Muriel Barbery

aériale a écrit:

Eh bien toi tu as analysé avant et c'est bien Arabella.
Je ne dis pas que TOUS ceux qui le critiquent le font pour les mêmes raisons, je constate simplement que depuis qu'il est devenu un succés populaire (oh le vilain mot) eh bien pas mal le dénigrent.

C'est la vie, c'est normal, et c'est même sain quelque part.
Mais il ne faudrait pas que l'on tombe dans le truc gratuit, c'est tout ce que je voulais dire.

Ce qu'il ressort du post d'Expie (et que Odrey je crois a clairement dit) c'est que Barbery nous a pris pour des gogos. Et là moi je dis non.
Elle a une meilleure estime de ses lecteurs je pense.

Oui, je confirme, c'est l'impression que j'ai eue. Mais cela n'engage que moi. Et je sais que je peux être sévère quand je n'aime pas. J'ai lu le livre quand il était déjà un succès populaire et j'ai été très déçue. L'aurais-je été moins si Muriel Barbery avait été une illustre inconnue? Je ne pense pas. Je ne me suis jamais interdite d'aimer un livre sous prétexte qu'il marche. Ni obligée à aimer un livre parce qu'il est estampillé chef d'œuvre.

Je vais donner un exemple de ce qui m'a gêné dans le roman.

p.20 :

Citation :

[...]Comment est-ce que je le sais? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. Déjà, si on regarde les enfants de mon âge, c'est un abysse. Comme je n'ai pas trop envie qu'on me remarque et que dans une famille où l'intelligence est une valeur suprême, une enfant surdouée n'aurait jamais la paix, je tente, au collège, de réduire mes performances mais même avec ça, je suis toujours la première. On pourrait penser que jouer les intelligences normales quand, comme moi, à douze ans, on a le niveau d'une khâgneuse, c'est facile. Eh bien pas du tout ! Il faut se donner du mal pour se faire plus bête qu'on est. Mais d'une certaine façon, ça m'empêche de périr d'ennui : tout le temps que je n'ai pas besoin de passer à apprendre et à comprendre, je l'utilise à imiter le style, les réponses, les manières de procéder, les préoccupations et les petites fautes des bons élèves ordinaires. je lis tout ce qu'écrit constance Baret, la deuxième de la classe, en maths, en français et en histoire et j'apprends comme ça ce que je dois faire : du français une suite de mots cohérents et correctement orthographiés, des maths la reproduction mécaniques d'opérations vides de sens et de l'histoire une succession de faits reliés par des connecteurs logiques. Mais même si on compare avec les adultes, je suis beaucoup plus maligne que la plupart d'entre eux.

C'est la petite Paloma qui parle. Quand j'ai lu ce passage, il m'a paru évident que l'auteur ne connais rien au sujet des enfants surdoués. Absolument rien. Le portrait qu'elle nous fait de Paloma est archi-caricatural. En soit, ce n'est pas très grave. Sauf que tout le reste du roman est du même acabit. C'est une suite de clichés (eXPie en cite beaucoup d'autres). Or Barbery semble vouloir dénoncer les idées reçues, les stéréotypes. C'est cette contradiction qui me m'agace le plus. Et c'est elle qui me donne l'impression d'être prise pour une gogo.

C'est un peu comme si quelqu'un me tient un super discours sur la tolérance tout en m'expliquant que l'homosexualité c'est contre nature... Le racisme ça craint mais l'homophobie c'est permis. Les riches français sont des rustres alors que le riche japonnais est un être raffiné. D'ailleurs on reconnait les êtres raffinés au fait qu'ils boivent du thé vert. Je force le trait mais c'est volontaire.

Après, Aériale, je n'ai absolument rien contre le succès commercial de Muriel Barbery. Et j'aime le thé vert, ce qui montre que j'ai du goût.

Steven a écrit:

Vas-y Aériale, transperce les à coups de parapluie !! Attention, Expie, Odrey, protégez-vous dès que vous apercevez un parapluie léopard.

Ceci dit c'est juste une question de ressenti, quoi d'autre...

Je fais aussi partie de ceux qui ont découvert Muriel Barbery alors que personne n'en n'avait jamais parlé nulle par avant, je n'avais aucune attente, aucun préjugé, et donc j'ai eu le bonheur de la découverte.
Ca a marché sur moi, tant mieux, ça a été un de mes plus grands plaisirs de l'année 2006 sinon le plus grand, et tant pis si ca fait ringard ou beauf à présent, je le redis (Je parle de plaisir, non de chef d'oeuvre, attention)
Même si on m'a fait avaler des couleuvres, eh bien c'est qu'elles étaient bien emballées et j'ai aimé ça. J'aime les fables, avec les caricatures qui vont avec, parce que j'aime avant tout rêver et que je reste sans doute naïve parfois, soit!

Alors les détails factuels qui ont choqué Expie, ou les incohérences comportementales chez les surdoués dont parlent Odrey me sont passées au dessus du ciboulot, vous pensez bien, et c'est tant mieux!

Bon maintenant qu'on s'est tout dit ou presque je reprends mon pébroque, mes armes et mon cabas et je retourne avec Renée examiner de plus près cette porte secrète dont parle Expie...

en tout cas sur son site internet à Muriel, il y a de magnifique photos faites par son frère.

rivela a écrit:

en tout cas sur son site internet à Muriel, il y a de magnifique photos faites par son frère.

Tout à fait d'accord avec toi Rivela. Les plus simples sont les plus belles. Allez y faire un tour, ça vaut le détour.

aériale a écrit:

Ceci dit c'est juste une question de ressenti, quoi d'autre...

Tu as raison. Tout est question de ressenti. Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, ni personne sur ce forum, je crois. Il y aura plein d'autre livres sur lesquelles on arrivera à se mettre d'accord.

Sans rancune.

pagesapages a écrit:

aériale a écrit:

Disons qu'on l'a désinscrite.

Alors là, je vais être catégorique :
Si ma Finesse du pangolin, si ma Délicatesse de la mygale et si ma Prestance du mérou (oui, c'est en trois tomes) me portent au Hit Parade de la célébrité littéraire, je refuse, je dis bien JE REFUSE d'être désinscrite.
Non mais.

Et moi non plus je n'ai vu aucun film d'Ozu.

Elle a été « désinscrite » en conformité avec le règlement. Ni traitement de faveur, ni volonté de se faire une célébrité…

odrey a écrit:

Tu as raison. Tout est question de ressenti. Je ne prétends pas détenir la vérité absolue, ni personne sur ce forum, je crois. Il y aura plein d'autre livres sur lesquelles on arrivera à se mettre d'accord.
Sans rancune.

Sans rancune aucune Odrey, et excusez la rudesse de mon 1er post s'il vous a heurtés. J'ai tendance à me raidir si l'on attaque avec un peu trop d'acharnement mes auteurs fétiches ( Barbery chez les femmes et Dubois chez les hommes, au cas où, je vous préviens ) et là faut reconnaître, vous lui avez tiré dessus à boulets rouges tous en même temps.

Alors mea culpa, je tâcherai de ronger mon frein toute seule la prochaine fois euh... pas sûre que j'y arrive! mais aussi...qu'est-ce que ça soulage

A la prochaine sur le ring ou sur un fil

aériale a écrit:

Sans rancune aucune Odrey, et excusez la rudesse de mon 1er post s'il vous a heurtés. J'ai tendance à me raidir si l'on attaque avec un peu trop d'acharnement mes auteurs fétiches ( Barbery chez les femmes et Dubois chez les hommes, au cas où, je vous préviens ) et là faut reconnaître, vous lui avez tiré dessus à boulets rouges tous en même temps.

Je vais donc étudier avec attention la bibliographie de Dubois... afin de me lancer dans son meilleur roman. Quant à Barbery, il faudra que je plonge dans son premier roman.

aériale a écrit:

Sans rancune aucune Odrey, et excusez la rudesse de mon 1er post s'il vous a heurtés. J'ai tendance à me raidir si l'on attaque avec un peu trop d'acharnement mes auteurs fétiches ( Barbery chez les femmes et Dubois chez les hommes, au cas où, je vous préviens ) et là faut reconnaître, vous lui avez tiré dessus à boulets rouges tous en même temps.

Eve Lyne a écrit:

Je vais donc étudier avec attention la bibliographie de Dubois... afin de me lancer dans une critique en règle pour faire réagir Aériale son meilleur roman. .

Pardon Eve Lyne et Aériale...J'ai trafiqué un peu le post...Ca me faire rire toute seule...

kenavo a écrit:

des louanges, des critiques, un ring, Dubois et maintenant des messages trafiqués.. décidemment - Muriel aura tout vu

Au moins on parle d'elle!...

coline a écrit:

Pardon Eve Lyne et Aériale...J'ai trafiqué un peu le post...Ca me faire rire toute seule...

Je me joins à toi Coline

coline a écrit:

kenavo a écrit:

des louanges, des critiques, un ring, Dubois et maintenant des messages trafiqués.. décidemment - Muriel aura tout vu

Au moins on parle d'elle!...

Exactement: Finalement toute critique est bonne à prendre, et on l'avait un peu oubliée cette pauvre Muriel

Tout d'abord merci à Aériale pour son enthousiasme, je ne saurais mieux défendre Muriel Barbery qui fut mon grand coup de coeur 2008 ; j'avais entendu parler du succès du livre sans en connaître le thème et sa découverte fut un délice ; pour le style, pour la fraîcheur. L'aspect caricatural des personnages ne m'a absolument pas dérangée, cela fonctionne bien avec le ton de fable donné au récit. Et j'ai même trouvé la famille du diplomate plutôt bien décrite, si si, ça existe je vous jure !

Dans la critique en règle d'Expie, il y a de l'humour et aussi un zeste de mauvaise foi, mais je préfère de loin lire des avis divergents sur un livre plutôt que des louanges unanimes. Sinon, où serait l'intérêt d'un forum, où l'ont vient avant tout pour se forger une opinion sur les auteurs à mettre ou non sur notre LAL ?

Je voudrais juste réagir à cet extrait :

eXPie a écrit:

Lire "Vous seriez surpris de ce que se disent les petites gens. Elles préfèrent les histoires aux théories, les anecdotes aux concepts, les images aux idées. Cela ne les empêche pas de philosopher." (page 173), je trouve ça méprisant et condescendant.
A moins que cela ne représente un idéal de vie.

Je ne l'ai pas pris du tout comme toi.
Pour moi, Muriel Barbery oppose les "petites gens" à certains "intellectuels" qui aiment se gargariser de concepts alambiqués et se masturbent intellectuellement en enfilant comme des perles mots ronflants et phrases incompréhensibles.
Un exemple, trouvé dans une revue :
" Sur ce point précis, à la différence du bouddhisme qui refuse l'âtman, le jaïnisme reste l'héritier des brahmanes : recouvert par les impuretés qui d'incarnation en incarnation le défigurent, le Soi de chacun es absolu mais, différence essentielle, il est l'Absolu, car il n'y a pas d'entité objective neutre, indépendante, comme chez les brahmanes, l'Absolu étant pour chacun son propre Soi et non pas une substance extérieure."

Les "petites gens" effectivement ne vont pas forcément parler de Moi, de Soi, de Surmoi, mais les événements de la vie vont les faire réfléchir et arriver à leurs propres conclusions, lesquelles n'auront pas forcément moins de valeur que celles des intellectuels. Les choses seront vues et commentées sous un autre angle, plus pragmatique, mais les enseignements tirés n'en seront pas moins emprunts de sagesse et de profondeur. D'où une autre manière de "philosopher".

Armor-Argoat a écrit:

Pour moi, Muriel Barbery oppose les "petites gens" à certains "intellectuels" qui aiment se gargariser de concepts alambiqués et se masturbent intellectuellement en enfilant comme des perles mots ronflants et phrases incompréhensibles.

C'est justement ce qui ne me va pas : je ne sens pas la célébration des petites gens dans la concierge intello-masquée et la petite fille à 278 de QI. Et du coup j'ai la même sensation qu' eXPie.
(mais je n'ai bu qu'un seul café, ceci explique peut-être cela)

Citation :

" Sur ce point précis, à la différence du bouddhisme qui refuse l'âtman, le jaïnisme reste l'héritier des brahmanes : recouvert par les impuretés qui d'incarnation en incarnation le défigurent, le Soi de chacun es absolu mais, différence essentielle, il est l'Absolu, car il n'y a pas d'entité objective neutre, indépendante, comme chez les brahmanes, l'Absolu étant pour chacun son propre Soi et non pas une substance extérieure."

ça fait trois lignes sur mon écran et ça arrive quelque part, il doit y avoir pire non ?

(excusez le HS)