ne peut pas mettre tout le livre dans le film, il doit faire un choix. Et s'il se contente de tout illustrer sans rien choisir, il devient un illustrateur plutôt qu'un cinéaste.
Elle est un symbole, certes, mais dans le livre, elle était plus qu'un symbole.

Ça reste un bon film, bien sûr, et les images, comme tu le dis, sont très belles. Et le voix off dit des choses humaines, sensées, on n'a pas besoin de penser sans cesse (comme chez Mallck) : "alors, ça me semble un peu niais, mais sachant que le réalisateur a fait des études de philo, il faut que j'analyse très, très fort pour réussir à savoir si, au-delà des platitudes apparentes ne se cacherait pas une pensée plus profonde, qu'il aurait fait exprès de dissimuler, comme ça".

Avadoro a écrit:

Il faut aller sur le fil de Derek Cianfrance, Marko (créé à l'époque pour Blue Valentine). Je vais aussi joindre mon avis dès que j'ai un peu de temps et il sera proche du tien : une séparation parfois maladroite du film en parties distinctes, quelques tics mais une forte sensibilité qui parvient à emporter l'adhésion et à créer un lien entre les multiples protagonistes.

Je ne savais même pas que c'était le même réalisateur. J'y suis allé juste sur la rumeur sans rien savoir. Il a d'ailleurs les mêmes défauts de fausse complexité narrative et de tics auteuristes mais il filme tellement bien Ryan Gosling et ses personnages qu'on s'y attache et qu'on se laisse un peu artificiellement embarquer. C'est probablement un peu toc mais j'aime bien.

Sinon pendant les vacances j'ai vu Jack et le chasseur de géants... Et j'ai un peu dormi Les géants numérisés sont laids, dégueux, bêtes et méchants et notre gentil héros saura les tenir en respect forcément. Vous pouvez vous abstenir d'autant que la 3D est plutôt bidon. Ah oui c'est quand même Bryan Singer qui réalise mais ça ne change pas grand chose.

Avadoro... je t'attends sur le Malick

Sortie demain :

Citation :

ALPS est le nom d’une société secrète.
ALPS propose d’étranges services au moment du décès d’un proche.
Est-ce qu’il s’agit de tromper la mort ou la vie?
Qu’importe, avant tout, il s’agit d’obéir à Mont Blanc.
Et pour Mont Blanc, il faut respecter les règles, toutes les règles…

Un petit avis sur cet étrange film ICI

40 ans : mode d'emploi, Judd Apatow


Et voilà. J'ai vu mon premier Apatow. Ce gars qui fait des comédies qui arrivent à rameuter les gentils bobos mignons et proprets.
Affiche sans intérêt. Titre toujours aussi creux. Une bande annonce qui fait sourire mais pas que.
Bref.
Un film de 2h14. Une comédie américaine. Attention pas une comédie dramatique, nonon, c'est un Dramedie (Splus chic non ?!) !
Parce que ça part d'un fond pas drôle, ça distille plein de trucs justes et réalistes sur la vie de tous les jours qui part en sucette, mais ça fait rire quand même avec des dialogues bien foutus et des situations à la frontière de l'absurde. Mais du rire et de l'absurde du quotidien, aussi.

On échappe à rien des clichés qui font la vie moyenne d'un couple marié avec enfants de 40 ans : les gamines qui se disputent sans arrêt, la crise parce qu'il y a suppression d'ipad, iphone and co, la crise parce que les parents ont fouillé dans les sms, tweets, et fb de l'ado, la crise parce que l'ado a de toute façon toutes les hormones en ébullition.
La gamine un peu crado, collante, mignonne mais chiante.
Les parents qui galèrent dans leurs boulots (tous les deux à la tête de leurs petites entreprises tout de même), avec des factures à rallonge (et des dépenses qui frôlent l'incohérence), la gestion difficile de leurs propres parents, le difficile rôle de l'autorité, la libido qui s’amollit, les engueulades à répétition juste parce qu'ils sont crevés et que tout les agace.
Apatow arrive vraiment à rendre ces gens "réels" (troublants de lire, ensuite, que la femme et les deux gamines sont l'épouse et les enfants du réalisateur...), dans le cliché il met du vrai, de la finesse.


Un film qui traite vraiment de ce moment où tout risque de basculer, à se demander lequel des deux va prendre sa valise et foutre le camp. Mais un film plein de légèreté grâce au ton résolument distrayant, des tas de situations vraiment drôles et bien foutues (quelques rires jaunes aussi). Tous ces petits défauts qui font rire, se surmontent, s'affrontent, et ne comptent pas tant que ça.
Parce que c'est aussi un film plein d'amour, de tendresse et d'espoir.
Un regard doux sur chacun, à essayer de découvrir tous leurs petits bobos pour souffler dessus doucement.
Des personnages et des acteurs qui collent bien à leurs rôles (la bimbo, le vieux qui essaye de se faire une nouvelle famille, l'employée qui fauche dans la caisse, le père démissionnaire).


Un divertissement pas con. Qui s'oubliera peut-être moins vite qu'une comédie classique, mais pas sûre.
Et encore une fois : pourquoi faire durer ce film plus de deux heures ... ? Pourquoi... ?

je devrai y aller d'ici la fin de semaine ! (ça commence à faire longtemps que je n'ai pas foutu les pieds au ciné en plus...)